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Il faut donc, au nom de la prosodie, exclure l'hypothèse qui a séduit M. Grellet-Balguerie et chercher une fin de vers dans un trissyllabe formé, sinon d'une brève et de deux longues, au moins d'une douteuse et de deux longues comme sont les noms Radulfus, Robertus, Geraldus, etc.

Le choix est d'ailleurs limité; il ne peut porter que sur un personnage ayant une grande notoriété par ses compositions poétiques. Gérard, disciple d'Albon, condisciple d'Aimoin, au commencement du xr siècle, répond à l'une des données du problème. Mais la forme des caractères annonce bien plutôt la fin du x1° siècle que le commencement de ce siècle; le même pan de mur nous offre des termes de comparaison dans les épitaphes si connues de l'abbé Veran (vers 1085) et de l'abbé Joscerand (vers 1096). Le poète en renom à Fleury, vers l'an 1100, était Raoul Tortaire, professeur de versification latine et auteur de milliers de vers aujourd'hui oubliés, mais conservés dans cette portion de la bibliothèque Vaticane, qui provient de Fleury. C'était vraiment un maître pour ses contemporains et à nul mieux qu'à sa personne ne s'appliquerait le

vers:

Hic situs es clarus, verbo versuque magister.

qui mettrait les souvenirs de M. Marchand d'accord avec la prosodie. Mais il ne s'agit pas de substituer une hypothèse à une autre hypothèse. Il y a des choses qu'il faut se résigner à ignorer. Dans l'état de la question, nous manquons de données suffisantes pour combler à coup sûr la lacune existant dans l'inscription de SaintBenoît-sur-Loire; peut-être quelque jour une ancienne copie de ces deux distiques se retrouvera-t-elle. En attendant cette éventualité peu probable, le monument original devrait être l'objet d'un nouvel examen. L'estampage sur papier, quoique défectueux, révèle. en effet, l'existence sur la pierre de certains traits dont M. GrelletBalguerie a négligé de tenir compte sur son calque, qui cadrent mal avec son essai de restitution, mais qui peuvent fournir des repères utiles pour la détermination du nom cherché.

Dans ces circonstances, j'ai l'honneur de proposer le dépôt aux archives de la correspondance de M. Grellet-Balguerie avec ses annexes. Je dois ajouter qu'au moment même où cet explorateur saisissait le Comité de la question, il faisait sur le même sujet une communication à la Société archéologique de l'Orléanais, qui s'en

occupe de son côté. Le Comité n'a jamais approuvé ces consultations parallèles et a toujours réservé la publicité de son Bulletin aux travaux qui lui étaient exclusivement destinés.

Le procès-verbal de la dernière réunion de la Sorbonne constate que M. Grellet-Balguerie, qui est un chercheur infatigable et parfois heureux, a fait à cette assemblée une communication beaucoup plus ample sur les inscriptions de Fleury; il y a produit, indépendamment des inscriptions de Veran et de Joscerand, sur lesquelles il n'y a plus rien à dire, des fragments au nom d'Helgaud, bien faits pour attirer l'attention. Il y aurait eu intérêt à rechercher si ces fragments n'étaient pas les débris des inscriptions publiées par le cardinal Maï dans le tome V de sa Scriptorum veterum nova collectio et insérées par Helgaud lui-même dans son Epitome vitæ Roberti regis. Espérons qu'après avoir fait entrevoir un estampage de ces fragments, M. Grellet-Balguerie les livrera quelque jour à une discussion critique.

Quant à l'épitaphe du poète de Fleury, qui se désagrège de jour en jour davantage aux intempéries des saisons, elle réclame une mesure de conservation. A défaut des soins que pourrait prendre la Commission des monuments historiques, dans le service de laquelle est placé l'édifice, il serait désirable que la Société archéologique de l'Orléanais, si dévouée aux grands souvenirs de Saint-Benoît-surLoire, en fit exécuter un bon moulage pour le conserver dans ses collections. Si la discussion provoquée par M. Grellet-Balguerie aboutissait à ce résultat, elle n'aurait pas été sans profit pour l'épigraphie du moyen âge.

A. RAMÉ,

Membre du Comité.

EMPREINTE DE SCEAUX APPARTENANT À LA COMMunauté de damES
DE SAINTE-CROIX DE POITIERS.

Communication de M. l'abbé Barbier de Montault, correspondant à Poitiers.

(Séance du 15 janvier 1883.)

M. le chanoine Barbier de Montault a adressé au Ministère pour le Comité trois empreintes en cire prises sur des sceaux originaux appartenant à la communauté des dames de Sainte-Croix de Poitiers, et qui proviennent de l'ancienne abbaye de ce nom. Voici la description de ces empreintes :

1. La crucifixion: Jésus-Christ en croix; au pied de la croix, la Vierge et saint Jean. Ce sujet est gravé sur une améthyste formant le chaton d'un anneau abbatial en argent. Ce sceau, qui paraît remonter au XVIIe siècle, n'a pas de légende. Hauteur, 10 millimètres; largeur, 8 millimètres.

2. L'assomption de la Vierge sceau d'argent du XVIIe siècle, avec manche en bois. On y lit une légende ajoutée de nos jours, lorsque la communauté de Sainte-Croix voulut utiliser ces anciens sceaux: Congrégation des enfants de Marie du monastère de Sainte-Croix. Hauteur, 15 millimètres; largeur, 13 millimètres.

3. Empreinte d'un cachet de cuivre qui paraît avoir été gravé également au XVIII siècle. Le type est un écusson portant en guise! d'armoiries les lettres J. B. et surmonté d'une couronne de roses. Hauteur, 12 millimètres; largeur, 9 millimètres.

M. Barbier de Montault pense que ces empreintes ne seraient pas déplacées dans la collection des Archives nationales. Sauf l'avis de M. le directeur général des Archives, je crois que, malgré le peu d'ancienneté de ces empreintes, il ne serait pas inutile de les réunir à celles dont on doit l'inventaire à notre regretté collègue, Douët d'Arcq. La première est intéressante; peut-être, s'il l'avait connue, le savant auteur de l'Inventaire des sceaux des Archives auraitil interprété avec plus de précision le seul sceau de l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers qu'il ait mentionné1? Sur ce sceau, appendu à une charte de l'an 1396, il voit une femme tenant un sceptre fleurdelisé, debout près d'une croix, et, de l'autre côté, un homme agenouillé tenant une crosse.

M. Douët d'Arcq n'a pas autrement désigné ces deux personnages. Ne faut-il pas y voir la Vierge et saint Jean, comme sur le premier des sceaux de l'abbaye de Sainte-Croix envoyé par M. Barbier de Montault? Si cette hypothèse était acceptée, il y aurait utilité à réaliser le désir exprimé par notre correspondant, c'est-àdire à placer l'empreinte du sceau du xvII° siècle à côté de celle du sceau du XIV. Quoi qu'il en soit, je demande que des remerciements soient adressés à notre correspondant.

Puisque l'occasion s'en présente, je signalerai un autre monument relatif à l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers; il n'est pas inédit,

1 Inventaire des sceaux des Archives, t. III, p. 157, n° 9246.

is il n'a pas été reconnu pour ce qu'il est. S'il fallait ajouter à Duby, l'abbaye de Sainte-Croix de Poitiers aurait frappé mone. Je crois que c'est inexact. La rare pièce d'argent, conservée Cabinet des médailles, décrite par l'auteur du Traité des monnaies Barons, t. I, p. 73, pl. xvi, 1, est un méreau ou un jeton du siècle. On y lit le nom et on y reconnaît les armoiries de Mageine de Bourbon-Vendôme, sœur de Louis de Bourbon, le mier des princes de Condé, et tante paternelle de Henri IV. tte princesse fut abbesse de Sainte-Croix de Poitiers, en 1554; e l'était encore en 1561 d'après le Père Anselme et le Gallia

istiana.

CHABOUILLET,

Membre du Comité.

DEUX ARCHEVÊQUES D'AIX QUI N'EN FONT QU'un seul
ET UN AUTRE Archevêque qui en fait deux.
Communication de M. l'abbé Albanès, correspondant du Comité.
(Séance du 15 janvier 1883.)

PREMIÈRE PARTIE.

Celui qui aurait besoin de savoir, d'une manière indubitable, par i fut gouvernée, de 1329 à 1348, l'église métropolitaine d'Aix, Provence, pourrait se trouver dans un bien grand embarras. A ins qu'il ne fût en mesure de recourir par lui-même aux doments et pièces d'archives de cette époque, il lui faudrait forcéent s'adresser à ceux qui ont écrit l'histoire des archevêques d'Aix, accepter les renseignements qu'il rencontrerait chez eux. Or, voici el serait, en consultant tous les ouvrages qui ont traité le plus à ad cette matière et qui semblent faire foi sur ces questions, le sultat définitif auquel il arriverait.

Pitton, l'historien officiel de l'église d'Aix, nous apprend qu'après rchevêque Jacques de Concos, qui mourut en 1329, le siège Aix fut occupé par Arnaud de Barchésio, lequel étant mort en 336, eut pour successeur Armand de Narcisso, qui vécut jusqu'en 3481. Disons tout de suite, une fois pour toutes, que ni le nom Barchesio, ni celui de Narcisso ne se lisent dans les actes où l'on

1 Annales de la sainte Église d'Aix, par Jean Scholastique Pitton, Aix, 1668, -4°, p. 174, 176.. Le texte de Pitton donne aux deux archevêques le nom d'Arud; mais l'errata nous apprend qu'il faut remplacer le second Arnaud par Armand.

a puisé tout ce que l'on a dit de ces prélats, c'est-à-dire dans les archives de l'archevêché et du chapitre d'Aix, et dans celles de la Cour des comptes de Provence; ils ne se lisent pas davantage dans les autres pièces qu'il nous a été permis de consulter, ainsi qu'on le verra par nos citations.

Louvet qui, comme Pitton, écrivait en Provence, et qui a fait, quelques années après lui, l'histoire de tous les évêchés provençaux, a adopté pleinement l'opinion de son prédécesseur, et nous enseigne dans les mêmes termes qu'Arnaud de Barchésio et Armand de Narcisso montèrent l'un après l'autre sur le siège d'Aix, et que ce dernier mourut au château de Puyricard, en 1348 1.

Le Gallia christiana, dont l'autorité est tout autre que celle des deux précédents historiens, ne diffère de ceux-ci à peu près en rien. Comme eux, il admet d'abord un archevêque Arnaud, sans surnom, car ce n'est que dans les Addenda qu'il lui donne celui de Varcey, et il place après lui Armand de Barcésio 2. Il y a, il est vrai, une variante, puisqu'il met en marge: alias Narcesio. Ce nom-ci est parfaitement exact; mais les deux autres admis par le Gallia sont des noms de pure fantaisie.

Si nous cherchons à connaître le sentiment de Pierre-Joseph de Haitze, à qui nous devons une autre histoire des archevêques d'Aix, nous pourrons nous convaincre qu'il a accepté, avec non moins d'uniformité, Arnaud surnommé de Barchésio et, après celui-ci, Armand de Narcisso 3.

Si nous nous adressons à Papon, l'historien de la Provence, nous trouverons également chez lui Arnaud de Varcey et Armand de Barcès ou de Narcès 4. C'est, ni plus ni moins, la reproduction de ce qu'a dit le Gallia christiana.

Enfin si, pour avoir le dernier mot de la science actuelle, nous ouvrons un ouvrage publié presque de nos jours 5, nous y verrons

1 Abrégé de l'histoire de Provence, par Pierre Louvet, t. II, Aix, 1676, in-12, p. 44, 45.

3

Gallia christiana, t. I, Paris, 1715, p. 322.

L'Episcopat métropolitain d'Aix, par P.-J. de Haitze, Aix, 1863, in-12, p. 81. Cet ouvrage, composé au siècle passé, était resté inédit jusqu'à nos jours; on l'a publié sans prendre la peine de corriger une seule de ses innombrables erreurs. Histoire générale de Provence, par Papon, t. I, Aix, 1777, in-4°, p. 195. — Le surnom de Varcey ne se trouve que dans l'errata.

5 La France pontificale, Aix, par M. Fisquet, Paris, E. Repos. L'ouvrage, sans millésime, a paru de 1865 à 1870.

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