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de Piassetzky. Nous avons déjà dit tout le bien que nous pensions de l'auteur. Nul n'était encore entré si avant dans les mœurs et la vie des Chinois. Il a eu, de plus, l'heur d'aborder les deux plus grands personnages de la Chine contemporaine, après l'empereur lui-même et le Prince Kong, à savoir TzoTzoun-Tan, dont nous avons offert l'image à nos lecteurs (voir livraison d'oc tobre 1882), et Li-Houn-Tzang, plus fameux et plus puissant encore. C'est à Tien-Tsin qu'eut lieu l'entrevue: «J'avais vu le portrait de Li à Pékin, et, montant sur le pont, je le reconnus dans la foule des mandarins de sa suite; il était du reste plus grand que les autres, mais sa physionomie ne présentait rien d'extraordinaire. Cependant le P. Palladius m'avait assuré que Li-HounTzang était un homme remarquable, quoique d'origine modeste. Il a su s'élever à un haut rang par ses qualités d'administrateur et d'homme d'État. Il portait une robe de satin bleu, une veste de drap à collet de velours et des bottes de satin noir. A son chapeau, une houppe de plumes de paon à deux yeux le distinguait des autres, qui n'avaient que des plumes à un œil; de plus, il avait un bouton rouge en corail, signe de son grade. Le capitaine de frégate, en uniforme de parade, lui expliquait en détail le tir du canon, et je remarquai que ce qu'il voulait savoir, il l'écoutait avec attention, tandis qu'il n'avait pas l'air de comprendre ce qui ne l'intéressait pas. »

A peine Li-Houn-Tzang a-t-il vu les remarquables effets de certaine carabine, qu'il en demande à la mission russe... un millier. Le chef, Sosnowsky, que son collaborateur Piassetztky nous représente comme essentiellement naïf et maladroit, les lui promit; mais l'ambassadeur du tzar sut empêcher l'affaire d'aller plus loin.

Très préoccupé de l'armée, qu'il voulait réorganiser, Li demanda encore à Sosnowsky s'il avait vu quelque part des troupes chinoises et comment il les trouvait. « Pas mauvaises, répondit celui-ci, mais elles devraient avoir plus de liberté dans leurs mouvements. Hum!» fit Li, et il garda quelque temps le silence.

< Connaissez-vous Tzo-Tzoun-Tan, le gouverneur général de la Chine occidentale? dit-il à Sosnowsky.

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Mais certainement, je le connais très bien. C'est un excellent administrateur, mais un mauvais capitaine. >>

Li devint pensif, puis il reprit :

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« Et vous, êtes-vous un bon capitaine?

Je puis l'être », dit Sosnowsky en riant, ce qui fit rire aussi le général. Un Gascon n'eût pas mieux dit.

Mes chers compatriotes, offrez-vous ces étrennes chinoises. S'il ne faut pas craindre la Chine, il faut du moins la connaître... excellente condition pour n'avoir jamais à la craindre.

La Syrie d'aujourd'hui est une des plus magnifiques publications de la maison Hachette; les illustrations et le texte y sont à l'unisson. Les Français doivent, certes, beaucoup de reconnaissance à M. le Dr Lortet, doyen de la Faculté de médecine de Lyon, qui les renseigne à fond sur un pays où l'influence française, autrefois toute puissante parmi les populations chrétiennes, pourrait être mortellement atteinte tant par ignorance que par maladresse.

Nous n'avons pas attendu le jour de l'an pour signaler la publication du

Voyage de la Véga, par Nordenskiöld. La science, quand elle a pour interprète un savant de cette valeur et de ce renom, a assez d'attraits par elle-même pour nous entrainer sans trop de résistance, de la France, où nous jouissons d'un hiver que la civilisation désarme au besoin, vers ces frimas qui tinrent longtemps captif le hardi navigateur et naturaliste.

En fermant le livre de M. Nordenskiöld, on ouvrira celui de M. Amédée Guillemin, Le Monde physique, dont le tome IVe et dernier a pour objets la Chaleur, la Physique moléculaire, la Météorologie.

Revenu du monde où on se brûle et de celui où on se gèle, et rentré à Paris, on prendra les Chroniqueurs de l'histoire de France depuis les origines jusqu'au seizième siècle, texte abrégé, coordonné et traduit par Mme de Witt, née Guizot; cette seconde série comprend les chroniqueurs de Suger à Froissart, qui nous font voyager tantôt en France, tantôt au dehors, mais toujours dans les temps passés.

A ceux qui veulent du nouveau presque à chaque page ou à chaque livraison, nous dirons: prenez:

1° Soit le Tour du monde, où, en 1883, la parole a été donnée à tour de rôle à Mme Dieulafoy, au capitaine Galliéni, à Mme de Ujfalvy, à M. Muntz, à M. André, au docteur Hollub, à M. Camille Lemonnier, à M. Ch. Wiener.

2° Soit la Nouvelle géographie universelle, par Élisée Reclus, parvenue à son tome IX, traitant de l'Asie antérieure. Inutile, n'est-ce pas? de faire l'éloge du chef de l'école géographique contemporaine. M. Élisée Reclus, en faisant aimer la géographie, a triomphé même pour les géographes les plus rébarbatifs.

3° Soit l'Histoire de l'art dans l'antiquité, de MM. Georges Perrot et Chipiez, qui, après nous avoir expliqué l'art, c'est-à-dire après nous avoir donné la quintessence de l'Égypte, est en voie de nous rendre le même service pour la Chaldée et l'Assyrie.

4o Soit l'Histoire des Romains, de M. Duruy; six volumes sur sept ont paru. Cette œuvre magistrale nous transporte dans tous les pays de notre ancien monde; c'est, si j'ose dire, de la géographie en action, quand ce n'est pas de la géographie historique.

5o Soit enfin le Journal de la Jeunesse.

Jeunes gens, ceci vous regarde.
LUDOVIC DRAPEYRON.

Le livre de notre

Le Japon, par G. DEPPING, Jouvet et C, Paris, 1884. savant confrère, M. G. Depping, fait partie de cette Bibliothèque instructive dont nous avons déjà parlé : il a paru en même temps que l'Égypte, par M. Jacques Hervé, de la même collection. Quoique voulant faire avant tout œuvre de vulgarisation, l'auteur est resté fidèle à sa méthode d'enquête complète et approfondie. Nos lecteurs seront bien aises que nous leur donnions une idée du vaste échafaudage qui lui a servi à dresser ce solide petit édifice aux proportions harmonieuses. En ce qui concerne le Japon des temps anciens, qui s'est effondré il y a quinze ans seulement, notre savant confrère a eu recours aux ouvrages de Siebold, de Thunberg, de Kæmpfer, surtout au Japon illustré de M. Humbert (Paris, 1870, 2 vol. in-fol.). Depuis 1868, ce 89 Japonais, les documents instructifs se sont accumulés. M. Rein, professeur de géographie à Marbourg, a fait paraître le premier volume de son Japon

:

(Leipzig, 1881); M. Georges Bousquet son grand et beau travail Le Japon de nos jours (1877, 2 vol.), M. de Hübner sa Promenade autour du monde (1873), MM. Guimet et Régamey leurs Promenades japonaises (1878-80, 2 vol.). Nommons encore: Tales of old Japan (Londres, 1871, 2 vol.), par Mitford;

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Unbeaten Tracks in Japan (1880), par miss Beard; Japan, its Architecture; Art and Manufactures, par Dresser (1882). Inutile de dire que M. Depping n'a négligé ni les Revues ni les Bulletins des Sociétés de Géographie.

L'ouvrage est divisé en dix-huit chapitres : I. Comment le Japon a été enfin ouvert aux étrangers. II. Histoire du Japon; de quelques grands hommes de

l'empire japonais. III. Le Japon ancien. IV. Le Japon nouveau. V. Le pays et le peuple au Japon. VI. Les ports ouverts aux étrangers par les derniers traités; les villes historiques. VII. Les maisons et les intérieurs japonais. VIII et IX. Moeurs et usages japonais. X. De quelques cérémonies domestiques; la crémation des corps. XI. Le hara-kiri ou ancienne coutume japonaise de s'ouvrir le ventre. XII. La religion au Japon. XIII. Fêtes religieuses et autres. XIV. Le jour de l'an au Japon. XV. De la langue et de la littérature japonaises; contes et proverbes, XVI. Le théâtre japonais. XVII. Exercices du corps; les lutteurs au Japon; l'escrime japonaise. XVIII. L'art et l'industrie au Japon.

Du livre de M. Depping nous détacherons les lignes où il résume les réformes qui ont suivi l'abdication de Shogun et des daïmios:

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Le mikado pria d'abord les daïmios de rester dans les provinces et de continuer de les administrer comme gouverneurs avec leur ancien personnel; mais cette combinaison n'ayant pas réussi, le pays fut partagé en un certain nombre de ken ou arrondissements, au nombre actuel de 35 ou 36. En échange de leurs domaines qu'ils durent céder, les daïmios reçurent des charges ou des pensions; ils n'eurent ainsi que le dixième environ de leurs anciens revenus; mais, en revanche, ils furent débarrassés du soin de nourrir leurs petits et grands vassaux et la famille de ces vassaux. Les Samurai émargèrent également

1. Voir à ce sujet l'excellente carte du Japon, par M. Léon Metchnikoff, accompagnant son article, intitulé l'Empire de Tennos, livraison de septembre 1877 de la Revue de Géographie (L. D.).

au nouveau budget; ceux qui ne reçurent pas de pension, entrèrent dans les administrations publiques qui furent créées à l'instar de celles de l'Europe. Cc ne fut pas, en effet, une des moindres curiosités de cette époque de réformes, que de voir l'administration japonaise partagée en autant de ministères qu'il en

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existe dans les états occidentaux: ministères des affaires étrangères, de l'intérieur, de la guerre, de la marine, de l'instruction publique, etc. Sans compter un ministère de la maison impériale et un autre pour la colonisation.

> L'ancienne étiquette n'avait plus de raison d'être : Mitsu Hito n'hésita pas à se montrer en public, tantôt à cheval, tantôt dans une calèche de fabrication

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