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nions se trouve menacée, et le plaisir intellectuel qu'on venait y chercher se change tout à coup en inquiétude et en appréhension. L'embarras de votre Secrétaire n'est pas moins grand, lorsqu'il doit recueillir la trace de ces démélés, dont le sujet est trop relevé pour sa plume: car il ne s'y agit de rien moins que de la destinée de notre patrie, peut-être même de l'humanité tout entière, puisque la France a de tout temps marché à la tête de la civilisation chrétienne. Ami commun des deux champions, plus ami encore de la prospérité commune de la Compagnie, dont il est heureux de faire éclater les pages glorieuses, le triomphe de l'un ou de l'autre des adversaires est également pénible à son cœur. Le premier de ses devoirs est de faire taire toutes ses sympathies, afin de rester impartial au milieu d'un débat irritant, dont il n'entreprendra pas de rapporter les termes ni les phases, se bornant à déplorer les paroles amères, inséparables d'une conviction profonde, et à exprimer l'espoir et le désir que des questions brùlantes ne viennent jamais répandre la discorde parmi nous et nous entrainer sur un terrain où la dialectique risquerait trop souvent d'effleurer, dans ses évolutions, l'invective et la personnalité.

C'est un écueil qu'il a été donné d'éviter à M. Hignard, qui, dans un Dialogue sur la science, entre gens d'église, d'épée et de robe, a su traiter les questions les plus hautes et les plus délicates, sans que la parfaite convenance du ton ait pu nuire en rien à la solidité des arguments et à la vivacité de la discussion. Chacun a pu garder ses convictions après ce tournoi brillant, où l'on n'a combattu qu'avec des armes courtoises, mais cependant bien trempées, el nul n'a pu se dire offensé. Après avoir exposé l'utilité pratique de la science et son action sur le bien-être des sociétés, M. Hignard s'est attaché à combattre les exagéra

L'année 1857, dont nous ne devons comprendre qu'une faible partie dans cet examen rétrospectif, a vu se produire la Notice historique sur notre Société, dans laquelle votre secrétaire adjoint a déroulé à vos yeux le tableau de vos fastes domestiques, d'après les documents contenus, tant dans vos archives, malheureusement trop dévastées par un demi-siècle d'existence, que dans les publications de la presse periodique locale contemporaine. Pour compléter ce coup d'œil général sur notre Compagnie, qui nous permet d'avoir une perception aussi claire que possible de notre existence collective, l'auteur vous a communiqué, à la séance du 9 décembre, sous forme de bilan individuel, quelques documents puisés dans les notes de notre savant doyen, et dont l'ensemble formera un tableau fidèle du personnel et des travaux, où seront conservés des renseignements biogra phiques et statistiques sur chacun. Cet arriéré de souvenirs et de notes étant épuisé, il sera désormais facile de tenir à jour cette sorte de comptabilité littéraire.

Puisque nous sommes ramené, par l'ordre chronologique de ce rapport, sur les événements de notre passé, pourquoi faut-il qu'une analogie fatale reporte encore nos souvenirs vers ces temps d'épreuve où notre Société fut obligée de suspendre ses séances, pour ne pas se dissoudre sous l'influence délétère de dissentiments politiques entre ses membres? C'est que les hommes de bien, généralement unanimes dans leurs vœux pour le bonheur de leur patrie et le salut du corps social, sont trop souvent divisés, quand il s'agit de passer de la théorie à la pratique et de prononcer, dans l'application, entre deux principes que leurs partisans veulent invoquer à l'exclusion l'un de l'autre. Quand, parmi les livres adressés en hommage, il se rencontre quelque œuvre traitant de ces matières, qui ont le don funeste de passionner à l'excès les esprits, la sérénité de vos réu

nions se trouve menacée, et le plaisir intellectuel qu'on venait y chercher se change tout à coup en inquiétude et en appréhension. L'embarras de votre Secrétaire n'est pas moins grand, lorsqu'il doit recueillir la trace de ces démèlés, dont le sujet est trop relevé pour sa plume: car il ne s'y agit de rien moins que de la destinée de notre patrie, peut-être même de l'humanité tout entière, puisque la France a de tout temps marché à la tête de la civilisation chrétienne. Ami commun des deux champions, plus ami encore de la prospérité commune de la Compagnie, dont il est heureux de faire éclater les pages glorieuses, le triomphe de l'un ou de l'autre des adversaires est également pénible à son cœur. Le premier de ses devoirs est de faire taire toutes ses sympathies, afin de rester impartial au milieu d'un débat irritant, dont il n'entreprendra pas de rapporter les termes ni les phases, se bornant à déplorer les paroles amères, inséparables d'une conviction profonde, et à exprimer l'espoir et le désir que des questions brûlantes ne viennent jamais répandre la discorde parmi nous et nous entrainer sur un terrain où la dialectique risquerait trop souvent d'effleurer, dans ses évolutions, l'invective et la personnalité.

C'est un écueil qu'il a été donné d'éviter à M. Hignard, qui, dans un Dialogue sur la science, entre gens d'église, d'épée et de robe, a su traiter les questions les plus hautes et les plus délicates, sans que la parfaite convenance du ton ait pu nuire en rien à la solidité des arguments et à la vivacité de la discussion. Chacun a pu garder ses convictions après ce tournoi brillant, où l'on n'a combattu qu'avec des armes courtoises, mais cependant bien trempées, et nul n'a pu se dire offensé. Après avoir exposé l'utilité pratique de la science et son action sur le bien-être des sociétés, M. Hignard s'est attaché à combattre les exagéra

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nous révèlent sur ce point l'existence de constructions importantes, qui se rattachaient à un ensemble d'édifices desservis par une voie romaine, régnant sur le sol actuel de la rue St-Marcel et de la côte des Carmélites. Notre confrère en a reconnu les traces à la faveur des fouilles exécutées par la Compagnie des Eaux, dans le mois d'août 1857. L'état de ces débris défigurés par le feu est une nouvelle preuve de cette tradition, qui nous fait constater un immense incendie déroulant ses nappes avides sur notre cité, au temps de Néron, et inspirant cette réflexion énergique à Sénèque :

Nox fuit inter urbem maximam et nullam.

Ep. 91.

Les grandes calamités n'ont jamais fait défaut à notre ville, aux diverses époques de sa vie séculaire.

Les gloires littéraires ne lui ont pas manqué non plus, et le xixe siècle a vu fleurir des relations intellectuelles entre les beaux esprits de Lyon, pour parler le langage du temps, et les maitres du Parnasse français. Ainsi Boileau, le grand instituteur de notre langue, entretenait une correspondance suivie avec un lyonnais, l'avocat Brossette, et s'informait avec sollicitude de l'accueil fait à ses écrits par l'Académie et le public de notre cité. Il existe de nombreuses traces de ce commerce épistolaire, si honorable pour notre ville, et chaque jour amène la découverte de nouveaux documents relatifs au célèbre satirique, et à ce titre bien précieux pour l'histoire de la littérature française. C'est ainsi que M. Péricaud ainé, doyen de notre Compagnie, a trouvé, dans ses papiers, une copie, écrite de la main de Brossette, d'une épitre en vers,. inédite, adressée, en 1703, à Boileau, par Henri Bessée de la Chapelle, conseiller au Parlement de Metz, qui avait épousé Charlotte Dongois, petite nièce de Despréaux. M. Péricaud s'est empressé de communiquer

cette pièce à M. de Ste-Beuve, en l'accompagnant d'une dissertation philologique, en forme de lettre, dont nous avons eu les prémices. L'auteur de l'épitre à Boileau stimule la verve de son oncle, contre les attaques des journalistes de Trevoux, dans des vers qui ne sont pas indignes de la mémoire du vieux athlète qu'il presse de prendre en main la cause du Jansénisme opprimé :

Oui, ranime, il est temps, ta satirique audace;
Reprens ton Juvénal et relis ton Horace,

Toi qui, t'armant toujours contre les froids auteurs,
Aux Pradons? aux Perraults fis sentir tes fureurs,
Et qui, sur les Cotins, pour divertir la ville,
A grands flots répandois tes bons mots et ta bile.
Tu souffres aujourd'hui qu'au milieu de Trevoux
Un censeur à la gloire ose porter des coups,
Et que, de tes écrits épluchant chaque page,
Il attaque, Boileau, ton plus parfait ouvrage.
Tu te tais; ton esprit si prompt à s'échauffer
D'un si foible ennemi n'ose donc triompher?
Quand on veut te flétrir dans le sein de ta gloire,
Qu'on veut rayer ton nom du Temple de Mémoire,
Quand une indigne main t'ose percer le flanc,
Dans tes veines, Boileau, n'est-il donc plus de sang?
Cours aux armes. Allons! Que ton feu se rallume:
Jamais un plus beau champ s'offrit-il à ta plume?
Et sur les Escobards et sur les Tambourins
Jette, pour te venger, le sel à pleines mains.

Peins-nous de tes censeurs les détours et les brigues;
Montre au public dupé leurs honteuses intrigues;
Dis-nous, comment forçant son obscure prison,
Quesnel a su tromper leur fer et leur poison.
Peins les lâches suppots de leur vaine doctrine;
Dis-nous par quels ressorts, ou par quelle machine.
La cabale força le vertueux Herlin

A suivre dans l'exil et Bourlet et Dupin.

Peins, dans Toulouse en pleurs des vierges outragées,
Dans Brest, contre l'autel des cohortes rangées ;

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