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Il serait équitable de faire la part de chacune dans ce bel élan vers la colonisation; mais nous sommes pressé et nous ne pouvons signaler que les faits les plus saillants.

Ce sont, bien entendu, nos explorateurs, dont quelques-uns ont péri victimes de leur dévouement à la France et à la science, qui sollicitent ici le plus l'attention et la gratitude générales.

Mais un légitime hommage doit être rendu à M. Richard Cortambert, qui, dans le Mouvement géographique, a toujours mis au premier rang les questions coloniales1.

Le manifeste de M. Foncin, au récent congrès de Bordeaux, a eu un légitime retentissement; nous l'avons reproduit in ex

tenso.

M. Gaffarel, par ses travaux sur l'ensemble de nos colonies, et sur l'Algérie en particulier, n'a cessé de stimuler ses nombreux lecteurs.

La grande Société de géographie, la Société de géographie commerciale de Paris, la Société des études coloniales et maritimes, ont poursuivi dignement la mission dont elles étaient investies.

La Société de topographie a, dès sa naissance, cherché à donner aux questions de colonisation la précision qui leur faisait défaut. Autrefois un essai de colonisation ressemblait singulièrement à une croisade: on allait trop souvent à l'aventure, sans s'être préalablement informé du climat, de la nature et de la structure du sol. C'est au nom de la Société de topographie que nous fimes, lors du congrès de géographie commerciale tenu à Paris (1878), une communication résumée ici aujourd'hui même 2.

Quand le moment nous a semblé opportun, la même société a tenu, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, sous la présidence de M. de Lesseps, le grand promoteur de toute colonisation française, deux assemblées solennelles (29 octobre 1882, 22 avril 1883),

Bordeaux, Marseille, Montpellier, Nancy, Rouen, Rochefort, Douai, Bourg, Dijon, Lille, Toulouse, Lorient, Nantes, Brest, Oran, Alger. M. Wichmann omet la Société des études coloniales et maritimes, et la Société indo-chinoise, qui ont leur siège à Paris. D'autre part, la Société de géographie d'Alger ne donne guère signe de vie. Depuis 1876, l'Allemagne a vu doubler le nombre de ses Sociétés de géographie: Berlin, Francfort, Darmstadt, Leipzig, Dresde, Münich, Brême, Halle, Hambourg, Freiberg... S., Metz, Hanovre, Berlin (commerciale), Karlsruhe, Iéna, Lübeck, Königsberg, Greifswald, Cassel, Stettin.

1. M. Louis Delavaud n'a pas montré une moindre sollicitude, une moindre ferveur à cet égard.

2. Pages 11-14.

où nos plus célèbres explorateurs étaient présents'. On sait quel en a été le retentissement.

Pour la troisième fois depuis huit siècles, la France va tenter de se donner un empire colonial. Son premier essai, qui visait la Méditerranée, a échoué; son second essai, qui avait pour objectifs principaux l'Amérique du Nord et l'Hindoustan, a été également malheureux.

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C'est maintenant en Afrique et dans l'Indo-Chine que nous cherchons à nous établir solidement. Notons brièvement dans quelles conditions. En Afrique nous possédons du nord au sud la Tunisie (protectorat), l'Algérie, le Sénégal, le Congo septentrional. Nous devons nous efforcer de relier entre elles des régions si distantes les unes des autres. Une simple inspection topographique nous montre que c'est le Niger qui, par le vaste arc de cercle qu'il décrit et par son embouchure dans le golfe e Guinée, à égale distance du Sénégal et du Congo, constitue ce lien indispensable. Nous sommes à Bamakou, c'est très bien; mais ne nous laissons pas devancer par les Anglais, maîtres de tant d'établissements sur le littoral, au-delà des rapides du Niger; autrement, nous serions tournés nous n'arriverions pas à temps dans le Soudan central 2. Pour montrer toute notre sollicitude en ce qui concerne l'Afrique française, qu'il nous suffise de rappeler les faits suivants. Noust avons reproduit dans toute son étendue la conférence de M. de Brazza à la Société de géographie de Paris, sur le Congo; nous avons publié la belle étude de M. le capitaine du génie Ancelle, officier d'ordonnance du général Faidherbe, sur le Sénégal,- dont la suite va paraître; nous avons inséré, de M. Ernst Bunge, des documents concernant l'expédition africaine nord-ouest, projetée par les Anglais, et un article sur l'exploration du désert (côte nordOuest); M. Barneaud nous a parlé du chemin de fer du sud-ouest oranais, de son rôle militaire et économique; M. Cat, de sa récente excursion à Tunis; M. Desfossés, de la ligne nouvellement inaugurée entre Tunis et Hammam-Lif; M. L. Bertholon, de Sousse et du Sahel

1. Les Mittheilungen de Petermann ont consacré un compte rendu à la première de ces assemblées (Livraison de décembre).

2. Le 14 mars 1883, nous avons posé dans notre cours cette question: Comparer la situation des Français au Sénégal et au Gabon et montrer comment ils peuvent s'assurer la navigation du Niger et du Congo.

3. La principale préoccupation de l'auteur est d'unir par des stations permanentes le Sénégal et l'Algérie.

tunisien; M. Stein, d'un dessein français sur Alger et Tunis sous Louis XIII. Enfin nous sommes en mesure de publier intégralement la Légende territoriale de l'Algérie, du si regretté M. Cherbonneau.

Un coup d'œil sur la mer du sud de la Chine nous montre, sur ses rivages, outre les sujets du Céleste-Empire, les Annamites, les Hollandais, dominateurs d'une grande partie de la Malaisie, les Espagnols, possesseurs des Philippines, les Français, fixés depuis vingt ans dans la Basse-Cochinchine et occupant les embouchures du fleuve Rouge le reste de l'Annam et Hué, capitale du roi Tu-Duc, sont placés entre deux feux; c'est là l'empire indo-chinois qui doit nous dédommager de l'empire indien, lequel nous échappa au siècle dernier. Deux dangers sérieux sont à constater : 1o le TongKing, qu'il nous faut conquérir ou tout au moins occuper, nous rendra voisin de la Chine qui, bien qu'inférieure, au point de vue. de l'armée et de la marine, à la France, confine à l'Annam, tandis que la France en est à trois mille lieues; 2° cette conquête ou cette occupation nous rapproche aussi de la Birmanie, que les Anglais tiennent sous leur dépendance; ces mêmes Anglais qui, maîtres de Périm et de Singapour, peuvent nous enlever l'accès de la mer des Indes et de la mer du sud de la Chine. Nous savons bien que Singapour peut être évité par le percement de l'isthme de Kra: M. Deloncle est revenu ici sur cette entreprise (Historique de l'avantprojet du canal maritime de l'isthme de Kra). Mais comment éviter Périm, à moins de reprendre la route, désespérément longue, de Vasco de Gama? Pourquoi des événements, dont les uns sont tout récents, les autres datent de près de deux siècles, nous ont-ils fait une Méditerranée anglaise', une mer Rouge anglaise, une mer des Indes anglaise2?

Ces difficultés, si elles doivent nous rendre prudents, ne doivent pourtant pas nous rendre inactifs. Bien loin de là! Ce sont nos. atermoiements, l'insignifiance de nos démonstrations militaires et de notre occupation qui ont créé le péril. Beaucoup de savoir géo

1. Nous renvoyons encore à notre article sur l'Égypte, l'Islamisme et les Puissances européennes, les solutions, auquel on ne refusera pas quelque prévoyance fondée sur la science géographique.

2. Nous devons ajouter, comme correctif, qu'à le bien prendre, la mer des Indes, qu'aucun continent ne limite au midi, restera essentiellement internationale. Voilà pourquoi nous ne devons pas perdre de vue Madagascar, située dans la partie sud

ouest de cette mer.

REVUE DE GEOGR. JUILLET 1883.

2

graphique', des renforts suffisants, une diplomatie habile nous feront sortir de cette épreuve à notre honneur. Le dessein patriotique de M. Dupuis aboutira, nous en avons le ferme espoir.

Quant à la Revue de Géographie, elle a, un mois avant la mort du commandant Rivière, caractérisé notre situation aux bords du fleuve Rouge par la plume de M. Charles Labarthe (limites de la Chine et du Tong-King au cap Paklung): M. Labarthe, récemment revenu de ces contrées, a révélé au gouvernement français l'importance du port de Mong-kai. Le même auteur a fait connaître, le premier, l'administration actuelle du Tong-King sous la domination annamite. Cette année, comme les précédentes, la Revue ne saurait trop remercier ses fondateurs, ses collaborateurs et ses abonnés. Aussi bien j'ose dire que les uns et les autres ont droit à la reconnaissance publique.

LUDOVIC DRAPEYRON.

1. Et topographique. La topographie nous apprendra à concentrer nos forces sur des points bien choisis.

2. Nous rappellerons les noms des membres composant aujourd'hui la Société de la Revue de géographie, fondée le 7 juin 1878: MM. Beaure, Beck, Cernuschi, Chabrières, Delagrave, Delaporte, Delmas, Drapeyron, Félix Faure, Fraissinet, Gaubert, Goin, Guibal, Guilhiermoz, Guimet, Hay, Alfred Hunebelle, Édouard Hunebelle, Lair, de Langsdorff, Laporte, Levasseur (de l'Institut), Albert Liouville, Henry Liouville, Martinet, Millou, Monin, Mosnier, Madame Navières, l'OEuvre africaine belge, Pallain, Émile Pereire, Roux, Seligmann, G. Augustin Thierry, Toumieux, Ubicini, Velten neveu.

LA BOSNIE

AVANT ET DEPUIS LE TRAITÉ DE BERLIN1

(SUITE)]

III.

L'Autriche-Hongrie avait été atteinte en première ligne par l'insurrection de 1875 et par la guerre qui l'avait suivic. Le premier effet de cette guerre avait été de projeter au dehors une partie considérable de la population, que la crainte, la misère, — la femme et les enfants manquant de pain au logis pendant que le père guerroyait dans la montagne, avaient chassée hors de ses foyers. Le comte Andrassy évaluait à 200 000 le nombre de ces malheureux qui, pour des motifs divers, avaient cherché un refuge sur le territoire austro-hongrois, et qui, même la paix signée, n'osaient rentrer chez eux, redoutant la vengeance des Turcs. Il fallait, en attendant, les nourrir, pourvoir à leur entretien dix millions avaient déjà été affectés à cet usage. C'était maintenant à l'Europe d'aviser. La discussion s'étant ouverte à Berlin sur l'article du traité de San-Stefano relatif à la Bosnie-Herzégovine, le comte Andrassy prit le premier la parole pour réclamer du congrès l'adoption de mesures propres à mettre fin à une situation qu'il déclarait intolérable» pour l'Autriche-Hongrie et à assurer la pacification durable de ces provinces, dont la tranquillité importait à toute l'Europe.

Le Congrès fit mieux que d'agréer la demande de l'AutricheHongrie; il chargea, sur la proposition du marquis de Salisbury, l'Autriche-Hongrie elle-même, d'occuper et d'administrer les deux provinces.

Le premier plénipotentiaire de France, en appuyant la demande de lord Salisbury, résumait par un mot le caractère du mandat confié au gouvernement de François-Joseph: une mesure de police européenne ».

1. Voir la Revue d'octobre 1882. 2. Livre jaune, Traité de Berlin.

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