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tout de la description, de la fixation et du levé des limites des forêts (1).

Les forestiers français apprirent, vers la fin de l'Empire, à l'occasion du séjour que plusieurs d'entre eux (2) firent en Alle

(1) Une seconde Instruction sur les aménagements, parue en 1846, est déjà en progrès sensible sur celle de 1824. Il n'y est fait, à la vérité, aucune mention de certains travaux essentiels, fondamentaux, de tout aménagement, tels que le parcellaire, mais on y produit un exemple, assez sommaire, de l'aménagement d'une forêt qui serait divisée en deux sections, l'une de taillis sous futaie destinée à la conversion en futaie pleine, l'autre devant rester en taillis sous futaie. J'aurai l'occasion de reparler de cette Instruction dans les 3o et 4o parties de cet ouvrage, lorsque je m'occuperai des aménagements en taillis et en conversion.

(2) Je mentionnerai, parmi les importateurs en France des doctrines de Hartig: Bernard Lorentz, Baudrillart, de Buffévent, Zaepffel, de Salomon, Rousselot, Virion, Mangin, etc. LORENTZ (Bernard) était né à Colmar, le 25 juin 1775. Une circonstance fortuite lui fit. obtenir, en l'an VI, les fonctions de secrétaire de Bernier, inspecteur général des Forêts du département du Mont-Tonnerre, à Mayence. Rentré en Alsace en 1806 il occupa successivement des postes du service forestier actif à Ribeauvillé et Wissembourg, puis à Pontarlier, à Caudebec, à Saint-Dié. Il se trouvait à cette dernière résidence lorsqu'il fut appelé à Nancy, en 1824, pour y devenir professeur de sciences forestières et le premier directeur de l'École forestière. Lorentz quitta Nancy en 1830, nommé administrateur des forêts à Paris, fut mis à la retraite en 1839 et mourut à Colmar en 1865. C'est par son enseignement à Nancy (1825-1830) qu'il fit connaître, dans notre pays, les travaux de G. L. Hartig.

BAUDRILLART (Jacques-Joseph) était né en 1774, fils de pauvres paysans, dans le petit village de Givron (près de Rethel). Il partit en 1792, à l'appel de la patrie en danger, avec le bataillon des volontaires des Ardennes et suivit les armées en Allemagne jusqu'en 1801, époque à laquelle il rentra en France.

Baudrillart, étant de service à l'armée dans les départements de la rive gauche du Rhin vers l'an IX, eut l'occasion d'y faire la connaissance d'un forestier allemand, L. Lintz, qui était entré au service forestier dans la 28o conservation (départements de la Sarre,. de Rhin-et-Moselle et de Mont-Tonnerre) et qui était chef du service des aménagements dans cette conservation. Il semble que ce furent ses relations avec Lintz qui amenèrent Baudrillart à s'intéresser aux études forestières; il cite très souvent dans ses écrits le nom et les travaux de Lintz (Voir entre autres un mémoire de Lintz inséré dans le volume de 1812 des Annales forestières).

Baudrillart publia dans les Annales forestières dont il fut le fondateur et le principal rédacteur (1808-1814) une série de mémoires sur l'aménagement où il expose la méthode de Hartig; ces mémoires furent plus tard (1816) réunis en un volume imprimé par les soins de la Société royale d'Agriculture. On lui doit encore, entre autres écrits, une Collection chronologique et raisonnée d'arrêts de la Cour de Cassation en matière d'eaux et forêts de l'an VII jusqu'en 1808; un Traité général des eaux et forêts, en six gros volumes in-4 (18211828), dont quatre renferment une collection de règlements forestiers de 1515 à 1828 et deux constituent une encyclopédie forestière sous forme de dictionnaire; une traduction (assez médiocre) de l'Instruction pour l'éducation des bois (Anweisung zur Holzzucht) de G. L. Hartig (1805; la première édition de l'Instruction de Hartig est de 1791, la huitième et dernière de 1818); une autre du Manuel de Burgsdorff, etc., etc.

Baudrillart fut surtout un compilateur patient et infatigable; son principal mérite résulte de la part qu'il prit à la campagne qui aboutit, en 1824, à la fondation de l'École forestière, ainsi que de sa collaboration au projet de rédaction du Code forestier et à celle de l'ordonnance réglementaire de ce code (1827). Cette ordonnance est presque entièrement son œuvre et celle de l'administrateur général Marcotte. Nous savons (par des notes manuscrites de Parade) que c'est surtout à son influence qu'on doit l'adoption de la

ANN. FOREST.

magne ou dans les régions alors françaises du pays rhénan, à connaître la méthode d'aménagement que G.-L. Hartig (1) avait imaginée en Allemagne dans les dernières années du XVIIIe siècle. Voici, très sommairement exposé, en quoi consis

tait cette méthode :

Après avoir divisé la forêt en parcelles inventoriées, et fixé une durée de révolution, c'est-à-dire le temps que l'on mettra à parcourir toute la forêt par des coupes réalisant la totalité des peuplements actuellement existants, on divisait la révolution en parties égales, de vingt ans par exemple. On attribuait à la première période les parcelles les plus âgées, puis successivement les plus jeunes aux dernières périodes. Cette répartition des parcelles se faisait par tâtonnements de manière à rendre constant, d'une période à l'autre, le rendement en matière présumé. Pour calculer ce rendement on ajoutait au volume actuel des bois de chaque parcelle son accroissement jusqu'au milieu de la durée de la période à laquelle cette parcelle était affectée. On avait ainsi la contribution de cette parcelle au revenu; en ajoutant les

section II, articles 67 à 72 de l'ordonnance, où sont recommandés le traitement en futaie et la pratique des éclaircies.

Baudrillart avait obtenu, dès son retour en France, un emploi à l'Administration des Forêts à Paris, emploi qu'il occupa jusqu'en 1832. Il mourut à Paris le 24 mai 1832. BUFFÉVENT (J. L. M. T., comte de) était né à Colmar en 1787. Son père, gouverneur de Charleville, émigra à la Révolution et emmena avec lui son jeune fils qui resta en Allemagne jusqu'au moment où les émigrés purent rentrer en France. Il débuta dans le service forestier à Strasbourg. En 1842 il était conservateur à Alençon et prit une part active à l'aménagement des forêts si importantes de ce bel arrondissement forestier. Retraité en 1848, il se retira à Strasbourg où il mourut en 1860. Il a publié, dans les Annales forestières, un assez grand nombre de notices dans lesquelles il analyse les ouvrages de forestiers allemands, et notamment ceux de G. L. Hartig. Il travailla pendant une grande partie de sa vie à une traduction du traité d'aménagement de cet auteur (Anweisung zur Taxation der Forste, 2 vol. Giessen, 1795, 4o édition en 1819), traduction qu'il avait enrichie de nombreux commentaires mais qui est restée inédite.

DE SALOMON (Dagobert), né à Colmar en 1783. Il était inspecteur des forêts à Colmar en 1830 lorsqu'il fut nommé directeur de l'École forestière où il resta jusqu'en 1838. I! finit sa carrière comme conservateur à Colmar en 1851. Il appartenait à une très vieille famille de magistrats qui donna plusieurs conseillers et présidents au Conseil souverain d'Alsace. Il exposa les méthodes de Hartig et de Cotta dans son ouvrage intitulé Traité de l'aménagement des forêts, Paris, Mulhouse et Nancy, 1836 et 1837, 2 vol. in-8 de 389 et 372 p. avec atlas in-4 de 58 pages.

(1) HARTIG (Georges-Louis), né en 1764, mort en 1837 à Berlin, comme professeur de sciences forestières à l'Université de Berlin et chef du service forestier prussien. Il publia en 1795 son Instruction pour l'aménagement des forêts (Anweisung zur Taxation der Forste) dont la 2o édition, en 2 vol. in-8, parut en 1804 et 1805, la 3o en 1813 et la 4o en 1819, et, quelques années plus tard, son Lehrbuch für Förster und die es werden wollen, 3 vol. in-8. La re édition de ce célèbre ouvrage est de 1808, la 11o et dernière de 1877.

contributions de toutes les parcelles affectées à la même période, on obtenait la dotation de la période, et ce sont ces dotations qu'on s'efforçait d'égaliser d'une période à l'autre.

La possibilité de la coupe annuelle pendant la durée d'une période était déterminée en volume au moyen de la division du chiffre de la dotation périodique par le nombre des années de la période.

Les accroissements de volume des peuplements étaient fournis par des tables de production.

Hartig ne considérait pas seulement, comme je viens de le faire, les produits principaux, mais aussi les produits intermé diaires, ce qui augmentait encore notablement la complication extrême de sa méthode.

Cette complication, jointe à l'instabilité inévitable qu'entraînent des prévisions forcément arbitraires d'accroissement futur pour des époques éloignées, fit abandonner la méthode de Hartig dès que celui-ci cessa de diriger le service forestier prussien. Le principe de la division de la révolution en périodes et de la forêt en affectations correspondantes, a cependant survécu et est encore appliqué aujourd'hui dans la plupart des aménagements de futaie pleine.

La méthode de Hartig n'eut pas le moindre succès de ce côté du Rhin. Sa complication, ses hypothèses, son arbitraire, répu gnèrent de tout temps à l'esprit français amoureux d'abord de clarté et de sens pratique. Le sol de notre pays se refusa à nourrir le buisson broussailleux, obscur et épineux qu'on avait apporté de Germanie. Il n'en fut pas de même de la méthode de Cotta (1), dont la diffusion en France est surtout l'œuvre de

(1) COTTA (Heinrich von), né en 1763, mort en 1844 à Tharand (Saxe). Il fit ses études universitaires à léna, entra dans le service forestier saxon en 1789, et fut placé, en 1810, à la tête d'une école qui existait à Tharand pour la formation d'arpenteurs forestiers, école à laquelle Cotta annexa un enseignement forestier. Les cours forestiers, qui n'avaient aucun caractère officiel au début, furent réunis en 1816 à ceux de l'Institut topographique et ainsi se trouva constitué le plus ancien des établissements officiels d'enseignement forestier sous le nom d'École royale forestière de Tharand. Cotta resta directeur de cette école jusqu'à sa mort.

Ses principaux ouvrages sont un Traité de l'aménagement (Anweisung zur Forsteinrichtung), en 1 vol. in-8, Dresde, 1820, 2e édition en 1842, et surtout sa très célèbre Anweisung zum Waldbau (Traité de sylviculture) qui fut traduite en danois et en russe. La ire édition en parut en 1820 et la ge en 1865.

Parade (1) qui l'avait entendu exposer par son auteur même à l'école de Tharand, où il reçut, en 1817 et 1818, les leçons du plus illustre des forestiers allemands.

La méthode de Cotta fut présentée par son auteur comme une réaction contre les complications excessives de celle de Hartig.

(1) PARADE-SOUBEÏROL (Adolphe-Louis-François) naquit à Ribeauvillé (Haut-Rhin) le 11 février 1802; il était le fils d'un officier, capitaine d'infanterie, mortellement blessé à la bataille d'Essling(*). Lorentz, alors qu'il était inspecteur des forêts à Ribeauvillé, y fit la connaissance du jeune orphelin et s'intéressa à son éducation. Il l'envoya, en 1817, à l'école de Tharand dirigée par Cotta comme je viens de le dire; Parade resta deux ans en Allemagne et rentra en France en 1820.

Aussitôt après la fondation de l'École forestière Lorentz obtint que son jeune protégé lui fût adjoint à Nancy; Parade fut nommé répétiteur du cours d'économie forestière le 8 février 1825. Après le départ de Lorentz, Parade fut nommé sous-directeur de l'École en 1830 et chargé du cours de sylviculture; en 1838 il devint directeur de l'École, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort, survenue le 29 novembre 1864.

Le principal ouvrage de Parade est son fameux Cours élémentaire de culture des bois, qu'il présente modestement, dans la rre édition (1837), comme dû à sa collaboration avec son maître et bienfaiteur Lorentz (dont il était aussi devenu le gendre), mais qui est surtout son œuvre propre. Ce livre, d'une haute valeur, eut une vogue sans exemple en France.

La 2e édition parut deux mois à peine après la 1re déjà épuisée (elle est une simple réimpression); Nancy, 1 vol. in-8 de 564 p.

La 3e édition, revue et augmentée par Parade, Nancy, 1855, 1 vol. in-8 de 652 p. La 4o édition, revue et augmentée par Parade, Nancy, 1860, 1 vol. in-8 de 698 p.

La 5o édition publiée (après la mort de Parade) par A. Lorentz (fils de B. Lorentz) et H. Nanquette, Nancy, 1867, 1 vol. in-8 de 727 p.

La 6e édition publiée par A. Lorentz et L. Tassy, Nancy, 1883, 1 vol. in-8 de 722 p. Au moment où parut cette 6o édition le livre de Parade avait déjà vieilli, malgré les efforts, pour le rajeunir, de mains pieuses mais peut-être trop discrètes.

Je citerai encore la préface écrite par Parade pour la 2o édition (1860) du Cours d'aménagement de Nanquette.

(*) Le capitaine J.-B. Parade était originaire de Saint-Aquilin, près de Ribérac, dans le Périgord. Il était à la tête d'un commerce florissant qu'il quitta dès le début de la Révolution pour entrer dans l'armée. En l'an II il était capitaine à l'état-major de l'armée de Rhin et Moselle. Au cours d'un de ses séjours en Alsace il fit la connaissance, à Ribeauvillé, de Henriette de Beer, qu'il épousa en l'an V. La carrière militaire de J.-B. Parade fut extrêmement active; de l'an II jusqu'à sa mort, en 1809, il fut sans cesse en campagne, et presque toujours à l'avant-garde. A la bataille d'Essling il eut le pied emporté par un boulet et succomba à l'hémorragie qui suivit l'amputation de la jambe. Napoléon lui accorda, à titre posthume, la croix de chevalier de la Légion d'honneur. Le capitaine Parade était non seulement un vaillant soldat mais aussi un bon botaniste; sa correspondance avec son beau-père nous le montre expédiant à Ribeauvillé, provenant des divers pays qu'il traversait, des graines ou des plantes et s'informant avec sollicitude des résultats des semis et plantations effectués.

Henriette de Beer, la mère du futur directeur de l'École de Nancy, était la fille de l'ancien représentant, à Ribeauvillé, du prince Christian IV, duc de Deux-Ponts et seigneur de Ribeauvillé. C'était une femme d'une haute distinction, d'une grande piété, instruite, excellente musicienne. Restée veuve de bonne heure, et dans une situation de fortune des plus modestes, elle se consacra à l'éducation de ses enfants et c'est à elle, certainement, que le futur forestier dut la sensibilité et l'élévation de caractère qui lo distinguaient si éminemment.

Un cousin d'Ad. Parade (le fils d'un frère de sa mère), C. C. de Beer, entra à l'École forestière en 1838 avec la 15 promotion et finit sa carrière comme conservateur des forêts à Mâcon. Il fut pendant treize ans inspecteur des forêts à Arbois et il nous a laissé, de cette période de son activité, un tarif de cubage qui est un des plus intéressants que nous possédions pour le sapin (Voir Économie forestiere, par G. Hur FEL, tome II, 2° édition p. 127).

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PARADE-SOUBEIROL (A.-L.-F.), 1802-1864.

Directeur de l'École forestière de 1838 à 1864.

(D'après un portrait conservé à l'École nationale des Eaux et Forêts.)

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