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de Palissy, drame; le marquis Gaston de Chaumont, auteur de Mélodies alpestres; M. Charles Roth, trésorier de la Société d'émulation de Cambrai, archéologue; M. Blanchot de Brenas, qui venait de publier un volume de poésies locales, les Vélaviennes, et le docteur Payen, médecin de l'assistance publique à Paris, auteur de divers mémoires sur l'amélioration du sort des classes pauvres; tous ces écrivains dans divers genres sont venus, de différents points de la France et de l'étranger, vous faire hommage de leurs œuvres et demander le droit de cité pour leur nom à la Société littéraire de Lyon. Enfin, pour achever cette revue des changements survenus dans notre personnel, le renouvellement partiel du bureau a porté à la présidence M. Péricaud l'aîné, qui compte ainsi sa sixième élection à ce poste, et à la vice présidence, M. Vingtrinier, un de vos plus anciens membres titulaires, qui, dans la Revue du Lyonnais, a bien voulu se faire l'éditeur du monument élevé par votre secrétaire à la gloire collective de la Société.

Le concours de M. Vingtrinier vous a encore permis d'assurer l'exécution de votre résolution du 10 novembre 1858, par laquelle, et je passe ainsi au chapitre des actes, vous avez arrêté la publication du Tableau statistique du personnel et des travaux, dans lequel votre secrétaire, avec le concours de M. Péricaud l'aîné, a présenté une sorte de bilan individuel de chacun de nous, depuis la fondation de notre Société. Cette nomenclature, qui aura bientôt paru en entier dans la Revue, sera comme une introduction à un premier volume de Mémoires, dont la série devra se développer, avec la collaboration de tous, dans le cours de notre existence littéraire. Vous avez ensuite réuni au secrétariat les fonctions d'archiviste, et votre secrétaire a voulu marquer cet agrandissement de ses attributions par la réunion des documents épars dans votre portefeuille en

un premier volume, comprenant la série des procès-verbaux de 1832 à 1840, de sorte qu'à la fin de la présente année académique, vous n'aurez plus rien d'écrit sur ces feuilles volantes, qui ont trop bien justifié ce nom, dans les temps antérieurs au secrétariat de M. Boullée. C'était sans doute pour conjurer encore davantage, s'il est possible, toute chance d'altération et de dispersion à l'avenir, que vous avez supprimé un emploi auquel vous n'aviez pas pourvu, depuis la retraite de son dernier titulaire, M. Mulsant, admis dans la classe des membres honoraires, dès 1856. Vous avez pensé, sans doute, que les attributions de ces deux charges étaient trop connexes pour être partagées entre deux officiers, dont l'un devait s'effacer pour ne pas gèner la liberté d'action de l'autre.

Peut-être, à ce sujet, trouverez-vous que c'est rappeler votre attention sur des détails d'intérieur dépourvus d'intérêt et de portée. Sans doute j'aurais négligé, pour ma part, de vous retracer ce résumé de vos résolutions, si une initiative, émanée de haut, n'était venue insister sur l'importance de tous vos actes et vous apprendre que, dans les régions supérieures, ils étaient enregistrés et examinés avec soin. Vous savez, en effet, avec quelle sollicitude le Minis- ' tre de l'Instruction publique se préoccupe des travaux des sociétés savantes, que c'est pour donner plus de publicité à leurs productions, et en même temps pour relier entre elles ces associations, que le Comité des travaux historiques et des sociétés savantes a été réorganisé sur des bases nouvelles, et qu'une Revue a été créée pour résumer ces travaux. Les communications des sociétés savantes devant naturellement servir à l'alimentation de ce recueil, une circulaire du 10 janvier 1859, en rappelant aux sociétés tout le prix que le chef de l'Instruction publique attache à recevoir ces documents, exprimait le désir du Ministre

d'être tenu au courant non-seulement de tous les faits saillants, mais encore de toutes les modifications qui surviennent dans le personnel. « Ces utiles renseignements, ajoute la circulaire, figureront périodiquement dans la chronique de la Revue des sociétés savantes. Les sociétés savantes des départements verront, je pense, dans cette mesure, une nouvelle preuve de mon désir de donner la plus grande publicité possible à leurs travaux et à leurs actes. » Enfin, en dernier lieu, vous avez reçu un spécimen du Dictionnaire géographique de la France, publié sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique, et pour lequel votre concours avait été demandé par circulaire du 20 août 1859. La commission, à laquelle vous aviez renvoyé ce travail, a proposé à Son Excellence quelques vues d'ensemble, par l'organe de M. G. Martin, son président. La Société, du reste, composée d'hommes voués chacun à des travaux exclusifs, d'hommes qui se réunissent, non pour étudier ensemble, mais pour se communiquer des résultats et se délasser d'occupations professionnelles, ne peut concourir à des œuvres collectives, bien mieux appropriées à de petits centres intellectuels, où l'activité a besoin d'un programme pour se déployer utilement. Le Dictionnaire géographique de la France ne pouvait donc, à cause de son caractère positif, obtenir une collaboration efficace de notre Société. Nous n'en sommes pas moins reconnaissants de l'honneur que veut bien nous faire le Ministre, en réclamant notre concours, en nous comptant pour quelque chose dans l'organisation publique des corps savants de toute nature, et en nous assurant qu'il est heureux d'appeler l'attention sur leurs travaux. L'exactitude que nous avons mise à répondre à ses communications et à lui transmettre les documents qu'il nous demandait, pour contribuer à l'alimentation de la Revue des Sociétés savantes, publiée sous

ses auspices, témoigne d'ailleurs assez que nous n'avons pas été sourds à ce bienveillant appel. La littérature de province ne résistera jamais, qu'on le sache bien, au mouvement de centralisation intellectuelle, toutes les fois que ce mouvement n'absorbera que pour rendre des produits nouveaux, en échange de ceux qu'il reçoit, pour les transmettre sur d'autres points qu'il met ainsi en communication par son intermédiaire. Les intentions du pouvoir et des tributaires étant ainsi bien clairement définies, procédons à l'inventaire des produits que nous avons jetés, pendant l'année académique 1858-59, dans la circulation des idées, et rendons compte, à nous-mêmes et à ceux qui peu vent s'y intéresser, de nos travaux, pendant le cours de cette période. Et pour ne pas déroger à l'ordre de classification rigoureuse adopté en commençant, procédons par nature de matières et non par ordre de temps. La philosophie nous a paru devoir occuper la première place dans la hiérarchie, faisons-la donc paraître la première en tête de cette revue rétrospective.

C'est à M. Cabuchet, l'un de vos plus anciens titulaires, aujourd'hui membre correspondant à Flassé (Saône-etLoire), qu'est due la première communication de ce genre. Dans une esquisse sur la réaction spiritualiste au xixe siècle, il s'est attaché à faire ressortir le profond changement survenu dans l'état des esprits, depuis son admission dans cette Société, le lendemain d'une révolution qui devait aboutir, en passant par son corollaire de 1848, à la confusion de ses auteurs, débordés par l'exagération de leur principe. Aujourd'hui le sentiment religieux semble renaître de toutes parts, et bien que se manifestant sous des formes diverses et quelquefois désordonnées, il est incontestable qu'un mouvement irrésistible pousse l'homme, en ce siècle, à chercher sa fin et son secours en dehors de la vie positive.

M. Pezzani, portant la discussion dans les entrailles mèmes de la question, a placé sous vos yeux les Eléments de la controverse contemporaine, au sujet de la personnalité divine. C'était se prendre à la base même du spiritualisme, au problème religieux par excellence, autour duquel doivent se concentrer l'attaque et la défense, et sur lequel les vrais philosophes doivent porter leur attention incessante. L'importance et la haute signification du problème est d'ailleurs avouée des deux parts. Proudhon, dont les tendances sont suffisamment connues, ne s'écrie-t-il pas ? « J'écarterai l'hypothèse panthéistique comme une hypocrisie et un manque de cœur; Dieu est personnel ou il n'est pas. ». On voit, conclut M. Pezzani, que Proudhon partage notre manière de voir et qu'il confond comme nous l'impersonnalité et l'athéisme. Cette querelle, du reste, n'a rien de nouveau, et si quelque chose a changé, ce ne sont que les noms. Mais il faut avouer que l'athéisme moderne a laissé bien loin derrière lui l'athéisme des anciens. La rêveuse Allemagne s'est chargée de perfectionner le paradoxe en réduisant la philosophie à une question alimentaire. Et ne croyez pas, Messieurs, que j'analyse une facétieuse conception, inventée pour égayer le morose cerveau d'un métaphysicien blasé sur la psychologie. C'est un grave chef d'école, dont M. Pezzani nous rapporte les propositions capitales.

« La nourriture, s'écrie Feuerbach, le défenseur actuel << de l'impersonnalité, est le principe qui unit et identifie <«< en nous la substance pensante et la substance corpo«relle. Car, ce qui pense en nous, ce qui constitue l'intel

ligence humaine, c'est le phosphore; suivant qu'il reçoit << ou s'assimile plus ou moins de phosphore, le cerveau « est plus ou moins apte aux travaux de l'esprit. Que << faut-il donc faire pour l'amélioration et les progrès du

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