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intervient comme juge conciliateur, le mari a soin avant de laisser partir sa femme de déterminer d'une façon précise le détail de ce qui lui est dû.

Cet inventaire avant séparation se fait en présence de témoins, lesquels auront tous pouvoirs, le cas échéant, pour contraindre l'épouse libérée, devant le faki, à rembourser au mari abandonné son bien, si elle se remarie.

Dans ce mode de dissolution du mariage le délai de viduité court dans les mêmes conditions que-précédemment et le mari peut reprendre la vie commune, dans ce délai, par le versement d'une dot égale à la première. Mais passé ce délai, seule la constitution d'une nouvelle dot différente de celle versée lors du premier mariage est une condition restrictive. La femme n'a pas besoin de s'être remariée, le Talak Bain n'étant pas Aram.

Remarque. Ces principes généraux sont suivis par tous les Arabes et islamisés de la circonscription. Chez les Rachid pourtant, un peu incrédules comme nous l'avons exposé, il y a une différence tenant justement à leur manque de conviction.

Quel que soit le mode de répudiation, et même si c'est le mari qui répudie sa femme de sa propre volonté, l'homme devant toujours être le plus fort, il s'empare de tous les biens que lui a remis la répudiée

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MOUVEMENT GÉOGRAPHIQUE

EUROPE

Cartographie, voyages et expéditions d'outre-mer à l'Exposition « Ronsard et son temps ». L'Exposition consacrée par la Bibliothèque Nationale (du 9 janvier au 9 février 1925) à << Ronsard et son temps » mérite un souvenir dans La Géographie. Non contents en effet d'y réunir, comme l'a dit M. Pierre de Nolhac, « une sorte d'illustration des poèmes de Ronsard et de ses principaux contemporains », les organisateurs de cette exposition se sont efforcés d'y évoquer un demi-siècle de notre histoire et de mettre en lumière, de toutes les façons, ces règnes des Valois « où notre Renaissance, malgré le malheur des guerres civiles, a achevé de fixer son image ». Or, en France, la géographie a réalisé des progrès au cours de ce demi-siècle et, en dépit de nos luttes intestines, nos voyageurs, nos marins et nos négociants ont quelque peu agi, non seulement en Méditerranée, mais aussi par-delà les mers, sur les côtes atlantiques de l'Afrique et du Nouveau Monde. Ces différentes catégories de faits, l'exposition « Ronsard et son temps » les a rappelées sommairement à ses visiteurs.

I. En ce qui concerne la géographie ou, pour parler plus exactement encore, la cartographie de notre pays, c'est au fond de la salle où avaient été groupés tous les trésors accumulés par les organisateurs, dans une petite loggia, qu'il fallait aller chercher les preuves de l'activité scientifique de la France à l'époque où vécut Ronsard. Là se trouvaient réunies quelques cartes d'un grand intérêt. Deux d'entre elles montraient comment, dans la seconde partie du xvIe siècle, c'est-à-dire au lendemain de l'essai de mesure du degré du méridien par le médecin Jean Fernel (1528) et de la publication de la carte de France d'Oronce Fine (1525), les gens instruits de notre patrie se représentaient leur pays. C'était d'abord le tracé établi en 1560 par . le géographe du roi Jean Jollivet, et reproduit en 1571 par Abraham Ortelius dans son Theatrum Orbis terrarum, le premier atlas de géographie purement moderne; puis la carte de ce singulier, de cet indigeste érudit, parfois si sujet à caution, qui a nom Guillaume Postel, une carte postérieure de dix ans à celle de Jollivet, la plus exacte des trois de France qui furent dressées au xvIe siècle. Comme il eut été intéressant de faire figurer à côté de ces deux documents, à titre

de comparaison, un fac-similé de la carte d'Oronce Fine découverte naguère à Bâle par M. Lucien Gallois1! Mais la bibliographie a ses exigences, qui ne se concilient pas toujours avec celles de la science pure, et la Bibliothèque Nationale ne possède pas d'exemplaire d'un tirage quelconque de la carte originale d'Oronce Fine.

Du moins est-elle fière de posséder cette grande « Carte généralle du pays de Normandie », que, bien avant de devenir géographe du roi de France, le prêtre Jean Jollivet avait dédiée en 1545 au Dauphin fils de François Ier, le futur Henri II. Naguère, le regretté Gabriel Marcel a montré la valeur de ce travail, aussi remarquable par la beauté de son exécution que par sa rigoureuse exactitude 2, et qui mériterait un minutieux examen. Il figurait à l'exposition Ronsard, sous le numéro 262, et le catalogue y appelait très justement l'attention sur les gros vaisseaux que le cartographe a représentés au large des côtes normandes de la baie de Seine; ce sont les principales unités, galères et galions, de la flotte de l'amiral d'Annebaut et du baron de la Garde, prête, à la date même de 1545, à envahir l'Angleterre (cf. Ch. de la Roncière : Histoire de la Marine francaise, t. III, p. 409431 et planche en face de la page 416). Non loin de l'œuvre de Jean Jollivet, la carte de Calais et de Boulogne, dressée en 1558 par le Dauphinois Nicolas de Nicolay (1517-1583), ne montrait pas seulement, comme l'a écrit Ronsard sur l'une de ses feuilles, « Calais au naturel dépeint »; elle évoquait aussi le souvenir des acquisitions du roi Henri II, du siège de Boulogne en 1549-1550, du traité de février 1550, de la prise de Calais par le duc de Guise le 8 janvier 1558, des regrets de Marie Tudor, des efforts de sa sœur Élisabeth pour rentrer en possession de ce port ou tout au moins pour trouver ailleurs en terre de France, au Havre, à Brest, quelque compensation à sa perte.

On le voit, c'est bien de Ronsard et de son temps que ces différentes cartes évoquent le souvenir; et de même en est-il pour ce plan de Paris, imité de celui de Sébastien Munster (1550), qui est le premier plan de la capitale gravé en France, et qui parut à Lyon, en 1552, chez Balthazar Arnoullet, dans les Chroniques des empereurs traduites en français par Guillaume Gueroult 3.

II.

De même encore en est-il pour cette carte hydrographique

1. Cf. Les origines de la Carte de France : la carte d'Oronce Finé, par Lucien Gallois (Bull. géog. hist. et descr., 1891, p. 18-34, 4 pl. h. texte).

2. Cf. sa Note sur quelques acquisitions récentes de la section des Cartes et Collections géographiques de la Bibliothèque Nationale (Soc. Géog., C. r. des séances, 1897, p. 390-391). La carte de Jollivet a été reproduite à une échelle un peu réduite, en 1900 (no d'avril-juin) dans le Bull. Soc. normande de Géog. et accompagnée d'une très brève note de M. E. Le Parquier (aux p. 141-144).

3. Sur ce point, c'est encore à un travail de Gabriel Marcel qu'il convient de renvoyer: Le plus ancien plan de Paris et les dérivés italiens du plan d'Arnoullet (Bull. Soc. Hist. de Paris, t. XXXIV, 1907).

de l'Écosse, jointe par Nicolas de Nicolay, déjà nommé, à La Navigation du roy d'Escosse Jaques cinquiesme... autour de son royaume (Paris, chez Gilles Beys, 1583, in-4o) après avoir été dressée par lui à l'aide de documents que lui avait communiqués en 1546-1547, en Angleterre, le grand amiral John Dudley, duc de Northumberland 1; immédiatement, ce sont les silhouettes de l'infortunée Marie Stuart dont deux beaux crayons anonymes représentaient les traits sous les numéros 407 et 408 et de Nicolas Durand de Villegaignon qui s'esquissent devant nous, en même temps que ce numéro de l'exposition ronsardienne (le no 267) montre le soin avec lequel, à l'époque, nos cartographes s'attachaient à vulgariser la connaissance des pays dont les souverains entretenaient des relations d'amitié avec nos rois. De l'intérêt qu'on portait alors en France à ces contrées, cette carte d'Écosse n'est pas le seul exemple qu'ait fourni l'exposition « Ronsard et son temps ». La Cosmographie du Levant publiée à Lyon, en 1556, par André Thevet à la suite du voyage fait par celui-ci en Orient entre 1549 et 1554, les gravures qui l'illustrent, l'ouvrage de Nicolas de Nicolay, seigneur d'Arfeuilles et de Bel-Air, intitulé Les Négociations, pérégrinations et voyages faicts en la Turquie (Anvers, 1576, in-4°; traduction italienne, à Anvers, G. Silvio, 1576, in-4°) sont là pour l'attester. De même aussi ces fameuses Observations de plusieurs singularitez et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie et autres pays étrangers, rédigées par le voyageur et naturaliste manceau Pierre Belon, qui devança de fort peu André Thevet dans les pays du Levant, puisqu'il les visita entre 1546 et 1549 et qu'il publia son volume in-4o à Paris, chez G. Corrozet, en 1554, l'année même du retour d'André Thevet.

III.

Plus encore que les contrées de l'Orient méditerranéen, dont tant de relations publiées seulement de nos jours attestent la fréquentation par les Français du xvie siècle, les « terres neufves » ont retenu l'attention des contemporains de Ronsard. Quelques cartes, quelques livres, quelques gravures en fournissaient d'irrécusables preuves à l'exposition de la Bibliothèque Nationale.

Il faut mettre hors de pair cet admirable atlas de cartes manuscrites, gloire des Archives de la Guerre, que le pilote de la Marine Royale Guillaume le Testu, du Havre, datait du 5 avril 1555 (vieux style) et dédiait alors à l'amiral de France Gaspar de Coligny, dont une peinture anonyme sur bois et un dessin aux crayons (nos 366 et 365) représentaient les traits à une époque plus ou moins postérieure. C'est la côte septentrionale du Brésil, des « Indes australes »>, alors fréquentée par tant de marins et de négociants normands, que repré

1. On en trouve une reproduction dans le beau volume d'Arthur Heulhard : Villegagnon, roi d'Amérique : un homme de mer au XVIe siècle (1510-1572), Paris, E. Leroux, 1897, gr. in-8, à la p. 40.

sentait la carte de la Cosmographie universeile selon les navigateurs, tant anciens que modernes, mise par les organisateurs de l'exposition sous les yeux des visiteurs. Que de réflexions faisait naître l'examen de cette superbe carte 1, qui atteste une admirable connaissance de la côte brésilienne, un sens artistique parfait et une merveilleuse habileté de main tout à la fois 2! Et quelle évocation du voyage de reconnaissance exécutée en 1551-1552 par le pilote havrais et par le capucin André Thevet — encore lui! sur les rivages de cette partie de l'Amérique du Sud. Nous eussions aimé voir figurer à côté d'elle (no 253) les cartes, de vingt à trente ans postérieures, de Jacque de Vau de Claye, et celle de la côte brésilienne depuis le Maranhao jusqu'au rio San Franscico, et le « vray pourtraict de Genèvre (sic) et du cap de Frie »; du moins, à défaut de ces œuvres remarquables, pouvait-on constater à l'exposition Ronsard la présence de la première édition des Singularitez de la France antarctique d'André Thevet (Paris, 1558, in-4°), aux si curieuses gravures, et de l'Histoire du voyage fait en la terre du Brésil, autrement dit Amérique, de Jean de Léry (S. 1., A. Chuppin, 1578, in-8). En outre, une gravure insérée dans les Pourtrès et Figures du sumptueux Ordre... et magnifiques Théâtres, dressés et exhibés par les citoiens de Rouen... à l'entrée de Henry Second (Rouen, J. Dugort, 1557, in-4°) commémorait le souvenir de la fameuse fête brésilienne de Rouen et montrait, de façon naïve, en quoi avaient consisté les scènes brésiliennes reconstituées, pour l'agrément du roi de France et de sa Cour, sur les bords de la Seine au milieu du xvIe siècle.

Pas plus que le Brésil, la Floride ne pouvait être oubliée à l'Exposition Ronsard. L'Histoire notable de la Floride du capitaine René de Laudonnière et la gravure insérée dans la collection des voyages des Frères de Bry, en 1591 (Brevis Relatio eorum quae in Florida, Americae Provincia, Gallis acciderunt) d'après la miniature de Jacques Le Moyne de Morgues identifiée naguère par le regretté Dr E.-T. Hamy, évoquaient le souvenir de Jean Ribault et de ses compagnons protestants, de leur fin tragique, et aussi du châtiment infligé par le catholique Dominique de Gourgues aux bourreaux espagnols de ces malheureux.

Enfin, une peinture, sur bois et un dessin aux crayons (nos 415 et 414) figuraient les traits de Philippe Strozzi 3, tué le 26 juillet 1582

1. On se rendra compte de la manière de Guillaume de Tester en étudiant Ja pl 28 dans Reproduction de Cartes et de Globes relatifs à la découverte de l'Amérique publiées en 1894 par G. Marcel.

2. Elle figure en fac-similé dans Heuthard, ouv. cité, p. 208, et dans Gabriel Marcel Reproductions de cartes et de globes relatifs à la découverte de l'Amérique du XVIe au XVIe siècles (Paris, Leroux, 1894, im-4 avec atlas), pl. 15 et p. 48-52 du vol. de texte.

3. Le dessin se trouve dans l'Histoire de la Marine française de Ch. de La Roncière, t. IV, p. 176.

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