Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

garde, à l'heure du repos: ils échouérent contre une surveillance bien organisée, et une sortie repoussa cette attaque imprévue.

Bélisaire, se trouvant à la tête de forces imposantes, en envoya une partie dans le Picenum, - marche d'Ancône, et cette diversion eut le plus heureux succès: Rimini tomba en son pouvoir, et Ravenne fut sérieusement menacée. Vitigès craignant beaucoup la perte de cette dernière ville, résolut de lever le siége, avant l'expiration de la trève, qui de part et d'autre avait été très-mal observée.

On était à la fin de mars 538: après avoir brûlé leurs camps, les assiégeants, au lever du soleil, commencèrent à défiler sur le pont Milvius. Bélisaire averti, fit aussitôt sortir ses troupes par la porte Pinciane, et lorsqu'une partie de l'armée ennemie eut traversé le Tibre, il donna l'ordre d'attaquer le reste. Les Goths se battirent vaillamment; mais la confusion s'étant mise dans leurs rangs, la plus grande partie périt par le fer, ou en se noyant dans le fleuve. Ainsi se termina ce long siége de Rome, qui dura depuis les premiers jours de mars 537, jusqu'à la fin du même mois de l'année suivante.

Celle opiniâtre défense de Rome fut illustrée par une multitude d'actions d'éclat, qui rappellent les exploits des héros d'Homère; les grands coups de lance et d'épée des gardes de Bélisaire ont quelque chose de vraiment fabuleux. J'ai cité, dans le courant de mon récit, plusieurs de ces faits, et j'en ai omis un grand nombre qui eussent trop prolongé ma narration; d'ailleurs ils n'eurent pas pour témoin le terrain compris entre les portes Flaminienne, Pinciane et Salara, lequel a servi de cadre à mon travail. Je ne terminerai pas sans parler de Chorsamante, de la nation des Huns: cet intrépide garde de Bélisaire, s'étant trouvé aux prises avec soixante et dix cavaliers Goths, il les mit en faite, et

rentra triomphalement par la porte Saint-Pancrace. Quelques jours après cet exploit, il fut blessé, et il jura de s'en venger, en allant attaquer seul le camp de Vitigès. Quand il fut guéri, il songea sérieusement à remplir son serment. Il se fit ouvrir la porte Pinciane, sous un prétexte supposé, et courut braver l'ennemi. Il fut bientôt entouré d'une masse de combattants, auxquels il résista avec témérité; enfin, accablé sous le nombre, il tomba sur un monceau de cadavres.

En lisant dans tous ses détails le récit de ce siége mémorable, on est étonné de rencontrer une si petite quantité de noms latins on les voit remplacés par ceux des Perses Artafinès et Arsès, du Thrace Cutilas, de l'Hérule Gontharis, des Isaures Tarmut et Ennès, etc. Les armées de l'empire étaient, en grande partie, composées d'étrangers mercenaires, se battant vaillamment, mais n'ayant aucun sentiment patriotique. Quand ces soldats sans patrie n'eurent plus des chefs, tels que Bélisaire et Narsès, pour exciter leur enthousiasme, ils ne se firent aucun scrupule, en vendant à d'autres leur courage et leur sang. Même du vivant du premier, des Isaures livrèrent à Totila la porte Asinaria, et dans un second siége celle de Saint-Paul.

Les victoires de Bélisaire et de Narsès, qui mirent fin à la domination des successeurs de Théodoric, furent un malheur pour l'Italie. Le sang jeune et vigoureux des Goths, en se combinant avec celui des Romains, eût introduit un élément de force dans ce corps usé et corrompu. Les Goths eussent pu d'autant plus facilement constituer une Italie unitaire qu'ils la trouvaient toute faite; tandis qu'aujourd'hui il sera, sinon impossible, au moins bien difficile, de gouverner une nation, en dehors de ses traditions, de ses habitudes et de ses intérêts locaux, consacrés par une durée de plusieurs siècles.

Je termine ce travail, en recommandant aux paysagistes et

à tous les hommes doués du sentiment pittoresque les murailles de Rome, si admirables au point de vue de la forme et de la couleur. Je ne saurais dire quelles jouissances j'ai éprouvées, dans mes promenades solitaires, autour de ces remparts démantelés, illustrés par les faits que je viens d'esquisser et par tant d'autres souvenirs historiques. Ces plaisirs de l'intelligence ne s'expliquent pas, et sont appréciés seulement des esprits cultivés. Je tremble, en songeant parfois au danger qui menace ces magnifiques murailles: si Rome devient un jour la capitale de l'Italie, elles seront probablement démolies, et remplacées par des fortifications modernes, dont la construction sera très-logique. En effet, la plus simple prévoyance commandera d'assurer la défense d'une ville, située à quelques kilomètres de la mer, et qui, par l'importance qu'elle aura prise, devra être nécessairement sauvegardée, au prix de ces précieuses et poétiques reliques.

QUELQUES REMARQUES

SUR

LE VII SONNET DE PÉTRARQUE

ET SUR

UNE TRADUCTION ANONYME DE PÉTRONE

Lues à la Société littéraire de Lyon

Le Juin 1861

PAR ANT. PÉRICAUD L'AINÉ.

Feu mon regretté beau-frère, M. Breghot du Lut, a consigné dans ses Nouveaux mélanges, d'intéressants détails sur le séjour de Pétrarque à Lyon, en août 1331. Depuis, dans une Nolice sur Pierre de Savoye, j'ai publié l'imitation en vers que M. Joséphin Soulary avait faite à ma prière, des deux sonnets que le chantre de Laure composa dans notre cité. S'il fallait en croire l'éditeur des poésies attribuées à Clotilde de Surville (1), il aurait existé à Lyon, au commencement du XIVe siècle, une trouveresse, Amélie de Mon

(1) Mon exemplaire des Poésies de Clotilde porte sur le titre : « A Paris, de l'imprimerie de P. Didot l'aîné. An XII. - M.D.CCCIV. » M. Brunet, dans son Manuel, art. CLOTILDE, date ainsi la première édition: « Paris, an IX (1803). » Mais il y a là une faute d'impression qu'il ne faut pas imputer au savant bibliographe; au lieu de an IX, il fallait an XI, année qui correspond à 1803.

tendre, qui aurait donné des leçons de versification à Justine de Levis, bisaïeule de Clotilde. Née à Crémone, Justine était fille de N. de Levis Perrot de Sasso Ferrato, branche de l'ancienne maison française de Levis (1). Aurait-elle été envoyée à Lyon pour y être élevée dans une communauté religieuse, ou n'y serait-elle venue que pour échapper à la peste qui ravageait alors la majeure partie de l'Italie ? Je ne saurais le dire. Quoi qu'il en soit, Justine, qui voulait consacrer sa plume à la poésie, consulta Pétrarque, en lui adressant un sonnet auquel le poète répondit par un sonnet sur les mêmes rimes (2). Ces deux sonnets ont été, de la part de Ménage, le sujet d'un savant commentaire, imprimé à la suite de son Histoire des femmes philosophes (3); toutefois il est assez étonnant que, dans le grand nombre de femmes lettrées de toutes les nations dont il donne la liste, il n'ait pas nommé Louise Labé et Pernelle du Guillet (4). L'une et l'autre étaient dignes pourtant d'une mention, la première surtout, qui savait si bien son Pétrarque, et qu'elle a plus d'une fois pris

(1) Plusieurs membres de cette maison furent chanoines, comtes de Lyon au XVe et au XVIe siècle. Marie de Levis de Ventadour, qui fut abbesse de Saint-Pierre, était sans doute de la même famille.

(2) On trouvera plus loin plusieurs imitations de ces deux sonnets. (3) Historia mulierum philosophurum... Lugduni, apud Anissonios, Joan. Posuel et Claudium Rigaud, M.DC.XC, in-12. Voyez aussi les Mecolanze de Ménage, édition de Rotterdam, 1692, in-8°.

(4) L'omission de Ménage est excusable; les œuvres des deux Lyonnaises, publiées vers le milieu du XVIe siècle, étaient devenues excessivement rares. Ce n'est qu'en 1762 qu'il parut, à Lyon, une nouvelle édition des OEuvres de Louise Labé, qui depuis a été suivie de plusieurs autres ; et ce n'est qu'en 1830, que furent réimprimées, à Lyon, les Poésies de Pernette du Guillet, avec un commentaire de M. Breghot du Lut, qui avait déjà enrichi de ses savantes notes l'édition lyonnaise de Louise Labé, imprimée par M. Louis Perrin, en 1824

« VorigeDoorgaan »