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D'abord le nom de Robrica peut être considéré comme une contraction de Toarobrica ou Toarobriga, et s'interprèter Passage du Thouet, ce qui s'applique on ne peut mieux au Pont-Fouchard.

En second lieu, la distance marquée par la carte de Peutinger entre Juliomagus et Robrica est de 17 lieues gauloises. Or 17 lieues gauloises, évaluées d'après le système de M. Pistollet de Saint-Ferjeux, qui a démontré que la lieue gauloise contenait 2,415 mètres, font 41 kilomètres, et 41 kilomètres représentent la distance d'Angers à Saumur.

L'une et l'autre de ces propositions prètent le flanc à des objections péremptoires.

Il n'est pas démontré que Robrica soit la contraction d'un composé où entre le nom du Thouet, car, s'il en était ainsi, mème en supposant l'aphérèse des deux syllabes Toa, il resterait Riobrica, le nom latinisé du Thouet ayant été Toarius et non Toarus. D'ailleurs le radical briga dans les composés celtiques ne signifie pas un pont ou un passage de rivière, comme le brug ou bruck germanique, mais bien une éminence. C'est un point que M. Roget de Belloguet a mis hors de contestation dans son Ethnogénie gauloise.

Quant au système de M. Pistollet de Saint-Ferjeux sur la mesure de la lieue gauloise, il est fondé sur une lecture de la fameuse inscription géographique d'Autun, que M. le général Creuly vient de réformer, et, par suite de la leçon nouvelle, la lieue gauloise reprend sa contenance de 2,220 mètres, qui résultait d'ailleurs de tant d'autres données 1.

La conjecture de M. Boreau sur Robrica ne nous parait donc pas admissible. Il faut chercher ce lieu à 37 ou 38 kilomètres d'Angers. et non pas à 41. Nous convenons que, si, en opérant d'après cette base, la station dont il s'agit ne peut pas se rencontrer à Saumur, elle ne peut pas non plus se rencontrer à Chénehutte: Chénehutte est trop près d'Angers, Saumur est trop loin.

Incidemment, M. Boreau s'est livré à une discussion sur le lieu appelé Tasciaca dans la carte Théodosienne. Selon lui, cette station. n'aurait pas existé sur la voie de Tours à Bourges, où on l'a toujours cherchée, mais bien sur un embranchement de Robrica à Bourges. En introduisant, dans cette hypothèse, le calcul de la lieue gauloise égale à 2,415 mètres, il trouve Tasciaca à Tauxigny en Touraine.

1. C'est là le passage qui a donné lieu à une réclamation de M. Pistollet de Saint-Ferjeux, et par suite aux recherches de J. Quicherat sur la lieue gauloise que nous avons publiées plus haut. A. G.

Indépendamment des objections qu'il y aurait à faire, comme cidessus, relativement au nom des lieux et à la mesure des distances, nous ne voyons pas ce qui autoriserait la critique à supposer un embranchement là où le dessin de la carte montre incontestablement une même ligne qui se continue; par conséquent nous laisserons Tasciaca à Thézé, emplacement déterminé par l'accord unanime des savants, et confirmé par la présence d'une ruine des plus importantes, la seule de la Gaule par laquelle il soit possible de se faire l'idée du genre d'établissement que les Romains appelaient Statio ou Mansio.

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AU COMITÉ DES TRAVAUX HISTORIQUES

SUR

L'ANNUAIRE DE LA SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DE LA VENDÉE (ANNÉES 1858 ET 1859)

FOUILLES DE L'ABBÉ BAUDRY A TROUSSEPOIL ET AU BERNARD.

(Revue des Sociétés savantes, 1861.

Bibliogr., no 116.)

Presque tout le contingent archéologique de ces deux volumes a été fourni par M. l'abbé Baudry, curé de la paroisse du Bernard, et concerne des fouilles auxquelles cet antiquaire, aussi entendu que zélé, s'est livré sur deux points de sa paroisse, d'abord au lieu dit Troussepoil, ensuite au village même du Bernard.

Troussepoil est un vallon voisin de l'Océan, fermé entre ces collines que les Poitevins appellent terriers. Ce sont des langues de terre qui vont en s'abaissant autour de basses prairies ou marais que plusieurs indices témoignent avoir été des baies de mer à une époque peu reculée, tellement que, dans l'opinion des savants du pays, le fond du vallon de Troussepoil était autrefois rempli à marée haute.

Ayant eu l'avantage de visiter ce lieu l'année dernière, en compagnie de M. Benjamin Fillon, j'ai recueilli une curieuse tradition de la bouche de cet infatigable explorateur, qui connait le département de la Vendée comme un propriétaire connait son domaine. Je rapporterai ce conte, parce qu'il n'est pas sans rapport avec les antiquités découvertes par M. l'abbé Baudry.

Le vallon de Troussepoil était anciennement le repaire d'une grosse bète noire à long poil, faite comme un ours, qui ravageait le pays plusieurs lieues à la ronde. Le monstre prenait plaisir à se baigner dans un ruisseau qui coule au fond de la vallée, et le nom de Troussepoil vient de ce qu'il se retirait de là le poil tout hérissé. Les vaches et les femmes étaient la viande qu'il préférait, de sorte qu'il n'y avait jour où il ne fit ample consommation des unes et des autres. Les habitants consternés implorèrent toutes les puissances pour être dé

livrés d'un si grand fléau. Le légat du pape se proposa pour exorciser la bête; mais il ne réussit pas, ayant perdu sa vertu parce qu'il avait embrassé une fille le matin. L'abbé de Fontaines échoua également pour avoir bu quatre chopines de vin passé minuit, et celui de Talmont pour avoir cassé la tête à un paysan qui lui barrait son chemin. L'abbaye d'Angles était alors gouvernée par un saint homme du nom de Martin, qui voulut aussi tenter l'aventure; mais il eut soin de passer d'abord cinq jours et cinq nuits en prières. Avec ses signes de croix, il réduisit la bête à venir se ranger sous son bâton et il l'amena ainsi, docile et douce comme un agneau, jusqu'au milieu de la cohue d'Angles. Les hommes et les femmes chantaient alleluia, mais les filles virent là dedans matière à risée et dirent : « Père Martin, dompis quand êtes vous breger dau diable? » L'abbé, sans rien répondre, fit monter la bête au pignon de l'église où elle est encore (il faut savoir que le pignon de l'église d'Agles, sur la façade, est surmonté d'une statue d'ours qui sert de pi al à une croix dressée sur son dos), et quand l'ours eut été changé en pierre par un nouveau signe de croix, le saint homme lui dit : « Tu ne vivras dès mesuy que de la beauté des filles d'Angles. » Et aussitôt les filles d'Angles, qui jusque-là avaient été jolies, devinrent laides.

Il y aurait peut-être lieu de rapprocher la bête de Troussepoil de l'ours dont il est question dans la légende de Saint-Vaast, et de celui qui désigna à sainte Richarde l'endroit où elle devait fonder l'abbaye d'Andlau. L'image de ce dernier, taillée dans un bloc de porphyre des Vosges, était placée autrefois, comme en sentinelle, à la porte de l'église d'Andlau : on l'a descendue dans la crypte où elle est devenue l'objet d'une sorte de vénération. Elle diffère, par son mouvement, de la statue posée sur le pignon de l'église d'Angles, car l'ours d'Andlau tourne la tête pour regarder derrière lui.

En attendant qu'on ait trouvé la signification exacte de ces animaux, il est permis de les considérer comme des symboles du paganisme vaincu, et la légende poitevine, par le tour qu'elle a, semble indiquer que les vieilles croyances se maintinrent très tard dans la vallée de Troussepoil.

Quoi qu'il en soit, ce lieu, qui est aujourd'hui désert, fut autrefois très habité. Sur les pentes des coteaux le sol est plein de débris, et depuis longtemps les chercheurs d'or, qui savent cela, s'évertuent à le fouiller pour en retirer des trésors.

C'est une tentative de ce genre qui donna l'éveil à M. l'abbé Baudry en 1858. Des gens avaient cherché et trouvé, au lieu d'or, des pots romains qu'il lui fut possible de recouvrer en partie. Lorsqu'il sut d'où

cela venait, il jugea à propos d'y aller fouiller ou faire fouiller à son

tour.

Des substructions furent bientôt constatées sur toute l'étendue d'un champ dit l'Essermilière, qui tient à la côte à laquelle appartient en propre le nom de Troussepoil. Les bâtiments, disséminés à des intervalles inégaux, semblaient avoir été autant de dépendances d'un autre bâtiment plus considérable. Celui-ci formait un ensemble de constructions, distribué en plus de quarante petites pièces ou cellules, toutes contiguës et qui couvraient environ vingt ares de terrain. Au bas de la côte une berge en briques, qui paraît avoir été établie pour la prise d'eau d'un moulin, n'a pas moins de 300 mètres de développement.

L'état des ruines de l'un des petits bâtiments a donné lieu à des observations pleines d'intérêt. L'édifice avait 15 mètres de long sur 8,50 de largeur. Le mur du nord, épais de 90 centimètres, était garni de cinq contreforts; le mur au levant présentait 1m,33 d'épaisseur, et sur les deux autres côtés la même dimension était seulement de 50 centimètres. La construction était grossièrement appareillée, reliée par un simple mortier de terre; le mortier à la chaux n'apparaissait qu'au parement intérieur des deux murs les plus épais.

Les couches de débris accumulées entre les murs indiquaient ce qu'avait été la maison. Voici dans quel ordre M. l'abbé Baudry les décrit à partir du fond.

Il y avait d'abord une couche de 30 centimètres de cendre, d'où on a extrait un linteau de porte en pierre taillée, une clé de serrure, une boule en grès percée, de la grosseur d'une noix, un grand vase à goulot, beaucoup de petits, os jugés appartenir à des brebis, un bois de cerf, deux petits trépieds en terre cuite, beaucoup de grands clous. Avec les cendres étaient mêlés les résidus charbonnés d'un ouvrage en charpente, plancher ou comble, dont les poutres, de 35 centimètres d'équarissage, avaient conservé leur forme. Par-dessus ce dépôt gisaient des tuiles à rebord, toutes avariées et portant la trace de l'incendie qui les avait précipitées d'en haut. Il y en avait près de deux charretées. Le lit de tuiles était recouvert d'une nouvelle couche de cendre, un peu plus épaisse que la première, remplie de coquilles d'huîtres et de tessons de poterie grise et rouge. M. Baudry signale des pièces en terre samienne d'une grande finesse, plusieurs avec des ornements en relief, avec la marque de fabrique IVIN. La couche de terre étendue sur ces décombres était d'environ 80 centimètres.

Dix-huit médailles ou monnaies de bronze ont été données par les fouilles des divers édifices. Il y a dans le nombre une pièce gauloise,

T. I.

17.

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