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CORRESPONDANCE ET COMPTES RENDUS CRITIQUES

DES SOCIÉTÉS DE GÉOGRAPHIE ET DES PUBLICATIONS RÉCENTES

A Monsieur Ludovic Drapeyron.

Tours, le 19 septembre 1883.

Monsieur le directeur,

Pris à partie d'une façon assez vive, dans le Bulletin de la Société de Constantine (livraison de septembre), au sujet de mon étude parue dans la Nouvelle Revue du 15 juillet 1883 et concernant l'identification du bassin hydrographique de l'Oued Bagla, nouvellement découvert, et de l'ancienne mer intérieure d'Hérodote et de Scylax, je me vois obligé de vous demander un répit d'un mois. Bien que les objections qui me sont faites soient superficielles, je crois de mon devoir d'y répondre sans différer; je répondrai de mème à toutes celles qui me seraient adressées ultérieurement. Afin qu'il ne subsiste aucun doute dans l'esprit des lecteurs de la Revue de Géographie, je vous prierai de vouloir bien, l'étude sur le Sahel achevée, insérer un autre travail sur la Tunisie centrale, le bassin du lac Kelbiah et ses modifications depuis le sixième siècle avant notre ère. D'ici là, j'espère être en mesure de dresser une carte de la région nord et sud de Kaïrouan et une autre de la mer intérieure à une grande échelle, où je ferai ressortir toutes les particularités ayant trait à l'ancienne baie de Triton.

Veuillez agréer, monsieur le directeur, mes sentiments les plus respectueux et les plus dévoués.

LE DOCTEUR ROUIRE.

CONGRÈS DE GÉOGRAPHIE DE DOUAI.

Le dimanche, 26 août, a eu lieu à l'Hôtel-de-Ville de Douai, sous la présidence de M. de Lesseps, l'ouverture du Congrès national des Sociétés françaises de Géographie.

Un public nombreux et sympathique remplissait la vaste et magnifique salle des Fêtes. On remarquait dans l'assistance, M. le procureur général de la Cour d'appel de Douai, M. le Préfet du Nord et M. le secrétaire général de Préfecture, M. le général Pellé, M. Giraud, député, et un grand nombre d'autres personnes de distinction. A deux heures précises, M. de Lesseps venait occuper le fauteuil de la Présidence, ayant à sa droite M. Nolen, recteur de l'Académie de Douai, président de l'Union Géographique du Nord de la France, à sa gauche M. le sénateur Merlin, maire de Douai.

Derrière eux étaient groupés sur l'estrade, MM. les délégués des Sociétés françaises de Géographie.

M. le recteur a ouvert la séance par une allocution courte, mais vivement applaudie, que nous reproduisons ci-dessous.

Le discours de M. de Lesseps a été, à plusieurs reprises, interrompu par des bravos enthousiastes. Puis les délégués sont venus successivement, d'après l'ordre de la fondation des différentes Sociétés, rendre compte des travaux de leurs compagnies, sans que l'attention du public, vivement excitée par ces exposés si variés, ait un instant faibli.

Au milieu de ce défilé des représentants des Sociétés, M. du Fief, secrétaire général, délégué de la Société de Bruxelles, a demandé la parole et exprimé, en termes émus, sa reconnaissance pour les paroles bienveillantes prononcées par M. le président du Congrès à l'adresse de S. M. le roi des Belges. Cette expression spontanée des sympathies de Léopold II et du peuple belge pour la France et la science française, a été couverte d'applaudissements répétés qui étaient l'écho sincère des sentiments de profonde et excellente amitié qui unissent les deux nations voisines.

A la suite de cette séance, une grande partie de l'assistance s'est transportée dans les salles du lycée où est installée, par les soins de l'« Union Géographique du Nord de la France », une remarquable exposition.

Voici le discours prononcé par M. Nolen :

Messieurs,

Je remercie notre illustre président d'avoir bien voulu me céder quelques instants la parole. Ne craignez pas que j'en abuse je sais trop l'impatience que vous avez d'entendre M. de Lesseps et vous ne doutez pas que je partage moi-même cette impatience.

Mais, avant de l'applaudir, ainsi que les hommes éminents qui se sont joints à lui, j'ai le devoir de remercier, au nom de l'Union géographique du Nord, MM. les délégués des Sociétés françaises de Géographie qui veulent bien faire à notre jeune société l'honneur de tenir chez elle leur sixième Congrès national. Notre société a fait de son mieux, MM. les délégués, pour répondre à la confiance que vous lui avez témoignée. Son président est heureux de payer un public hommage au concours des dévouements multiples qui l'ont aidé dans sa tâche. Les conseils départementaux et municipaux ont répondu à notre appel, sous les formes les plus diverses et dans une mesure inégale, sans doute, mais tous avec une même bonne volonté. Je puis dire, sans exagération, que c'est la France du nord, que ce sont les cinq départements sur lesquels rayonne notre Union Géographique, qui fêtent aujourd'hui le Congrès national géographique. Je serais injuste toutefois, si ma reconnaissance ne s'adressait pas, avec une vivacité particulière, à la ville de Douai. La vieille cité s'est, des premières, associée à nos efforts avec l'entrain vaillant qu'elle a coutume d'apporter à toutes les manifestations publiques, qui ont pour objet d'honorer la science et la patrie française. On aime ici les choses de l'esprit vous le saviez déjà, Messieurs, mais vous en aurez de nouvelles preuves. Vous avez été bien inspirés de venir vous fixer à Douai, pendant plusieurs jours, dans ce milieu modeste, si propice aux plaisirs tranquilles de l'esprit, pour débattre entre vous et à

loisir, les problèmes s'y attachants, si pleins d'actualité, de la science qui vous occupe. Vous trouverez à Douai un public sympathique et curieux de toutes ces intéressantes questions.

MM. les membres du congrès, vos noms et vos travaux sont estimés déjà, dans notre région, par tous ceux qui s'intéressent aux choses de la géographie. Vous n'êtes ni des inconnus ni des indifférents pour le public nombreux qui se presse devant vous. Je suis assuré d'être l'interprète de tous les témoins de cette première réunion, en vous remerciant du grand plaisir que vous leur procurez, celui de voir, de connaître de près les hommes, dont nos conférences géographiques leur ont si souvent appris à aimer les actes ou les écrits.

Ils vous savent gré d'être accourus des points les plus divers, et les plus éloignés, en dépit de vos multiples occupations et, ce qui est plus difficile encore peut-être, en dépit des projets et des désirs les plus légitimes de repos. et de distraction, pour affirmer une fois de plus, à Douai, cette confraternité des Sociétés françaises de Géographie, qui s'est manifestée déjà avec tant d'éclat dans cinq congrès successifs.

Mais le congrès actuel prouve plus encore, puisqu'il a, dans une certaine mesure, le caractère d'un congrès international, par la participation des sociétés belges à cette solennité géographique, par la présence de M. le secrétaire général de la Société géographique de Bruxelles, auquel un deuil imprévu a seul pu empêcher M. le secrétaire général de la Société d'Anvers de s'adjoindre.

MM. les représentants des Sociétés françaises et des Sociétés étrangères de Géographie, je vous adresse à tous un même et cordial salut, au nom de l'Union géographique du Nord.

Je voudrais que ce salut fût entendu de tous ceux qui s'intéressent à notre œuvre commune. Tous nos invités, en effet, n'ont pu assister à la fête de ce jour.

Les uns n'arriveront que tardivement pour prendre part aux travaux du congrès; les autres sont forcés de s'abstenir. Mais tous nous ont envoyé la chaleureuse expression de leurs regrets et de leurs vœux.

M. Levasseur et M. Foncin, nos deux vice-présidents d'honneur m'ont chargé de les excuser auprès de vous.

M. Levasseur nous dédommagera, en arrivant dans un ou deux jours, tout au plus, je l'espère. Sa vaste érudition et son ardeur communicative aideront puissamment le congrès dans ses savantes discussions.

M. Foncin est malheureusement empêché par d'impérieux devoirs professionnels de s'absenter de Paris, même pour une journée. Et cependant qui, plus que lui, eût été heureux d'applaudir au succès de ce congrès, et plus sensible à l'honneur qui en rejaillit sur l'Union géographique du nord de la France ? N'a-t-il pas été l'un des promoteurs de l'institution même de ces congrès nationaux de géographie, dont il présidait à Bordeaux, l'an dernier, la cinquième réunion?

Et surtout, n'est-ce pas sous son ardente impulsion, et grâce à son intelligente direction, que s'est formée la fédération des treize sociétés, qui constituent l'Union géographique du nord de la France. Il a été, à la peine des débuts, toujours laborieux: il eût été bien juste qui fût aussi à l'honneur,

et qu'il pût jouir de son œuvre en ce jour. Mais l'écho de vos applaudissements parviendra jusqu'à lui et le consolera de la dure nécessité qui le retient loin de

vous.

Les regrets que l'absence forcée des uns, le retard involontaire des autres, éveillent dans nos cœurs, sont heureusement atténués par votre présence, M. le Président.

Je suis fier d'avoir à saluer en vous, au nom de toutes les Sociétés représen tées ici, l'un des hommes en qui se personnifient avec le plus d'autorité et d'éclat, depuis tant d'années, les grandes choses que nous aimons par dessus tout, le dévouement au progrès, la foi invincible dans les destinées de la patrie. Grâce à vous, le drapeau de la France brille toujours au premier rang sur le champ de bataille pacifique où la science et l'industrie convient les nations de l'Europe.

Votre exemple est pour nous tous une leçon, un stimulant. Et les Sociétés françaises de Géographie y puisent un nouveau motif de travailler avec plus d'ardeur à l'œuvre patriotique de l'éducation nationale.

LES OFFICES DE STATISTIQUE PRÈS LES SOCIÉTÉS DE GÉOGRAPHIE COMMERCIALE.

Observations et propositions sur la question suivante :

Quels sont les moyens d'associer les intérêts commerciaux et les intérêts scientifiques en vue du progrès de la géographie et du développement du commerce?

L'idée d'établir des commissions mixtes ne me paraît pas heureuse. Toute commission qui participe de deux origines, de deux juridictions distinctes, est un rouage compliqué et lent, non seulement à cause des difficultés de réunion, les convocations partant de deux directions différentes, mais encore parce que, les vues de la commission pouvant être divergentes, les dissidents voudront en référer à leur société propre avant de prendre des résolutions et engager ainsi leurs associés.

L'œuvre des syndicats commerciaux et celle des Sociétés géographiques commerciales n'est d'ailleurs pas identique. Les premiers s'occupent de moyens pratiques d'importation et d'exportation ou d'échanges, de questions de tarifs ou de protection auprès de leur gouvernement avec intervention auprès des gouvernements étrangers. L'oeuvre des Sociétés de Géographie précède celle des syndicats. Par leurs études, par leurs recherches, par leurs explorations, elles fouillent le globe pour y découvrir les produits naturels propres à l'alimentation ou à l'industrie nationale pour en combler les besoins et en accroitre la richesse. Elles recherchent les conditions climatériques et productrices convenables pour ces émigrations et colonisations qui jettent sur le sol étranger les premières assises des débouchés, pour le trop plein des deniers et marchandises de la métropole.

Cette distinction faite, et en vue de relier étroitement l'institution des Sociétés de géographie commerciale aux intérêts matériels des diverses nations où elles sont établies, comme pour répondre à certains reproches qui leur sont adressés

d'avoir encore à faire leurs preuves dans les questions de disette de subsistances ou de souffrances de l'industrie, qui affligent par intervalles les peuples, j'aurai l'honneur de proposer qu'il soit créé dans leur sein deux offices spéciaux de statistique, ayant pour rôle spécial de suivre le mouvement de la production agricole et industrielle dans les divers continents.

Chaque année, la subsistance de certaines contrées est en péril par suite de récoltes insuffisantes, tandis que le trop plein de certaines autres impose des réserves prolongées qui se déprécient d'elles mêmes. Par ailleurs, l'industrie languit par suite de chômage ou d'excès de fabrication, tandis qu'au loin les matières premières abondent ou que le besoin de marchandises est supérieur. Quels services ne serait-ce pas rendre que de signaler à temps et fréquemment, dans nos publications géographiques, les points d'importation et d'exportation utiles à atteindre, en se tenant au courant des ressources et des besoins internationaux dans leur variabilité?

Les statistiques gouvernementales constatent sans doute l'état défectueux ou surabondant des produits indigènes, mais généralement trop tard pour remédier au mal avant qu'il atteigne son apogée; c'est à le prévenir que la vigilance de la géographie commerciale aurait à s'appliquer.

La météorologie a su prendre sa place dans les intérêts maritimes en signalånt les phénomènes atmosphériques dont la navigation doit tenir compte; à son instar, la géographie commerciale pourrait, par ses investigations et ses indications, concourir utilement à des mesures préventives contre le mal intermittent de l'insuffisance ou de la pléthore des produits naturels ou fabriqués chez les divers peuples.

Telle est la raison d'être des offices de statistique que je propose de créer dans chaque Société de Géographie commerciale.

JOHN LE LONG,

Membre du Congrès Géographique de Venise.

GUERRES, TRAITÉS, ANNEXIONS.

Monténégro. D'après un récent accord entre la Sublime Porte et le Monténégro, les villages chrétiens administrés et occupés actuellement par la principauté de Monténégro dans la vallée du Lim, lui resteront. Tous ceux qui ne sont pas occupés ou qui, d'après les traités, appartiendraient au Monténégro, le prince Nicolas les abandonne à la Turquie, qu'ils soient chrétiens ou non. Les villages sus mentionnés seront délimités par leurs limites communales. Exception sera faite là où le traité de Berlin est explicite, comme entre Sisko-Jéezro et Moïkovatz.

Madagascar. Dans l'ultimatum adressé à la reine de Madagascar par le gouvernement français, nous lisons ces mots : « Le gouvernement de la reine devra formellement reconnaitre notre droit de souveraineté et de protection sur les territoires que des traités conclus avec des chefs sakalaves nous ont cédés. Ces territoires s'étendent de la baie de Baly à l'ouest à la baie d'Antongil, en contournant le cap d'Ambre ».

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