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des stances qui peuvent encore se lire, trente années après l'événement :

L'opulence, à prix d'or décorant son cercueil,
N'a pas payé les pleurs que l'on vient y répandre.
On ne voit pas briller de vains rayons d'orgueil
Sur la pierre rustique où dormira sa cendre;
Mais l'amitié, pour lui rassemblant quelques fleurs,
En tresse une guirlande et couronne son ombre,
De ses enfants chéris partage les douleurs
Et le suit, à pas lents, vers sa demeure sombre.

(Tablettes hist. p. 497).

Avec l'année 1827-1828 commence une nouvelle et regrettable lacune de cinq ans, d'autant plus regrettable qu'elle embrasse de mémorables événements, dont la commotion a dû troubler quelquefois, par son contre-coup, le pacifique sanctuaire de vos réunions. D'un autre côté, la presse périodique, suffisant à peine aux discussions passionnées et personnelles du jour, n'a plus guère le loisir de s'occuper du Cercle et, pour attirer ses regards sur notre modeste Compagnie, il ne faut rien moins qu'une sorte de démonstration politique de la part de nos devanciers. A ce point de vue, nos séances sont dignes d'intérêt et de mémoire, du moment où le Précurseur (No du 10 février 1827) peut y trouver quelque projectile à l'adresse du minis

tère de Peyronnet. Mais laissons parler la feuille libérale :

<< Avant-hier le Cercle littéraire a tenu sa séance chez Duthel, restaurateur. Les convives étaient au nombre de vingt-quatre, tous animés de la plus franche gaieté. Les couplets au dessert sont partis avec le champagne M. Castellan, notre Béranger lyonnais, a payé son tribut accoutumé, par une chanson de circonstance: Harangue de M. le Président du Conseil. » La strophe suivante peignait l'esprit du temps:

Jadis, par plus d'un faux miracle,

On récréait nos bons aïeux;

La raison, enfin, met obstacle

A ces amusements pieux.

A saint Jubin nous rendrons sa puissance,
A son tombeau, le boîteux..... clochera.
Allons, Messieurs, un peu de patience,
Pour vous bientôt le bon temps reviendra.

L'état de l'opinion publique s'est profondément modifié depuis, il faut le reconnaître, car, dans ce même Cercle où l'on applaudissait, en 1827, ce badinage irréligieux, vingt ans plus tard, l'éloge de l'inquisition et la profession des doctrines ultramontaines pouvaient se produire sans soulever la moindre réclamation.

La seconde partie de cette séance d'opposition était remplie par M. Claudius B.., «< dont la jeune muse s'exerce, ajoute le Précurseur, aux nobles

accords, et qui s'est aussi fait entendre. Nous avons pu retenir ces deux couplets:

Fille du ciel, aimable liberté,

A nos chansons viens présider encore :
Nous célébrons la gloire, la beauté,
Et tous ces biens que la jeunesse adore.
Moi, dans ces vers, des fourbes, des tyrans,
Je veux flétrir la mémoire funeste.
Muses, chantez, la liberté nous reste,
Demain, peut-être, il ne sera plus temps.

Quand tous les arts, enfantés par la paix,
Semblaient choisir la France pour patrie,
Nous consolant par de plus doux succès,
La liberté se montra leur amie.

Filles du Pinde, un glorieux encens,
A parmi nous fixé votre présence,

Béranger chante, on chante encore en France,
Demain, peut-être, il ne sera plus temps. >>

De part et d'autre, les promoteurs comme les adversaires du projet de loi se méprenaient grandement sur sa portée, erreur d'honnêtes gens de chaque côté. Nous savons aujourd'hui, par expérience, que la liberté de la presse est indisciplinable et qu'il est moins difficile de la supprimer que de la réglementer. Les tyrans et les fourbes dont parlait notre confrère étaient de bonne composition, et leur campagne liberticide ne devait pas empêcher leurs victimes de se plaindre. Or, en matière d'opinion, si la plainte

peut se faire publiquement, elle se change bien vite en ovation triomphante. Les événements de 1830 l'ont bien prouvé plus tard.

Pour le surplus de la lacune, l'annaliste de vos fastes en est réduit aux conjectures, les comptes-rendus ne reparaissant qu'avec la séance du 3 août 1831. Ce jour-là, M. Boullée prend la plume par intérim, pour nous laisser un volume bien complet de procès-verbaux, qui forment, avec ceux de ses successeurs une série non interrompue jusqu'à ce jour, si l'on en excepte un trimestre perdu, d'avril à juillet 1837.

Cette année académique 1831-1832 fut fertile en résolutions chez nous, comme elle le fut en lois dans l'ordre politique. Ainsi, à la séance du 17 novembre, après avoir entendu l'exposé de M. Boullée, chargé de soutenir la discussion, le Cercle vota diverses modifications à son réglement. L'article 14 rendit aux assistances et aux tributs le droit à un jeton, mais ce ne fut pas pour longtemps. L'article 21 abrogea la disposition qui ne permettait d'élire qu'en présence de trois candidatures, l'agrandissement du cadre faisait déjà sentir sa fâcheuse influence. Enfin l'article 19 consacra un usage qui avait prévalu contre les prescriptions des précédents réglements. « Le Secrétaire rédige et signe les procèsverbaux des séances, » est-il dit dans le nouvel article, tandis que les statuts antérieurs dispo

saient que le Secrétaire rédige les procès-verbaux des séances et les transcrit sur le registre. Mais les gens de lettres ne brillent pas, en général, par les habitudes d'ordre matériel. Au bout de trois ans, c'est à dire avec la cessation des fonctions de M. Segaud, en qualité de secrétaire, l'usage du registre avait cessé, et la rédaction des procès-verbaux s'était faite sur des feuilles volantes qui, avec le temps, se dispersèrent et amenèrent les lacunes que nous déplorons tous aujourd'hui, et que nous sommes réduits à remplir, comme une page d'histoire arrachée dans un manuscrit antique, à l'aide de documents d'origine et de destination très-diverses. Nous portons ainsi la peine de la négligence de nos devanciers; du moins il ne tiendra pas à nous que la réunion en registre de tout ce qui reste ne préserve notre mémoire d'un semblable reproche de la part de nos successeurs.

A la séance suivante (15 décembre), un membre propose de changer le titre du Cercle, parce que ce titre réveille des idées équivoques et sans précision. « Un autre membre, dit le procès-verbal, propose de lui donner le titre de Société philotechnique; un autre membre est d'avis de lui conférer celui de Société philologique. Le Secrétaire, chargé de soumettre à l'agrément de l'Académie royale de Lyon, le projet d'attribuer à notre compagnie le nom d'Athénée lyon

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