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qu'elle doit chercher et amener de préférence, parce que la sortie par la tête est la meilleure de toutes; et les pieds ne doivent être préférés que lorsqu'ils sont plus près de l'orifice » (cap. 12). Dans les procédés conseillés par Celse et Moschion, on voit que ces auteurs se sont approchés de la doctrine relative à la version du fœtus. Philumenus semble l'avoir tout-à-fait indiquée; mais le passage où l'idée de la version est exprimée, manque des développemens nécessaires pour qu'on en attribue tout-à-fait l'honneur à cet auteur. En effet, après avoir indiqué les divers moyens de lever les obstacles qui s'opposent à l'expulsion du fœtus, Philumenus ajoute : « Mais si c'est la tête de l'enfant qui bouche le passage, il faut aller chercher les pieds et l'amener ainsi. At si caput fœtus locum obstruxerit, in pedes vertatur (fœtus), atque ita educatur. ( Aëtius, tetr. 4, ser. 4, cap. 23.)

Il faut se transporter tout-à-fait chez les modernes pour trouver le précepte de la version du fœtus positivement établi, de manière à constituer un moyen rationnel. Déjà Rhodion ne montre pas autant de répugnance que les anciens pour l'accouchement forcé par les pieds. Il pose le précepte important du dégagement des bras, qu'on était exposé, comme l'indique Moschion, à écarter du tronc lorsqu'on commençait à tirer sur le corps de l'enfant. Mais il émet à peu de chose près les mêmes opinions que les anciens relativement aux positions. transversales. Pierre Franco est le premier qui paraît avoir recommandé de faire la version par les pieds, dans le cas où le fœtus se présente dans une mauvaise position quelconque (Schweighoeuser). Ambroise Paré, et surtout Guillemeau, et les accoucheurs qui les suivirent, consacrèrent ce précepte en l'étendant à tous les cas où, par une cause quelconque, il faut håter, forcer l'accouchement.

Quand les obstacles à l'accouchement dépendaient du défaut de proportion entre les dimensions du fœtus et celles du bassin, les anciens étaient presque entièrement dépourvus de tout moyen d'y remédier. Nous comptons pour rien, en effet, les médicamens auxquels ils avaient recours en pareil cas, les onctions, les lotions émollientes, et les efforts qu'ils faisaient pour dilater les parties. Combien ne devait pas être insuffisante la méthode prescrite par Hippocrate! « Quand, dit-il, la tête se présentant la première, le reste du corps ne suit point, et que l'enfant est mort, après avoir mouillé vos doigts avec de l'eau, introduisez-en un entre l'orifice de la matrice et la tête de l'enfant; tournez le tout autour jusqu'à

ce que vous l'ayez placé sous le menton; introduisez-le alors dans la bouche de l'enfant, et tirez-le ainsi au dehors. Lorsque, l'enfant venant par les pieds, tout le corps est dehors, à l'exception de la tête, il faut l'embrasser des deux mains, et la tirer au dehors » (de Superfætat.). Les préceptes de Moschion, à ce sujet, sont à peu près les mêmes. Avicenne y ajoute le conseil d'attacher le fœtus avec une lisière de drap pour le tirer avec plus de force; et si ce moyen est impraticable ou insuffisant, il veut qu'on emploie, pour le tirer, des tenailles, forcipes. Ce précepte serait bien remarquable, s'il s'agissait de forceps construits de manière à pouvoir tirer l'enfant vivant et sans le blesser; mais cela n'est nullement vraisemblablė, puisque Albucasis, à qui nous devons des planches de tous les instrumens employés dans l'art des accouchemens, n'indique que des tenailles qu'on ne saurait employer sans donner la mort au fœtus. Cet instrument ne diffère donc que par la forme du crochet meurtrier qu'employaient Hippocrate et Celse. Toutefois, Philumenus, pour remédier à l'inconvénient du crochet qui porte la tête vers le lieu opposé à celui où il a été implanté, avait proposé d'en placer de chaque côté, et de faire en même temps sur les deux instrumens des tractions répétées, tantôt directes et tantôt obliques (Aëtius, tetr. 4, ser. 4, cap. 23). L'insuffisance de ces diverses méthodes ne laissait aux anciens d'autre moyen de terminer l'accouchement que le morcellement du fœtus même vivant; opération cruelle, qu'ils durent pratiquer bien fréquemment, si l'on en juge par le soin qu'ils mettent à la décrire, et par l'espace qu'ils lui consacrent dans leurs ouvrages, où les autres préceptes de l'art tiennent si peu de place. On peut voir tous les détails de l'opération et l'indication des instrumens qu'on y employait, dans Hippocrate, Celse, Moschion, Aëtius, Paul d'Egine, Avicenne et Albucasis. A mesure que l'art se perfectionna, l'embryotomie devint de plus en plus rare, et les modernes ont à se glorifier de pouvoir sauver la vie des enfans dans un grand nombre de cas où les anciens ne savaient que l'arracher à lambeaux, non sans faire encourir les plus grands dangers à leurs mères. Cet avantage précieux est dû surtout à l'appréciation exacte de la situation du fœtus dans la matrice; au perfectionnement de la manœuvre relative à la version de l'enfant et à l'accouchement par les pieds; à la découverte toute récente du forceps; enfin, à l'application rationnelle de deux opérations, l'hystérotomie et la symphyséotomie, ressources extrêmes qui sont employées avec des chances de succès pour la mère et l'enfant, dans

des cas où le sacrifice de celui-ci, au moyen de l'embryotomie, n'assurerait même pas le salut de la première. Pour signaler complétement cette différence que présente l'art des accouchemens comparé chez les anciens et chez les modernes, il faudrait exposer les doctrines qui composent l'art tout entier; il nous a suffi de l'indiquer, et nous terminerons cet article par un aperçu succinct de l'histoire de l'opération césarienne et de la symphyséotomie.

§. VII. Opération césarienne et symphyseotomie. Il paraît qu'on connut, dès la plus haute antiquité, l'opération par laquelle on retire un enfant du sein de sa mère morte avant de lui avoir donné le jour. On ne peut se refuser à en voir l'idée dans le récit que nous fait l'ancienne mythologie de la naissance. de Bacchus et d'Esculape. Il faut que des tentatives du même genre aient été suivies de succès, pour qu'il ait été rendu une loi (lex regia) attribuée à Numa - Pompilius, qui ordonnait d'ouvrir toute femme morte en état de grossesse, afin de conserver l'enfant s'il était possible. C'est à l'exécution de cette loi renouvelée dans la suite à différentes reprises par l'église romaine et par divers gouvernemens, et qui n'est devenue maintenant qu'un simple précepte d'hygiène publique, que le premier des Césars, Manilius et Scipion l'Africain durent la vie, au rapport de Pline. Les auteurs modernes citent également plusieurs exemples d'enfans qui furent sauvés par la même opération pratiquée sur des femmes que divers accidens ou maladies avaient fait périr.

Mais il n'existe aucun document qui autorise à penser que les anciens aient fait une ouverture à l'abdomen et à l'utérus d'une femme vivante pour extraire un fœtus qui n'aurait pu sortir par les voies naturelles. On ne découvre de trace d'une pareille opération dans aucun auteur avant la fin du quinzième siècle. Cependant, au rapport de Gasp. Bauhin, l'hystérotomie était déjà très-fréquente en Suisse aux dixième et onzième siècles; mais cet auteur ne donne pas de détails satisfaisans sur ce sujet. On a pensé que l'idée de cette opération était venue aux accoucheurs, en considérant que des fœtus morts avaient été expulsés du ventre à la suite d'abcès qui en avaient ouvert les parois; faits dont on possède plusieurs exemples, et dont le plus ancien est dû à Albucasis. Quoi qu'il en soit, la première opération césarienne que subit une femme vivante, et dont les annales de l'art fassent mention, est celle que pratiqua, en 1500, sur sa propre, femme, un châtreur de porcs à Siegershausen, en Turgovie, et laquelle, d'après

Bauhin, qui rapporte ce fait, sauva l'enfant et la mère, que plusieurs sages-femmes déclaraient ne pouvoir accoucher. On publia, au commencement du seizième siècle, plusieurs autres observations d'opérations césariennes faites avec succès. Rousset, qui, en 1581, fit paraître le premier traité écrit sur cette opération, rassembla neuf exemples d'enfantement césarien; et Bauhin, qui, un an après, donna une traduction latine de ce traité avec un supplément, en ajouta plusieurs autres qui avaient eu également une issue heureuse. On a lieu de s'étonner qu'il ne soit fait mention que de succès en parlant d'une opération aussi dangereuse; et, il faut l'avouer, les faits rapportés dans ces temps, y compris celui du châtreur de porcs, manquent d'authenticité; quelques-uns sont invraisemblables, et plusieurs décidément controuvés. Les auteurs qui les citent n'en ont pas été témoins, et les admettent pour la plupart sur de simples oui- dire. Déjà Ambroise Paré, qui décrit l'opération césarienne à pratiquer sur une femme morte dans le travail, regarde comme imprudentes celles qu'on voudrait tenter sur une femme vivante, et met les succès qu'on en rapporte, s'il en existe, au nombre des miracles. Rousset soutint alors une vive polémique avec les plus fameux chirurgiens de son époque, Marchand et Guillemeau, qui, frappés de l'insuccès de plusieurs opérations césariennes qu'ils avaient pratiquées ou vu pratiquer, rejetèrent les principes et les faits sur lesquels le premier avait établi la nécessité et la réussite de l'opération. Néanmoins, l'opinion de Rousset et de Bauhin se propagea et parut prévaloir; car Mauriceau, qui était entièrement du sentiment d'Amb. Paré, de Marchand et de Guillemeau, et qui voulait, de même que Phil. Peu, qu'on préférât le sacrifice de l'enfant au danger de l'enfantement césarien pour la mère, se plaignait que des ignorans fissent tous les jours à la campagne la section césarienne, par un pernicieux abus que les magistrats devraient empêcher. Ce même chirurgien disait encore qu'il avait accouché un grand nombre de femmes par les voies ordinaires, dans des cas où ses confrères eussent conseillé l'hystérotomie. Rousset, dans son traité, avait bien indiqué les cas où cette opération était nécessaire; il avait démontré qu'elle était le seul moyen de délivrer la femme, dans le cas de conformation vicieuse du bassin, de grosseur extraordinaire du fœtus, et de grossesse extra-utérine. Mais l'art des accouchemens était très-peu avancé; ce n'était qu'avec pen de précision qu'on pouvait apprécier les vices du bassin, et l'on ne connaissait que très-imparfaite

ment toutes les ressources de la nature. Il est donc permis de croire avec Mauriceau que l'on pratiqua plusieurs fois l'opération césarienne sans qu'elle fût positivement indiquée. Cet accoucheur célèbre s'était trop avancé en prétendant que la mère ne peut jamais être conservée. Des succès obtenus firent balancer l'opinion entre les partisans et les adversaires de l'opération césarienne. Plusieurs écrits furent publiés pour et contre cette opération, sur la fin du dix-septième siècle. Deventer détermina avec plus de précision les cas qui la rendent nécessaire. L'invention du forceps, qui, comme nous l'avons dit, commença une nouvelle ère pour l'art des accouchemens, eut nécessairement une influence sur ce point important. Tout en faisant restreindre le nombre de circonstances où l'on conseillait de pratiquer la section césarienne, cette opération gagna des partisans, parce que les instrumens préjudiciables à l'enfant perdirent de leur crédit, et que l'on devint plus scrupuleux sur sa conservation. Malgré les chances fâcheuses qu'elle fait courir à la femme, chances que, d'après le nombre d'opérations authentiquement connues, on doit regarder comme à peu près égales pour le succès et pour l'issue funeste, les plus célèbres accoucheurs du dix-huitième siècle s'accordèrent à regarder l'opération césarienne comme indiquée, dans le cas où un rétrécissement extrême du bassin, dépendant, soit d'une conformation vicieuse de cette cavité osseuse, soit de la présence d'une tumeur non susceptible d'être détruite, rend l'accouchement impossible. Néanmoins, à cette époque, quelques personnes furent tellement frappées des dangers de l'opération, qu'elles manifestèrent une opinion opposée: elles pensèrent que, dans le cas où l'embryotomie serait praticable, il vaudrait mieux y avoir recours, lors même qu'on ne serait pas assuré de la mort de l'enfant, que de chercher à conserver celui-ci aux dépens des jours de la mère. Camper est de cet avis (Simon, Mém. sur l'Opér, césar.). Nous négligeons à dessein de parler ici de l'opinion professée plus tard avec une violence extraordinaire contre l'opération césarienne par Sacombe, parce que les critiques envenimées de cet accoucheur parurent dirigées contre les personnes plutôt que dictées par l'intérêt de la science et de l'humanité si mal à propos invoqués. En 1777, commencèrent à s'élever des discussions animées entre les partisans exclusifs de l'opération césarienne et ceux de la symphyséotomie, que l'on présentait comme beaucoup moins dangereuse que la première, et devant la remplacer. Nous allons nous en occuper, puisque ces

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