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Enfin, Guyot revint à Paris, un peu moins riche qu'auparavant.

L'abbé Desfontaines le fit alors écrire dans ses feuilles, où Voltaire n'était pas menagé, ce qui valut à Guyot la haine du philosophe. Cette circonstance eut plus tard une triste influence sur la destinée de Guyot. Cependant, son penchant le ramenait toujours au théâtre. Maltraité jadis par les Comédiens Français, il se présenta au Théâtre-Italien, et y fit jouer Les Mascarades amoureuses, en 1736, Les Impromptus de l'Amour, en 1737. La première de ces pièces eut un succès de style et de sentiment. Ces débuts réconcilièrent l'auteur avec les Comédiens Français, qui représentèrent de lui, le 10 octobre 1737, Achille à Scyros, comédie héroïque, imitée de Métastase. Elle ne dut son court succès qu'à une pompeuse mise en scène. Enfin, le 13 août de l'année suivante parut sur la Scène Française le chef-d'œuvre de Guyot, Le Consentement forcé, comédie en un acte et en prose. Simple, bien conçue, habilement conduite, pleine d'intérêt, cette pièce eut le succès qu'elle méritait. L'auteur y avait retracé l'histoire de ses propres sentiments et de la lutte que jadis il avait eu à soutenir contre sa famille à l'occasion de son mariage. On retrouve fréquemment des situations analogues dans les pièces de Guyot. Il aimait à peindre l'amour triomphant des obstacles que lui opposent fréquemment les distinctions sociales. Après Le Consentement forcé, les Comédiens Français représentèrent encore de Guyot : Les Époux réunis. Le Dédit inutile, reçu d'abord, puis rejeté par eux, les brouilla de nouveau avec l'auteur, qui porta sa pièce anx Italiens. Ceux-ci représentèrent les dernières compositions de Guyot. A dater du Consentement forcé, son talent ne fit que décliner, et il n'y eut plus que L'Apparence trompeuse, représentée en 1744, qui fut digne de quelque attention. A propos de cette comédie, écrite en prose ainsi que Le Consentement forcé, il est à remarquer que, malgré la prédilection de l'auteur pour les vers, ses deux meilleurs ouvrages sont en prose. Guyot imaginait bien une intrigue, et la conduisait avec adresse. Il se plaisait à reproduire les sentiments délicats et gracieux, et soutenait bien ses caractères; mais il était incapable d'aborder les sujets élevés. Son vers était facile, trop facile; aussi était-il fréquemment faible et négligé.

Avec ses courts succès Guyot vit disparaître ses ressources, et les mauvais procédés des comédiens l'obligèrent de nouveau à renoncer au théâtre. Alors commença pour lui une vie tourmentée et attristée par le spectacle des privations que partageaient sa femme et sa fille. Inquiet, aventureux, il chereha dans le mouvement l'allégement de ses peines, et reprit la route d'Italie. Il y fit rencontre d'un gentilhomme du canton de Vaud, dont il gagna l'amitié par son esprit et son humeur douce. Cette amitié attira Guyot à Genève en 1750. Mais un besoin incessant d'ac

tivité le poussait: il recommença à voyager, visita Francfort, revit la Hollande, théâtre de son insuccès commercial, et rentra en France par la Provence, après un long détour. Bientôt après il retourna en Suisse. Voltaire s'était établi près de Genève. L'influence du philosophe rayonnait à l'entour, et Guyot comprit combien sa protection lui eût été précieuse. Il rêva une réconciliation avec celui qu'il avait jadis critiqué. Il lui écrivit, et s'humilia, offrant de supprimer les vers satiriques, et priant Voltaire d'accepter la dédicace de ses œuvres. Cette lettre a été conservée. « Ne savez-vous pas, monsieur, dit le malheureux Guyot, qu'il est plus grand de reconnaître ses fantes que de n'en jamais faire et plus glorieux de pardonner que de se venger? » Voltaire répondit : « Mon amitié est peu de chose, et ne vaut pas les grands sacrifices que vous m'offrez. Si la satire que Rousseau et Desfontaines voRS suggérèrent contre moi est agréable, le public vous applaudira; il faut, si vous m'en croyez, le laisser juge. La dédicace de vos ouvrages n'ajouterait rien à leur mérite et vous compromettrait auprès du gentilhomme à qui cette dédicace est destinée. Je ne dédie les miens qu'à mes amis. Ainsi, monsieur, si vous le trouvez bon, nous en resterons là. »

Guyot ne se tint pas encore pour battu, et alla voir le philosophe, qui le reçut poliment, mais avec froideur. Guyot en revint désespéré, alla passer dix jours chez son ami, et retourna chez lui à Genève. Le 4 mai 1755 il sortit en disant qu'on ne l'attendit point le lendemain. Contre l'ordinaire il était vêtu d'une mauvaise capote, et ne portait pas son épée. On ne le revit plus. Quand on fit l'ouverture de son domicile, on trouva sur son bureau plusieurs lettres, dont l'une était adressée à un magistrat de ses amis, qu'il chargeait de l'exécution de ses volontés. Elle était accompagnée d'un bilan constatant que le prix de la vente de ses effets devait suffire à l'acquittement de ses dettes. Guyot était un homme plein d'honneur; ce trait faisait l'éloge de ses sentiments. Il ne disait rien de ses projets; mais il paraissait évident qu'il avait mis fin à ses jours par le suicide. On prit des informations. Les uns dirent que Guyot était mort d'une colique de miséréré sur le grand chemin de Genève, près du village de Coppenet ; d'autres assurèrent qu'il s'était retiré dans un couvent près de Gex, où il n'avait pas tardé à mourir. Ces résultats étaient contradictoires et improbables, L'agent de France à Genève fit des recherches; et l'on sut alors qu'à l'époque précise de la disparition de Guyot un cadavre avait été trouvé sur les bords du lac de Genève, auprès de la petite ville savoyarde d'Évian. La coincidence des dates et le signalement de l'homme noyé ne permirent pas de douter que le malheureux Guyot n'eût mis lui-même un terme à ses peines en se précipitant dans le lac. Aucun des biographes ne dit ce que devinrent sa femme et sa fille. On trouva dans les papiers de Guyot des écrits

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qui n'ont jamais été imprimés, une critique des (euvres de Voltaire, un ouvrage intitulé L'Esprit d'Horace, et un autre Les Veilles de Vénus. Voici la nomenclature de ses œuvres imprimées Histoire littéraire de l'Europe, & vol. in-8°; La Haye, 1726; Voyage historique d'Italie, 2 vol. in-12; La Haye, 1729; Les Mascarades amoureuses; Paris, 1736; Les Impromptus de l'Amour; Paris, 1742; Achille à Scyros, comédie en trois actes; Paris, 1738; Le Consentement forcé; Paris, 1738; Les Époux réunis, comédie en trois actes; Paris, 1739; Le Dédit inutile, ou les vieillards intéressés, comédie en un acte; Paris, 1742; - Les Dieux travestis, ou l'exil d'Apollon, comédie en un acte; Paris, 1742; - Le Roman, comédie en trois actes; Paris, 1748; L'Apparence trompeuse, comédie en un acte; Paris, 1765; Les Talents déplacés, comédie en un acte; Paris, 1744; -ses Œuvres de Théâtre, recueillies en 3 volumes in-12; Paris, 1766; le troisième volume contient quelques poésies et quatre pièces qui n'ont pas été imprimées séparément: 1o Les Tracasseries, ou le mariage supposé, comédie en cinq actes, en vers; 2o Le Triomphe de l'Amour et du Hazard, comédie en trois actes, en vers; 3° La Coquette punie, comédie en un acte, en vers; 4o Le Jugement téméraire, comédie en un acte, en vers. Cette dernière édition des œuvres de Guyot porte des corrections considérables, qu'il avait faites à ses pièces anciennes. Louis FORTOUL.

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* GUYOT-DUCLOS (Pierre-Nicolas), navigateur français, né à Saint-Malo, le 14 septembre 1722, mort à Saint-Servan, le 10 mars 1794. Il n'avait que douze ans lorsqu'il fut embarqué, comme pilotin, sur le vaisseau de la Compagnie des Indes La Duchesse, destiné pour le Bengale, De 1737 à 1748, il fit huit campagnes comme pilotin et lieutenant, soit sur des vaisseaux de Ja Compagnie, soit sur des navires particuliers, en Chine, au Bengale, dans la Méditerranée et sur les côtes d'Espagne et de Portugal, où pendant la guerre de 1744 il soutint plusieurs combats et fit un grand nombre de prises. Il employa les loisirs de la paix à faire divers voyages, au retour de l'un desquels il découvrit, le 9 juin 1756, en revenant de Lima, une nouvelle terre, située à trente lieues vers l'est de celle des États, terre qu'il nomma ile Saint-Pierre, et qui porte aujourd'hui le nom d'ile Georgia on de Grande. Pourvu, au commencement de la guerre de 1756, du brevet de lieutenant de frégate, et chargé d'abord du commandement d'une division de chaloupes canonnières stationnée aux Sables d'Olonne, pour protéger le commerce, ensuite des canonnières préposées à la défense du fleuve Saint Laurent et de Québec, il fit établir, sur ses plans, une batterie de 18 canons de 24,

qui protégea les lignes de Bon-Port jusqu'à la reddition de la place. Il fit beaucoup de prises dans ces deux missions, comme dans sa course sur le corsaire de 18 canons La Victoire, de SaintMalo, avec lequel il prit un corsaire de Guernesey, armé de 10 canons, et cinq autres corsaires, les deux premiers armés de 20 canons, les trois autres de 12. Il venait d'être fait capitaine de brûlot lorsqu'il prit, au mois de septembre 1763, le commandement de la frégate L'Aigle, montée par de Bougainville, commandant de l'expédition chargée d'aller fonder une colonie aux iles Malouines. L'Aigle et la corvette Le Sphinx, commandée par Chenard de La Giraudais, de Saint-Malo, après avoir pris possession des fles Malouines, par 51° 30' de lat. sud et 61° 50′ de long. ouest, y fondèrent un établissement où ces deux navires portèrent, à deux reprises, de nouveaux colons, le 6 octobre 1764 et le 5 octobre 1765; puis elles visitèrent le pays des Patagons. Mais les Espagnols, jaloux de la colonie qui venait de se former dans le voisinage de leurs grands établissements, firent valoir auprès de la cour de France leurs droits sur les îles qu'elle occupait, et les réclamèrent. On crut devoir faire droit à leurs réclamations, et de Bougainville eut ordre de remettre lui-même ces iles, à condition que la cour d'Espagne le dédommagerait des dépenses qu'il avait faites en fondant l'établissement à son compte. Le roi lui confia la frégate La Boudeuse et la flûte L'Etoile, commandées, la première par Guyot-Duclos, la seconde par Chenard de La Giraudais. Ce fut après avoir effectué cette remise que de Bougainville fit le voyage autour du monde, dont le récit, publié par lui-même, a illustré son nom, et dans lequel il fut efficacement secondé par Guyot-Duclos, comme il le reconnaît lui-même à la page 17 de sa relation. En témoignage de l'affection qu'il avait conçue pour son second, il donna le nom de Duclos à la baie située à peu près à sept lieues nord-nord-ouest du cap Nord.

Embarqué à l'île de France, comme passager sur la frégate La Belle-Poule, en 1777, il eut le bonheur de sauver cette frégate, qui se trouvait, par un coup de vent et un temps brumeux, en état de se perdre entre les Açores. Invité par le commandant à se charger de la direction de la frégate, il sut, par une manoeuvre habile, la faire passer entre l'ile du Pic et celle de Fayal, fante de quoi elle se serait perdue sur les brisants. Ce fait a été certifié par MM. Altart, Kergariou de Locmaria, de La Pérouse et Clomard,qui, tous, le danger passé, saluèrent Guyot-Duclos du nom de leur sauveur. Nommé chevalier de Saint-Louis le 31 mai 1777, Guyot-Duclos fut nommé pendant la guerre de 1778 au commandement du vaisseau rasé Le Flamand, de 64 canons, chargé de porter des troupes et des munitions à l'Ile de France. Depuis son arrivée dans la colonie jusqu'à son départ, il y remplit les fonctions de capitaine de port, et à son retour en France il

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GUYOT-DUCLOS

GUYOT DE SAINT-FLORENT

obtint le brevet de lieutenant de vaisseau, avec une pension de 1,500 fr., réduite à 1,200 le 1er juillet 1788. Le 31 juillet de l'année suivante, il fut élu colonel de la garde nationale de SaintServan. Il exerçait ces difficiles fonctions avec une prudence et une fermeté qui lui conciliaient l'estime et l'affection de ses concitoyens, lorsque Louis XVI, informé de l'insuffisante récompense qu'avaient obtenue ses services, lui conféra le grade de capitaine de vaisseau, et le nomma, malgré son âge avancé, au commandement du vaisseau L'America, faisant partie de la première expédition de Saint-Domingue.

P. LEVOT.

Archives de la marine. - Bougainville, Voyage autour du Monde. - Documents inedits.

GUYOT DES HERBIERS (Claude-Antoine), homme politique et poëte français, né à Joinville, le 25 mai 1745, mort au Mans, le 3 mars 1828. Malgré son penchant pour le culte des Muses, il suivit d'abord la carrière du barreau, dans laquelle il obtint quelque succès. Reçu avocat au parlement de Paris en 1782, il fut appelé, lors de la nouvelle or. ganisation judiciaire de 1790, aux fonctions de juge suppléant au tribunal de district du deuxième arrondissement de Paris, et ensuite de juge titulaire. Il devint chef de division au ministère de la justice lorsque Merlin de Douay fut chargé de ce département. Lors des élections de l'an vi (1798), il fut nommé, avec Cabanis, Andrieux, Chénier, etc., membre du Conseil des Cinq Cents, par l'assemblée scissionnaire de l'Oratoire, qu'il avait présidée. Il fit paraître à cette occasion un écrit assez vigoureux sur les opérations électorales du département de la Seine. Choisi pour secrétaire, aussitôt après son admission, il célébra les exploits des troupes républicaines qui avaient repoussé les Anglais à Ostende. Il parut d'ailleurs très-peu à la tribune. D'un caractère vif et impétueux, il eut une altercation avec Briot, dans un banquet de six cents personnes donné au Jardin Biron ce fut à l'occasion d'un toast porté à la loi du 22 floréal, qui annulait les opérations des assemblées électorales dans un grand nombre de départements (1). Après le 18 brumaire, il fut compris par le sénat conservateur au nombre des nouveaux membres du corps législatif. Il n'y resta que jusqu'en l'an xt, où il fit partie du cinquième sortant. Depuis lors il paraît n'avoir exercé aucunes fonctions publiques, mais il continua de cultiver les lettres. Avant l'âge de vingt ans, il s'était fait connaître, comme poëte, par deux odes intitulées : Les Chancelières, dirigées contre la personne du chancelier Maupeou et son système d'administration. Quoique bien inférieures aux Philippiques de Lagrange-Chancel, on avait remarqué dans ces odes quelques strophes vraiment lyriques. Le poème des Heures, dont Guyot des Herbiers lut plusieurs chants

(1) Les élections du département des Landes furent annulées entièrement. Le général Bonaparte avait été nommé par une des assemblées scissionnaires.

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dans les séances de quelques sociétés littéraires, n'a pas été publié en entier : il n'en a paru que quelques fragments insérés dans plusieurs journaux du temps, tels que le Magasin encyclopédique et La Décade philosophique. Le poeme des Chats, qu'il avait composé pour plaire à une dame distinguée par son esprit et son amabilité (1), n'a paru aussi que par lambeaux.

Guyot des Herbiers ne manquait pas de verve, il a même quelquefois de l'éclat dans les pensées; mais il pèche par le coloris poétique, et souvent il termine une tirade ambitieuse par un tour burlesque ou de mauvais goût. En général ses productions sont marquées d'un cachet particu lier d'originalité. C'est par le même esprit de bizarrerie qu'il se passionna pour un personnage plus connu par sa vie aventureuse que par les souvenirs de la gloire qu'il avait acquise sur les champs de bataille de Fleurus et de Péterwaradin, gloire célébrée par J.-B. Rousseau, dans deux de ses odes (2). Guyot des Herbiers, plein d'enthousiasme pour son héros, publia une nouvelle édition des Mémoires du comte de Bonneval, officier général au service de Louis XIV, lieutenant-feld-maréchal au service de Joseph Ier et de Charles VI, empereurs, et bacha à trois queues, gouverneur de l'Arabie Pétrée, etc.; Paris, 1806, 2 vol. in-8°. Il a enrichi ces mémoires de notes historiques pleines d'intérêt sur les personnages divers et les principaux faits mentionnés dans l'ouvrage. On doit encore à Guyot des Herbiers une édition des Lettres de Ninon de l'Enclos, composées par Damours; Paris, 1800, 3 vol. in-18, qu'il publia conjointement avec M. Auguste de La Bouisse, et la traduction de L'Etat restitué, ou le comte de Bourgogne, drame historique en quatre actes de Kotzebue; Paris, 1804, in-8°. On lui attribue un pamphlet qui a pour titre : Robespierre aux frères et amis, et Camille Jordan aux fils légitimes de la monarchie et de l'Église; Paris, an vii, (1799), in-8°. Le but de cet écrit, répandu avec profusion par les soins du Directoire exécutif, était d'engager les électeurs à ne nommer pour représentants du peuple ni anarchistes ni royalistes. Guyot des Herbiers était intimement lié avec Roucher, qui a fait souvent mention de lui dans ses lettres à sa fille Eulalie, sous le nom de l'oncle d'amitié. Il avait composé une notice historique sur ce poëte, dont la fin fut si déplorable. Mais cette notice n'a pas été imprimée. Guyot des Herbiers fut l'aïeul maternel d'Alfred Musset.

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et Norvins, Biographie nouvelle des Contemporains (1822).

GUYOT DE SAINT-FLORENT GUYOT (1), homme politique français, né à Semur, en 1755, mort à Avallon, le 18 avril 1834. Il exerçait la profession d'avocat dans sa ville natale lorsqu'il fut élu député du tiers état aux états généraux (avril 1789). Il y vota toutes les propositions démocratiques. Envoyé par le département de la Côte-d'Or à la Convention nationale, i! se prononça dans le procès de Louis XVI pour la peine de mort sans appel ni sursis. En 1794 il fut envoyé en mission auprès de l'armée du nord, et rendit compte de l'exécution de Lejosne et de quelques autres individus, convaincus de conspiration (30 pluviose an 11, février 1794). Au 9 thermidor il prit parti contre Robespierre. Chargé d'une nouvelle mission dans le Pas-deCalais, il sut y ramener l'ordre sans employer la violence, et mérita une adresse de la commune de Saint-Omer. Plus tard (1795), il s'opposa avec force à la rentrée des émigrés, et dénonça les faux certificats de résidence produits par les ducs de Croy d'Havré et de Castries. A l'époque du 13 vendémiaire, il se montra l'un des plus courageux députés pour résister à l'insurrection populaire. Le 30 vendémiaire an IV (22 octobre 1795), il fut nommé membre du comité des cinq chargé de proposer des mesures contre les ef forts des royalistes tendant à entraver le gouvernement directorial. La Convention n'adopta que la loi du 3 brumaire, qui excluait de tous les em plois les parents d'émigrés et les signataires de pétitions contre-révolutionnaires. Nommé au Conseil des Anciens, il en fut secrétaire, et cessa d'en faire partie le 20 mai 1797. Il fut alors nommé représentant diplomatique de la France près la ligue des Grisons. Réélu en germinal an vi (mars 1798), député au Conseil des Cinq Cents, il préféra à ce poste celui de ministre plénipotentiaire à La Haye. Après le 30 prairial an vui, il fut porté sur les listes des candidats au Directoire, mais ne réunit pas le nombre de suffrages nécessaire pour être éln. Au 18 brumaire an viii (9 novembre 1799), appelé au corps législatif, il refusa d'y siéger, se retira de la vie politique, et fonda modestement un cabinet de lecture à Paris. Il fut emprisonné lors de la conspiration de la machine infernale; mais nulle charge ne s'éleva contre lui. Il subit une longue détention, qui ne cessa que par l'intervention de Merlin de Douay. Cependant, Guyot ne tint pas rigueur à Bonaparte, et accepta de lui, en 1806, la place de secrétaire du conseil des prises, et plus tard celle de substitut du procureur général impérial près le même conseil. Frappé par la loi d'amnistie du 12 janvier 1816, il se retira à Bruxelles. Vers la fin de janvier 1819, il obtint son rappel, et vint finir ses jours dans sa patris. On a de lui: Motion d'ordre proposée dans l'affaire du procès de Louis XVI; 1792, in-8°. H. LESUEUR.

Petite Biographie Conventionnelle. — Galerie historique des Contemporains (1819). Arnault, Jay, Jouy

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GUYOT DE FÈRE ( François - Fortuné), littérateur français, né le 30 août 1791, à Paris. La conscription le força de quitter l'étude du droit, qu'il avait commencée. Il servit depuis 1811 jusqu'en 1814, et remplissait en dernier lieu les fonctions d'officier payeur, auxquelles il avait été appelé pendant le blocus de Mayence. Ces noininations n'ayant pas été confirmées par le nouveau gouvernement, il quitta le service. Au retour de l'empereur Napoléon, il eut à remplir quelques missions relatives à la réorganisation de l'armée; et après la chute du gouvernement impérial, il fut chargé de divers travaux de comptabilité pour les régiments de l'ancienne garde. Bientôt quelques travaux littéraires, que lui confia le marquis de Fortia d'Urban, pour son Histoire de Portugal et sa continuation de l'Art de vérifier les dates, ouvrirent à M. Guyot de Fère la carrière des lettres. De 1819 à 1821, il donna quelques articles au Journal de Paris, aux Tablettes universelles de Gouriet, à l'Observateur de l'Industrie et des Arts, à la Revue encyclopédique, etc. En 1825, il fonda un ouvrage périodique ayant pour titre Le Philanthrope, journal du bien public, qui eut 2 vol. in-8°. En 1826 il commença le Journal des Arts et Métiers, qui, après quelques changements de titre, paraît encore aujourd'hui sous celui de Journal des Arts, des Sciences et des Lettres, et forme une collection d'environ 50 vol. in 8o et in-4°. Les autres travaux littéraires de M. Guyot de Fère sont: Histoire du prince Eugène Bauharnais; 1821, in-12; - Lettres d'un ancien commerçant contenant des vues d'amélioration, des documents pour le commerce et l'industrie, etc.; 1825, in-8°; Des Routes à ornières en fer, canaux artificiels et autres moyens de communication; 1826, in-8°; Anecdotes contemporaines, ou souvenirs d'un ancien officier; 1827,in-18; - Étrennes morales, choix de belles actions et d'anecdotes nouvelles; 1828, in-18; - Etrennes curieuses et instructives, souvenirs offerts par l'année 1828 à l'année 1829; 1829, in-18; De l'abolition de la peine de mort; 1830, in-8°; tice histor. et physiologique sur le supplice de la guillotine; 1830, in-8°; - Archives curieuses de l'Histoire, de la Littérature et des Sciences; 1830, in-8°; - Annuaire des Artistes français; 1832, in-18; 1833, in-16; 1836, in-8°; – Statistique des Beaux-Arts en France; 1835, in-8°; Statistique des Gens de Lettres et des Savants existant en France; 1834, 1836, 1840. 2 vol. in-8°; — De la Peinture à l'encaustique; 1837, in-8°; Annales de la Légion d'Honneur (recueil mensuel avec M. d'Olincourt); 1840, 2 vol. in-8°;- Biographie des Artistes vivants; 1842, in-8°; Biographie des Gens de Lettres et des Artistes ; 1843, in-8° (collection non continuée); Observations sur la manière dont les

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No.

sujets religieux doivent être traités par les artistes; 1844, in-8°; — des articles dans l'Encyclopédie des Gens du Monde, dans la Nouvelle Biographie générale, dans divers journaux et recueils périodiques.

Documents particuliers.

GUYOT - GRANDMAISON (Pierre - Jean Jacques-Guillaume), jurisconsulte français, né à Orléans, le 3 mars 1719, d'un procureur au Chatelet, mort le 18 avril 1784. A peine âgé de vingt-trois ans, il fut nommé à la suite d'un concours, et au moyen de dispense d'âge, docteur agrégé de l'université d'Orléans, puis il obtint, en 1742, à la même université, une chaire de professeur. Après avoir été l'élève de Pothier, il était devenu son ami et vivait dans son intimité. Guyot fut l'éditeur des Œuvres posthumes de cet éminent jurisconsulte, publiées à Paris et Orléans, 1776-1778, 4 vol. in-4° ou 8 vol. in-12. En outre, ayant acquis un exemplaire des Pandectæ Justinianæ in novum ordinem digestæ chargé de corrections et d'additions de la main de Pothier, il s'en servit pour la seconde édition de cet ouvrage, qu'il donna à Lyon, 1782, 3 vol. in-fol. Guyot, dont les descendants habitent encore aujourd'hui Orléans, se distinguait des autres membres de sa famille par le surnom de Grandmaison. Les Siècles littéraires de la France de Desessarts, la Bibliothèque choisie de Livres de Droit de Camus, la Biographie universelle de Michaud et La France litteraire de Quérard le confondent avec GUYOT (Joseph-Nicolas), dont ils lui attribuent par erreur divers ouvrages. E. REGNARD.

Archives municipales d'Orléans, Registres de la paroisse de Saint-Donation, année 1719. Journal de l'Orléanois, année 1784. R. Bimbenet, Histoire de l'Université de Lois d'Orléans, pag 390.- Documents particuliers.

GUYOT. Voy. DESFONTAINES.

GUYS (Joseph), archéologue français, né à La Ciotat, en 1611, mort le 30 janvier 1694. Il entra dans la congrégation de l'Oratoire en 1622, fit avec succès de nombreuses missions en Provence, et mourut en odeur de sainteté. On a de Ini: Description des Arènes ou de l'Amphithéâtre d'Arles; Arles, 1675, in-4, avec fig. Cette description est encore fort estimée. L. Lelong, Bibl hist.

GUYS (Jean-Baptiste), auteur dramatique français, parent du précédent, né à Marseille, vivait au milieu du dix-huitième siècle. Il n'est connu que par quelques pièces non représentées et d'un mérite au-dessous du médiocre, telles que : Abailard et Héloïse, drame en cinq actes et en vers libres; Londres (Paris), 1752, in-12; réimprimé en 1755 dans le Théâtre bourgeois de Duchesne; Térée, tragédie en cinq actes et en vers; Paris, 1753, in-12; La Baguette mystérieuse, ou Abizai, histoire orientale; Paris, 1755, deux parties in-12. Quérard, La France littéraire,

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E. D-S.

GUYS (Pierre-Alphonse), littérateur français, second fils du précédent, né à Marseille, le

27 août 1755, mort à Tripoli (Syrie), le 13 septembre 1812. Attaché d'abord aux ambassades françaises de Constantinople et de Vienne, il devint successivement secrétaire d'ambassade à Lisbonne, consul en Sardaigne, consul général à Tripoli (Barbarie), et enfin chargé d'affaires à Tripoli (Syrie). On a de lui: deux Lettres sur les Turcs, écrites de Constantinople, en 1776;Eloge d'Antonin le Pieux; 1786, in-8° : l'auteur y relève une erreur de Gibbon, qui a prétendu que cet empereur avait préféré Marc-Aurèle à son propre fils; - Antonin; Paris, 1787, in-8°. Suivant Quérard, un sieur Moulin de La Chesnaye ent l'audace de faire réimprimer cet opuscule sous son propre nom; Caen, 1819, in-8°. Ce plagiaire dit du reste dans sa préface que cet onvrage a coulé sans peine de sa plume; - La Maison de Molière, comédie en quatre actes, imitée de Goldoni, représentée, sous le nom de S.-L. Mercier, au Théâtre-Français, en 1787; in-8°. Elle est mentionnée dans l'Almanach des Théâtres sous les initiales de M. de La R. Guys a laissé en manuscrit des Mémoires sur la Sardaigne; sur les révolutions de Tripoli de Barbarie; sur la Cyrénaique; et sur quelques autres pays qu'il avait parcourus. A. DE L.

Quérard, La France littéraire.

GUYS (Pierre-Augustin), helléniste et voyageur français, de la famille des précédents, né à Marseille, en 1720, mort à Zante, en 1799. II suivit la carrière du commerce, et fut assez intelligent pour y réaliser une belle fortune, Il avait fait de nombreux voyages en Grèce, dans le Levant, et jusqu'en Syrie; il conçut l'idée de comparer les Grecs anciens aux modernes et de rechercher parmi ces derniers les traces de grandeur, le genre d'esprit, les institutions de leurs ancêtres. Homère à la main, il parcourut plnsieurs fois tout l'Archipel. Dans ces voyages il fut bien accueilli des Grecs, qui lui accordèrent droit de cité à Athènes. Guys était correspondant de l'Institut national de France, de l'Académie de Marseille, de celle des Arcades de Rome. On a de lui: Mémoire sur le Commerce d'Angora; 1760, trois parties, in-12; Mémoires et observations en faveur des né gociants de Marseille; 1760, 2 vol. in-12; Eloge de René Duguay-Trouin; 1761, in-8°; Marseille ancienne et moderne; Paris, 1766, in-8°; Voyage littéraire de la Grèce, ou lettres sur les Grecs anciens et modernes, avec un Parallèle de leurs mœurs; Paris, 1771, 2 vol. in-12; seconde édition, considérablement augmentée et contenant un Voyage de Sophie (capitale de la Bulgarie) à Constantinople, écrit par lettres en l'année 1744; un Voyage d'Italie par lettres, écrites en 1772; un poëme sur les Saisons, en vers irréguliers; une traduction de l'Élégie d'Ovide Sur la mort de Tibulle; Paris, 1776, 2 vol. in-82, avec fig; Paris, 1783, 4 vol. in-8° et in-4°, avec fig. Cet ou vrage se compose de quarante-six lettres: Guys y

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