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plus que faire ici, va-t-en chez toi et à l'avenir garde-toi de juger sur les apparences !...

Celle-ci, comme la femme que tu viens de répudier est ma fille, c'est sa soeur cadette. Ma fille aînée va à présent pouvoir se remarier avec son premier mari, qui dans un moment de colère l'avait répudiée par trois fois. Tu comprends le pourquoi ?... Va-t-en donc et que Dieu te conduise ! »>

Le marchand s'en fut coucher tout seul dans sa maison de garçon '.

1. La femme est divorcée dès que le mari dit : Tu es divorcée; c'est le divorce appelé divorce pouvant être retourné ou repris. Il peut encore divorcer une seconde fois de la même façon et reprendre sa femme. Cependant, il ne peut la reprendre que trois mois après chaque divorce, au plus tôt.

S'il désire donc la reprendre, toute la cérémonie consiste à lui dire quelques mots consacrés dont le sens est : « Je reprends ma femme, » et elle se trouve remariée.

Mais s'il divorce une troisième fois, le divorce est définitif. Si cependant il désire après ce troisième divorce la reprendre, il faut qu'elle consomme un véritable mariage avec un tiers et que ce tiers la répudie; dans ce cas seulement le remariage avec le premier mari est légal.

Si un mari, la première fois qu'il divorce, dit : Tu es divorcée par trois fois, alors la femme est con

sidérée comme si elle était réellement divorcée par trois fois.

La loi qui régit le mariage et le divorce est très compliquée et nous n'avons pas la prétention de donner ici tous les cas; nous nous sommes contenté de donner les principaux points qui expliquent le conte que nous avons rapporté.

J'ajouterai à ces cas un cas où le mariage après le divorce devient une impossibilité canonique; c'est lorsque l'homme dit à la femme : Tu es comme ma mère, ma sœur ou ma fille, » etc., en un mot s'il lui dit qu'elle est comme si elle lui était apparentée à un degré tel que le droit canon ne pourrait l'autoriser à contracter un mariage légal avec elle.

Le divorce, même dans le bas peuple où il est un fait presque coutumier, est considéré comme une action honteuse, surtout le divorce par trois fois; un des serments les plus solennels est le serment que l'on fait en invoquant comme preuve de bonne foi ou à l'appui de la véracité de ce que l'on avance le divorce par trois fois, car si on manquait à sa parole ou si on avait menti, on se trouverait ipso facto divorcé par trois fois. Ce qui est une honte. Bien plus, même dans la basse classe, c'est une injure grave que de provoquer ces sortes de serments.

Dans les moyennes et les hautes classes, en Egypte, le divorce, et surtout le divorce par trois fois, est une chose rare et très réprouvée par l'opinion publique.

IX

LA PATIENCE

U

N homme avait un fils beau, bien fait et

fort studieux, qui allait au Medressa (école) et apprenait tout ce qu'on lui enseignait. Ce garçon voulait toujours apprendre davantage.

Quand il arriva à l'âge viril, son père lui choisit une femme et le maria.

A peine les noces eurent-elles pris fin que le jeune homme dût porter le deuil de son père.

Après les funérailles et les quarante jours de deuil, il reprit ses études.

Un de ses camarades, qui venait d'un pays fort éloigné, lui dit qu'il existait dans le pays d'où il venait un savant le plus consommé et le saint le plus parfait, en un mot, le modèle des vertus des temps présents. Notre jeune homme conçut aussitôt le

projet d'aller suivre les cours de ce saint homme si renommé.

Il rentre chez lui, prend ses sandales et sa besace, son bâton et quelques effets et part pour ce lointain pays, à l'effet d'étudier sous la direction du saint maître.

Il marche consécutivement pendant quarante jours et quarante nuits et arrive enfin dans le pays si ardemment désiré.

Il se présente au maître.

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<< Que veux-tu, lui dit celui-ci, qui était un simple forgeron.

élève.

Apprendre la science », lui dit le jeune

Le forgeron lui met entre les mains la chaîne du soufflet et lui dit de tirer. L'élève obéit, tire et relâche les cordons du soufflet pour activer le feu de la forge où travaillait le maître.

Un jour, deux jours, une semaine et puis un mois; une année et encore d'autres se passent sans que personne lui parle dans la forge.

Il voit des hommes venir, dire un mot au maître, en recevoir une réponse et repartir.

D'autres comme lui sont assignés à un service spécial et continuent à faire ce service comme lui le sien sans désemparer, sans dire un mot, sans proférer une plainte ni un mur

mure.

Cependant dix ans se passent! Un jour, à bout de patience, le jeune homme se hasarda à dire :

<< Maître !

--

Que veux-tu ?

La science...

Tire la ficelle », lui répond le maître, qui continue à s'occuper de sa forge.

Le seul plaisir du jeune élève était lorsque, harassé de fatigue du travail de la journée, au coucher du soleil, il mangeait sa faible pitance et qu'il étudiait dans ses livres ou les livres de ses camarades ou de son maître.

Le silence étant de règle soit à l'atelier, soit à la maison, personne ne lui parlait et il ne parlait à personne. Tout au plus, s'il avait besoin d'être éclairé sur un point ou un cas de grammaire, d'exégèse, de commentaire ou de droit, en un mot, sur un point de la science qu'il ne comprenait pas, alors il lui

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