UNE ÉPÉE GAULOISE TROUVÉE A SALON (AUBE) RAPPORT AU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES Revue des Sociétés savantes, 1874. Bibl., no 161.) Une découverte vraiment digne de ce nom, parce qu'elle met la science en possession d'un objet jusqu'ici sans analogue, du moins en France, nous est signalée par M. Morel, percepteur à Courtisols (Marne). Un particulier, tirant du sable dans la commune de Salon (Aube), a trouvé, à la profondeur de 30 centimètres, une épée gauloise placée à côté d'un squelette. Cette épée appartient à la classe des épées de fer. Comme toutes les armes de la même espèce, elle avait un fourreau de fer mince dont on n'a rien pu conserver à cause de son état de destruction. La longueur totale, lame et poignée, est de 45 centimètres; elle est moindre par conséquent que celle des autres épées de fer; mais ce qui distingue celle-ci toute particulièrement, c'est que sa poignée est en bronze ou du moins en fer recouvert d'une enveloppe de bronze. De plus, cette partie est figurée en façon d'un homme qui lève les bras et écarte les jambes. La tête et les bras produisent un pommeau accompagné de deux antennes. La tige de la poignée est fournie par le buste, les jambes forment la garde, qui est rabattue sur la lame à la mode gauloise. Au lieu de pieds et de mains, les membres ont pour extrémités des boutons. Ce qui fait l'intérêt de cette pièce, c'est la représentation de la figure humaine comme motif d'ornement. L'art celtique est d'une pauvreté excessive du côté de l'imagerie. C'est au point que l'on a pu croire que, pour qu'une race aussi industrieuse que les Gaulois aient laissé si peu de monuments figurés, il fallait qu'ils s'en abstinssent par principe. En effet, si l'on excepte les types monétaires auxquels ils furent amenés du moment qu'ils trouvèrent bon de contrefaire les monnaies grecques, il ne nous reste d'eux que quelques figurines en terre cuite trouvées dans les stations lacustres et les sculptures de l'oppidum d'Entremont, conservées aujourd'hui au musée d'Aix-en-Provence. Si la section se rappelle les dessins des figurines retirées du lac du Bourget, qui ont été mis sous ses yeux il y a quelques années, elle m'approuvera de les qualifier d'ouvrages d'enfants, car l'enfant le moins adroit, s'essayant à modeler avec de l'argile ou avec de la cire, ferait aussi bien que cela. Quant aux sculptures d'Entremont, ce sont des bas-reliefs qui représentent un cavalier et des masques, images probables des têtes coupées que les Gaulois ont conservées comme trophées dans leurs demeures, au témoignage de Diodore de Sicile. Le travail de ces masques, tout barbare qu'il est, ne laisse pas d'ètre traité avec une véritable énergie. Il a surtout de remarquable un style qui le distingue des autres ouvrages de l'antiquité. Les traits du visage sont massifs, les bouches larges, les yeux bridés, les cheveux tirés du front sur le derrière de la tète. Or, ces caractères sont justement ceux du personnage qui surmonte l'épée de Salon. Il nous est donné à présent d'entrevoir que les procédés pour représenter la figure furent les mêmes dans toute la Gaule. Nous donnons la gravure d'un dessin dont M. Morel a accompagné son intéressante communication. RAPPORT AU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES SUR DIVERSES COMMUNICATIONS MANUSCRITES DE M. COURNAULT CORRESPONDANT ORNEMENTS GAULOIS EN OR. ÉPINGLES GAULOISES. LE chuté DE BOVIOLLES. NOUVELLES DÉCOUVERTES D'ANTIQUITÉS A NAIX. (Revue des Sociétés savantes, 1875. Bibliogr., no 162.) J'éprouve toujours le même regret lorsque je rends compte des envois de M. Cournault : c'est que le Comité ne puisse pas mettre sous les yeux des lecteurs de la Revue les dessins dont cet habile artiste, notre correspondant-modèle, accompagne ses communications. Ce sont presque toujours des dessins à l'aquarelle et de la grandeur des objets. Pour les publier, il ne faudrait rien moins que des planches exécutées en lithochromie dans le format d'atlas. C'est dire que nous sommes obligés de les tenir serrés dans nos archives, ou de n'en donner qu'un faible aperçu par quelques gravures réduites. Espérons qu'un jour viendra, par la suite des temps, où ils pourront être publiés dans leur dimension et avec tout l'éclat de leurs couleurs. L'ouvrage où ils seront réunis aura pour l'étude la valeur d'un musée. En classant dans l'ordre chronologique les objets sur lesquels M. Cournault appelle l'attention du Comité, je trouve en premier lieu des ornements gaulois en or dont s'est enrichi depuis peu le musée de Colmar. Ils ont été fournis par un complément de fouille exécuté dans un tumulus de la forêt d'Ensisheim (Alsace) qu'avait déjà exploré feu M. de Ring. J'ai résumé, il y a déjà longtemps, les résultats de la campagne de M. de Ring dans la forêt d'Ensisheim, d'après le Bulletin de la Société pour la conservation des monuments de l'Alsace'. La moisson d'antiquités gauloises avait été si abondante, et l'explorateur avait une si grande habitude des fouilles, qu'on devait 1. Revue des Sociétés savantes, 2o série, t. VII, 1862, p. 319. Voyez plus haut p. 80 et suiv. croire qu'il ne restait plus rien à trouver après lui. Mais voilà que l'administrateur actuel de la forêt s'avise de creuser le fond des tumulus retournés il y a quinze ans, et dans l'un se rencontre une poche creusée en terre qui contenait un diadème et un bracelet d'or, les deux pièces estimées, valeur métallique, à la somme de 1,700 fr. Avis au fouilleurs de tumulus. Il y a de ces sépultures qui recèlent des objets enfouis dans le sol sur lequel elles ont été établies. Cela avait été déjà dit, mais jamais pareille découverte n'avait recommandé ces cachettes aux investigations des archéologues. Le diadème consiste en une lame d'or « plus épaisse qu'une pièce de vingt francs,» dit M. Cournault. Il semble avoir été coulé dans sa forme circulaire, attendu qu'on n'aperçoit sur tout son pourtour aucune trace de soudure. Avant d'être enfoui, il a été déformé au moyen d'une pince dont la morsure est visible en plus de vingt endroits. La largeur de la lame est de 4 centimètres. Dans le milieu court un ornement en relief, d'une finesse extrême. Il est composé comme il suit : 1o un rang de perles; 2° un listel; 3° un rang de feuilles semblables à celles du lotus; 40 un listel; 5o un rang de couples de perles encadrées d'un cartouche; 6° un listel; 7° un entrelac produit par la course inverse de deux tigettes; 8° un listel; 9° en dernier lieu, un nouveau rang de perles précédé d'un bandeau lisse. Le tout est disposé parallèlement. M. Cournault a ajouté sur son dessin, comme terme de comparaison, une petite plaque d'or du musée de Berne, découverte aux environs de cette ville, et qui présente un ornement analogue, dans la composition duquel entre, de plus, une course de méandres. C'est l'occasion pour lui de faire ressortir la ressemblance de ces dessins avec ceux qui décorent un grand nombre de bijoux étrusques. Le bracelet est d'un travail plus simple. C'est une verge d'or massif avec une ouverture. Le bout de l'une des branches est creux, et le creux traversé par une goupille. Cinq boutons, deux gros et trois petits, sont relevés sur la verge à l'endroit de l'ouverture. L'empereur Guillaume a fait don au musée de Colmar de ces bijoux qui revenaient au domaine de la Couronne, d'après les lois allemandes. Une seconde feuille de dessins de M. Cournault représente des objets en bronze du Musée lorrain, rapprochés de pièces analogues que notre correspondant a copiées au musée de Zurich. C'est un assortiment de grosses et massives épingles gauloises, dont les têtes ont jusqu'à 32 et 33 millimètres de diamètre. Les longueurs sont |