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ecclésiastiques. Le ministère des cultes perdrait ainsi une partie de ses attributions, comme l'archevêque de Paris une portion de sa juridiction. Les Chambres verraient passer dans le domaine des ordonnances, les règlements des attributions du grand aumônier. Placée sous l'autorité immédiate du saint-siége, cette institution introduirait en France le pouvoir des nonces; les libertés gallicanes, plusieurs dispositions de nos codes, et les lois du royaume seraient violées. Tel est le cercle des questions traitées par l'honorable et savant publiciste, auteur de cet écrit, qui mérite de fixer, à plus d'un titre, l'attention de tous nos lecteurs.

DICTIONNAIRE UNIVERSEL D'HISTOIRE ET DE GÉOGRAPHIE, par M. BOUILLET, proviseur du collége royal de Bourbon. Paris, chez Hachette.

Aujourd'hui qu'il existe tant d'ouvrages spéciaux sur l'histoire, la géographie, la mythologie, la biographie, et qu'il est devenu impossible d'en acquérir une collection complète, et presque aussi impossible d'en grouper dans son esprit les résultats épars, rien n'était plus à désirer que la publication d'un dictionnaire qui réunît en un court espace toutes ces connaissances diverses. M. Bouillet, proviseur du collége royal de Bourbon, a rempli ces conditions dans son Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, véritable encyclopédie où se trouvent résumées toutes les histoires et la géographie de toutes les parties du monde. Il n'est pas une seule question importante de l'histoire des empires, des religions, des lettres et des sciences, qui n'y trouve sa place et n'y soit traitée d'une manière sérieuse et avec de convenables développements.

Cet ouvrage est utile à toutes les classes de lecteurs, à l'écolier et à l'humaniste, qui cherchent à s'éclairer sur un nom d'homme ou de ville qu'ils ne connaissent pas, sur un événement dont ils entendent parler pour la première fois; au professeur, aussi à l'homme de lettres, au publiciste, à l'érudit même, qui, nonobstant de grands efforts de mémoire, ne peuvent toujours se rappeler, au moment même où ils le désirent le plus, telle date, tel fait, tel lieu.

L'ouvrage vient de s'améliorer encore par un supplément, comprenant la vie des hommes morts dans ces dernières années (Aimé-Martin, Sismondi, Frayssinous, Jouffroy, Royer-Collard, Jouy, Étienne, Soumet, Geoffroy Saint-Hilaire, Laffitte, Duperré, le duc d'Orléans, Chérubini, Keeren, Ottfrid Muller, Jackson, Grégoire XVI, etc., etc.),

et l'indication des lieux qui depuis 1842 environ ont pris une importance toute nouvelle, et dont il est souvent fait mention dans les journaux et les revues (Lahore, Isly, Dahra, Orléansville, etc.). On y trouve aussi un tableau, qu'on se procurerait difficilement ailleurs, de la population de la France depuis le dénombrement de 1846. Ce vaste répertoire de faits, de dates, de noms, etc., forme un volume de près de 2,000 pages grand in-8°. Son succès nous paraît assuré, et, pour notre compte, nous n'hésitons pas à le signaler à l'attention de nos lecteurs.

COMPTE RENDU des séances de la commission d'histoire de l'Académie royale de Belgique. Tome XIII, nos 1, 2, 3, 4. - Imprimerie de Hayez; Bruxelles, 1847.

Cette fois encore nous trouvons dans les cahiers que nous avons sous les yeux une foule de documents que les savants de tous les pays peuvent lire avec intérêt et consulter avec fruit.

D'abord M. Gachard nous donne (numéro 1) des renseignements sur ses recherches et ses découvertes dans les archives de Simaucas. Puis il soumet, entre autres travaux, à la savante Commission, une Notice sur un manuscrit de la bibliothèque royale de la Haye, contenant des lettres de D. Juan d'Autriche, du secrétaire Escobedo, des billets d'Antonio Perez, apostillés de la main de Philippe II, etc.; et une note Sur l'origine du nom de GUEUX, donné aux révolutionnaires des Pays-Bas dans le xvi siècle (numéros 3 et 4).

M. Em. Gachet a fourni, à son tour, de curieuses notices sur des manuscrits provenant de différentes bibliothèques.

Nous ne dirons rien, cette fois, de cette savante énumération de manuscrits et de publications récentes relatifs aux travaux de la Commission, que M. le baron de Reiffenberg place à la fin de chaque bulletin; nous serions obligés de répéter nos éloges.

M. le docteur Coremans a fait aussi un long travail (numéro 4); il est intitulé : l'An 1640. Tableau historique d'après les archives

de la secrétaireric d'État de l'Allemagne et du Nord. L'auteur possède, dans ses papiers ou sa mémoire, une foule de petits détails plus ou moins curieux; mais il ne sait pas toujours écrire en français, et il n'entend rien à l'histoire générale du XVII siècle. Toutefois, hâtons-nous de le dire, les opuscules (éphémérides ou autres) de M. le docteur Coremans ne changent point notre opinion relativement aux travaux de la Commission royale d'histoire. Nous persistons à regarder l'ensemble des bulletins que nous avons sous les yeux comme un recueil très-précieux qui fait le plus grand honneur aux savants de la Belgique.

MÉLANGES.

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BALZAC ET TURNUS.

Que croyez-vous que ce soit d'être mis au nombre de vos auteurs, écrivait Balzac (1) aux Elzeviers de Leyde? C'est avoir rang parmi les consuls et les sénateurs de Rome, c'est être mêlé parmi les Cicéron et les Salluste. Quelle gloire de pouvoir dire : Je fais partie de cette république immortelle, j'ai été reçu dans cette société de demidieux!» Cette gloire, Balzac l'a obtenue par delà ses vœux. Seulement, il en jouit, et il en jouira longtemps encore sous le nom de Turnus.

Ce Turnus, qui a usurpé la gloire de notre Balzac, est un poëte latin du premier siècle de notre ère, qui naquit d'une famille d'affranchis (2), en Campanie, à Aurunca, patrie de Lucilius et d'autres sati, riques célèbres (3). Lui aussi devint célèbre dans la satire, poésie nationale chez les Romains; et Martial l'a glorifié avec ce centon de Virgile:

Contulit ad satiras ingentia pectora Turnus (4).

De ses satires, que Martial qualifie de nobiles (5) ou fameuses, que vantent Rutilius dans son Itinéraire (6), Sidonius Apollinaris (7), et dont parle au sixième siècle Lydus (8), il ne nous reste que deux vers, fort altérés et à peu près inintelligibles, qu'on lit dans le scholiaste de

(1) En tête des Lettres choisies, Amsterdam, 1656.

(2) Ces détails nous sont donnés par l'ancien scholiaste de Juvénal, ad sat. I, v, 20 Magnus eq. Auruncæ fl, alumnus. « Turnum dicit Scævæ Memoris tragici poetæ fratrem. Turnus hic libertini generis ad honores ambitione provectus est, potens in aula Vespasianorum Titi et Domitiani. »

(3) Lenius qui et ipse satiras scripsit; Silius et ipse sui temporis satiricus. SCHOLIASTES VETUS, ibid.

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(8) Τοῦρνος δὲ καὶ Ἰουβενάλιος καὶ Πετρώνιος, αὐτόθεν ταῖς λοιδορίαις ἐπεξελ

θόντες, τὸν σατυρικὸν νόμον παρέτρωσαν.

LYDUS, I, 41, De magistratibus reip. rom.

Juvénal. Ils viennent manifestement d'une satire où Turnus attaquait Néron, puisqu'il y est question de l'empoisonneuse Locuste (1):

Ex qua Cæsareas soboles horrida Locusta
Occidit cura sui verna nota Neroni.

Sur cette donnée, Wernsdorff, critique ingénieux et hardi, a cru pouvoir attribuer à Turnus trente vers, où il retrouvait l'ingentia pectora dont parle Martial, trente vers que Burmann avait, avant lui et le premier, admis, sans désignation d'auteur, dans son Anthologie latine. Ces vers semblent en effet d'origine antique, à faire illusion. Ils sont dirigés contre les auteurs qui faisaient l'apologie des crimes de Néron, et qui décoraient du beau nom de paix la faiblesse et la décrépitude de l'empire,

Et molle imperii senium sub nomine pacis.

Qu'il y a de poésie dans cette indignation, dans la douleur de voir les Muses, les filles de Jupiter, prostituer leurs personnes sacrées, et aider l'enfer à prévaloir contre les cieux ! La tirade se termine par cette grande pensée que la poésie et l'éloquence font les croyances de la terre :

Qualibet et stolido verbis illuditur orbi.

Mais si beaux que soient ces vers, ils ne sont pas anciens; et bien qu'ils aient reçu des lettres-patentes de noblesse antique, de Burmann dans l'Anthologia latina, de Wernsdorff dans les Poetæ minores, de Lemaire dans sa Bibliothèque classique latine, de M. Panckoucke dans sa Bibliothèque latine-française, de M. Nisard dans sa Collection des auteurs latins, etc., ils n'en sont pas moins de Jean-Louis Guez, seigneur de Balzac. Burmann les trouva dans les Entretiens de Balzac, publiés après sa mort en 1657, et prit au sérieux la fantaisie de ce bel-esprit en veine d'érudition : « Ce fragment a été tiré d'un parchemin pourri en plusieurs endroits et à demi mangé de vieillesse, etc. » L'erreur de Burmann vint de ce qu'il ignorait que ces trente vers, publiés en 1657 dans les Entretiens, l'avaient déjà été en 1650 et 1651, dans les Joannis Ludovici Guezii Balzacii carmina, in-4° et in-12, avec quelques changements, avec douze vers d'introduction, suivis de trentè autres vers, le tout adressé au marquis, depuis duc de Montausier, sous le titre de Indignatio in poetas Neronianorum temporum ad nobilissimum Sammauranum Montoserii marchionem. Enfin, ils sont précédés de cette indication: FICTA PRO ANTIQUIS. Muret avait mis sciemment en défaut la critique et le goût de Scaliger; mais Balzac n'a cherché à tromper personne. Néanmoins,

(1) Ce même scholiaste de Juvénal nous apprend que Locuste était une grande dame de la Gaule : « Locustam ex Galliis matronam veneficam, »>

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