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comme une bride par-dessus le col; l'autre est un lécythe dont le goulot a été brisé, ce qui permet d'apercevoir la couleur de la pâte, qui est rose. La décoration de l'aiguière consiste en une bordure de petites feuilles cordiformes posée au sommet de la panse; celle du lécythe est une figure de femme coiffée de la mitre. Ces ornements s'enlèvent en blanc sur un fond noir qui couvre la totalité de chaque pièce. La couverte du lécythe a un brillant qui lui donne de l'analogie avec les vernis émaillés de la poterie moderne.

A la vue de ces pièces, nous n'avons pas douté un moment de leur authenticité. Leur âge nous a semblé offrir une différence notable. M. Devéria juge les vases égyptiens antérieurs d'un grand nombre de siècles à l'ère chrétienne; selon toute apparence, les vases grecs sont beaucoup moins anciens que ceux que l'on trouve dans les sépultures de l'Italie méridionale.

Maintenant, la section voudra savoir notre avis sur le degré de certitude que présente la provenance qu'on leur attribue.

Si l'on s'en rapporte aux médailles que M. Grimot a envoyées au Comité, comme pièces justificatives de son Mémoire, les sépultures de Thun dateraient du règne des premiers empereurs. M. Chabouillet, qui a déterminé ces médailles, y a reconnu :

1o Une monnaie d'Alexandrie au type d'Adrien; 2o Une monnaie hébraïque de l'an 67 de J.-C. ; 3o Une monnaie grecque de Corcyre.

Ainsi il faudrait admettre qu'un comptoir, où s'étaient fixés des marchands égyptiens, juifs et grecs, exista à Meulan dans le premier siècle de notre ère.

Là-dessus M. Devéria fait cette objection. Comment des vases, qui remontent à l'époque de l'autonomie égyptienne et qui sont des produits les plus communs de cette époque, auraient-ils été conservés pendant des siècles pour être enfin apportés en Gaule? D'ailleurs, en admettant les circonstances déjà si difficiles à expliquer de la conservation et du transport, c'est-à-dire en faisant la supposition qu'un commerçant égyptien, émigré à Meulan, aurait emporté avec lui de quoi être inhumé suivant l'ancien rite de son pays, comment se fait-il que ce rite n'a pas été observé de point en point et qu'on n'ait trouvé qu'un canope, lorsqu'il aurait fallu en trouver quatre? car le vase à tête de cynocéphale est invariablement accompagné dans les tombeaux égyptiens de trois autres vases à têtes d'animaux représentant d'autres attributs de la divinité.

En présence de cette difficulté et de celle du même genre à laquelle donneraient lieu les vases grecs, j'ai dû me rappeler les récits

qui ont été faits dans le sein de la section, de prétendues découvertes d'antiquités égyptiennes et grecques annoncées plusieurs fois en divers lieux de la France, lesquelles, lorsqu'on a voulu les constater, se sont complètement évanouies ou n'ont montré que de grossières contrefaçons, ou bien encore ont laissé la conviction que les objets rendus par le sol y avaient été déposés depuis peu.

Ici, à la vérité, nous avons, avec des antiquités dont le caractère n'est pas douteux, la coïncidence de monnaies peu communes en France, très effacées, et dont des archéologues consommés auraient pu seuls connaitre la signification, de sorte qu'il faudrait supposer bien des ressources et une science peu commune de la part de ceux qui auraient profité des fouilles de Thun pour préparer une déception aux antiquaires du pays.

Mais, d'un autre côté, il s'agit d'une opération qui remonte à près de trente ans; M. Langevin, collecteur zélé d'objets rares, prend de toutes mains les antiquités qu'on lui présente même en écartant l'idée qu'on ait voulu lui tendre un piège, n'y a-t-il pas lieu d'appréhender que sa mémoire ne le serve pas bien et qu'il n'ait associé, comme produits des fouilles de Thun, des objets ayant une tout autre provenance? Des souvenirs qui datent de tant d'années ne peuvent pas fournir le degré de certitude requis pour la validité d'une enquête. Par ces considérations, je pense que nous ne devons accueillir qu'avec réserve le fait dont nous ne sommes pas moins obligés à M. l'abbé Grimot de nous avoir donné connaissance. Notre honorable correspondant comprendra de combien de circonspection il faut user avant d'admettre, dans le répertoire des objets que recèle notre sol toute une classe d'antiquités dont la présence chez nous s'explique si difficilement, surtout lorsqu'il est avéré que la supercherie a déjà tenté plusieurs fois de les y introduire. Mais si nous conservons des doutes, notre avis n'est pas que la question soit de celles qui ne recevront jamais une solution favorable. Dans la lettre dont j'ai résumé précédemment la substance, M. Langevin affirme que les objets de Thun ne sont pas les seuls de leur genre qu'ait fournis la contrée, que des analogues ont été trouvés à Mézières, à Épones, à Breuil, à Triel, à Vaux, etc., et qu'il s'occupe actuellement de les rechercher. Espérons que M. Grimot voudra bien apporter à la constatation des découvertes ultérieures le concours de son savoir et de son intelligence et qu'avec le même zèle dont il a déjà donné tant de preuves au Comité, il s'emploiera, si l'occasion s'en présente, à fixer définitivement un point de première importance pour l'archéologie.

RAPPORT

AU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES

SUR LA PARTIE Archéologique des tomes vii, vIII ET IX

DU

BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE LAON (1858 ET 1859)

VOIES ROMAINES DU VERMANDOIS

(Revue des Sociétés savantes, 1860.- Bibliogr., no 112.)

Plusieurs Mémoires, de M. Piette, forment une étude complète des voies romaines du pays. Ils sont consacrés à la description successive des grands chemins qui mettaient en communication, d'une part, Reims avec Arras, Amiens et Térouanne; d'autre part, Soissons avec Senlis, Troyes et Paris. L'auteur s'attache plus particulièrement à l'examen des tronçons contenus dans le département de l'Aisne.

Le sujet n'est pas nouveau. Il y a peu de voies romaines sur lesquelles on ait plus disserté que sur celles de la Picardie. Toutefois, M. Piette s'est donné la peine de vérifier sur le terrain les résultats précédemment obtenus; il ajoute ses observations à celles de ses devanciers. Sur plusieurs points, il propose des corrections dont nous ne nous permettrons pas de juger la valeur, car ce sont là de ces choses sur lesquelles il n'est possible de se prononcer que lorsqu'on possède la parfaite connaissance des lieux.

L'auteur nous paraît avoir suivi une méthode louable en ne se bornant pas à enregistrer des mesures et à indiquer l'état actuel des chaussées. Il jette les yeux à droite et à gauche, pour signaler tous les vestiges d'antiquités existant à proximité du parcours. Peutêtre est-il allé trop loin en profitant de l'occasion pour aborder à peu près toutes les questions controversées de l'histoire ancienne du pays. Nous n'aurions qu'à applaudir s'il avait dit le dernier mot sur ces questions; mais il ne fait que résumer des incertitudes et laisse la science dans le doute où elle était auparavant.

Pour la partie pratique du métier, M. Piette se montre dominé par un certain nombre d'idées préconçues qui l'empêchent de tirer de ses explorations tout le parti désirable. Ainsi, il suppose invariablement la préexistence de capitales gauloises sur les emplacements où se sont élevées des cités romaines, ce qui est loin d'être un fait prouvé; il fixe l'étendue de ces mêmes cités à toutes les époques de la domination romaine, d'après les enceintes fortifiées dont on retrouve les vestiges, quand il est certain que ces enceintes, construites aux derniers temps de l'empire, n'enfermèrent que des espaces très réduits comparativement à ceux sur lesquels les villes s'étaient d'abord développées; il voit d'anciens magasins à blés dans les lieux du nom de Basoche, basilica, où il y aurait à chercher et peut-être à trouver les traces de prétoires, ou tout au moins de très anciennes églises qui s'y élevèrent primitivement; il attribue à la présence de colonies romaines l'appellation locale de Cologne, qui n'indique pas autre chose dans nos campagnes que l'exploitation ancienne du terroir par cette espèce de cultivateurs qui étaient désignés sous le nom de coloni, etc., etc. Voilà autant de traits sur lesquels M. Piette reconnaîtra qu'il importe de ne pas se méprendre, car ils caractérisent l'état de choses dont ce savant emploie ses courses et son zèle à chercher les traces encore visibles. L'archéologue voyageur est celui qui est appelé à rendre à la science les plus grands services; mais il faut pour cela qu'il ait la notion exacte des faits acquis qui peuvent éclairer sa recherche. Une fausse doctrine qu'on a dans la tėte suffit pour faire passer à l'état de lettre morte les témoignages les plus apparents qu'on a devant les yeux.

RAPPORT

AU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES

SUR LES

MEMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE MAINE-ET-LOIRE (CINQUIÈME VOLUME, 1859)

ROBRICA STATION ROMAINE

(Revue des Sociétés savantes, 1861.- Bibliogr., no 114.)

Robrica ne nous est connu que par la carte de Peutinger, qui en marque la position entre Juliomagus (Angers) et Cæsarodunum (Tours). D'Anville et Lapie ont identifié ce lieu l'un, avec Longué, l'autre avec Beaufort, deux villes situées sur la rive droite de la Loire. Les historiens et antiquaires du pays, tels que Robin, La Sauvagère, Bodin, ont porté au contraire Robrica sur la rive gauche du fleuve, et ils lui ont assigné pour emplacement le plateau de Chẻnehutte, mine abondante d'antiquités que la tradition dit être les restes d'une ville qui se serait appelée Orval.

M. Boreau se prononce également pour la rive gauche; et sur ce point il nous semble difficile de contester l'opinion des Angevins, car le Vallage, qui borde la rive droite à une grande distance dans l'intérieur, était un pays exposé aux inondations avant l'établissement des levées de la Loire; la circulation aurait été sans cesse interrompue si elle s'était faite de ce côté. Au contraire, une côte élevée, où l'on n'a rien à redouter des caprices du fleuve, règne tout le long de la rive gauche. D'ailleurs la grande voie qui aurait traversé le Vallage n'a pas été rigoureusement constatée, tandis que celle qui longeait la côte se révèle encore par plusieurs tronçons, et, là où elle n'existe plus, son parcours est indiqué par des ruines si rapprochées les unes des autres qu'elles forment comme une rue. Enfin, c'est sur la rive gauche que la carte romaine figure le tracé.

Quant à la position de Robrica, M. Boreau l'enlève à Chénehutte pour la transporter à Pont-Fouchard, qui est un faubourg de Saumur. Voici sur quels motifs il appuie son opinion à cet égard:

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