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de Werhbosna', en lui adjoignant, à titre de suffragants, les trois évêchés de Banialuka, de Mostar et Duvno3, et de Mercana et Trebigne. Le nouvel archevêque et ses suffragants furent préconisés par le Saint Siège sur la présentation de l'Empereur, non en qualité de souverain territorial, mais à raison des émoluments que le gouvernement austro-hongrois a assignés aux églises bosniaques, et d'après le principe que le patronage, relativement aux diocèses, appartient à celui qui a doté la mense épiscopale. La Bosnie fut dès lors assimiléc aux autres « provinces » de la catholicité. Une des conséquences de ce changement fut l'amoindrissement du rôle des Franciscains, dépossédés de la juridiction temporelle qu'ils exerçaient sous les Turcs, et placés désormais, à l'égard de l'archevèque et des évêques catholiques de Bosnie, dans la même situation que les religieux des divers ordres vis-à-vis de l'ordinaire, dans tous les pays catholiques.

Les trois diocèses de Sérajevo, Banialuka, Mostar et Duvno, comptent ensemble 114 paroisses, savoir: Sérajévo, 66, y compris les trois grands monastères de Fojnitza, Sutiska, et Kruchevo, résidence du provincial des Franciscains; Banialuka, 21; Mostar et Duvno, 27. La bulle de Léon XIII en donne la liste complète : liste très importante au point de vue géographique, en ce qu'elle fait connaître les noms et la situation d'un grand nombre de localités qui ne figurent pas sur la plupart des cartes.

Des séminaires ont été fondés en vue de procurer un meilleur recrutement du clergé dans les deux Églises. J'ai dit l'état déplorable de ce clergé sous le régime ottoman : les popes orthodoxes, pris un peu de partout, au hasard, le plus grand nombre sachant tout au plus lire et écrire; les curés catholiques, sauf quelques exceptions, à peine plus instruits. Désormais le sémi

1. En souvenir de l'ancienne citadelle (Werhbosna, « le haut Bosna ») qui, suivant la tradition, aurait, à diverses reprises, servi de lieu de refuge aux évêques bosniaques, au temps des Patarins.

2. Le titulaire de ce siège n'a que le titre d'administrateur apostolique. 3. Episcopatus mandetriensis et dumnensis Mandetrium est le nom latin de Mostar. Dumna ou Duvno, l'ancien Delminium; d'où les Dalmates ont tiré leur nom. 4. Episcopatus mercanensis et trebuniensis. Il comprend toute la partie sud de l'Herzégovine, depuis Metcovitch jusqu'au sandjak de Novi-Bazar.

5. C'est ainsi que, d'après les dernières informations reçues de Rome, le vicariat apostolique de Tunisie doit être transformé prochainement en un ou deux diocèses. 6. Les paroisses du diocèse de Mercana et Trebigne, régi provisoirement, adminisatoris titulo, par l'évêque de Raguse, ne sont point indiquées sur la bulle pontificale. 7. Il n'approche pas encore de l'état du clergé bulgare, tel que le décrivait d'Hauterive à la fin du dernier siècle : « Les prêtres enterrent et baptisent, mais ne prêchent

naire provincial (catholique) de Mostar, dirigé par les PP. Jésuites, l'archevêque Stadler a lui-même fait ses études dans un des collèges de la Compagnie à Rome, sera chargé de former de jeunes prêtres indigènes pour les paroisses, tandis qu'un établissement analogue, à Sérajévo, placé sous la surveillance de l'archevêque métropolitain orthodoxe, s'occupe de l'instruction et plus spécialement de l'éducation des popes1.

Les fonctionnaires du culte mahométan (muftis, imams, kiatibs), reçoivent, comme les membres du haut clergé chrétien, un traitement fixe sur le budget de la province.

Seuls, les israélites, par une exception qui paraît peu conforme à l'esprit de la convention de 1879, et qui ne saurait s'expliquer que par leur petit nombre, doivent subvenir eux-mêmes aux frais de leur culte, tout en contribuant, par les charges directes ou indirectes auxquelles ils sont assujettis, à solder les dépenses de l'Église grecque et de l'Église latine, qui semblent être, dans l'espèce, des religions d'État. Sous ce rapport, le régime turc était plus libéral que le régime austro-hongrois. Si l'état musulman ne participait en rien aux dépenses de l'église et de la synagogue, en revanche il ne leur demandait pas de participer aux dépenses de la mosquée.

Mais il n'y avait pas seulement le clergé, il y avait tout le peuple à instruire. La Bosnie et l'Herzégovine, avant 1878, comptaient, en dehors des médressés et des mektèbs musulmans, une soixantaine d'écoles au plus, entretenues aux frais des diverses communautés. Presque toutes ces écoles étaient dans les villes. Les campagnes, sauf quelques localités où le curé, plus rarement le pope, et pour cause, cumulait les fonctions d'instituteur et de prêtre, en étaient totalement dépourvues. La nouvelle administration a fait et fait chaque jour de louables efforts pour combler cette lacune.

ni ne confessent, ni ne prient. Il n'y a pas un popas dans tous les villages de Bulgarie qui soit en état d'apprendre une oraison aux orthodoxes de la paroisse. A Pâques, à l'approche de la communion, le prêtre va dans la ville où se trouve l'évêque ou son délégué, il achète de lui une boîte pleine de petits pains tout consacrés, il revient dans son village, rassemble ses ouailles sous un grand arbre, et sans autre cérémonie leur administre la communion par petites cuillerées. Les catholiques y mettent plus de décorum. Quoique les prêtres que la Propagande envoie de Rome soient communément les plus mauvais sujets de l'Italie, ils sont des lumières et des anges au milieu du clergé bulgare. (M. de d'Hauterive.)

1. On compte actuellement, dans les deux provinces, de 250 à 300 prêtres catholiques, dont une soixantaine pour l'Herzégovine (diocèse de Mostar); 509 popes (en 1878).

Malheureusement, les ressources dont elle dispose sont restreintes. Le personnel enseignant est insuffisant; l'argent manque. Elle a eu recours à d'anciens militaires à qui on alloue un modique traitement en sus de leur pension de retraite. Elle a pu ainsi, dans l'espace de quatre ans, fonder ou subventionner une centaine d'établissements primaires, où les enfants de six à douze ans apprennent à lire, à écrire, le calcul élémentaire, un peu d'histoire et de géographie. Dans les écoles de ville (städtische Schulen) le programme est un peu plus étendu.

Les écoles primaires en général se distinguent en écoles ‹ confessionnelles », fréquentées par des enfants appartenant à un même culte, et en écoles « mixtes » (allgemeine Volksschulen), suivies par des enfants de divers cultes. Les premières sont au nombre de 97 avec 130 maîtres et 5369 élèves; les deuxièmes, au nombre de 40 (53 maîtres et 2438 élèves).

Indépendamment de ces écoles, dont le nombre doit être augmenté jusqu'à ce que chaque commune ait été pourvue au moins d'une école, il existe à Sérajévo trois établissements d'instruction secondaire, un gymnase mixte (26 élèves) et un pensionnat de garçons (64 élèves) entretenus aux frais du pays, une école normale (18 élèves). Ajoutez les deux gymnases, orthodoxe et catholique, de Sérajévo et de Mostar (ensemble 50 élèves). Sérajėvo compte en plus une école privée, admirablement tenue, où cinquante à soixante enfants des deux sexes, orphelins de la dernière guerre, sont logés, nourris et instruits gratuitement. La fondatrice et la directrice de cette école est une dame anglaise, propagandiste ardente, miss Irby, qui a publié, seule ou en collaboration avec miss Muir Mackensie, plusieurs ouvrages remarquables sur les contrées slaves de la Turquie d'Europe 1.

L'enseignement dans toutes les écoles publiques est donné dans l'idiome national. L'étude de l'allemand est obligatoire.

Elles figurent toutes ensemble dans le budget pour une somme de 92 000 florins. Les écoles musulmanes (63 mektèbs, 42 médressés, fréquentés par 27 754 élèves), entretenues sur les fonds du << vacouf >> (fondations pieuses), ne sont pas comprises dans ce chiffre.

La nouvelle administration a très peu innové jusqu'ici en matière

1. Principalement les Travels in the Slavonic provinces of Turkey-in-Europe, London, 1867.

de finances. Ajournant les réformes projetées jusqu'à l'époque de l'entière confection du cadastre, on suppose qu'il sera terminé d'ici à deux ou trois ans1, elle n'a touché ni à l'assiette, ni au mode de perception de l'impôt. A part la dîme qui fournit à elle seule près d'un tiers des recettes et qui, actuellement, peut être acquittée en nature ou en argent, au gré du contribuable, les autres impositions, le verghi (sorte d'income-tax), l'aghnam ou taxe sur les moutons et les chèvres, les douanes, dont le produit était jadis versé directement au trésor impérial, la corvée pour l'entretien des routes, ont été maintenues telles qu'elles existaient avant l'occupation; quelques impôts nouveaux ont été ajoutés, notamment le tabac, dont l'État a monopolisé la fabrication et la vente, et qui compte pour 26,4 p. 100 dans les évaluations budgétaires. Les abus auxquels donnait lieu la perception de l'impôt ont disparu en partie; mais plus ordonné, plus honnête que le fisc ottoman, le fisc autrichien est aussi plus dur. Il n'attend pas un jour; il ne fait pas grâce d'un kreutzer. Autrefois on était exposé à payer double et même triple; parfois aussi l'on ne payait pas du tout. La taxe sur les moutons (environ 18 kreutzers par tête), que les autorités turques ne percevaient jamais à cause du voisinage du Montenegro où cet impôt n'existe pas, est exigée actuellement avec la dernière rigueur. Au demeurant, le peuple ne jouit pas d'une plus grande somme de bien-être, et il paie, lavantage. De là un mécontentement qui, joint à d'autres griefs, a beaucoup influé sur la dernière insurrection.

Le produit total de ces taxes s'élevait en 1880 à 5591 292 florins; les dépenses n'atteignaient pas tout à fait ce chiffre (5 578 790 florins). La Bosnie se trouvait ainsi, dès le début, réaliser le principe posé par la loi de 1880, que les dépenses des provinces occupées doivent être couvertes par leurs recettes propres; on avait même un excédent de recettes que le projet du budget de l'exercice courant évaluait à 178000 florins3. Mais

1. Les travaux en vue du cadastre ont commencé en 1880. Le pays a été partagé, à cet effet, en 742 sections: 38 de ces sections ont été achevées la première année; 176, la deuxième; 209, la troisième; en tout 423, à la fin de 1882.

2. L'élève du bétail a formé jusqu'ici la principale richesse de la Bosnie; néanmoins cette richesse a été beaucoup exagérée. Au lieu de 6 millions de têtes de bétail, que les calculs de l'ingénieur Preczel donnaient à la Bosnie en 1874, le dénombrement officiel de 1880 accuse à peine 3 millions: 755 000 bœufs, 1586 000 moutons et chèvres, 156 000 chevaux, 428 000 porcs.

3. Nous résumons ci-après les principales données de ce budget:

REVUE DE GÉOGR..

JUILLET 1883.

3

cette plus-value est tout à fait fictive, en ce que la loi du budget ne visant que les dépenses de l'administration courante, laisse tout à fait en dehors les dépenses en vue de créations permanentes, telles que chemins de fer, édifices publics, etc. Or, ces dernières, auxquelles il est pourvu au moyen de crédits supplémentaires votés simultanément par les deux parlements de Vienne et de Pesth, absorbent, à elles seules, deux fois la totalité du budget ordinaire des recettes. Une feuille hongroise faisait dernièrement la remarque que les dépenses des pays transleithans s'étaient, par le fait de l'occupation, accrues de 30 millions chaque année; soit 120 millions pour les quatre années 1878-82. Or, si l'on considère que la Hongrie ne figure que pour 31,4 p. 100 dans les dépenses « communes », ce qui porte la quote-part de l'Autriche. pendant ce même laps de temps à 262 millions environ, l'on trouve que, tout compte fait, le bilan de l'occupation se soldait, àla fin de 1882, par un déficit de 382 millions de florins', près d'un milliard de francs perte énorme si la Bosnie devait retourner un jour à ses anciens maîtres. Au nombre de ces dépenses « de premier établissement », il convient de compter les frais de la campagne de 1878, qui déjà, à la fin de septembre, deux mois après le passage de la Save, étaient évalués à 120 millions de florins. Au milieu du printemps de 1879, ils atteignaient 200 millions.

La plus grosse part des crédits supplémentaires a été employée en grands travaux d'utilité publique routes, chemins de fer, casernes, hôpitaux, prisons, etc., exécutés en grande partie par le génie militaire. A l'exception de l'ancienne chaussée de Novi à Yeni-Bazar par Banialuka, Travnik, Serajevo et Vichegrad, qui

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1. Économiste français, du 4 nov. 1882. Un nouveau crédit de 100 millions a été voté depuis dans la séance de la délégation autrichienne du 15 novembre.

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