Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

tion des fonctions du secrétaire en exercice, M. Butignot, que nous voyons sortir à cette époque du bureau du Cercle. Cette perte fut regrettable: avec lui disparut la coutume d'inscrire les procès-verbaux sur un registre ou plutôt de les y transcrire; la correction et la netteté qu'on remarque dans les procès-verbaux de cette époque révèlent assez le soin avec lequel ils étaient rédigés. M. Segaud, qui succéda à M. Butignot, dans les fonctions de Secrétaire, dut suivre ces traditions d'élégance et de ponctualité. Malheureusement il ne reste aucune trace de son passage dans ce poste. Le procès-verbal de la séance du 23 novembre 1809 fut encore rédigé par M. Butignot, ayant rempli les fonctions de secrétaire, et la suite du registre, formant la seconde moitié, a été arrachée par une main sacrilége: on voit encore l'onglet des quatorze pages disparues du registre d'où nous avons extrait les faits précédemment rapportés. Nos anciens, malgré la richesse de leurs souvenirs, n'ont pu nous expliquer la cause de cette lacune dans nos annales, non dans nos séances, qui s'étend jusqu'en 1812, et pour laquelle nous n'avons pas, comme pour les années subséquentes, la ressource de plusieurs journaux contemporains. C'est sans doute pendant le cours de cette période sans témoignage écrit, que fut pris un arrêté portant qu'il y aurait distribution

de jetons à chaque séance. Il est fait allusion à cette délibération dans le procès-verbal de la séance du 14 mai, avec laquelle recommence la série des procès-verbaux. C'est encore durant ces années inconnues de 1810 et 1811, que dut être prise la délibération qui dispose qu'il ne serait pourvu aux vacances qu'en présence de trois candidatures et que tout candidat devrait être présenté un mois d'avance, disposition à laquelle il est fait allusion dans la séance du 9 avril et qui a été implicitement abrogée par les articles 9 et 21 des réglements de 1822 et 1831.

La séance du 9 juillet, à laquelle nous arrivons dans l'ordre chronologique, mérite d'être l'objet d'une mention spéciale, à cause d'une grande grâce littéraire que la Société y reçut, je veux parler des prémices d'Antigone. M. Ballanche lut le commencement du premier livre de cette immortelle composition. J'emprunte le compte rendu de cette séance au procès-verbal qui en fut rédigé par M. Breghot du Lut, avec le soin et l'étendue qu'il consacrait à ces résumés. « Il paraît, y est-il dit, que le but de notre confrère a été de rassembler dans un cadre tout ce que les poëtes et même les historiens nous apprennent des infortunes de cette femme célèbre et de celles de sa famille et d'en composer, s'il est permis de s'exprimer ainsi, une espèce de poëme en prose, qui retraçât, avec une scrupuleuse fidélité, les

événements souvent merveilleux et invraisemblables de l'âge héroïque, dans lequel vivaient OEdipe et ses enfants. L'auteur amène d'abord sur la scène Tirésias, suivi de Daphné, sa fille, racontant à la cour de Priam les malheurs du roi de Thèbes. La lecture faite en cette séance d'une partie de ce récit, qui forme l'exposition du sujet, est écoutée avec le plus vif intérêt. On admire l'usage heureux que M. Ballanche a su faire de la fable, la couleur antique et locale qu'il a su donner à ses tableaux et enfin le nombre et l'harmonie de son style. >>

20 août 1812, première élection de membre honoraire. Ce titre fut créé pour M. Acher père, auquel il fut conféré par acclamations, en remercîment de l'Abrégé des vies de Plutarque, offert de sa part au Cercle par son fils. A cette même séance, qui était la dernière de l'année académique et qui ramenait, aux termes du réglement, le renouvellement du bureau, plusieurs membres demandèrent qu'avant de passer aux nominations, il fût délibéré sur la question de savoir s'il ne conviendrait pas de déroger au réglement, en ce qu'il bornait à un an les fonctions de Secrétaire et de Trésorier, et de donner à l'exercice de ces fonctions une plus longue durée. Ils exposèrent les avantages qui en résulteraient. «< Ils font voir, dit le procès-verbal, l'extrême embarras où se trouvent nécessairement les trésoriers

et les secrétaires et le désordre qu'ils sont forcés de laisser, soit dans les finances, soit dans les autres parties de leur administration, lorsqu'après un espace de temps tellement limité, qu'il ne leur permet ni de faire rentrer les fonds annuels de la Société, ni de recueillir tous les tributs et les ouvrages offerts, ils sont obligés de transmettre à leurs successeurs un emploi dont ils n'ont pu s'acquitter qu'en partie. Ces raisons développées et plusieurs autres semblables, la majorité des suffrages fixe à trois ans la durée des fonctions de Secrétaire et de Trésorier et leur accorde le droit de rééligibilité. En conséquence M. le Président prononce que l'article suivant sera ajouté au réglement et que toutes dispositions contraires sont abrogées :

<< Les élections du Secrétaire et du Trésorier se renouvellent au bout de trois ans. Le Trésorier et le Secrétaire peuvent être réélus. »

Vous savez, Messieurs, que nous vivons encore

sur ces errements.

8 juillet 1813. Encore une séance digne de mémoire, à cause du grand nom qui y est prononcé. M. Monperlier lit une épître en vers à Mme Récamier, avant son départ pour l'Italie. « Cette épître, dit le procès-verbal de M. Breghot, contient des regrets touchants sur l'exil de cette dame, que notre confrère se plaint de ne pouvoir partager. Il vante sa grâce et son amabilité,

4

il lui voue un culte d'estime et d'admiration. Le Cercle témoigne à M. Monperlier le plaisir que la lecture de ces vers lui a fait éprouver. » Il y a, dans cette marque de sympathie, comme un avant-goût des grands événements qui se préparent et qui vont ramener en triomphe les proscrits du régime impérial. A cette même séance fut constatée la première perte qu'éprouva la Société, par suite de décès, je veux parler de la mort du sculpteur Chinard: l'architecte Gay fut désigné pour faire son éloge.

L'année 1814, de néfaste mémoire, vint imposer à la Société une de ces épreuves de réaction si difficiles à traverser avec dignité, par les corps constitués, et dont les corps savants eux-mêmes subissent parfois les nécessités. Le Cercle eut aussi sa manifestation politique, oeuvre d'un membre correspondant, M. Tézenas. Cette pièce, Ode sur la chute du Tyran, fut lue et vivement applaudie, à la séance du 16 juin. On y décida ensuite, sur la demande d'un grand nombre de membres, que le jour des séances du Cercle était fixé, pour l'avenir, au deuxième mercredi de chaque mois, sans doute pour faciliter la fréquentation des séances aux membres de la Société admis dans le sein de l'Académie, qui toujours a tenu ses réunions le mardi.

Le malheur des temps voulut encore que le Cercle ne pût avoir que trois séances dans cette

« VorigeDoorgaan »