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AU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES

LE CAMP ROMAIN DE DALHEIM

TROIS RAPPORTS SUR LES FOUILLES EXÉCUTÉES PAR ORDRE DE L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE DES TRAVAUX PUBLICS DU GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG. EXTRAIT DES PUBLICATIONS DE LA Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques du grand-duché de Luxembourg. 1851-1855.

(Revue des Sociétés savantes, 1859.

Bibliogr., no 105.)

Sur l'un des vastes plateaux du duché de Luxembourg d'où l'œil embrasse la vallée de la Moselle depuis Remich jusqu'à Metz, exista autrefois un grand établissement militaire, et, selon toute apparence, la station où l'on relayait entre Metz et Trèves, station dont le nom manque dans l'itinéraire d'Antonin. Ce lieu, qui dépend de la commune de Dalheim, est appelé Petzel dans la langue du pays. Au commencement du XVIIe siècle, il était encore couvert de ruines apparentes qui furent signalées par l'érudit Guillaume Wiltheim. Tous les topographes du Luxembourg en ont parlé comme d'une mine inépuisable d'antiquités. L'ouverture d'une grande route qui le traverse aujourd'hui ayant été votée en 1850 par la Chambre des députés du grand-duché, l'administration des travaux publics prit des mesures pour assurer la conservation de tous les objets qui seraient découverts. Des subventions furent allouées en même temps pour pousser les explorations au delà du tracé de la route. La société savante du Luxembourg a fait connaître le résultat des travaux dans trois rapports consécutifs, qui sont dus à la plume de son secrétaire, M. Namur.

Le rapporteur a eu soin de résumer les découvertes antérieures à celles dont il avait à tenir registre. Avant 1851, assez de choses étaient déjà sorties du sol pour qu'on pût reculer jusqu'au temps de la Gaule indépendante l'origine du camp de Dalheim. Les Romains s'y étaient établis lors de la conquête et n'avaient pas cessé d'y séjourner pendant toute la durée du haut empire. La composition d'un enfouissement considérable de monnaies, déterré en 1842, semblait indiquer

qu'ils en avaient été chassés temporairement entre les années 312 et 317.

Les nouvelles fouilles ont confirmé pleinement le fait d'une première destruction, par le grand nombre de fondations qu'on a trouvées où avaient été employés comme matériaux des débris de monuments plus anciens. On a pu également acquérir la conviction qu'une seconde destruction, dont l'établissement ne se releva plus, fut consommée du temps de Valentinien III: cela résulte de l'absence de toute monnaie postérieure à cet empereur; et tout le monde acquiescera aux conclusions de la Société archéologique du Luxembourg, lorsqu'elle déduit de cette circonstance que le camp de Dalheim a péri sous les coups d'Attila.

La direction d'une centaine de murs de fondation a été reconnue et relevée sur un plan qui accompagne le deuxième rapport. En fait de ruines qu'il soit permis de rapporter au camp proprement dit, on signale un énorme massif qui paraît avoir été la base d'une pyramide, et un tronçon de rempart. Les autres lignes de pierres seraient les décombres de logis intérieurs ou d'habitations établies hors du camp.

Environ 6,000 monnaies romaines d'argent et de bronze présentent 912 types différents. La série des impériales y figure presque au complet jusqu'à la limite précédemment indiquée, c'est-à-dire jusqu'à Valentinien III. Les consulaires sont en petit nombre et toutes des dernières années de la république. Il faut joindre à ce contingent trois bronzes gaulois anépigraphes et très frustes.

Une hache en silex est, avec ces trois pièces, le seul objet de l'époque celtique qu'on ait recueilli. Ceux de l'époque romaine sont innombrables. Ce sont des fibules de bronze de toutes les formes, quelquesunes émaillées, des boutons d'attache, des bagues d'or et de bronze, des boucles d'oreilles, des cuillers en bronze et en argent, des statuettes en bronze et en terre cuite, des balances romaines, des clefs, des outils de tailleur de pierre, de charpentier et de potier de terre, des débris d'armes, des fers de chevaux, de ces sabots de fer qu'on est convenu d'appeler hipposandales ', des perles en terre cuite, des fragments de verre, des tessons ou pièces entières de poterie de toutes les qualités, rouge, noire, jaune, grise, unie ou chargée d'ornements.

1. Le texte imprimé dans la Revue des Sociétés savantes porte : « de ces prétendues hipposandales qui sont bien plutôt des étriers de barbares ». J. Quicherat avait de sa main corrigé cette phrase sur son exemplaire; le texte que nous publions est conforme à cette correction. A. G.

L'épigraphie n'est représentée que par des fragments d'inscriptions très mutilés, par un cachet d'oculiste et par les marques de fabrique qui sont sur un certain nombre de vases. Deux mots moulés en relief et à l'envers sur la panse d'une grande jatte nous semblent devoir être lus autrement que l'a fait le judicieux rapporteur des fouilles. Il a cru distinguer ALPINI EORVM, et, sur ce fondement, il a émis l'opinion que le vase aurait appartenu à l'une des cohortes alpines. Nous proposons à la place de ALPINI EORUM, ALPINI FORM, car le second mot ne se compose que de quatre lettres et l'initiale n'a pas de traverse par en bas. C'est, selon nous, une simple marque de fabrique.

Quinze planches très soigneusement gravées représentent les principaux objets mentionnés dans les rapports; sur la dernière est l'image d'un monument commémoratif qui doit être élevé sur le lieu des fouilles aux frais de l'administration des travaux publics. Il y a, de plus, le plan ci-dessus mentionné, des substructions qui ont été mises à découvert, et une carte topographique des environs de Dalheim.

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La section se rappelle que j'ai déjà eu l'honneur de l'entretenir du rapport de M. Grimot; elle n'a pas oublié non plus les objections présentées par plusieurs de ses membres contre la découverte qui fait l'objet de ce rapport 1.

Après ce qui avait été dit, il m'a semblé nécessaire de me rendre auprès de notre honorable correspondant pour voir de mes yeux les objets signalés par lui au Comité, et pour recueillir de sa bouche, s'il était possible, un supplément d'information. Ainsi le compte rendu que je vais faire portera sur ma visite à M. l'abbé Grimot autant que sur son rapport.

Il s'agit, comme on sait, de vases égyptiens et grecs, aujourd'hui en la possession de M. Grimot, lesquels proviendraient d'une fouille exécutée dans le département de Seine-et-Oise.

J'exposerai d'abord les faits relatifs à la découverte.

Vers 1832, on nivelait un tertre dans une propriété du nom de Thun, qui est située au bas du vieux Meulan. Pendant toute la durée des travaux, on ne cessa de trouver des débris qui attestaient que le tertre avait servi pendant des siècles à usage de cimetière. Sous la première couche du sol, qui contenait des restes d'inhumations modernes, se montrèrent de ces cercueils de plâtre si fréquemment employés au moyen âge, et plus bas encore, lorsqu'on eut atteint une profondeur de 4 ou 5 mètres, on mit à découvert un grand sarcophage en grès et une douzaine de fosses revêtues de pierres calcaires superposées. Le sarcophage renfermait des ossements humains, des figurines égyptiennes, un morceau de bois très dur, et deux pots allongés en albâtre oriental, ayant aussi tous les caractères de vases égyptiens.

1. Voy. Revue des Sociétés savantes, 1859, 2o série, t. I, p. 705 et t. II, p. 13. A. G.

Dans l'une des sépultures en forme de fosse il y avait une lampe et quatre vases de terre cuite, dont deux furent considérés comme étrusques; le fond de la fosse était saupoudré d'un résidu noirâtre. Enfin l'on rencontra pêle-mêle, dans le sol environnant, quelques monnaies de cuivre, des silex, des fragments informes de fer et de bronze oxydés. M. Langevin, percepteur à Meulan, suivit ces travaux, mais non pas avec assiduité. Il se procura la plupart des pièces découvertes et recueillit la poudre noire dont je viens de parler. Il n'eut pas les figurines égyptiennes, qui furent brisées. Quant au sarcophage de grès, il fut brisé également ; mais quelques morceaux se conservèrent, et on les a vus longtemps chez M. Daguin, propriétaire du domaine de Thun. Il y avait dessus des caractères avec une décoration d'oiseaux et de losanges. Ils se sont égarés depuis.

Tels sont les souvenirs consignés par M. Langevin lui-même dans une lettre à M. Grimot, dont j'ai eu la communication. Je dois ajouter que les antiquités de Thun ont passé dans les mains de M. Grimot par un don tout à fait désintéressé. M. Langevin lui en a fait hommage parce qu'il le voyait y attacher une importance toute particulière.

Je me suis rendu chez M. Grimot, à l'Isle-Adam, en compagnie de M. Théodule Devéria, employé au Musée égyptien du Louvre : la présence d'un égyptologue exercé m'avait semblé d'autant plus nécessaire que le rapport mentionnait des inscriptions tracées au pinceau sur les vases d'albâtre.

Les dessins qui nous étaient parvenus en même temps que le rapport donnent l'idée la plus exacte de ces vases. Ils sont de forme allongée; l'un, haut de 30 centimètres, est un canope qui a pour couvercle une tête de singe cynocéphale; l'autre, plus bas de moitié, n'a pas de couvercle, son unique décoration est une bordure d'oves exécutée au pinceau autour de l'orifice. Tous deux semblent avoir été salis par un long usage; les inscriptions, autrefois appliquées dans des cartouches, sur le milieu de leurs panses, sont complètement effacées. Néanmoins M. Devéria a pu reconnaitre que celle du plus petit vase avait été en écriture hiératique. Il a même cru déchiffrer le mot égyptien qui signifie mesure. Dans tous les cas, il avait déclaré, à la première vue de l'objet, que c'était une mesure de capacité.

Les vases de terre cuite sont tous de petite dimension. Trois (je compte la lampe dans le nombre) appartiennent certainement à l'industrie romaine, et ne se distinguent en rien des produits analogues de la bonne époque; les deux autres, qui nous avaient été signalés comme étrusques, sont de fabrique grecque, mais plus épais que les vases de Samos. Il y en a un en forme d'aiguière avec une anse posée

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