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Nous ne nous occuperons pas de la suite de leur histoire sous le nom de Latins, qu'ils ont porté après leur établissement, quelque nécessaire qu'elle soit pour bien comprendre celle des premiers siècles de Rome. Sa véritable place est à l'article Latins dans ce Dictionnaire, ainsi qu'à l'article qui doit traiter des Romains, lequel n'est qu'une copie de ce qui a été imprimé sur ce peuple jusqu'ici, mais qui n'en aura pas moins d'importance, et complétera le sujet dont nous nous occupons.-Les autres peuplades de la grande tribu des Osques étaient les Apuli, les Ausoni ou Aurunki (Auruni dans leur langue), les Volski et les Equi. Les premiers, lors de l'invasion des

retiré les habitants, le territoire de cette ville aurait, par le droit de la guerre, appartenu aux Romains. Au contraire, on voit que ce territoire a appartenu, tant qu'elle a existé, c'est-à-dire pendant plusieurs siècles, à la fédération latine, dont les diètes se réunissaient à Ferentinum, près d'Alba, et qui célébraient leurs communs sacrifices sur le mont Albain. Une seule probabilité peut se déduire du nom d'Alba, dont la racine est évidemment gauloise, pour en attribuer la fondation aux aborigènes ou Caskes. Denys d'Halicarnasse, qui donne à la ville d'Albe 487 ans de durée, ce qui en fait remonter la fondation à 1140 environ avant l'ère vulgaire, aurait donc eu des données assez exactes. Tous les Sicu-Sabelles dans la contrée qui porta ensuite le nom les, ainsi que nous l'avons déjà dit, ne quittèrent de Samnium, au lieu de se diriger vers le midi, pas leur pays; il y a même lieu de croire qu'il s'étendirent au levant, et occupèrent la Daunie et en resta un très-grand nombre. Selon le droit la Messapie, jusqu'à la chaîne qui borde le vallon que nous trouvons en usage chez tous les anciens de l'Ofanto au midi, et le long de la côte depuis peuples italiques, les conquérants ne s'attribuè- Manfredonia jusqu'à Bari. Les Ausoni ou Aurent qu'une partie des propriétés foncières. Eux- runci, peuplade osque, selon le témoignage mêmes formèrent un corps aristocratique, seul unanime des écrivains grecs et latins (Strab., v, apte à l'exercice du pouvoir, divisé en un plus p. 242, 252; Aristot., Polit., vII, 10; Dio. frag., ou moins grand nombre de tribus, chacune com- W.; Festus, etc.), occupèrent la plus grande posée d'un nombre déterminé de familles. Cette partie de la Campanie, entre le Vulturne et le aristocratie, qu'on peut comparer à celle du livre Silarus, excepté les territoires de Cumes et de d'or de la république de Venise, entièrement sé- Naples. A l'occident des Aurunci étaient les parée du reste de la nation, avec laquelle elle | Volski et les Æqui, les premiers dans la vallée n'avait aucune alliance, portait le nom de patri- | du Liris (aujourd'hui Garigliano), au-dessous de ́ciat (palres, patricii). Dans ses assemblées lé-Sora, et les autres autour du lac Fucin, et dans gales, elle portait le nom de populus, qu'on ne peut traduire avec exactitude que par celui de nation officielle, et qui était le véritable démos des Grecs. Les vaincus étaient également divisés en tribus, mais d'un ordre inférieur. Ils formaient la plebe (plebs), qui jouissait également des droits de cité, moins celui de suffrages, et qui était exclue de toute participation à l'exercice du pouvoir. C'est pour avoir confondu la signification des noms de populus et de plebs que les écrivains grecs appelaient l'un et l'autre démos, que l'histoire romaine, surtout telle que nous l'avons chez nous, n'est, dans tout ce qui regarde les événements politiques intérieurs, presque qu'un composé d'erreurs, de contresens et d'absurdités. En critique historique, nous sommes malheureusement bien en arrière de nos voisins, et nous croyons avoir acquis d'immenses titres scientifiques lorsque nous avons copié, la plupart du temps sans examen, ou paraphrasé au hasard, ce qui a été écrit avant nous. - - Les aborigènes, maîtres du pays auquel sa situation voisine de la mer fit donner le nom de Latium, occupèrent par des colonies toutes les villes existantes, et peut-être en fondèrent quelques-unes. [ lanes, écrites en osque corrompu, étaient faci

la vallée de la Sacca et de l'Anio supérieur. Plus tard, les Sabelles-Marses, ayant occupé les bords du lac Fucin, et les Étrusques ayant établi en Campanie une colonie nombreuse qui y fonda Capoue, les Èques et les Volsques, poussés à l'occident, envahirent le Latium et menacèrent Rome, qu'ils mirent plus d'une fois en danger. Ce ne fut qu'après une lutte longue et sanglante que les Romains parvinrent à les dompter et à les refouler dans le territoire peu étendu où les place la géographie postérieure.-La langue des Osques avait la plus grande affirnité avec celle des Sabins et des Samnites, et même avec celle des Ombriens et des Étrusques (Festus-Varro de l. l., v, 4 et vi, 5; Serv., Æn., vII, 684; Gellius, XI; Cluver. j. a., p. 42). On peut donc en conclure, comme Micali, et surtout le savant Niebuhr, que ces différentes langues n'étaient que des dialectes dérivés d'une souche commune, et dont les différences sont dues en grande partie à leur mélange, à un degré plus ou moins fort, avec la langue des peuplades pélasgiques, qu'ils incorporèrent avec eux après les avoir soumises. Il ne faut donc pas s'étonner si les comédies atel

En 1574, il accompagna dans une première mission à Rome, Paul de Foix, en qualité de secrétaire, et lorsque l'orthodoxie de son chef devint l'objet d'investigations menaçantes, d'Ossat le défendit avec éclat dans un mémoire apologétique. Puis, entrant dans les ordres, il joignit le sacerdoce au titre de secrétaire d'ambassade, qu'il refusa de quitter pour le ministère que lui fit offrir Henri III, après la disgrâce de Villeroi.

lement comprises par les Romains, descendants | Cujas; puis il revint suivre à Paris, comme avod'une peuplade osque. Mais quelle était cette cat, les audiences du parlement. souche commune, cette langue mère? Il est indubitable, ainsi que l'a déjà observé Niebuhr, et que nous l'avons démontré nous-même (Mémoire sur les idiomes prétendus celtiques), que c'était le gaulois. Le petit nombre de mots que nous ont conservés les anciens, comme appartenant à | l'ombrien, à l'étrusque, au sabelle et à l'osque, et dont quelques-uns sont communs à plusieurs de ces dialectes, sont de racine gauloise. Un petit nombre d'exemples en convaincront les lecteurs œsar, dieu, de même qu'en gaulois; strebula, cuisse, en gaulois streabhar; falla, très-haut, ou ciel, comme en gaulois; subulo | joueur de flûte, de siubogh, souffle; crepero, crépuscule, de criplacd, diminution; februm, lustration, de feabas, propreté ; herna, rocher, airn en gaulois; nero, fort, vaillant, en gaulois nereac; dalivum, insensé, en gaulois dail-nommé l'année suivante à l'évêché de Bayeux, leav; famel, domestique, de fam'ais, dépendant; mœsius, mois, en gaulois mios ; embradur (imperator), général en chef, a la même signification en gaulois. Gal DE VAUDONCOURT.

OSSA (Kissabo), haute montagne de Thessalie, dans la Magnésie, le long du golfe Thermaïque. Les centaures y avaient fixé leur séjour. Elle ne formait autrefois avec l'Olympe qu'une seule | montagne; mais Hercule les sépara, dit la fable, et mit entre elles la célèbre vallée de Tempé. La séparation de ces montagnes fut probablement l'effet d'un tremblement de terre, qui se fit sentir dans cette contrée vers l'an 1885 avant J. C. Le mont Ossa est un de ceux que les géants entassèrent pour escalader le ciel. X.

OSSAT (ARNAUD D'), cardinal célèbre, était né, en 1556, à Laroque en Magnoac, village du diocèse d'Auch. Orphelin et sans ressources, il fut recueilli à 9 ans par un gentilhomme nommé de Marca, lequel, charmé de sa bonne mine et de son intelligence, le plaça comme compagnon d'étude près d'un de ses neveux. Grâce à cette éducation, qu'il mit à profit et qui développa en lui une capacité vraiment extraordinaire, il put❘ surmonter, pour se produire, le double obstacle de la plus chétive position et de l'obscurité de sa naissance. Devenu précepteur des autres pupilles de son patron, le jeune Arnaud les avait accompagnés à Paris. Là, encore étudiant lui-même, il s'était fait le disciple fervent de Ramus; il défendit sa doctrine contre Jacq. Charpentier par un écrit qui eut quelque retentissement dans les écoles Exposit. in disput. J. Carpentarii de methodo, 1564, in-8°. Il alla ensuite à Bourges, s'initier à la science du droit sous le célèbre

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Négociateur de la réconciliation de Henri IV avec la cour de Rome, il mena à bonne fin cette tâche délicate. Nommé ensuite conseiller d'État et évêque de Rennes, il continua de diriger presque toutes les affaires diplomatiques qui se traitèrent pour Henri IV en Italie, notamment le divorce de ce prince avec Marguerite de Valois. Il reçut le chapeau de cardinal en 1599, fut

qu'il aima mieux résigner, et mourut le 15 mars 1604, après avoir ressenti cruellement, dans ses dernières années, le poids de dignités qui nécessitaient une représentation au-dessus de ses faibles ressources pécuniaires.

La Vie du cardinal d'Ossat a été écrite par Mme d'Arconville, Paris, 1771, 2 vol. in-8°. Ses Lettres au ministre Villeroi, longtemps considérées comme un ouvrage classique en diplomatie, n'offrent plus qu'un faible intérêt. Elles ont été imprimées pour la 1re fois, à Paris, 1624, in-fol. La meilleure édition est celle qu'a donnée Amelot de la Houssaye, Paris, 1697, 2 vol. in-4°. P. DE CHAMROBERT.

OSSEC. (Marine.) C'est le réservoir formé dans la partie la plus basse de l'intérieur de la cale d'un navire. Le pied des pompes des grands vaisseaux est placé dans l'ossec, qui se trouve à l'arrière du grand mât, à cause des varangues acculées de l'arrière qui sont nécessaires pour faciliter l'action du gouvernail. Il en résulte que le point extérieur de la quille, placé en dessous de l'ossec, n'est pas le point le plus bas du vaisseau, qui se trouve à l'extrémité de la quille du côté du gouvernail, c'est-à-dire, que le tirant d'eau du vaisseau est toujours plus considérable de l'arrière que de l'avant. Dans les chaloupes et canots, l'ossec est un petit réservoir où l'on plonge une escope pour puiser l'eau et la jeter en dehors de l'embarcation; on perce le vaigrage pour faire l'ossec, et l'on pratique des lumières aux varangues des membrures pour donner à l'eau la facilité d'arriver de l'avant et de l'arrière de l'embarcation dans l'ossec. DUB... OSSELET. Ce nom, diminutif du mot os, dé

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reste qu'un souvenir confus, portait le même nom. Dans les temps de barbarie, on donnait les osselets comme une forme de question. X. X.

OSSEMENTS. (Géologie.) On comprend sous ce nom des amas d'os produits par diverses circonstances. Plusieurs peuples recueillent avec un soin religieux les os de leurs semblables : les peuplades sauvages les conservent dans des lieux appelés moraï. Chez les nations civilisées, les os que la rapide succession des cadavres dans les cimetières force à déterrer sont ordinairement rangés dans des bâtiments destinés à cet objet; c'est en Suisse surtout que ces amas d'os sont vénérés, et on pousse même la précaution en ce pays jusqu'à étiqueter l'ossature ou l'ensemble de tel ou tel ancêtre réduit à l'état de squelette. Quand les. inhumations se faisaient chez nous autour des églises, les ossements étaient aussi déposés sous des abris spéciaux tels étaient les

signe, principalement en anatomie, de petits os qui servent à l'audition, et qui sont renfermés dans la caisse du tambour: pour le vulgaire, ce sont des pièces provenant de l'articulation des gigots de mouton; elles servent aux enfants pour jouer au jeu qu'ils nomment des osselets, et dont l'origine se perd dans la nuit des temps. En effet, il était déjà connu à l'époque du siége de Troie, et nous savons que les amants de Pénélope se livraient à cette récréation devant la porte du palais d'Ulysse. Plus tard, nous voyons les Romains désigner sous le nom d'ocellata de petites billes, de petits cailloux, qui servaient de jouet aux enfants; et ce passage de Suétone: Modo talis aut ocellatis, nucibusque ludebat cum pueris minulis, est ainsi traduit par Dacier Il jouait avec de petits enfants aux osselets, à la pierrette et aux noix. » Voici maintenant, d'après Millin, la manière dont s'exécutait ce jeu si candide, si naïf, trop tôt remplacé, hé-charniers des Innocents, qui renfermaient avant las! par le subtil écarté, l'ennuyeuse impériale et le frauduleux baccarra. « On jouait ordinairement avec quatre osselets marqués de points, comme nos dés. On produisait des coups différents, auxquels les Grecs avaient donné le nom des dieux, des héros, des hommes illustres, et même des courtisanes fameuses; le coup le plus favorable s'appelait coup de Vénus. Le grand nombre d'osselets qu'on a trouvés à Herculanum prouve combien ce jeu était commun chez les Romains, ou du moins en Italie. Les osselets découverts à Herculanum étaient faits, selon Winckelmann, avec des astragales de cabri: l'astragale est un petit os qui forme l'articulation entre le pied et la jambe, d'où les Grecs nommaient astragaloi (osselets) ce que les Latins désignaient par le mot tali. Il y avait deux manières d'y jouer la première et la plus commune avait beaucoup d'analogie avec celle qui se pratique encore aujourd'hui; elle consistait à jeter en l'air des osselets, et à en ramasser pendant cet intervalle un ou plusieurs autres posés à terre ou sur une table, pour les y replacer ensuite tous de la même manière; la seconde manière de jouer avec les osselets ou astragales était de les jeter, comme on a coutume de jeter les dés, avec la main ou avec un cornet, et, chaque côté de l'osselet portant un nombre différent, il survenait au joueur une chance plus ou moins favorable. Certains botanistes appellent aussi de ce nom quelques enveloppes de graines pour les distinguer d'avec les noyaux. Les vétérinaires appellent encore osselels des tumeurs osseuses qui se développent sur les jambes des chevaux. Un appareil de torture, dont heureusement il ne

l'établissement de la grande halle actuelle une énorme collection d'os. Aujourd'hui, ces os sont transportés aux catacombes, et rangés avec une symétrie dont le tableau n'est pas une des moindres curiosités de Paris. On trouve des ossements dans divers terrains, dont l'origine est inconnue et déconcerte notre raison. Dans les régions septentrionales, la terre renferme d'innombrables os d'éléphants, qui ont dû vivre dans ces climats, qu'ils ne peuvent plus habiter aujourd'hui. La quantité de ces ossements est telle que les peuples de ces contrées croient qu'ils proviennent d'une taupe gigantesque, ayant des défenses d'éléphant. Au nord de la Chine, on nomme même ce prétendu animal fen-chou. Les cavernes renferment aussi des quantités considérables d'ossements, qui ont appartenu à diverses espèces d'animaux. Plusieurs conjectures ont été risquées pour expliquer ces amas d'os; la plupart sont ingénieuses, mais ne peuvent satisfaire entièrement la raison. Ces os, ainsi amassés ou dispersés dans les terrains, sont souvent à l'état fossile (voy.). Ce sont en quelque sorte de grandes médailles qui servent à étudier les révolutions du globe terrestre, et qui fournissent aux géologues d'intéressantes supputations. CHARBONNIER.

OSSÈTES. Voy. CAUCASIENS (pays et peuples). C'est un peuple très-ancien dont on rapporte la langue à la famille persane, et qui a été étudié, dans ces derniers temps, par M. Sjogren. Les recherches de cet érudit jetteront sans doute quelque lumière sur l'origine jusqu'ici încertaine de ce peuple, que Klaproth croit identique avec celle des Ases ou Asses (Alains), dont le nom d'Ossi, Ossètes, semble en effet le rappro

cher. Les Ossètes qui, régis par leurs propres [blerie n'était point le fait d'un guerrier écossais, princes, ont joué un rôle considérable dans les dans le temps surtout où le caractère national premiers siècles après J. C., ne forment plus avait toute sa vigueur. Ossian fut un guerrier aujourd'hui qu'une petite peuplade d'environ de forte race, dont la pensée conservait dans sa 26,000 âmes, réparties dans 206 villages de l'Os- plus haute tristesse quelque chose de la fermeté sétie, située au centre de l'isthme caucasien, de son bras. Son père Fingal l'avait formé luidans le pays des montagnards indépendants même; il était roi de Morven, et savait égale(voir la Description russe officielle de la Trans-ment gouverner et combattre. Ce prince était caucasie, t. II, p. 183 et suiv.). D'après Klaproth (Tableau du Caucase, p. 65), ils s'appellent eux-mêmes Iron: de là le nom d'Ironistan donné à leur pays. Les Géorgiens les convertirent de nouveau au christianisme, dont les doctrines, par les soins des empereurs grecs, avaient déjà fait quelques progrès parmi eux; mais ils ne conservèrent de cette religion que quelques formes extérieures : les besoins religieux ne paraissent pas avoir un grand empire

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aussi beau que sage et vaillant : il entraînait son peuple par l'éclat de ces avantages, par son enthousiasme guerrier. A la tête de ses Calédoniens, il repoussa l'invasion tentée par l'empereur Sévère, et battit complétement son fils Caracalla : au fond du Nord, comme partout ailleurs, le nom romain faisait tressaillir les peuples, et la défaite des conquérants du monde avait exalté l'Écosse. Fingal se signala encore dans une guerre contre l'usurpateur Carausius, qui fit réparer la muraille opposée par Agricola aux incursions des Calédoniens. Ossian a chanté ces exploits dans la Guerre de Caros. Il ne s'est pas non plus oublié lui-même, et ses grandes actions, ses joies et ses douleurs, ont été pour son génie des sources naïves d'inspiration. Dans une expédition en Irlande, Ossian se fit aimer d'Evir-Allin, fille de Brenno, roi de Rego, surnommé l'ami des étrangers; titre aussi honorable qu'un sceptre dans ces époques sérieuses. Ossian n'eut qu'un fils, Oscar, dont le nom revient partout dans ses chants. Le jeune prince fut tué par trahison, et Malvina, son épouse ou son amante, se voua avec Ossian à des regrets éternels. Ils erraient tous deux dans les lieux les plus tristes,

OSSIAN, héros et barde écossais, est placé par la tradition dans la fin du 1e et dans le commencement du ive siècle. Des souvenirs populaires, confus à bien des égards, retracent puissamment cette figure, que Macpherson a rapetissée en voulant l'agrandir. L'époque des exploits et des chants d'Ossian est enveloppée d'obscurité. Ce que l'on croit voir d'abord avec les faibles secours de l'histoire et à l'aide des conjectures des savants, c'est que les poésies d'Ossian appartiennent à un cycle de mythes druidiques enseignés par l'Irlande à l'Écosse, infidèlement retenus par la mémoire populaire, et rattachant ainsi par quelques anneaux de fleurs la branche scote ou fennienne au même tronc que les Gaëls de l'Armo-retrouvant dans chaque objet quelque chose de rique et les Scandinaves du Nord. Ossian fut con- celui qu'ils avaient perdu. Tous ceux qu'aimait temporain de Dioclétien, dont les persécutions Ossian moururent avant lui, et la plupart dans firent reculer des chrétiens au delà de la muraille des circonstances cruelles, qu'il a retracées dans d'Agricola. Le christianisme consolait ou éton- son poëme de la Chute de Tura. Ossian, déjà nait déjà l'univers, et la profonde tristesse de ses mort de tant de manières, avait encore perdu la mystères, les angoisses de ses sectateurs, et l'in- plus précieuse partie de la vie poétique : il était croyable force d'expansion qu'il montrait alors, devenu aveugle et n'avait que Malvina pour le suffiraient pour expliquer la nuance du paga- guider. Ce soutien lui manqua encore: Malvina nisme d'Ossian. Les mythes druidiques demeu- le laissa seul sur la terre. Ossian ne traîna plus rèrent plus intacts en Irlande, et les formes qu'un petit nombre de jours: il les termina sous nues, apres, harmoniques, qu'ils y gardent dans le toit hospitalier du fils d'Alpin, ainsi qu'il les fragments de poésies nationales, le caractère l'appelle, c'est-à-dire, à ce que l'on croit, d'un plus pratique qu'ils revètent, présentent un con- solitaire chrétien, qui avait cherché dans les traste frappant avec le génie écossais du même montagnes sauvages de la Calédonie un refuge temps, où l'absence de dogmes tranchés et de contre la persécution de Dioclétien, universelle hiérarchie vaste laisse à l'imagination une li- comme l'empire même. On attribue à ces personberté sans bornes, Au reste, il ne faut pas nages un entretien curieux sur les vérités du croire que ce vague soit le vague de Macpherson. christianisme; il appartient du moins à des L'Ossian original est aussi supérieur en netteté à temps fort reculés et témoins du vaste et procette pâle imitation qu'inférieur sous ce rapport fond conflit des deux cultes. Les poèmes d'Osà la poésie, à la croyance irlandaises. La sensi-sian et sa personne même étaient oubliés depuis

1400 ans, quand un homme, ignoré jusque-là, | péen. On ne parla plus que d'Ossian, et l'on en malgré ses efforts pour sortir de l'obscurité, les vint sérieusement à lui sacrifier Homère. Les crisignala tout à coup à l'attention du monde litté- tiques prirent feu pour et contre le mérite de raire, et prit une importance que ses écrits pas- ces poésies, leur authenticité, et même l'existence sés et futurs n'auraient pu lui donner. Macpher- de l'auteur. Au plus fort de cette mêlée, on vit son avait déjà publié un poëme médiocre, The paraître en 1780 un grave champion de MacHighlander, précédé d'une foule d'essais inédits pherson. Le docteur Smith, ministre de Kilbrande collége. Cet ouvrage eut un malheur plus | don, ayant visité d'autres parties de l'Écosse que grand que de tomber, personne ne s'aperçut Macpherson, en rapporta quatorze poëmes, d'Osqu'il existait, et Macpherson, qui avait beaucoup sian pour la plupart. Ces ouvrages furent admid'esprit pratique, en retira lui-même l'édition au rés et combattus comme les premiers. Blair et libraire. Macpherson voulait vivre avant tout, et | lord Kaimes appuyaient Smith et Macpherson, l'état ecclésiastique le tentait vivement. Une [ attaqué avec fureur par Samuel Johnson, que place de précepteur lui fut offerte; il y trouva secondait Shaw, auteur d'un dictionnaire de lanson compte dans ses loisirs, la poésie l'occu- gue gallique. Johnson fit un voyage aux îles Hépait encore, mais non plus la sienne propre, brides pour grossir son dossier dans cette plaidont il sentait déjà la nullité. Il se tourna vers doirie: il en revint avec des arguments accablants la compilation, et publia en 1760 ses Frag- par eux-mêmes, mais affaiblis par la fureur de ments de poésie ancienne, recueillis dans les son langage. Aujourd'hui que le procès est jugé, montagnes d'Écosse, et traduits de la langue on aime à rire de l'immense honneur qu'on fit erse ou gallique. Le recueil fit un bruit ex- à Macpherson. A cette époque étrange, qui allait traordinaire, et le poëte Gray se mit à la tête des en enfanter une autre plus terrible, les croyanenthousiastes. Macpherson, que l'inspiration ne ces étaient profondément ébranlées; des prestourmentait guère, gardait toute son habileté sentiments infinis et superstitieux, espèce de naturelle, et il tira des conséquences de la dis- milieu entre la reconnaissance et l'exclusion position générale des esprits. Né d'une famille d'une divinité réelle, travaillaient la société dans très-ancienne, quoique son père fût un simple ce qu'elle a de plus intime; tandis que l'impiété, fermier d'Écosse, il savait toutes ces hautes maxi- le faux rire et l'affectation du désordre, rétrécismes d'honneur, de patriotisme et de religion qui sant les incidents de la vie ordinaire, ne laisnourrissent le génie national, et pouvait enthou- saient de refuge à la partie divine de notre être siasmer un public éclairé en lui communiquant, | que dans des rêves inutiles. La poésie dite ossiamême sous une forme altérée, un genre d'idées nique répondait parfaitement à cet état général; fortes et mystérieuses auxquelles rien encore ne et si l'on s'étonne littérairement que les hommes l'avait pu préparer. Macpherson, d'ailleurs, était les plus distingués aient été menés par Macpherplein de la Bible et d'Homère ; il comprenait l'ef- son, on peut trouver aujourd'hui la chose philofet que pourraient produire des poésies galliques sophiquement naturelle. Une des dupes les plus mêlées de paganisme et de christianisme; le tout amusantes de Macpherson, c'est Bonaparte. relevé par une certaine emphase, toujours pré- Cet homme se fit aussi romanesque au fond qu'il cieuse en fait de spéculations vaniteuses ou pé- fut positif pour la forme : il pensa toute sa vie à cuniaires. Macpherson fut heureux autant que la fantasmagorie de Macpherson. Goethe, le derprévoyant. Le public anglais de cette époque ai- nier des poëtes à se faire illusion, partagea en mait la tristesse, le vague et le démesuré. Ce goût passant l'erreur durable de Bonaparte, Il la laisse faux et dangereux, partagé par l'élite des écri- voir dans Werther, cette expression si forte vains français, se répandit enfin dans presque d'un des mille états de son génie. Le héros pseutoute l'Europe, et les dupes futures de Macpher-donyme du romancier semble se préparer à tous son semblaient le supplier de les tromper. Bientôt, une souscription s'ouvrit pour l'aider à augmenter son recueil. L'Écosse poétique, longtemps comptée pour rien, fut regardée comme un Pérou littéraire, et le Fernand Cortez de l'expédition trouva tous les moyens de l'accomplir. Macpherson publia en 1765 la collection désirée, avec la traduction anglaise en regard du texte gallique : il mettait l'ouvrage sur le compte d'Ossian. Cette publication fut un événement euro

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ses actes par la lecture d'Ossian, et cette lecture meurtrière le mène à la dernière catastrophe. Madame de Staël y fut prise aussi, et plus vite encore que ces deux hommes. Toutefois (il faut le dire pour leur excuse), à travers l'amplification de Macpherson, on démêle quelques traits de l'original ou des originaux; car il est certain ou très-probable que les poésies attribuées à Ossian appartiennent à plusieurs bardes. Mackenzie, président de l'Highland society, à Édimbourg,

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