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était permis d'écrire sa demande et de la présenter au maître, le matin en entrant à la forge. Le maître jetait l'écrit au feu ou bien le mettait dans les plis de son turban.

Lorsqu'il jetait l'écrit au feu, c'est que la demande ne valait pas une réponse; lorsque au contraire le papier était placé dans le turban, le soir, en rentrant, le jeune homme trouvait la réponse du maître écrite en lettres d'or sur son chevet.

D'ailleurs, le maître agissait ainsi avec tous ses élèves; sans jamais lire aucun de ces écrits, il les brûlait ou les gardait dans son turban.

Il y avait exactement vingt ans que notre héros était à la forge, quand un jour le Maître lui dit : « Tu peux retourner dans ton pays, maintenant, mon cher garçon; la science que tu cherches tu l'as dans le mot «Patience ». Le jeune homme baisa la main du maître et retourna dans sa ville natale.

Pendant tout le trajet qui dura encore quarante jours, il réfléchit sur le mot

patience.

Quand il arriva, il s'étonna de reconnaître

si peu de monde, lui qui avant de partir en connaissait tant.

Il arrive, enfin, devant sa maison et se réjouit déjà du bonheur que sa femme aura à le revoir.

Avant de frapper à la porte, il regarde par une lucarne.

O horreur ! Que voit-il? Que reconnaît-il ? Sa femme assise sur un tapis, appuyée sur des coussins et, près d'elle, un jeune homme de vingt ans, tous deux riant, causant et se donnant du bon temps.

Le voyageur prend dans son carquois une flèche, bande son arc et s'apprête à transpercer le jeune homme et sa femme du même coup, lorsque le mot patience lui revient à l'esprit.

Il frappe à la porte; on lui ouvre; c'est le même jeune homme qu'il a vu par la lucarne. Il entre, sa femme l'aperçoit, se précipite vers lui en criant: «O Ahmed, ô mon fils, voici ton père! >>

Le mari se jette le visage contre terre en se tournant du côté de la kibla' et s'écrie : « O

1. La direction de la Mosquée de la Mekke.

grand Dieu, j'ai mis vingt ans pour connaître la patience et j'ai failli tuer mon fils! Que ta science est infinie, ta miséricorde inépuisable et notre faiblesse incommensurable'!

1. Les sept années de noviciat; la loi du silence pendant ce noviciat étaient en vigueur du temps même de Strabon aux Indes; ainsi que le célibat, l'abstinence de la chair des animaux, etc.

Voyez aussi dans la Bible l'histoire des mariages de Jacob, etc., etc.

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X

NE CONCLUEZ JAMAIS!

I

L y avait dans le plus grand Medressa de

Bagdad un cheikh des plus savants; ses cours étaient suivis par des centaines de jeunes élèves, tous plus intelligents les uns que les autres.

Parmi ses élèves, le maître en avait cependant distingué trois, qui lui paraissaient être les plus intelligents.

Un jour, il les réunit tous les trois chez lui et leur dit : « Je vais vous envoyer tous trois au Caire. Les hérétiques sont maîtres de ce pays, je veux que vous l'étudiiez à fond et que vous m'en rendiez compte. »>

Le premier part de suite avec ordre de ne rester au Caire que trois mois.

Le second reçoit l'ordre de partir lorsque le

professeur juge, d'après son calcul, que le premier a déjà quitté le Caire.

Enfin, le troisième arrive au Caire, lorsque le second lui-même avait quitté la ville après un séjour de trois mois comme le premier. Ce troisième et dernier rentre enfin à Bagdad, après le même laps de temps.

Quand les trois élèves eurent remis au professeur leurs rapports respectifs, il les réunit et on commença à lire le rapport du premier.

Il y mentionnait d'abord les beautés des monuments et des jardins de la ville, l'agrément des environs et des campagnes ; puis il faisait une description très vive des lieux de plaisir, des bains, des bazars, des lieux de réunion où des chanteurs et des danseurs des deux sexes amusaient le public nombreux qui fréquentait ces établissements.

Il parlait de la magnificence des fêtes publiques, telles que le départ de la caravane pour La Mecque, la coupure des digues du Kalig, qui alimentait le canal qui unissait alors les deux mers. Il décrivait les jeux publics et les jeux athlétiques, les courses de

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