Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

qui y indiquent l'individualisation d'une province zoologique marine australe : ses affinités la rapprochent des faunes de la Perse, du Japon, du Chili, de l'Abyssinie, de l'Inde et subsidiairement de l'Europe. Toutefois bien des formes sont apparues plus tôt ou plus tard dans les mers de certaines régions que dans celles de la contrée qui nous occupe.

La tendance à l'affaissement du géosynclinal du Mozambique semble moins accusée au lias qu'à la période précédente. L'oolithique inférieur voit s'établir, au bajocien-bathonien, des récifs, dont le développement se répercute sur les caractères généraux de la faune. La région qui va du nord-est d'Analalava au sud-ouest de Majunga est alors occupée en partie par des eaux lagunaires riches en corbules, la haute mer passant plus ou moins au large de la côte actuelle. De gigantesques reptiles dinosauriens appartenant à des genres spéciaux, comme Bothriospondylus, peuplaient alors la terre ferme.

Si les épaisseurs considérables reconnues dans l'ouest de Madagascar pour le trias (plus de 1 000 mètres) et pour le lias-bajocienbathonien (plus de 300 mètres au total) éveillent l'idée d'un géosynclinal à fond en voie de constant affaissement, il faut reconnaître que le facies des sédiments, dans cet ensemble si puissant de dépôts, reste essentiellement néritique (coquilles flottées d'ammonites liasiques couvertes d'huîtres et de serpules; abondance des polypiers vivant en colonies au lias supérieur et surtout au bathonien, au moins localement). Au contraire, à partir du callovien, le géosynclinal du Mozambique s'approfondit brusquement et l'ouest de Madagascar nous apparaît dès lors comme occupé par une mer bathyale, peuplée de nombreux céphalopodes, depuis la région d'Analalava jusqu'à celle de Tuléar.

C'est donc au callovien que, pour la première fois, le géosynclinal du Mozambique prend la physionomie d'une mer profonde; cependant la plupart des autres géosynclinaux du globe offraient déjà depuis fort longtemps cette allure d'une façon à peu près constante. Les faunes de Madagascar affectent, au callovien et à l'oxfordien, des affinités très accusées avec celles de l'Inde occidentale : les mêmes espèces d'ammonites (Phylloceras, Pexisphinctes) se trouvent ainsi de part et d'autre de l'océan Indien.

L'ensemble correspondant aux étages rauracien, séquanien et kimeridgien, bien connu dans le nord de Madagascar (région d'Analalava) depuis les recherches de Paul Lemoine, présente une faune

qui révèle d'étroites affinités avec l'Inde et les couches de même âge de Mombassa (Afrique orientale). A Madagascar, comme dans l'Inde et au Mexique, un genre d'Ammonites, Macrocephalites, persiste bien plus longtemps qu'en Europe, où il s'éteint à la fin du callovien, tandis qu'il demeure dans l'Inde jusqu'à l'argovien, au Mexique jusque dans le kimeridgien le plus inférieur, à Madagascar enfin dans un ensemble rauracien-kimeridgien. Cette tardive survivance de Macrocephalites, jointe à la présence d'une autre ammonite (Hecticoceras Kobeli), peut servir à caractériser pour l'oolithique moyen une province ou sous-province indo-pacifique.

Comme dans les chaînes centrales de l'Himalaya, dans la région du cap Saint-André une large série compréhensive englobant, au moins l'oolithique moyen et supérieur, par endroits même le crétacé inférieur, se fait remarquer par sa grande homogénéité. Si l'abondance et la variété des Perisphinctes du groupe Virgatosphinctes confèrent à la faune de l'oolithique supérieur de l'ouest malgache un caractère hindou, les autres fossiles de ce système rappellent tout à fait des formes du tithonique inférieur d'Europe et le caractère méditerranéen de l'ensemble ressort particulièrement de la fréquence de certains genres de bélemnites (Belemnopsis et surtout Duvalia).

Pendant tout le jurassique des mouvements du sol affectent la contrée où les différents termes du lias et de l'oolithique sont aujourd'hui indépendants les uns des autres.

Au crétacé inférieur, Madagascar est habité par des ammonites (Hoplites, Holcostephanus) de la faune du berriasien classique, en partie signalées aussi du crétacé inférieur sud-africain; avec ces céphalopodes vivaient des lamellibranches (Astarte, Arca, Ostrea, Trigonia) connus aussi de la colonie du Cap et d'autres rappelant ceux de l'Inde. Les caractères très spéciaux de la faune de l'Afrique méridionale, bélemnites du genre Cylindroteuthis, trigonies du groupe des Pseudoquadrata, semblent indiquer l'individualisation au crétacé inférieur d'une province zoologique marine spéciale, la province australe ou antarctique celle-ci englobait certainement le sud de Madagascar; elle arrivait jusque dans l'ouest de l'île. La région de Maevatanana correspondait sans doute à la zone de contact de cette province et de la province équatoriale, puisque l'on y a trouvé à la fois des représentants des genres Astarte, Duvalia et Belemnopsis. Mais à partir de la rive droite de la Betsiboka, on abandonne franchement la province australe pour entrer dans la

province équatoriale ou méditerranéenne caractérisée par Duvalia et Belemnopsis.

Pendant le cénomanien, l'ouest de Madagascar est de nouveau le théâtre de mouvements tectoniques. Le fait semble alors assez général dans les régions géosynclinales de l'hémisphère sud. Cette phase de diastrophisme se termine ici par un épisode éruptif dont l'ampleur est tout à fait remarquable, étant donné le peu d'accentuation des plissements mésocrétacés. Les coulées et surtout les tufs basaltiques continuent à s'épancher au turonien et pendant une partie du sénonien. Ce paroxysme d'éruptions malgaches doit être en bonne partie synchronique des trapps du Dekkan.

Cependant la zone axiale du géosynclinal du Mozambique conserve le même caractère océanique pendant tout le crétacé moyen et le crétacé supérieur jusque vers le campanien: seule, une partie de la région marginale confinant au massif ancien madécasse subit un plissement sensible, accompagné d'un exhaussement marqué.

La mer géosynclinale du crétacé moyen devait contourner largement Madagascar vers l'ouest à la hauteur de la région centrale Sakalave, reliant ainsi la zone des dépôts des environs de DiegoSuarez et d'Analalava à ceux de Vineta, Beraketa, Laniro, jusqu'au nord de Tuléar; le cénomanien à ammonites est d'ailleurs connu également de la colonie de Mozambique.

Le turonien et sans doute aussi le coniacien, le santonien, peut-* être même le campanien ont vu persister l'émersion d'une partie de l'cuest malgache, où vivaient de grands reptiles dinosauriens, Titanosaurus et Megalosaurus, qui se retrouvent à la même époque dans l'Inde, le second existant aussi en Australie. Ces animaux terrestres témoignent de la persistance d'une unité continentale indo-malgache au crétacé moyen et pendant la plus grande partie du crétacé supérieur. L'Australie par contre semble s'être séparée assez tôt du vieux bouclier de Gondwana, son isolement initial remontant à la fin du jurassique ou au début du crétacé. On retrouve cependant dans la faune néogène, quaternaire et actuelle de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie, de Madagascar et de l'Inde, un ensemble d'oiseaux coureurs ou ratites aptérygidés, casuariidés, épiornithidés et hypselornithidés qui offrent entre eux des affinités plus ou moins étroites. Ce vaste groupement constitue en quelque sorte un témoignage posthume de la persistance, à une époque assez avancée de l'ère secondaire, de la coalescence des terres

aujourd'hui si profondément disjointes de l'aire continentale australo-indo-malgache. Sans doute l'Australie dut-elle à diverses reprises être reliée par une jonction plus ou moins précaire à l'Inde, sinon à Madagascar, dans la seconde phase du mézosoïque.

La mer revint au Maestrichtien dans la région de Majunga sous la forme d'eaux néritiques peuplées d'huîtres. Aux environs de Diego-Suarez, l'océan affecte au coniacien et au santonien d'étroites affinités fauniques avec l'Inde; après une émersion correspondant au campanien, les eaux marines envahissent de nouveau la contrée au Maestrichtien. La mer coniacienne, dont on connaît ainsi des témoins sur la côte ouest depuis Diégo-Suarez, s'est avancée jusqu'à la hauteur de Tuléar. La mer maestrichtienne semble avoir eu exactement la même répartition géographique; mais celle-ci s'est en outre étendue sur la côte est depuis Fénérive, au nord de Tamatave, jusqu'à Marohita, au sud de Mananjary. La faune du sénonien supérieur de Madagascar, très analogue à celle de l'Inde méridionale, s'éloigne davantage de celle du Beloutchistan et de la Perse et plus encore de celle de l'Afrique du nord : elle sert de refuge au Maestrichtien, à des types zoologiques qui, en Europe ou en Asie, sont propres au crétacé inférieur ou moyen. Au Maestrichtien une large transgression marine atteint donc simultanément l'ouest et l'est de la terre malgache, réduite à former alors une étroite bande, peut-être encore unie à l'Inde péninsulaire par un isthme s'enracinant dans la région entre Diego-Suarez et Tamatave, mais sûrement déjà complètement séparée de l'Australie. Au tertiaire, au contraire, nous ne trouvons de dépôts marins que dans l'ouest de la grande île, où l'emplacement de la côte ne diffère guère du rivage actuel.

Le nummulitique est connu en effet de tout l'ouest de Madagascar, du cap d'Ambre au cap Sainte-Marie, sous la forme de calcaires à grands foraminifères (Nummulites, Alveolina, Orthophragmina). Partout subhorizontaux et largement transgressifs, ces sédiments, surtout lutétiens, sont surmontés dans les régions de DiegoSuarez, Majunga et Tuléar, par des calcaires à Lépidocyclines du miocène inférieur (aquitanien et burdigalien). Trois grandes lacunes stratigraphiques semblent donc exister en divers points de l'ouest malgache; elles correspondent: 1o au paléocène (montien) et à l'éocène inférieur (suessonien); 2o à l'éocène supérieur (priabonien) et à l'oligocène; 3o au miocène moyen et supérieur (vindobonien, pontien) et au pliocène inférieur (plaisancien, astien).

[ocr errors]

Si Madagascar a certainement formé une grande île dès la dernière phase des temps nummulitiques, il ne s'ensuit nullement que cette terre soit demeurée constamment depuis tout à fait isolée des continents voisins : c'est du moins ce dont témoignent les caractères de sa faune. Madagascar peut en effet être envisagée comme le dernier refuge des mammifères éocènes de nos pays qui, constituant encore aujourd'hui le fond de la faune madécasse, remontent à une liaison indo-malgache contemporaine du paléocène ou de l'éocène inférieur. Depuis, la grande île de l'océan Indien n'a plus reçu que des apports subsidiaires, dus à des relations momentanées avec le Vieux Monde, tout d'abord à l'oligocène récent, plus tard au miopliocène et finalement au pliocène supérieur ou peut-être au quaternaire ancien. Bien que le seuil qui relie Madagascar à l'Afrique s'abaisse en son point le moins bas à 2 304 mètres (parallèle de Maintirano), les faits d'ordre biogéographique démontrent l'existence d'une récente jonction continentale à travers le canal de Mozambique.

Dans la région de Majunga, entre les cotes 80 et 50, subsistent d'ailleurs des lambeaux d'alluvions quartzeuses, généralement aurifères, reposant sur des couches d'argile antérieures au creusement des vallées actuelles. M. H. Perrier de la Bathie pense que cet ensemble date de la fin du tertiaire, époque où une régression considérable de la mer sur l'emplacement du canal de Mozambique aurait permis la venue à Madagascar de mammifères à facies néogène.

Ainsi vers le terme ultime néogène et le début de l'ère quaternaire, une jonction continentale s'établit avec l'Afrique, sous l'influence d'une nouvelle phase orogénique qui détermine l'exondation très localisée du géosynclinal sur la pénéplaine qui se produit ensuite, s'édifient des appareils volcaniques. Puis bientôt les vallées s'entaillent un lit de plus en plus profond, tandis que persiste une certaine activité éruptive dont le volcan actuel de la Grande Comore est le dernier écho.

Les réseaux de cassures, qui découpèrent au néogène le sous-sol de Madagascar, donnèrent naissance à des zones déprimées intérieures, où s'établirent de vastes étendues d'eaux continentales. Vers Antsirabe, par exemple, M. Léon Bertrand et moi avons vu les sédiments lacustres, formés dans ces cuvettes, affectés par des plissements. Nul doute que le modelé de Madagascar, avec ses bassins fermés, n'ait été, à la fin de l'ère tertiaire, très comparable à celui que nous voyons encore aujourd'hui caractériser la région des grands

« VorigeDoorgaan »