Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

lerinage de la Sainte-Baume; même après la publication des critiques de Launoy, on y vit jusqu'à trois mille pèlerins communiant. Les hommes les plus éminents en science venaient prier au tombeau de la grande pénitente; Pétrarque y alla fréquemment : Je me souviens, dit-il, d'y avoir passé trois jours et trois nuits et d'y avoir trouvé des délices bien différentes de celles qu'on goûte dans le monde (1).

CONLUSION SOMMAIRE.

Le point de départ de la première prédication de l'Evangile en France est dans le commandement que Jésus donna à ses Apôtres et à ses Disciples d'annoncer la parole de Dieu d'abord aux douze tribus dans la Palestine, ensuite aux Gentils de toutes les nations. Cette mission divine fut accomplie fidèlement; ceux qui l'avaient reçue ne laissèrent pas un coin de la terre habitée où leur voix n'eût retenti. L'importance, la position, les relations de Marseille et de Lyon avec l'Orient y appelaient le zèle des Apôtres avant tout autre pays.

L'apostolat, en Provence, de Madeleine, Marthe, Maximin, Lazare, Trophime concorde parfaitement avec tous les événements des premiers temps évangéliques. La demande d'un pasteur par les chrétiens de Lyon et de Vienne, vers l'an 140, et leur glorieuse confession l'an 177, prouvent qu'au IIe siècle le christianisme avait déjà de profondes racines dans l'intérieur des Gaules; saint Irénée eut même à combattre

(1) J'ai puisé dans le bel ouvrage de M. l'abbé Faillon (Monuments inédits), l'indication des actes, chartes, bulles et les noms des principaux personnages qui visitèrent le tombeau et la grotte de sainte Madeleine. Cet ouvrage contient des détails d'un grand intérêt que le cadre restreint dans lequel je devais me renfermer ne m'a pas permis de reproduire.

les hérésies par ses écrits et par les décisions des assemblées d'évêques qu'il présidait.

Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, la tradition des Églises de la Provence ne fut jamais contestée; les critiques accréditées depuis cette époque ne procèdent que par des négations, des hypothèses, des interprétations arbitraires ; celles relatives à l'identité de Madeleine la pécheresse avec Marie, sœur de Marthe, sont réfutées par les textes des Évangiles; les allégations par lesquelles on essaie d'établir que Madeleine et ses compagnons ne quillèrent jamais l'Orient sont dénuées de preuves, contradictoires, invraisemblables. Les objections touchant l'époque de la première mission apostolique paraissaient plus graves en se plaçant sous l'autorité de Sulpice Sévère et de Grégoire de Tours; mais un examen attentif ne permet pas de trouver un seul mot dans Sulpice Sévère qui soit contraire à la tradition des Églises

de la Provence.

Si l'on admettait la manière d'interpréter les ouvrages de Grégoire de Tours, adoptée pour soutenir qu'il a reculé jusqu'au IIIe siècle la première prédication du christianisme dans les Gaules, il en résulterait que cet historien serait tombé dans une foule de contradictions et d'erreurs chronologiques ou historiques, notamment qu'on pourrait également invoquer son opinion pour démontrer que la parole de Dieu fut annoncée dans les Gaules dès le premier siècle, ou seulement au milieu du III et par les mêmes évêques dont il placerait la mission à ces deux époques. Cette confusion n'existe pas dans les œuvres de l'éminent docteur, elle ne provient que de la fausse interprétation présentée par les critiques, sans égard au génie de l'auteur et à l'ordre général des faits historiques. Il existe d'ailleurs, dans le texte latin, des erreurs si grossières qu'on ne saurail les attribuer qu'à des copistes ignorants. Tous les docteurs et les historiens de

l'Eglise antérieurs à Sulpice Sévère et à Grégoire de Tours, ont attesté que l'Evangile fut porté par les Apôtres et par les Disciples dans tous les pays de la terre; jamais avant le XVIIe siècle on n'avait découvert que les écrits de Sulpice Sévère et de Grégoire de Tours fussent contraires aux traditions des premières Eglises de France.

Aux appréciations arbitraires j'ai opposé la tradition constante, universelle, non contestée jusqu'au dix-septième siècle; tradition attestée par les monuments, confirmée par les bulles, les chartes, les décrets synodiques, les lettres des papes et des évêques des Gaules, les procès verbaux solennels de l'invention et de la reconnaissance des reliques, les martyrologes romains, gallicans et autres, les liturgies et bréviaires d'une infinité d'églises et de monastères, la piété inébranlable envers les apôtres de la Provence, l'autorité de l'Eglise et la sanction des siècles.

Après avoir présenté la nomenclature bien incomplète, et pourtant si décisive, des preuves de la tradition, est-il nécesssaire de rappeler encore les invasions destructives qui anéantirent les annales des églises et des cités de la Provence jusqu'à la fin du Xe siècle?

Peut-être n'aurais-je pas dû réduire l'histoire mémorable de la régénération chrétienne au simple récit des faits, sans rappeler les prodiges qui, partout confirmèrent la parole de Dieu et qui continuèrent d'entourer les tombeaux de nos saints Apôtres d'une auréole miraculeuse, source d'innombrables faveurs célestes. De quels torrents de poésie une plume plus autorisée n'aurait-elle pas inondé le sujet qui offre tant d'inspirations sublimes à la foi, à l'espérance, à l'amour chrétien !

Toutefois, j'aurai rempli le but modeste que je me suis proposé, si je suis parvenu à démontrer l'inanité des critiques contre la tradition de la première prédication de l'Evangile

en France et si j'ai mis en lumière quelques unes des preuves innombrables de sa vérité.

La pieuse légende de la Provence projette une vive clarté sur l'obscurité qui couvre le berceau du christianisme dans l'Occident; cette tradition est inhérente au sol, à l'histoire, aux noms des cités et des Eglises, aux objets du culte; elle est sculptée sur les monuments et sur les autels les plus antiques; elle s'est perpétuée dans l'âme des générations; elle forme dans les consciences des annales impérissables comme la vérité.

« VorigeDoorgaan »