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XVIII

LA BONNE OUM-ALY

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N homme qui s'appelait Abou-Aly, avait une femme dont le nom était Oum

Aly; il avait trois enfants et était d'une pauvreté extrême. La nourriture de toute la famille ne se composait que de pain et de radis.

Sa femme, Oum-Aly eut un jour envie de lentilles, elle en fit la demande à son mari qui lui promit de lui en apporter.

Dès qu'il sortit, elle prépara le feu et emprunta à ses voisines tous les ustensiles de cuisine nécessaires pour faire cuire les lentilles : : une casserole, une tasse pour les faire sauter au beurre, une louche et une passoire.

Au coucher du soleil son mari rentra; il rapportait comme tous les jours le pain et les radis, mais il n'apportait point les lentilles demandées.

Lorsque sa femme, Oum-Aly, lui en demanda la raison, il lui répondit : « Après avoir mûrement réfléchi, j'ai trouvé que le mieux serait de t'acheter une chemise pour remplacer celle que tu portes et qui est en lambeaux. ».

Elle s'en réjouit, et toute satisfaite elle approuva l'avis de son mari.

Le lendemain matin Oum-Aly rendit à ses voisins tout ce qu'elle s'était fait prêter la veille.

Elle déchira sa chemise et en jeta, sur la terrasse de chaque maison voisine, un petit morceau en disant que son mari allait lui en rapporter une neuve.

Lorsqu'il revint, ne rapportant, comme d'habitude, que du pain et des radis, elle lui demanda sa chemise. Il lui répondit qu'il avait encore bien réfléchi et qu'il trouvait préférable de lui acheter avec cet argent une belle paire de boucles d'oreilles pour parer ses oreilles.

La joie de la femme n'en fut que plus grande. Dès que le jour parut, elle ramassa toutes les pièces de sa chemise et les recousit

pour avoir de nouveau sa chemise, puis elle communiqua à tout son voisinage le superbe projet de son bon mari. Elle se dépêcha ensuite de percer ses oreilles; mais elle se servit d'un clou et elle eut une inflammation aux deux oreilles.

Au coucher du soleil, son mari revint comme toujours avec le pain et les radis habituels.

Lorsque sa femme, Oum-Aly, lui demanda ce qu'il en était de ses promesses, il lui répondit que le plus utile serait une maison où elle pourrait loger à l'aise avec ses enfants. Après il lui achèterait les boucles d'oreilles. Elle fut très heureuse de cette nouvelle pensée et la raconta à ses voisines.

Lorsque Abou-Aly, son mari, s'en fut allé à ses occupations, un courtier passa sous les fenêtres de Oum-Aly en criant qu'il avait une belle maison à louer.

Elle crut que c'était son mari qui le lui envoyait.

Elle demanda au courtier de la conduire à cette maison. Elle prit ses enfants avec elle et s'en alla, après avoir indignement insulté

tous ses voisins et voisines, en se basant sur le proverbe arabe qui dit : Si tu dois quitter le lieu où tu vis, ne crains point de te conduire mal avec ceux qui y sont.

Dès qu'elle visita la maison, elle lui plut et lui convint beaucoup. C'était un petit palais au milieu d'autres, appartenant tous à des gens nobles et fort considérés.

Lorsque le courtier lui dit que le prix était de 60 bourses, elle s'entendit avec lui et il fut convenu qu'il serait payé dix jours après; en attendant elle prit consignation de la maison et s'y installa avec ses trois enfants.

Elle y trouva deux paires de sabots, un balai et une grande époussette pour les

murs.

Elle se chaussa d'une des paires de sabots et sa fille chaussa l'autre paire, et elle commença à balayer la maison.

Tous les voisins pensèrent qu'elle était une grande dame de la haute noblesse. Une des dames du quartier supposa qu'étant occupée à nettoyer la maison elle n'aurait pas le temps de préparer le dîner, elle prépara une table bien garnie et un plateau fort copieux qu'elle

envoya à la nouvelle venue avec son domestique le plus fidèle.

Lorsque le serviteur frappa à la porte, la fille de Oum-Aly alla lui ouvrir. Il lui dit que sa maîtresse envoyait ce plateau à la dame de la maison, en la priant de l'accepter. La jeune fille prit alors le plateau en priant le domestique de repasser le lendemain pour le prendre.

La fille de Oum-Aly s'amusa alors à apprêter la table et ensuite elle la plaça devant sa mère qui, après l'avoir minutieusement examinée, constata que c'était une table on ne peut plus complète. Il y avait même une assiette pleine d'olives.

Telle est l'aventure de Oum-Aly. Quant à son mari, lorsqu'il retourna comme d'habitude chez lui il n'y trouva personne. On lui dit que sa femme était partie avec le courtier, à la nouvelle maison. Il se fit alors accompagner par un enfant de leur quartier et alla rejoindre sa famille, tout tremblant de la crainte d'avoir été le jouet d'une farce.

Il arriva enfin, et trouvant Oum-Aly dans cette somptueuse maison, il lui demanda des

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