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a fait de bonnes études géologiques sur le littoral d'Aden, et sur les parages d'Obock; il se propose de s'avancer dans l'intérieur, à la tête d'une caravane.

Quant à l'explorateur Joseph Thomson, arrivé dans le pays des Masaï, non loin du Kilimandjaro, il a été obligé de fuir pour échapper aux tribus indigènes; il est donc retourné à Mombas afin d'y ravitailler sa petite troupe. Sous peu de jours, il reprendra la route du cœur de l'Afrique.

V

Passons en Asie. Il est, paraît-il, question de créer un nouveau gouvernement dans l'Asie centrale, comprenant les territoires transcaspiens, les rives de l'Amou-Daria et le désert par où passe la nouvelle route allant de Tachkend à la mer Caspienne, jusqu'à Tchardjni sur la frontière de l'État de Boukhara. Cette nouvelle province entourerait de toutes parts le khanat de Khiva.

Les Russes s'occupent également avec activité de la création de plusieurs voies ferrées. L'une d'elles abrègera de plusieurs jours la route de l'Inde en Angleterre. Ainsi, par Suez, le trajet entre Londres et Calcutta exige trois semaines, tandis que la Russie peut mettre Hérat à trois jours du Caucase, car elle reliera prochainement sans doute les réseaux qu'elle possède sur les rives de la mer Caspienne.

La question du Tong-King est toujours diversement appréciée. D'après M. Rheinart, le consul, la solution est à Hué, pas ailleurs. Il s'agirait d'abord de réduire le gouvernement de Hué à l'impuissance, car la suzeraineté de la Chine sur l'Annam lui paraît illusoire. Il est assez probable que les Pavillons Noirs ne sont pas, en effet, seuls à conspirer contre nous, et l'hostilité de l'empereur de l'Annam n'est pas niable.

Nous venons d'apprendre que nos soldats français ont remporté å Nam-Dinh un brillant avantage, par conséquent une revanche de la fatale sortie de Ha-noï où le pauvre Rivière et les siens ont trouvé la mort.

De tous côtés, nous parviennent les renseignements les plus circonstanciés sur les habitants d'Yeso, les Aïnos. Ces curieux Aïnos sont un peuple entièrement différent des Japonais, un peuple isolé, comme les Basques, dont l'origine et la filiation sont dans d'épaisses ténèbres. Un voyageur allemand, M. Brauns, les a der

nièrement visités et étudiés avec soin. « On est tout d'abord frappé et choqué, dit-il, de voir chez les femmes, le tatouage d'une moustache. Les Aïnos se distinguent, en effet, des Japonais par une barbe. abondante, comme chez nous, l'œil est enfoncé dans l'orbite, tandis que chez les Japonais, il est saillant. Chez les Aïnos, le prognatisme est moins accusé que chez les Japonais : leur nez est aussi bien plus développé. Ils ne sont nullement d'un caractère farouche. Les Aïnos, aujourd'hui si pauvres, ont dû avoir une civilisation plus avancée. »

Nous croyons, avec M. Brauns, que ces singuliers Aïnos, aux traits presque caucasiques, ne se rattachent qu'indirectement à la race jaune. Quelque historien nous donnera peut-être un jour la clef de ce mystère ethnographique, mais certainement il y a là tout un groupe de peuples très différents des Mongols. Ainsi, les Coréens du nord, ont également une barbe abondante, et leurs traditions ne sont pas conformes à celles des Coréens du sud, aux traits mongoliques. Nous apprendrons certainement qu'à une époque très reculée, quelque émigration guerrière venue de l'ouest, soit par terre, soit par mer, s'est établie dans l'ile de Sakhalien, à Yeso, et dans le nord de la Corée, les Aïnos actuels ne seraient autres que les épaves de cette vieille nation qui ne fut sans doute pas assez forte pour résister aux Chinois et aux Japonais.

VI

Dans l'Amérique du nord, indépendamment des travaux géologiques exécutés par une commission spéciale, aux frais du gouvernement des États-Unis, nous avons à signaler le voyage scientifique du chevalier de Hesse-Wartegg, à travers le continent, des territoires de l'Hudson Bay aux monts Rocheux. Une grande fortune, au service d'une rare persévérance et de beaucoup de savoir, permet à M. le chevalier de Hesse-Wartegg, de réunir d'importantes collections d'histoire naturelle et d'objets indiens.

Depuis que l'Alaska est entre les mains des États-Unis, plusieurs voyageurs, entre autres Frédéric Whymper, de 1864 à 1867, l'ont bien explorée. Cependant, si la direction des plus importantes artères est aujourd'hui connue; si l'orographie est assez nettement indiquée, il reste encore bien des points à vérifier, à contrôler. Aussi le gouvernement de Washington vient-il d'envoyer le lieute

nant Schwatka, l'aide chirurgien Wilson et M. C.-A. Homan, avec trois soldats, dans le but de faire de nouvelles études, particulièrement dans les parages du haut Yukon, cet important cours d'eau, à peine soupçonné il y a quelques années. L'expédition doit durer six mois. Quelques indices font espérer que l'on trouvera des mines aurifères dans la région baignée par le Yukon.

VII

L'Araucanie redevient une actualité. Des indigènes de cette contrée, remarquable en somme puisqu'elle ne s'est jamais soumise aux étrangers, sont à Paris depuis quelques jours. Le Jardin d'acclimatation les exhibe en ce moment peut-être intéresseront-ils moins le public que les Nubiens, les Esquimaux et même l'autruchemonture et le jeune éléphant, mais comme ils ont tout un passé, presque une histoire héroïque, ils ne manqueront pas de fixer l'attention des connaisseurs.

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Qu'est-ce que l'Araucanie? Une contrée au sud du Chili, et qui a pour limite, au nord, une ligne tracée un peu au midi de Concepcion et du Biobio inférieur; au sud, la rivière de Valdivia. Son étendue peut être comparée au sixième de la France. Quant aux Araucans, sauvages ou demi-civilisés, ils sont avant tout guerriers; ils ne doivent pas dépasser le chiffre de 80 000. La couleur de leur visage est d'un brun olivâtre, leurs cheveux sont toujours noirs; la tête est grosse, large, arrondie, les pommettes sont saillantes, le nez généralement fort. Ils rappellent d'assez près les Fuégiens que l'on a vus, il y a peu de temps, dans ce même jardin zoologique qui attire surtout du monde depuis qu'on n'y va plus voir des animaux.

On se souvient qu'au xvr siècle, Valdivia s'efforça inutilement de soumettre les Araucans, et que cette campagne où l'on fit des prodiges de valeur de part et d'autre, a été décrite en beaux vers par Ercilla y Zuniga, dans le poème de l'Araucana.

Il y a quelques années, le nom d'Araucanie, tombé dans l'oubli, redevint tout à coup célèbre. Quelle en était la cause? Un avoué de Périgueux, qui, dans son pays, n'avait pas la réputation d'être un des maîtres de l'intelligence, s'était fait proclamer roi d'Araucanie, oui, roi de ces tribus guerrières qui jusqu'alors passaient pour ne relever que d'elles-mêmes. On ne prit pas très au sé

rieux en France ce nouveau Bernadotte; loin de lui prêter assistance, on n'eut que des moqueries pour la couronne d'OrélieAntoine Ir. M. de Tounens, c'était là son vrai nom, homme de génie très modeste, avait su cependant exploiter la haine des Araucans contre les Chiliens, et grâce à ce levier, était devenu roi le plus facilement du monde. Les bons caciques le connaissaient depuis plusieurs années, l'aimaient, on ne sait trop pourquoi; l'ancien avoué les engagea à réunir les tribus isolées en une sorte de faisceau, sous le régime monarchique et de le proclamer chef suprême; arrivé au pouvoir, il se hâta de promulguer une constitution et de la calquer naturellement sur la nôtre. Inutile d'ajouter que les Araucans n'en ont jamais appliquéle premier mot.

Roi, bien roi de par l'acclamation des caciques et la volonté nationale, Orélie-Antoine effraya d'abord si peu le gouvernement chilien, qu'il pût vivre sans être inquiété, pendant près d'une année, à Valparaiso.

A son retour dans ses États, le monarque fut accueilli avec enthousiasme. On le regarda comme une sorte de divinité tombée du ciel. La République du Chili conçut alors quelque crainte, et songea à se débarrasser, par la trahison, de M. Tounens devenu menaçant. On corrompit son domestique, nommé Rosalès, qui, sans le moindre scrupule, livra son maître à des sbires Chiliens. L'ex-roi devait avoir la tête tranchée, mais on se contenta de le jeter dans un cachot. La France intervint et Orélie-Antoine fut renvoyé dans sa patrie comme le plus vulgaire des passagers. Il voulut s'y créer quelques partisans, mais il ne parvint qu'à grossir le chiffre de ses dettes et à se faire poursuivre par les huissiers. Il est mort misérablement à Bordeaux, il y a une dizaine d'années. J'ai connu cet infortuné que les faiseurs de bons mots désignaient sous le nom de roi des Avoués; malgré sa longue barbe noire, et sa physionomie en apparence un peu dure, il avait la voix douce, plutôt timide. Il aimait à s'entendre appeler Votre Majesté, mais ne recevait guère ce titre que des garçons de café avides d'un pourboire généreux. On le considérait comme parfaitement incapable de la moindre action d'éclat. Le pauvre homme ne ressemblait donc nullement a un Raousset-Boulbon ou à un Walker; il manquait d'audace. Ce fut par une sorte de hasard et, nous le répétons, uniquement par haine des Chiliens que les caciques araucans lui accordèrent le titre de roi.

Depuis, le Chili s'est plusieurs fois proposé d'asservir complètement l'Araucanie, mais l'indépendance a, paraît-il, de profondes racines dans cette contrée. On n'y est jamais parvenu.

VIII

La Nouvelle-Calédonie peut devenir une de nos meilleures possessions, si nous savons y attirer les colons, y garder les militaires qui ont fait leur temps, et assurer quelques garanties aux forçats libérés. Au reste, de sages mesures viennent d'être prises dans ce sens. Ainsi, un arrêté récent donne aux militaires et marins congédiés, qui voudraient se fixer dans la colonie, une vingtaine d'hectares de terre dont 7 de terre cultivable et 13 de pâturages, plus une prime des fournitures gratuites, etc. Après cinq années, la concession devient définitive. Quant aux condamnés libérés, on leur accorde également des concessions de terrain, et ils peuvent arriver assez rapidement à l'aisance. Plusieurs sont déjà propriétaires de beaux domaines et assez riches On commence à oublier leurs antécédents; demain, on n'y songera plus.

« Nouméa prend de plus en plus meilleure tournure, nous diton dans une correspondance, la viabilité s'améliore, les rues se nivellent, on plante des arbres sur les trottoirs, enfin nous allons avoir le gaz. Le mouvement commercial ne cesse de s'accroître. Les importations, pendant le premier trimestre de 1883, se sont élevées à 2228000 fr.; les exportations, à près de 2000000. Parmi les marchandises exportées on signale particulièrement, comme indice du progrès de notre culture, du maïs, des haricots, des régimes de bananes, etc. On exporte également des peaux de bœufs et de moutons, de la laine, du coton et un peu de café. »

La Nouvelle-Calédonie peut donc rapidement prospérer. Elle se trouve certainement dans des conditions plus favorables que la plupart de nos autres possessions.

A quelques centaines de lieues de là, la Nouvelle Guinée ou mieux la Papouasie attire les convoitises des Anglais, Songez ! quelle admirable terre, que de richesses en perspective, faciles à saisir! La Papouasie, seule dans le monde entier, est restée ouverte, sans occupation effective. Les Hollandais en revendiquent bien une vaste portion, mais qu'importe! Ils sont à l'ouest, on s'installera d'abord à l'est! L'étendue de ce petit continent n'autorise-t-elle pas, d'ail

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