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BOSTON MEDICAL LIBRARY

IN THE

FRANCIS A. COUNTWAY
LIBRARY OF MEDICINE

DE MÉDECINE.

EAU..

Ε

Les anciens, en mettant ce corps au nombre des élémens, eurent, sans doute, moins en vue sa composition chimique que le rôle important qu'il joue dans la nature : en effet, il n'en est pas un seul qui soit aussi universellement répandu, et dont l'influence soit aussi puissante. On le rencontre dans les trois règnes: dans le règne inorganique, il constitue à l'état solide la glace, la neige, dont les masses immenses couvrent éternellement le sol dans les régions froides de l'atmosphère, ou dont les cristaux disséminés et flottant dans l'air impriment à la lumière les plus curieuses modifications. Liquide, il inonde la plus grande partie du globe, circule à des profondeurs variables au dessous de sa surface, ou reste suspendu au milieu de l'air, auquel il est, d'ailleurs, sans cesse mêlé à l'état de vapeur vésiculaire ou transparente. L'eau est, sans contredit, le principal agent des modifications qui s'opèrent sans interruption dans la croûte solide de notre globe, agent d'autant plus efficace, qu'à la puissance mécanique il réunit la puissance chimique. Dans le règne organique, son importance n'est pas moins grande; elle est un élément nécessaire de tous les tissus ; c'est à sa présence qu'ils doivent leurs propriétés physiques : ce tendon, si résistant et si flexible, opaque et nacré, devient jaunâtre, transparent, dur et fragile par la dessiccation, et le séjour dans l'eau lui rend promptement ses caractères primitifs; mais elle est, en outre, la base de tous les fluides qui circulent dans les vaisseaux, et, après avoir servi à transporter dans les points les plus éloignés les divers élémens nécessaires à l'entretien de la vie, elle fournit à la trame des organes ceux qui la constituent elle-même.

Dict. de Méd. XI.

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Nous ne croyons pas devoir entrer ici dans des détails sur les caractères chimiques de l'eau; ils sont de deux ordres : tantôt elle s'unit en totalité dans les corps qu'on lui présente, et elle forme des hydrates solides ou liquides; tantôt elle se décompose et cède, soit l'un, soit l'autre de ses élémens, et, dans certains cas, tous les deux à la fois.

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Quant au mode d'action de l'eau sur les différens corps, on le trouvera consigné dans l'histoire particulière de chacun d'eux. C'est aussi pour éviter les répétitions que nous nous bornerons ici, dans l'étude des propriétés physiques de ce fluide, à l'examen des points qui n'ont pu être traités dans d'autres articles. (Voy. ATMOSPHÈRE, CHALEUR, ÉLECTRICIté, Lumière.) I. Caractères particuliers de l'eau. Des diverses espèces d'eaux.-L'eau est un liquide incolore, insipide, inodore, vaporisable sans résidu, sans action sur les couleurs végétales, et ne précipitant par aucun réactif. Il est presque superflu de faire remarquer que nous en exceptons ceux qui sont de nature à être décomposés par l'eau elle-même. Mais ce n'est que par la distillation la plus soigneuse que l'on peut obtenir l'eau dans cet état de pureté. Berzelius conseille d'employer pour cet objet les mêmes vaisseaux dont on se sert pour la préparation de l'eau-de-vie; il blâme l'emploi de eeux qui servent pour l'alcool, parce que la petite portion qui en reste dans le serpentin s'acidifiant par l'entrée de l'air, donne lieu à la formation d'acétate de cuivre, qui se mêle au produit obtenu. En outre, l'alcool indécomposé, entraîné par l'eau, se détruisant peu à peu, amène bientôt un trouble dans le liquide, suivi d'un dépôt muqueux. Les vaisseaux de verre sont attaqués et dissous par l'eau. Le réfrigérant sera en étain pur ou en cuivre fortement étamé, et on évitera les soudures de plomb et d'étain qui se dissolvent toujours en quantité notable dans le liquide distillé. Enfin on arrêtera l'opération quand on aura obtenu les deux tiers de l'eau employée, sans quoi le résidu pourrait la rendre empyreumatique. Quelques auteurs conseillent de rejeter aussi les premières portions qui renferment ordinairement de l'acide carbonique ou du earbonate d'ammoniaque.

A défaut d'eau convenablement préparée, Berzelius pense que l'eau de pluie et l'eau de neige sont assez pures pour être employées dans la plupart des opérations chimiques. Cette pro

position doit être surtout applicable à celle que l'on recueillerait après 'une chute déjà prolongée; car les premières portions entraînent une foule de corps étrangers suspendus dans l'air.

Le poids spécifique de l'eau est de 1 gramme pour un centilitre à +4°,031 (les erreurs possibles en plus ou en moins ne dépassent pas 0,135. Haellstroem, 1835) : c'est à cette température qu'elle atteint son maximum de densité; celle-ci n'offre presque aucune différence à 0° et à +8°; elle s'élève à 1,000000 pour le premier terme, et à 1,0000008 pour le second. On pouvait conclure de ces faits que la température du fond des grandes masses d'eau devait présenter une certaine constance très favorable à l'entretien de la vie chez les animaux qui les habitent : De La Bêche a confirmé ces données théoriques par ses expériences nombreuses sur les lacs de la Suisse ; il y a même ceci de digne de remarque, que ces recherches ont été faites dans les conditions atmosphériques les plus opposées : tantôt le thermomètre marquait +20° à l'air, tantôt au contraire, le froid était si vif, que l'eau gelait șur les rames du bateau dans tous les cas, à mesure que l'on descendait, on s'approchait de plus en plus du terme précité. On sait que c'est à cette cause que l'on doit rapporter la permanente liquidité du fond des rivières un peu profondes, dans les hivers les plus rigoureux, et dans les pays les plus reculés vers le nord, tels que la Suède.

La compressibilité de l'eau est admise aujourd'hui sans contestation par les physiciens; elle est de 51,3 millionièmes de millimètres par atmosphère. Un fait assez curieux, c'est que l'air qu'elle contient en dissolution la rend un peu moins compressible; elle ne l'est alors que de 49,5 million (Colladon et Sturm). Quoi qu'il en soit, cette diminution de volume, si peu considérable qu'elle paraisse, doit concourir à augmenter beaucoup la densité dans les masses profondes, et à fixer, dans certaines limites, le domicile des êtres qui y vivent: ils ne pourront les franchir sans que la réaction des gaz de leur vessie natatoire se fasse sentir, de manière à rendre impossible le jeu des divers organes.

L'eau se solidifie à 0°: cependant, si on la tient dans un repos parfait, elle peut être refroidie à 5o sans changer d'état mais la moindre agitation détermine rapidement le phénomène

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qui s'accompagne d'une élévation sensible de température. Lorsque l'eau contient des matières étrangères en dissolution, elle se gèle d'autant plus tard, que leur proportion est plus grande; il est même à noter que les élémens dissous se séparent de la portion congelée qui est formée d'eau presque pure, et restent mêlés à la partie qui persiste dans l'état liquide.

A+100°, et à la pression de 0,76, l'eau se réduit en vapeur; la quantité de chaleur qu'elle absorbe dans ce changement d'état est égale à celle qui élèverait la température du liquide de +100° à + 531° (Despretz ).

L'eau, quelle que soit son origine, renferme toujours de l'air en dissolution: nous indiquerons plus bas les exceptions à cette règle. La proportion de gaz s'élève de 5 à 5,25 pour cent (Saussure); cet air renferme en volume 1,6 d'oxygène et 3,4 d'azote (Gay-Lussac et Humboldt) : il est done de 0,55 plus oxygéné que l'air ordinaire. Nous reviendrons bientôt sur ces faits, auxquels on a cru devoir récemment 'attribuer une grande part à la production du goître endémique dans certains pays.

L'eau résulte de la réunion de 11,096 parties en poids ou 2 volumes d'hydrogène avec 88,904 parties ou 1 volume d'oxygène.

Les usages de l'eau sont très importans: c'est de tous les dissolvans le plus employé. Elle constitue la boisson habituelle de la majeure partie des animaux, et forme la base de celle des autres; elle sert de véhicule à la plupart des médicamens et offre au thérapeutiste le moyen le plus facile d'appliquer ou de soustraire la chaleur.

Considérée comme boisson, l'eau doit avoir pour caractères d'être claire, limpide, incolore, inodore, d'une saveur fraîche et pénétrante; elle conservera sa transparence après l'ébullition, dissoudra le savon et cuira les légumes, les herbes et les viandes. Mais toutes les eaux ne présentent pas cet ensemble de propriétés; les unes, à raison des conditions dans lesquelles elles se trouvent placées; les autres, par les altérations qui s'y sont développées. Les différentes espèces d'eaux dont l'homme ou les animaux peuvent faire usage comme boisson habituelle ou accidentelle sont l'eau distillée, celle qui provient de la fonte de la glace ou de la neige, l'eau de pluie, celle de fontaine, de puits artésiens, de source, l'eau de puits,

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