INTRODUCTION l'occasion du plan de Paris dessiné par Truschet et Hoyau, édité par Gilles Corrozet et retrouvé à Bâle en 1874, M. Cousin, notre savant confrère, a très bien établi les règles de la cartographie parisienne. Nous allons les rappeler sommairement pour l'intelligence de ce qui suit. Gilles Corrozet nous a conservé la mention d'un édit de Henri II, du 8 septembre 1550, ordonnant de faire le portrait et dessin de la closture et fortification de tout Paris, compris les fauxbourgs, . tant de l'Université que de la Ville, avec permission de bastir et édifier dedans cette closture. Ce plan officiel manuscrit, dont on ne connaît pas autrement a l'existence, a été le type de tous les plans de Paris du xv siècle, y compris les plans antérieurs, qui peuvent se ramener à trois principaux : 1o Le plan de Braun, donnant l'état de Paris vers 1530; 2o Le plan de Tapisserie, représentant Paris vers 1537; 3o Le plan officiel que l'on suppose avoir été dressé en 1550, représenté par les plans de Bâle, de Du Cerceau et de Belleforest. Le plan officiel, levé sous Henri II, fut sacrifié sans doute pour les études du grand plan nouveau, dressé par Quesnel, en 1609, alors que l'état de Paris fut métamorphosé par Henri IV; il ne fut plus copié et reproduit à partir de cette époque, à moins que ce ne soit à l'étranger. Nous citerons maintenant l'ouvrage de M. A. Bonnardot, les Études archéologiques sur les anciens plans de Paris, moins pour le critiquer que pour le compléter en certains points. Le plus ancien plan gravé de Paris que je connaisse représente cette ville vers 1530, quoique le texte annonce l'année 1548. C'est une horrible estampe sur bois, qui n'offre d'autre intérêt que sa date. Elle se trouve insérée dans plusieurs éditions de la Cosmographie de Sébastien Munster. La première édition de cette géographie est, selon Brunet, de 1541. On voit à la Bibliothèque nationale celle de 1544. Toutes deux sont en allemand, éditées à Bâle et ne contiennent aucun plan de Paris. Mais dans l'édition latine de 1550 se trouve le plan en question. Il existe peutêtre une édition de 1548, qui déjà le renferme, puisqu'au revers de la planche on lit (en diverses langues) que ce plan représente : Le portrait de la ville de Paris en 1548. « C'est donc dans la Cosmographie de Sébastien Munster, édition de 1550 et suivantes, que se trouve inséré le premier plan gravé de Paris (du moins à ma connaissance), plan dont les détails annoncent la date que je lui attribue. Il existe même des éditions publiées à Bâle ou ailleurs au commencement du XVIIe siècle, avec tirage ou copie de la même planche. Celles de 1550 et 1554 sont des traductions latines dues, selon Brunet, à Sébastien Munster lui-même; celles de 1552 et 1556 sont des traductions françaises. Au reste, peu nous importe que le texte de cet ouvrage, qui est presque partout un tissu d'absurdités, soit en telle ou telle langue; le point essentiel pour nous, c'est de constater la date de la première apparition du plan de Paris. Quant aux quelques lignes de texte qui concernent cette ville, elles n'ont pour nous aucune valeur. « Je décrirai ce plan à vol d'oiseau, d'après l'édition française de 1552, publiée à Bâle par Henry Pierre. Cette planche m'a paru être identiquement la même dans toutes les éditions de Munster: cependant on remarque quelques dissemblances. Si, dans les diverses éditions que j'ai vues, sans pouvoir les comparer, l'estampe n'est pas tirée de la inême planche, c'en est au moins le calque fidèle, puisque la dimension en est identique. Il eût été difficile de tracer une image plus grossière de notre capitale. Le nom du graveur de ce plan informe nous est inconnu. C'est au reste un renseignement assez inutile. Les Parisiens durent se contenter pendant longtemps, en fait de plan de Paris gravé, de la monstrueuse estampe de Munster et de ses copies. « Il existe, outre les nombreuses éditions en plusieurs langues de la Cosmographie de Munster, des ouvrages de plusieurs titres, où figurent en plus petit des images de Paris, copiées sur celles-ci, ou du moins tracées d'après le même modèle. Ces reproductions m'ont paru offrir si peu d'intérêt, que j'ai dédaigné de rechercher les ouvrages qui les renferment. Je me bornerai à citer l'in-folio intitulé Plantz, Pourtraits et Descriptions de plusieurs villes d'Europe, par Antoine Du Pinet, Lyon, 1564, où l'on voit un plan de Paris gravé sur bois, ou du moins dessiné par Jean d'Ogerolles. Il est encadré de riches enroulements, de mascarons, cariatides et animaux fantastiques. Cette petite estampe a beaucoup de ressemblance avec celle de Munster, et dérive assurément de la même source. Les tailles en sont plus délicates, mais le dessin en est aussi grossier, aussi défectueux. On y remarque les armes de France et de Paris, et, au bas, sept renvois. » Les passages soulignés sont ceux où nous ne sommes pas d'accord avec M. Bonnardot, et sur lesquels nous reviendrons plus loin. On voudra bien observer également que l'auteur n'a pas connu directement le plan dont il nous reste à parler, mais qu'il l'a connu indirectement par l'ouvrage de Du Pinet, où il se trouve reproduit avec adjonction d'un cadre, ce qui a fait illusion aux contemporains et à M. Bonnardot lui-même. Que ne l'a-t-il comparé attentivement avec celui de Sébastien Munster? La vérité fût sortie de cet examen. A distance on peut s'y tromper, de près ce n'est pas possible; et puis il faut faire la part du préjugé que nous avons subi nous-même avant l'étude attentive des deux représentations: Le plan de Munster est le plus ancien plan gravé de Paris que je connaisse. Au nombre des documents précieux rassemblés pour être utilisés par le service historique de la ville de Paris et qui périrent dans l'incendie de mai 1871 se trouvait un volume peu connu qui renfermait un plan de Paris sur lequel l'attention n'avait pas encore été appelée. L'ouvrage avait pour titre : Le premier (et le second) livre des Chroniques et Gestes admirables des Empereurs avec les effigies d'iceulx, Lyon, Balthasar |