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européennne et, qui, plus est, avec l'uniforme européen devenu le costume de cérémonie.

› L'impératrice, de son côté, recevait les femmes des ambassadeurs : cette princesse, nommée Haruka, mariée en 1869, très instruite, était la fille d'Ichichô Tadaka, un Kugé, ou noble de haut rang: son rôle dans le nouveau gouvernement fut de veiller à l'éducation féminine, assez négligée jusqu'alors au Japon.

› En même temps, on s'occupait des améliorations matérielles. Une première ligne télégraphique était établie entre Yokohama, où sont installés les représentants étrangers, et Tokio, centre de l'activité politique; un chemin de fer était projeté entre ces deux villes. Aujourd'hui, non seulement cette voie ferrée existe (l'inauguration solennelle a eu lieu au mois de juin 1872), mais une autre a été construite entre Hiogo et Osaka, ligne qui s'avance même jusqu'à Kioto, jusqu'au lac Biwa, etc. Tokio est actuellement en communication télégraphique avec tous les points importants du pays, tandis qu'un câble sousmarin, allant de Nagasaki à Shangaï (Chine) et à Vladivostok (Sibérie), relie la capitale du Japon à tous les centres du monde civilisé.

› Dans cette œuvre de rénovation, chaque peuple a pour ainsi dire sa part. Les Anglais ont dirigé la construction des télégraphes, des chemins de fer et des phares qui éclairent aujourd'hui les côtes japonaises et qui ne le cèdent en rien à ceux des autres pays; ils ont fourni des professeurs à l'École navale ainsi qu'à la Technical School qui rappelle notre École centrale. Ce sont eux encore qui ont élevé l'hôtel des monnaies à Osaka. Les Américains ont dirigé les essais de colonisation, les Hollandais ceux de canalisation. Les Allemants ont eu la direction de l'Ecole de médecine et de plusieurs usines métallurgiques. Aux Français a été dévolu le soin d'instruire l'armée japonaise et de la former sur le modèle des troupes européennes; c'est encore à des officiers ou à des ingénieurs français qu'est dû l'établissement d'un arsenal militaire à Tokio, d'un autre arsenal pour la marine à Yokoska, près de Yokohama, d'une poudrerie, d'un système de fortification, etc.

> Enfin, ce sont encore des Français qui ont eu l'honneur de mettre la législation japonaise en harmonie avec les nouvelles institutions que le pays venait de se donner; et c'est à la mission qu'a reçue à cette occasion M. Georges Bousquet, bientôt assisté d'un autre de ses compatriotes, M. Boissonnade, que nous devons la publication d'un des ouvrages qui font le mieux connaître le Japon actuel. >

Une carte du Japon, quarante-six gravures sur bois, représentant soit des personnages connus, soit des types ethnographiques, soit enfin des scènes de la vie nationale, accompagnent le livre de M. Depping, que nous recommandons spécialement aux écoliers par ce temps d'étrennes intelligentes.

LUDOVIC DRAPEYRON.

CARTES

Carte générale des voies de communication de la Russie d'Europe, en 6 feuilles, à l'échelle de 2000. Saint-Pétersbourg, 1883.

1 2520000"

Cette belle carte est publiée par l'administration des voies de communication

de Russie, dont le chef, l'amiral Possiet, est connu par ses longs voyages sur terre et sur mer et par ses travaux scientifiques sur les constructions navales. Elle ne nous présente pas toutes les voies terrestres, fluviales et maritimes existant en Russie, mais seulement celles qui sont construites et entretenues l'État ou par par les grandes compagnies, sous la surveillance du gouvernement. Toutes les autres routes, dont un grand nombre très importantes, y sont omises. Nous y trouvons: 1° tous les chemins de fer, dont une partie ne dépend pas de l'administration centrale; 20 toutes les chaussées appartenant à l'État; 3° tous les canaux, sans exception; 4° toutes les rivières navigables et flottables; 5° toutes les lignes de navigation maritime, entretenues par les bateaux russes. Quant aux chemins de fer, la carte nous montre toutes les stations (malheureusement, sans chiffres des distances qui les séparent) et les ramifications, aussi bien que la mode de construction, à double voie ou à une seule paire de rails. Trois villes principales de la Russie, Saint-Pétersbourg, Moscou et Varsovie, ont leurs plans spéciaux, pour mieux distinguer les chemins qui s'y croisent. Le système de canaux figure sur la carte avec tous ses détails, c'est-à-dire avec tous les lacs, rivières, canaux, écluses, barrages, etc., même avec les profils des voies artificielles, qui sont représentés à part, sur les marges de la carte principale. Les rivières navigables sont distinguées des flottables celles qui portent les bateaux à vapeur ont leur signe conventionnel particulier. Tous les ports riverains, souvent de simples villages, y sont indiqués. Les principales rivières non navigables sont indiquées sur la carte, mais elles le sont par des lignes fines, afin de ne pas diminuer la clarté du dessin.

:

Nous devons recommander cette carte à tout voyageur qui se rend en Russie, soit dans un but commercial, soit comme simple touriste il y trouvera beaucoup d'informations précieuses et toujours exactes. M. VENUKOFF.

Différence de hauteur entre les niveaux moyens de l'océan Atlantique et de la Méditerranée, déterminée par des nivellements de précision.

En 1864, l'ingénieur Bourdalouë a donné dans le « Nivellement général de la France, la valeur de 72 centimètres, comme différence de hauteur entre les niveaux moyens de l'Atlantique et de la Méditerranée, cette dernière étant au-dessous de l'Océan.

Ce résultat, si important pour la géographie physique et pour la géodésie, vient d'être confirmé par trois nouvelles déterminations tout à fait indépendantes et exécutées par des nivellements de haute précision.

On trouve les trois nouvelles déterminations dans les publications suivantes, parues en 1883 :

1. Comptes rendus des séances de la Commission permanente de l'Association géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe, réunie à La Haye du 11 au 15 septembre 1882, rédigés par les secrétaires A. Hirsch et Th. v. Oppolzer.

2. Nivellements der trigonometrischen Abtheilung der Landesaufnahme, fünfter Band.

En me servant de ces ouvrages, j'ai tâché de grouper les résultats de la manière suivante.

I

A la page 136 des « Comptes rendus de l'Association géodésique internationale, le général Ibañez donne la valeur de

0m,6625

comme résultat du nivellement de précision entre les maréographes de Santander et d'Alicante, dans le sens que la Méditerranée est au-dessous de l'Océan. Ce résultat est définitif et mérite une grande confiance.

II

Dans le cinquième volume des nivellements de la Prusse, pages 138 et 139, on trouve pour différence de hauteur des niveaux moyens de la mer à Amsterdam et à Marseille, d'après les nivellements de précision belges, allemands, suisses, et leurs jonctions avec le nivellement général de la France.

Om,809 par l'Alsace-Lorraine
Om,832 par la Suisse.

D'après la page 114 des Comptes rendus de l'Association géodésique internationale, cette même différence est égale à

0m 757.

Comme moyenne, je considère, que les nivellements entre Amsterdam et Marseille, mettent la Méditerranée à 80 centimètres au-dessous de l'Océan.

III

Nous trouvons enfin, à la page 110 des Comptes rendus de l'Association géodésique internationale, les résultats des jonctions hypsométriques des nivellements de l'Allemagne avec ceux de l'Autriche, par deux voies différentes, entre les niveaux moyens de la mer à Amsterdam et à Trieste. Par la voie de Silésie, la différence de hauteur entre l'Océan et la Méditerranée est égale à 0m,472

et par la voie de la Bavière, elle est de

0m,712.

Les nivellements autrichiens ne sont calculés qu'approximativement, et il faut espérer que les calculs définitifs de tout le réseau diminueront le désaccord entre les valeurs de 47 et de 71 centimètres. En attendant, il ne reste qu'à prendre la moyenne arithmétique, qui est 59 centimètres.

=

La différence de hauteur entre les niveaux moyens de l'océan Atlantique et de la Méditerranée, déterminée pour la premiére fois par Bourdalouë, est donc pleinement confirmée par trois déterminations complètement indépendantes, savoir

I 66 centimètres
II: 80

III: 59

C'est avec un degré de haute certitude qu'on peut considérer la Méditerranée à sept décimètres au-dessous de l'Océan.

Saint-Pétersbourg, 15-27 octobre 1883.

D ALEXIS DE TILLO.

NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES

D'un article remarquable, publié le 3 novembre 1883 dans le National sous ce titre : Les Anglais et les Chinois, par M. Hippolyte Gautier, auteur d'un livre tout récent dont nous rendrons compte: Les Français au Tong-King (Challamel aîné, 1884), nous extrayons le passage qu suit : « Le Times se faisait envoyer de Hong-Kong, par télégramme, disait-il, de longues correspondances très détaillées, insérées par lui le 17 et le 18 septembre dernier, où était savamment étudiée la configuration du haut Tong-King, plein d'obstacles pour des mouvements militaires. Cette étude avait fait sensation dans la presse parisienne, qui n'est pas toujours fort au courant des publications faites en France par des Français, et qui n'avait pas reconnu, dans l'œuvre du correspondant du Times, une copie des renseignement fournis sur le Tong-King par le docteur Maget dans la Revue de géographie, de M. Drapeyron (numéros de septembre et d'octobre 1880). Aussi nos journaux répétaient-ils à l'envi: Voyez comme les Anglais sont informés! Comment ne pas se fier à des gens qui connaissent ainsi le terrain, mieux que nous? Comment ne pas prendre conseil d'eux? Eux, du moins, savent combien le haut Tong-King est montagneux, combien il est désert, combien les défilés y seraient difficiles pour nos troupes. Écoutons-les. Ils nous prédisent que nous aurons un mal excessif à lutter contre les Chinois, et que nous ferions mieux de leur céder cette zone (qui est aussi, entre parenthèses, la zone minière). » Le National a donné un excellent exemple aux journaux et aux journalistes: ceux-ci ne sauraient trop consulter, en vue de la solidité des articles qu'ils publient, les revues de géographie françaises et étrangères, dont c'est le devoir d'être toujours bien renseignées et de l'être à temps. Notre Revue, pour la question indo-chinoise, comme naguère pour la question tunisienne, n'a donc fait que son devoir, mais, grâce à ses correspondants, elle l'a fait mieux qu'aucune autre. Elle ne pouvait d'ailleurs faire fausse route avec le précieux concours des Jean Dupuis, des Maget, des Labarthe.

-Parmi les grands journaux parisiens qui encouragent nos efforts, nous devons mentionner le Parlement, qui, le 17 septembre, reproduisait intégralement la communication de M. Drapeyron au congrès de Douai sur la Société de Topographie de France, et qui, le 25 du même mois, dans un article fort bien fait de M. Louis Bougier, Colonies officielles et colonies libres, s'exprimait ainsi au sujet du récent travail de M. P. Leinosoff: « Le bulletin de septembre de la Revue de Géographie donne une liste bibliographique des travaux relatifs à ce pays publiés de 1867 à 1883. C'est une excellente idée, qu'on ne saurait trop encourager. »

-- La plus répandue de nos feuilles quotidiennes, le Petit Journal, a consacré à la grande séance de la Société de Topographie de France, un article d'une rare précision, où il approuve notre plan d'une École nationale de géographie.

REVUE DE GEOGR

DÉCEMBRE 1883.

31

« Pareille école, dit-il, avait été fondée dans les premières années de la Révolution. Aujourd'hui qu'un grand mouvement commercial, industriel et colonial de fait en France, il y aurait tout intérêt à reprendre cette idée. » Le Soir, puis le Moniteur universel, ont cité in extenso le passage du rapport de M. Drapeyron, se référant à cet objet.

- M. Pierre Bons d'Anty, de la Bibliothèque nationale, a publié, dans la livraison d'octobre, des Annales de l'Extrême-Orient et de l'Afrique, le chapitre premier d'un travail fort consciencieux sur les Divisions territoriales du Japon, géographiques, politiques et administratives. L'auteur distingue très nettement le Japon proprement dit (Oyasima) et l'empire japonais (Dai Nippon no Koku). Ce nom du Japon, dans lequel on reconnait facilement le Zipangu (Ji pon Koué) de Marco Polo, est d'origine chinoise. Il signifie : « Contrée où le soleil se lève ». C'est, en effet, d'après leur propre orientation, que les habitants du Tchong-Kouo (pays du milieu) ont dénommé les contrées voisines. Le Corée est pour eux « la sérénité du matin » (Tchao Sien). Annam vient de Ngan nan (le Sud pacifique). M. Bons d'Anty nous fait fort bien comprendre que l'expression d'Empire japonais n'est légitime que depuis l'annexion des Liu-Kiu et d'Yezo (1868-1872). Le reste constitue l'ancien royaume du Japon. Notre collaborateur, M. Léon Metchnikoff a dit : « Les Japonais n'attachent pas aux noms propres en général le caractère de fixité et d'importance qu'ils ont chez les autres peuples. » Toujours est-il que depuis le viie siècle de notre ère, ils désignent leur pays par son nom chinois, en prononçant toutefois Ni hon Koku. Quant à Kiusiu et Si-Koku, les deux grandes îles qui avoi sinent Niphon, le nom de la première signifie les neuf, celui de la seconde les quatre provinces.

M. Hay, qui est Écossais et gallophile, et l'un des fondateurs de notre Revue, nous écrit à la date du 10 novembre 1883: « La présence de M. de Lesseps au banquet municipal de Londres me fait espérer que la question de Suez sera résolue d'une manière conforme aux intérêts des deux nations amies, sans froisser ni l'une ni l'autre. — Espérons également que la question de la Nouvelle-Guinée, ainsi que celle du Tong-King, se terminera à la gloire du drapeau français, sans altérer l'alliance franco-anglaise. »

- Le Congrès pour l'unification des méridiens, récemment tenu à Rome, a opté, à une grande majorité, pour le méridien de Greenwich, M. Jules Girard, l'auteur du savant article sur le Méridien universel, paru ici même, ayant communiqué à l'Exploration (no du 12 octobre 1883) une note qui peut être considérée comme le résumé de cette étude, a reçu de M. Barbier, secrétaire général de la Société de Géographie de l'Est, une lettre, insérée dans la même feuille (no du 26 octobre), où celui-ci, plus sensible aux avantages qu'aux incon vénients d'un méridien unique, dit que le patriotisme ne saurait consister à opposer le méridien de Paris à celui de Greenwich, et demande que les Sociétés françaises de Géographie soient consultées à ce sujet. M. J. Girard a répliqué (no du 9 novembre) par une nouvelle note, sous ce titre : Les conséquences d'un méridien universel: « Nous devons, dit-il, à notre intérêt direct et aux besoins géodésiques la conservation du méridien de Paris, qui intéresse notre gloire astronomique. » M. Barbier (no du 23 novembre) maintient sa proposition.

Le Directeur-Gérant : L. DRAPEYRON.

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