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épouser les reliefs et les creux au moyen des ciselets ou des autres instruments destinés à cet usage 1.

Or, sur notre châsse, le vide intérieur laissé par le repoussé du cuivre est précisément garni par un noyau métallique que l'on voit encore facilement à travers les parties qui ont été endommagées. Soit que ce noyau soit en bronze, soit plutôt qu'il soit constitué par un de ces ciments durs qui avaient la consistance et la malléabilité du plomb, et qu'employaient fréquemment les orfèvres de cette époque, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que l'archevêque Simon ait voulu désigner par les mots cassula ænea l'objet en métal qu'il apercevait sous les lames de cuivre rouge.

Nous avons dit que nous soupçonnions à cette châsse une origine limousine. En effet, il est probable qu'elle a été fabriquée dans un centre non éloigné de l'endroit où les saints représentés étaient . en bonneur. Parmi ceux qu'il nous a été possible de dénommer, nous voyons un évêque de Tours, saint Martin; deux évêques et un abbé du Mans, saint Pavace, saint Liboire et saint Rigmirus; un évêque d'Autun, saint Léger; un abbé de Dablen, saint Siviard, et un autre de Corbion près de Chartres, saint Lomer. Or, dans la région comprise entre Moissat, où se trouvaient les reliques de ces saints, Le Mans, Tours, Autun et Limoges, nous ne voyons que cette dernière localité dont les ateliers avaient assez de renom pour pouvoir lui attribuer un chef-d'œuvre aussi parfait.

Nous dirons encore que l'abbaye de Moissat-Bas possédait de nombreux reliquaires; ils ont tous été dispersés, mais l'un d'eux, contemporain de notre châsse, est encore conservé au collège de Billom, où il a été apporté par les jésuites lorsqu'ils devinrent possesseurs de la chapelle de Saint-Lomer. Nous avons pu l'étudier et le dessiner. C'est une châsse émaillée d'une conservation parfaite; les nombreuses scènes qui y sont représentées sont traitées avec une remarquable pureté de dessin; nous croyons que c'est à ce reliquaire que doit s'appliquer cette phrase de l'inventaire précité : Cassula ænea cooperta laminis cupreis. Nous n'avons pas à le décrire pour le moment, nous nous bornerons à dire qu'il a 425 millimètres de longueur, 370 de hauteur, que les personnages sont réservés sur le métal, que plusieurs d'entre eux ont les têtes en relief avec des yeux émaillés, et que leurs noms sont indiqués par

1 Benvenuto Cellini, Traité de l'orfèvrerie, chap. v.

des inscriptions en émail rouge. Sur le fond de couleur bleu lapis, nous remarquons à profusion ces beaux fleurons polychromes que nous ne trouvons que sur nos châsses limousines.

Ces deux châsses appartenant à peu près à la même époque, mentionnées toutes les deux dans la visite de l'archevêque Simon, auraient été données par les religieux du Mans, s'il faut en croire la tradition conservée dans le pays et les assertions du P. Noël Mars, dans l'ouvrage que nous avons déjà cité.

Rien d'étonnant en effet à ce que ces derniers aient envoyé à leurs confrères d'Auvergne des reliquaires précieux pour conserver les nombreuses reliques dont ils s'étaient dépouillés en leur faveur bien des années auparavant. Rien d'étonnant aussi à ce que ces deux chefs-d'œuvre soient sortis du même atelier, quand on songe qu'à cette époque on était émailleur et orfèvre, comme aujourd'hui l'on est l'un ou l'autre.

L'un de ces reliquaires, celui qui est conservé actuellement à Billom, étant limousin, on ne peut en douter, il y a de grandes probabilités pour que l'autre le soit aussi. Que l'on ne nous objecte pas que les ateliers de Limoges ne nous ont jamais montré une œuvre aussi parfaite; l'objection retomberait sur tous les autres ateliers que l'on nous désignerait, car, nous le répétons, notre châsse est unique, nous n'en voyons aucune qui présente au connaisseur le même charme et le même fini de travail.

Nous avons déjà eu l'occasion de signaler un objet d'orfèvrerie important qui aurait une origine limousine, nous voulons parler de la Vierge de Beaulieu 1; jusqu'à preuve du contraire nous attribuerons aux mêmes ateliers la châsse de Moissal-Bas qui n'en demeure pas moins une œuvre éminemment française, la plus belle à cette époque et en ce genre que nous connaissions jusqu'à ce jour.

ERNEST RUPIN.

1 Revue des Sociétés savantes, 7o série, t. III, p. 270, année 1881. Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. II, p. 281; t. II, P. 171, 342.

SÉANCE DU 15 JANVIER 1883.

PRÉSIDENCE DE M. LÉOPOLD DELISLE,

MEMBRE DE L'INSTITUT.

Après la lecture du procès-verbal de la séance du 8 janvier, M. Guiffrey demande qu'il soit bien établi que, s'il a été présent à cette séance, c'est que, d'une part, il ignorait que le règlement du Comité ne permettait pas à l'un de ses membres, auteur d'une proposition de publication, d'assister à la discussion ouverte sur l'opportunité de cette publication; d'autre part, que, n'ayant pas été appelé par la commission à donner des explications sur sa proposition et à présenter son manuscrit, il était convaincu que la commission n'avait pas tenu de réunion et que la lecture du rapport était remise au mois de février. Il désire qu'il soit constaté que, dès qu'il a été prévenu, il s'est retiré et n'a pas pris part au vote.

Le Président donne acte à M. Guiffrey et ajoute que mention en sera faite au procès-verbal.

M. l'abbé Albanès, correspondant à Marseille, adresse la copie de l'inventaire de l'église métropolitaine d'Aix, en 1503.

Renvoi à M. Darcel.

M. de Montégut, correspondant à Limoges, communique une pétition, datée de 1769, par laquelle M. Bugeaud de la Piconnerie, grand-père du duc d'Isly, sollicite une remise d'imposition comme ayant à sa charge douze enfants vivants; ce document est extrait des archives de l'intendance de Bordeaux.

Renvoi à M. Ch. Robert.

M. J. Roman, correspondant à Embrun, envoie la copie : 1o d'une charle de 1253 concédant des libertés aux bourgeois d'Upaix (HautesAlpes); 2° d'une autre charte de 1265, accordant des privilèges aux seigneurs des Crottes (Hautes-Alpes).

Renvoi à M. A. Longnon.

M. le comte de Luçay lit un rapport: 1° sur des documents concernant l'abbé Prévost, auteur de Manon Lescaut, communiqués par

M. Ch. de Beaurepaire, membre non résidant; 2° sur diverses lettres adressées par le syndic des États et l'intendant de Languedoc aux subdélégués de Béziers.

Dépôts de ces documents aux archives; renvoi du rapport à la commission du Bulletin.

M. Renan expose que l'inscription en caractères hébraïques dont M. Deloye a envoyé un estampage est un de ces innombrables cippes constatant un vou fait à Rabbath Tanith et Baal-Hammon, qui proviennent tous du même temple de Carthage. On en connaît plus de 2,500. La Bibliothèque nationale en possède un très grand nombre rapportés par M. de Sainte-Marie. Ces cippes présentent tous la même formule. Voici la transcription de celui d'Avignon :

לרבת לחנח פך בעל ולאוך לבעל חמך אי ש נדד מתנבעל בך בעליהן מקמאל־

ס מתדחעשתדני

A la dame Tanith, face de Baal, et au seigneur Baal-Hammon. Vœu fait par Mattaubaal, fils de Baalyahon.....

Ce qui suit le nom offre de curieux rapprochements avec d'autres textes du même genre. Il faut surseoir à se prononcer sur le sens. Le dernier mot indique sans doute la ville ou Mattaubaal était né.

Récemment une inscription du même genre a été trouvée à Casale, en Piémont; une autre à Livourne. Ces inscriptions s'étant toujours vendues à très bon marché à La Goulette, presque tous les musées de l'Europe en possèdent.

M. S. Luce lit un rapport sur les délibérations des consuls de Saint-Affrique en date du 7 septembre 1418, relatives aux obsèques de Bernard VII, comte d'Armagnac : la copie de ces documents a été transmise par M. H. Affre, correspondant à Espalion.

Dépôt aux archives et renvoi du rapport à la commission du Bulletin.

M. Lud. Lalanne lit un rapport sur une communication de M. Ch. de Beaurepaire, membre non résidant, relative à une lettre de François de Lorraine, duc de Guise, datée du 26 juin 1551.

M. Ramé examine ensuite un travail de M. Grellet Balguerie sur une épitaphe en vers d'un poète du x1° siècle, d'un moine de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire.

Dépôt de ces deux communications aux archives, et renvoi à la commission du Bulletin des rapports de MM. Lalanne et Ramé.

M. Chabouillet lit un rapport sur trois empreintes de sceaux, provenant de l'abbaye des Dames de Sainte-Croix de Poitiers, communiquées par M. l'abbé Barbier de Montault, correspondant dans cette ville.

Renvoi du rapport à la commission du Bulletin.

M. L. Delisle signale tout particulièrement au Comité les documents envoyés par M. l'abbé Albanès, correspondant à Marseille. Ce sont : 1°cinq lettres d'Innocent III, qu'il demande la permission de conserver pour les joindre aux lettres inédites de ce pontife, qu'il réunit depuis plusieurs années pour former un supplément aux recueils de Baluze et de la Porte du Theil; 2° des documents relatifs à plusieurs archevêques d'Aix aux XIV et xv° siècles. Au moyen d'ingénieuses déductions, M. l'abbé Albanès en a tiré des rectifications très notables au catalogue des archevêques d'Aix, tel que les bénédictins l'ont établi dans le premier volume du Gallia christiana. M. Delisle estime que le travail de M. l'abbé Albanès mérite d'être publié dans le Bulletin du Comité; les documents qu'il a recueillis dans les archives des Bouches-du-Rhône et dans celles du Vatican sont intéressants par eux-mêmes et tirent d'ailleurs leur valeur principale de la discussion à laquelle le savant correspondant du Comité les a soumis. Renvoi du mémoire de M. l'abbé Albanès à la commission du Bulletin.

M. Delisle fait ensuite un rapport verbal sur les douze lettres de Saumaise, adressées à Du Puy et à Peiresc, envoyées par M. Henri Beaune, correspondant à Lyon, ainsi que sur deux chartes de Louis VII, de 1142 et de 1157, transcrites par M. Pelicier, correspondant à Châlons-sur-Marne. M. Delisle propose le dépôt de ces documents aux archives, et le Comité approuve ces conclusions.

M. de Montaiglon lit un rapport sur une peinture murale de l'église de Vaucelles, à Caen, signalée par M. de Beaurepaire, correspondant en cette ville.

Renvoi à la commission du Bulletin.

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