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CINQUIÈME GROUPE

ÉGYPTIENS-AUTOCHTONES

XIV

MALICE DES FEMMES 1

H

assan et Husseyn se rencontraient tous

les soirs, depuis quelque temps, dans un café du Caire.

Hassan charmait son jeune et nouvel ami des récits de ses bonnes fortunes.

Husseyn l'écoutait sans l'interrompre. Hassan racontait sans se fatiguer. Toutes ses anecdotes tendaient à prouver à son ami

1. Publié dans le Bulletin de l'Institut Egyptien, deuxième série, no 4. 1883, p. 215.

qu'il connaissait à fond les femmes et qu'il savait déjouer leurs malices.

Husseyn était émerveillé de la science de son ami et était persuadé que pas une femme au monde ne serait capable de tromper un homme qui les connaissait si bien.

Hassan flatté de l'opinion que son ami avait de lui l'engagea à essayer et à se convaincre par lui-même de la perversité et de l'astuce des femmes : « Car, dit-il, selon l'adage populaire, demandez à celui qui a essayé et non aux médecins » voulant dire que la pratique enseigne mieux que la théorie.

« C'est bien, lui répondit Husseyn, c'est bien, mon frère, mais tu sais que je suis timide. Dis-moi, mon frère, comment feraisje pour entrer d'abord en relation avec une femme ?

-Rien de plus simple, lui répondit Hassan, tu vas te promener dans un mewloud' ou aux environs d'un lieu de dévotion où les femmes abondent généralement.

I. Foire qui se tient en l'honneur d'un saint en général, le jour anniversaire de sa naissance.

« Tu avises une femme accompagnée d'un jeune enfant; si tu juges qu'elle est jolie et jeune, le moyen d'entrer en relation avec elle est fort simple.

« Tu achètes des dattes et des oranges, tu les montres à l'enfant qui pleure et en demande, tu les lui offres, et tu t'amuses avec lui sans t'occuper de sa mère. Dès que celle-ci appellera son enfant, tu le choieras, l'embrasseras et le conduiras vers la mère; tu t'offriras même à le porter; si elle y consent, chemin faisant tu lui parleras; si elle te répond, le reste viendra tout seul. »

I

Husseyn se répéta cette leçon toute la nuit. Le matin de bonne heure, il alla au mewloud où il répéta en action sa leçon.

Le résultat fut qu'il accompagna chez elle une femme.

Ne sachant pas que Hassan fût marié, ni où il demeurait, Husseyn ne se douta pas un instant que la femme dont il portait l'enfant

sur les épaules fût la propre femme de Hassan !

Quant à la femme de Hassan, elle prenait d'autant plus de plaisir à cultiver la connaissance de Husseyn que son mari l'avait assuré qu'il était impossible qu'elle le trompât. It était, disait-il, si au courant des malices des femmes, qu'il saurait aisément découvrir ses fautes, même si elle n'avait fait que parler à un homme sans sa permission.

Elle avait cru pendant longtemps à cette puissance de divination chez son mari, mais à force de se l'entendre répéter, l'envie lui était venue de le mettre à l'épreuve !

Après cette première rencontre, son mari ne lui ayant fait aucune observation à ce sujet, elle s'enhardit, chercha Husseyn, et bientôt Hassan ne vit plus Husseyn venir au café aussi régulièrement que par le passé.

« Le coquin a dû profiter de mes leçons ! » pensa-t-il.

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