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le monde, encore debout, se regarda avec étonnement, et, en se tâtant, crut enfin à sa vie. Des temples s'élèvent magnifiques, des monastères nombreux sont fondés, et la terre, selon l'expression du chroniqueur, semblait avoir dépouillé ses vieux haillons, pour revêtir la robe blanche des églises. Après avoir ainsi rappelé les investigations de la pensée humaine, dans les régions les plus sublimes qu'il lui soit donné de parcourir, il nous faut suivre d'autres penseurs dans des sphères moins élevées et plus pratiques, où la liberté est moins grande, parce que la spéculation s'y trouve aux prises avec la réalité.

(Voir, au MONITEur Judiciaire du 19 juin 1860, le compte rendu de communications, dues à MM. G. Martin et de Bausset-Roquefort, que nous hésitons à reproduire, en présence des dispositions de l'article 13 de la loi du 16 juillet 1850, sur le Timbre).

Dans une autre communication, dont nous regrettons de ne pouvoir donner également qu'une analyse très-sommaire, le même orateur (M. le marquis de Bausset) vous a fait part d'une Etude très-approfondie sur la durée moyenne de la vie humaine, question consécutive à celle du mouvement de la population. Quelques observateurs statisticiens prétendent, en effet, que la durée de la vie humaine s'est prolongée de sept ans environ, depuis un quart de siècle. Un tel progrès continuant permettrait d'espérer que nos descendants parviendraient à la longévité des anciens patriarches. C'est à détruire l'illusion décevante de cette éventualité, que M. de Bausset s'est appliqué, opposant des chiffres et des raisonnements aux conclusions optimistes de ses adversaires, et établissant que jamais les naissances et les décès n'ont été stationnaires, que les naissances et les décès, sont soumis à des variations souvent énormes d'une année à l'autre; que l'élimination des morts-nés dans les calculs de la

fécondité humaine, suffisait pour fausser les déclarations. Le seul moyen de savoir exactement la durée moyenne de la vie humaine, serait donc de diviser, par le nombre des morts, la somme des années vécues par les décédés de tout âge; mais ce travail n'a jamais été fait. Nous ajouterons que l'autorité peut seule préparer la solution du problème, pour les àges futurs, en prescrivant de dresser, à la fin des tables de l'état civil, un résumé d'après cette donnée, et que, pour le passé, l'on pourrait faire le même travail sur cinq ou six petites localités, prises sur les divers points du territoire, qui ont le plus et le moins participé aux crises de toute nature, depuis le temps de Louis XIII, époque jusqu'à laquelle les registres remontent généralement, sans interruption.

La série des communications sur ces matières spéciales, si intéressantes par leurs résultats, et en même temps si délicates par les difficultés qu'elles offrent à une appréciation sûre et décisive, a été close par le récit d'une visite à l'école La Martinière, de Lyon, par M. de Jacob de la Cottière. Là aussi s'ouvre un vaste champ à l'œil de l'observateur, et comme cette école s'occupe exclusivement des sciences et des arts, dans leurs diverses applications à l'industrie, que le fondateur a voulu que les enfants du peuple y reçussent une éducation professionnelle élémentaire, que l'enseignement y est essentiellement positif, il y a là ample matièrë à des considérations sur les progrès du commerce et des manufactures dans notre ville.

Après avoir reproduit une bien faible esquisse des travaux de cette classe, qui se réfèrent essentiellement aux choses contemporaines, une connexité naturelle nous amène à parler des tributs relatifs aux événements du passé. Sur ce terrain, M. Thalès Bernard, membre correspondant, à Paris, vous a communiqué, par l'organe de M. Peladan,

la traduction de quelques chapitres du Voyage de Jodocus Sincerus en France, au XVIIe siècle, comprenant la description du Limousin.

Ces excursions rétrospectives dans nos vieilles provinces ne sont pas dépourvues de charme. Nous aimons à nous reporter, par la pensée, dans un passé où nos successeurs iront chercher aussi à leur tour notre trace, dans quelques siècles.

M. Tuja-d'Olivier vous a fait assister, en continuant sa traduction des Lettres d'Horace Walpole à sir Horace, son fils, aux débats du parlement anglais, qui amenèrent la - chute du ministère de sir Robert Walpole, épisode intéressant de la vie publique en Angleterre, au siècle dernier. La génération actuelle entend toujours avec plaisir ces récits d'un contemporain, surtout lorsqu'il a été placé dans les hautes régions du pouvoir, et que cette position mêmé l'a mis en état de nous révéler des détails et quelquefois des secrets que les historiens ou les journaux du temps n'avaient pu nous transmettre. C'est ainsi que les correspondances intimes et les mémoires concourent à initier chaque siècle à la physionomie des événements que son devancier a vus s'accomplir. Enfin la série de ces communications historiques a été terminée par une Lettre inédite du duc d'Orléans à M. La Clos, officier d'artillerie, prise, par M. l'abbé Roux, sur la copie qui en existe aux archives métropolitaines, dont il est le conservateur. Les événements auxquels il est fait allusion dans cette pièce, les sentiments et les espérances qui y sont exprimés, tout concourt à établir l'authenticité de ce document, dont l'original doit être au dépôt des comités de la Convention nationale.

Dans un cadre encore plus restreint et dans une sphère beaucoup plus voisine de notre vie municipale, M. Pallias vous a présenté une monographie toute locale sur l'Origine,

la progression et l'état du bourg de la Guillotière. Vous aimez à encourager ce genre de travaux, qui exigent tant d'abnégation et de persévérance, pour ajouter quelquefois une seule ligne à l'histoire générale d'une province ou d'une cité, conquête précieuse toutefois que l'activité individuelle ajoute aux vieux souvenirs et aux vieux témoignages, et que les siècles futurs sont ensuite heureux de consulter et d'évoquer à loisir.

La biographie trouve naturellement sa place à côté de l'histoire, dont elle ne diffère que parce qu'elle s'applique à un individu, au lieu de s'appliquer à une nation ou à un prince. Nous devons donc mentionner ici une intéressante Notice par M. d'Aigueperse, sur son oncle, Boscary de Villeplaine, capitaine dans la garde nationale parisienne, aux journées de juin et au 10 août 1792, et auquel le roi Louis XVIII composa des armoiries, en récompense de sa fidélité à la cause de la royauté. Vous avez tous suivi avec un intérêt plein de charme le récit des périlleuses épreuves que dut affronter ce champion de la monarchie détrônée, pour soustraire sa tête aux ressentiments de la révolution. triomphante. Vous avez tremblé sur le sort du fugitif, et vous avez respiré plus librement lorsque vous l'avez vu traverser ce petit ruisseau qui séparait la France de la Suisse, et au-delà duquel son guide lui déclara qu'il pouvait maintenant se moquer de la République. Péripéties vulgaires, par le nombre de ceux qui les ont éprouvées, et cependant toujours pleines d'émotion pour l'auditoire, parce que la vie d'un homme y est en jeu, et que le talent du narrateur rend plus vive l'impression des scènes qu'il nous retrace. Or, nul mieux que M. d'Aigueperse n'excelle à faire passer devant les lecteurs les événements dont il évoque le souvenir dramatique.

L'archéologie, cette science des temps anciens, dont elle

décrit et réhabilite tous les restes, est venue spécialiser, d'une façon encore plus intime, les aperçus déjà bien restreints de l'histoire locale, pour laquelle l'archéologie exhume incessamment des matériaux. C'est une mine inépuisable de découvertes et de discussions que plusieurs mains savantes exploitent parmi nous avec succès. M. SaintOlive a commencé la série des communications de cette nature, et il a su choisir, dans ce vaste champ, des matières appropriées à son esprit à la fois lucide et curieux. Vous avez écouté avec un intérêt soutenu les savantes recherches dont il vous a soumis les résultats, au sujet de l'Infibulation, de la Sternutation et de la Manière de saluer chez les Anciens. Sur ce terrain, M. Saint-Olive vous a montré comment l'archéologue, avec quelques fragments d'un poëte ou d'un prosateur, arrive à donner une monographie complète et à nous éclairer suffisamment sur un point de mœurs couvert de ténèbres.

« D'ailleurs, dit-il, tous les anciens usages et les sou<< venirs matériels disparaissent, avec une promptitude « merveilleuse, et notre époque sera remarquable par « l'effacement des traditions. La foule regarde cette dispa<«<rition comme un bien, et lui donne le nom de progrès; « je connais même des gens qui professent, non-seulement « de l'indifférence, mais encore du mépris, pour tout ce « qui regarde le passé, tandis que la sagesse consisterait << à conserver le bien, à améliorer ce qui est susceptible « de l'être et à rejeter le mal. Quoi qu'il en soit, les re<«< cherches sur l'origine des vieilles traditions ont beau«<coup de charme pour ceux qui gardent dans leur tête « un peu de poésie et de philosophie, et je dirai avec « Cicéron Hæc studia prudentibus et bene institutis pari«ter cum ætate crescunt. De Senect. xiv. 8. Le goût << de l'étude croit avec l'âge chez les hommes qui ont acquis « de l'expérience et de l'instruction. >>

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