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Je ne veux point douter de Dieu même ! Il est sage
De croire un mendiant inspiré par le ciel.

Si vos efforts savants, que mon cœur apprécie,
Ne me promettent pas le succès attendu
De celui qui dispense et la mort et la vie,
Un vœu suprême au moins doit-il être entendu.

Sur la colline sainte, aux genoux de la mère
Qui pleurait sur son fils durant sa Passion,
J'irai, je me plierai comme un if solitaire
Que tourmente le vent de la destruction.

Etreignant de mes bras son image sacrée,
Puisant dans ma prière un invincible espoir,
Je lui dirai: Ma mère, ô ma mère adorée,
Qu'il vive et qu'avec nous il revienne te voir.

Et nous déposerons à tes pieds en hommage
Ce tableau de douleurs où triomphait la mort
Et qu'illuminera ta sainte et douce image,
Ensemble on y verra la tourmente et le port.

Ce pauvre et cher malade, écoutez, il soupire,
Sa main presse ma main avec un tendre effort,
Il va mieux, vous voyez, un céleste sourire
Semble errer sur sa lèvre et se fixer au bord.

Il m'appelle! mon Dieu, merci!

C'était un songe.

Son regard s'est éteint, sa main se refroidit,

Son souffle, ah! le dernier peut-être, se prolonge... - Pauvre veuve, éloignez votre enfant, tout est dit.

15 nov. 1861.

J. Et. BEAUVERIE.

UN SOT TROUVE TOUJOURS UN PLUS SOT

QUI L'ADMIRE.

(Fable).

Certain Parisien, peu lettré, mais hâbleur,
Se voyait possesseur d'une superbe optique,
Sans le moindre jaunet, ceci n'est qu'un malheur,
Cymbales et tambour manquaient à sa boutique,
Pour former sa musique,

Sa voix de l'aigre au doux s'alternait tour à tour,
Semant de gais propos aux bourgeois du faubourg.
Pour tous il s'agitait, faisait voler sa langue
En débitant bien haut sa pompeuse harangue;
Aussi, les curieux, à ce discours pressant,

Les yeux sur la lentille, attendaient, non sans peine,
Que notre homme pour eux se fût remis en veine.
Spectacle intéressant!

Criait-il, ce tableau qui vous paraît magique,
Rappelle du Croissant

Une scène tragique !

A présent, c'est la louve allaitant Romulus!
Là, se montre Carthage, où périt Régulus!
Ici, du Dieu des Juifs ce Balthazar qui raille,
Tremble en lisant trois mots inscrits sur la muraille!
Sans cesse il s'animait, détaillant tour à tour
La toile qu'il croyait dérouler au grand jour.

Les sots,toujours nombreux, séduits par tant d'emphase,
Par les tableaux chargés d'une chaude couleur,
Sans besoin de rapport entre peinture et phrase,
De l'artiste exalté partageaient la chaleur.

Cependant dans les étoiles

S'était égaré l'orateur,

Car trop ému, le beau rhéteur

En montrant ses premières toiles
Expliquait les derniers tableaux.

Son triomphe pourtant fut, certes, des plus beaux!

Ainsi, dans nos salons croyant à sa science,
Sur cent sujets divers parle et parle un bavard!
Comme dans nos tableaux c'est un chaos sans art,
D'une sottise à l'autre une triste alliance;
Mais qu'importe à nos sots toujours admirateurs!
S'appropriant le goût qui juge et qui discerne,
De réputations ils sont dispensateurs....

Et, de leurs mains, plus d'un Cotin moderne
Acclamé par leurs voix,

Monte sur le pavois.

A. ESTIENNE.

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Lorsque, suivi de son triste cortége
De sombres jours, de rigoureux frimas,
Le dur hiver accourt et nous assiége;
Quand l'hirondelle a quitté nos climats ;
Que, dans nos bois privés de leurs ombrages,
On n'entend plus de chants mélodieux;
Qu'à la clarté de l'astre radieux

Ont succédé la brume et les nuages;
Lorsque, pleurant l'absence du soleil,
Et veuve en deuil, à nos yeux la nature,
Pour s'engourdir dans un profond sommeil,
A dépouillé sa riante parure;

Alors, surtout, il faut plaindre le sort

De l'indigent... plus grande est sa misère...
Transi de froid, il voit dans sa chaumière,
S'asseoir la faim auprès du foyer mort!

Enfants! tendez au pauvre un généreux secours ;
Et Dieu vous aimera, vous bénira toujours!

II.

C'est pour donner que le Seigneur nous donne; Sans être riche on peut donner encor.

Pour les bons cœurs, le denier de l'aumône

Se change au ciel en immense trésor.

Bien peu de jours nous habitons ce monde ;
Employons-les à faire quelque bien,
Pour préparer une moisson féconde;
Car, sans semer, on ne récolte rien.
Obéissons à la loi fraternelle

Que nous prescrit un Dieu plein de bonté;
Chaque bienfait là haut sera compté
Par la justice immuable, éternelle.
Sur l'indigent qui gémit ici-bas

Le Tout-Puissant jette un regard de père;
Pour le conduire et veiller sur ses pas,
Il fait descendre un ange sur la terre.
Aux livres saints, vous trouverez écrit
L'enseignement du devoir charitable;
Mais comme exemple utile et profitable,
Retencz bien ce fidèle récit.

Enfants! tendez au pauvre un généreux secours; Et Dieu vous aimera, vous bénira toujours!

III.

L'hiver régnait la neige amoncelée
Couvrait au loin la plaine et le vallon;
Dans sa fureur, le terrible aquilon
Faisait gémir la forêt ébranlée.
C'était le soir: déjà sur les coteaux,
La nuit tombante épaississait son voile;
Au firmament ne brillait nulle étoile,
Et tout déjà se taisait aux hameaux.
D'un pas tremblant, appesanti par l'âge,
Une indigente, un bâton dans la main,
Souffrant de froid, peut-être de la faim,
Et paraissant lasse d'un long voyage,
Seule à cette heure, allait par le chemin
Qui conduisait au plus prochain village.

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