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Au-devant des colonnes, il y a des figures mono- | cycle solaire. Ce cycle couronnait un magnifilithes de 16 coudées de haut, sculptées suivant que cenotaphe ou tombeau vide, placé dans la l'ancien usage; le plafond, formé de pierres partie extrême de ce palais; de là, on entrait monolithes de 2 orgies, est parsemé d'étoiles sur dans un lieu où sans doute était caché et déposé un fond bleu. Puis, après vient un passage, puis le corps d'Osymandyas. C'était une salle qui renun autre pylône, puis un autre péristyle orné de fermait 20 tables entourées de lits sur lesquels toutes parts des sculptures les plus parfaites. | étaient les images de Jupiter, de Junon et d'oPrès de l'entrée, on voit 3 statues taillées dans symandyas. Nous n'oublierons pas non plus cette un seul bloc de pierre de Syène. L'une d'elles, salle de festin où étaient sculptés des mets raqui représente le roi, est assise. « Elle est la res, de formes étranges et si variées. Quelle leplus grande de toutes celles que renferme l'É- çon philosophique et horatienne chez les graves gypte. » C'est cette remarque de Diodore qui a | Égyptiens, des banquets animés au centre d'un tant éclairé l'opinion de la commission française tombeau! et d'un tombeau de roi! Les statues en Égypte, comme nous l'avons exprimé plus monolithes des Égyptiens ne rentraient pas, haut. La mesure du pied de cette statue, conti- comme chez les Grecs, dans l'art de la statuaire. nue Diodore, surpasse 7 coudées; les deux au- Leurs bras croisés sur la poitrine, ou appliqués tres sont auprès de ses genoux, l'une à droite et le long du corps, ou, lorsqu'elles étaient assises, l'autre à gauche. Elles représentent la fille et la étendus sur les genoux, où les mains immobiles mère du roi, et sont de dimension beaucoup restaient collées, étaient tout architecturales; moindre que la statue principale. Cet ouvrage elles étaient comme sœurs des piliers-cariatides n'est pas seulement recommandable par sa gran- et des colonnes. L'architecte ne pouvait sortir deur, mais il est encore digne d'admiration sous des règles qui lui étaient assignées par l'usage, le rapport de l'art. Il est précieux aussi sous le les lois et la religion. Dans les bas-reliefs seulerapport de la pierre, qui, dans une si grande ment, le sculpteur donnait carrière à son imagimasse, ne laisse apercevoir ni fissures ni taches. nation. Il fait beau lire dans Diodore la descripOn y a gravé cette inscription : tion des tableaux animés que présentent les bas-reliefs du monument sépulcral d'Osymandyas. Mais entrons un moment en 1857 dans cette solitude où fut cette Thèbes aux cent porQU'IL DÉTRUISE Quelques-uns de mES OUVRAGES! tes, si populeuse, si animée, si guerrière, si puis– Il serait à peu près superflu de donner ici tou-sante autrefois, aujourd'hui la plaine du silence tes les belles descriptions que fait Diodore des et le repaire des scorpions. Tout en face du Nil, autres dépendances de ce vaste monument. Mais la chaîne arabique au fond, la chaîne libyque à nous ne pouvons passer sous silence cet autre droite, sous les 30° 18′ 6′′ de longitude, et sous admirable péristyle, dont les bas-reliefs repré- les 25° 43′ 27′′ de latitude boréale, s'étend une sentaient le roi à la tête de 400,000 combattants plaine couverte de blocs de granit épars çà et là. à pied et de 20,000 chevaux, ni ce lion rugissant On la prendrait pour une carrière qu'on vient qui combat et déchire les ennemis à ses côtés, d'exploiter. Ce sont là les ruines du tombeau d'Omâle et magnifique emblème de la force, du cou-symandyas, autrement appelé le Memnonium, rage et du commandement; ni cette salle de jus- ou le palais de Memnon. Là est une cour encomtice où étaient taillées en bois des statues de plai-brée des restes d'un colosse énorme, dont on ne deurs, et au-dessus celles des juges, tirés de ce qu'avaient de plus recommandable par leur sagesse entre leurs citoyens Héliopolis, Memphis et Thèbes. Le président, le plus vertueux de tous, les dominait. Il portait un collier d'or sans doute, d'où pendait une figure de la Vérité. Nous ne tairons pas non plus cette bibliothèque pleine de rouleaux de papyrus, où étaient tracés en hieroglyphes les annales des peuples et les progrès de l'esprit humain, ni la belle inscription de sa porte :

JE SUIS OSYMANDYAS, ROI DES ROIs.
SI QUELQU'UN VEUT SAVOIR QUEL JE SUIS,
ET OU JE REPOSE,

trouve plus réunis que la tête, la poitrine, et les bras seulement jusqu'aux coudes. Un autre bloc, qui se compose du reste du corps et des cuisses, est couché non loin de là; il n'a été divisé du reste de la statue qu'à force de coins, dont on voit encore les entailles, circonstance qui semblerait contrarier quelque peu l'opinion de Pausanias l'historiographe, qui dit que ce colosse fut scié par le milieu du corps par l'ordre de Cambyse après sa conquête de l'Égypte. Quelques auteurs anciens prétendent qu'il fut renversé par un tremblement de terre. Sans doute dans ni cet immense cercle d'or pur, la proie de Cam- les temps reculés encore, des tranches cylindribyse, divisé en 565 degrés, représentation duques de cet énorme tronc auront servi à faire

ICI EST LE REMÈDE DE L'AME;

des meules de moulin. Parmi ces ruines, les plus | il a bien fallu organiser une puissance qui fût pittoresques de toutes celles qui sont couchées indépendante de semblables transactions, et qui sur le sol où fut Thèbes, c'est d'un mélancoli- assurât l'exécution de tous les contrats, sans que aspect de voir la tête monstrueuse du colosse, qu'il fût nécessaire de recourir à ces moyens la face mutilée, en beau granit rose de Syène, extraordinaires, qui ne pouvaient que jeter le d'un poli parfait et brillant, enfoncée dans le désordre dans la société. Mais, pour tout ce qui sable, et sous laquelle fourmillent depuis des tient au droit public, lorsque des ennemis qui siècles les scorpions solitaires. Seulement, son ne reconnaissent aucune loi générale se troupied gauche et sa main gauche gisent non loin vent en présence, et qu'ils veulent traiter de la du torse. La mesure du premier en longueur est paix, il n'y a plus de garantie que la parole de 4 pieds, 5 pouces, 8 lignes; elle produit pour donnée sera fidèlement exécutée; et, dans beaula stature entière 53 pieds, 10 pouces de hauteur, coup de circonstances, on est, encore aujouret lui donne par appréciation un poids total de d'hui, dans l'usage d'exiger de part et d'autre plus de 2 millions de livres. Son piédestal, éga- la réunion d'olages, comme confirmation du lement de granit rose, est intact. Autour cir- contrat public qui est passé entre deux nations. cule un cordon d'hiéroglyphes. Serait-ce l'in- Cette expression peut même alors s'étendre à scription citée et traduite par Diodore? Sur les des parties de territoire qui sont cédées à l'enbras sont aussi gravés des caractères sacrés. On nemi, non pas à titre de propriété ou de conreconnaît encore dans une des carrières de Syène quête, mais comme un gage qui lui donne l'asla cavité formée par l'extraction du bloc immense surance qu'il peut se fier au traité; en sorte qu'il de granit dont fut faite cette merveille. A l'épo- doit restituer le territoire après que toutes les que de l'Église naissante, quelques saints ana- clauses du contrat ont été exécutées. C'est dans chorètes s'asseyaient encore, au coucher du so- ce sens que l'on dit une ville d'otage, parce que leil, la Bible en main, sur le pied tronqué du roi la remise d'une place forte est la plus sûre gades rois. Aujourd'hui, ce lieu, jadis si bruyant, | rantie qu'un ennemi puisse désirer; mais il faut n'est qu'une solitude sans bruit et sans voix. aussi que le peuple qui livre ainsi en olage ses Cette tête défigurée, séparée du tronc, et mécon- citadelles prenne bien ses mesures; car, si la naissable si quelques ornements royaux n'étaient | ville d'otage n'est point restituée au terme point restés à son front; ce torse gigantesque prescrit, il y aura une nouvelle guerre à entresous lequel les reptiles ont fait leurs nids; ce prendre pour s'en ressaisir; et le droit du plus tombeau, d'un prince de la terre, haut et grand fort, qui n'est pas toujours du côté de la bonne comme une ville, fouillé et refouillé depuis plus foi et de la justice, sera encore une fois appelé de 25 siècles, brisé et dispersé sur le sable, sem- à décider qui sera maître. Les auteurs qui ont bleraient avoir été jetés dans un désert par le traité du droit public n'ont pas manqué de soubras de Dieu pour avertir un nouveau Sésostris, mettre à des principes réguliers tout ce qui se un empereur futur des Français, plus encore de rapporte aux otages. La manière dont ils doivent la vanité que de la fragilité des grandeurs hu-être traités, les égards qu'on leur doit, tout cela maines.

DENNE-BARON.

OTAGE, nom que l'on donne à la personne qui est soumise au pouvoir d'autrui pour assurer l'exécution d'un engagement contracté, d'une promesse faite, ou d'une parole donnée. On croit que ce mot, en latin obses, n'est qu'une corruption du mot hospes, parce que, dans l'origine, la personne remise en otage devait être traitée avec tous les égards qu'impose l'hospitalité, C'était généralement un débiteur qui livrait l'un de ses enfants ou l'un de ses proches pour donner l'assurance qu'il se libérerait au terme prescrit; l'otage était alors forcé de demeurer dans la maison du créancier jusqu'à ce que le débiteur se fût acquitté. Mais bientôt cet usage a dû cesser d'être observé dans les transactions civiles, et il n'a plus été suivi que dans les relations politiques. Dans le droit civil, en effet,

a été parfaitement expliqué et discuté; mais où est la sanction de toutes ces belles maximes, qui sont abandonnées à la discrétion du vainqueur? Ainsi, la première de ces règles est que l'on ne doit faire aucun mal aux otages par représailles; et que dans aucune circonstance il n'est permis de les mettre à mort; mais comment présumer qu'un ennemi irrité qui reprochera à un autre peuple le manquement à la foi promise ne se vengera pas d'abord sur les otages qui lui avaient été livrés? Pour que, dans les premiers moments d'exaspération, les otages soient à l'abri de toute atteinte, il faut plutôt compter sur un sentiment de générosité que sur un sentiment de justice, mais il n'est pas possible de régulariser un pareil droit. Aussi les peuples civilisés ont-ils généralement renoncé à exiger des otages; et cette coutume n'est plus guère

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admise que dans les relations avec les nations | dehors, soit en perçant la membrane du tympan, que nous nommons encore barbares, parce soit en passant par la trompe d'Eustache. Une qu'elles n'admettent pas les mêmes principes que surdité passagère accompagne cette période de nous sur le droit de paix et de guerre. On de- l'otite; mais elle devient souvent permanente et mande cependant encore quelquefois des otages quelquefois irremédiable, quand l'inflammation, lorsqu'il s'agit de simples suspensions d'armes par son étendue et par sa durée, a entraîné l'alentre des corps de troupes prêts à en venir aux tération des nerfs si délicats, ou la destruction mains. Les otages sont rendus de part et d'autre des lamelles osseuses ténues qui entrent dans la à l'expiration de la trêve.- Un ancien usage, composition de l'oreille. De plus, le voisinage du qui n'a plus aujourd'hui d'application, mérite cerveau est tel que les désordres peuvent s'y d'être mentionné. Avant la révolution française, propager avec une grande facilité, ainsi qu'on quand on descendait la chasse de sainte Gene- en a beaucoup d'exemples; aussi faut-il comviève, ou quand on transportait la sainte am- battre avec énergie et par tous les moyens pospoule, il fallait que des personnes de condition sibles les inflammations de l'oreille. Il n'y a fussent laissées en otage dans l'église qui était guère lieu à l'expectation et les moments sont dépositaire de ces saintes reliqués, pour donner précieux. Saignées générales et locales, émolau prêtre gardien du dépôt l'assurance de sa lients locaux, calmants, révulsifs puissants sur restitution. TEULET. les extrémités, dérivatifs sur le canal intestinal, doivent être employés tant simultanément que successivement. On doit prendre garde qu'un reste d'inflammation mal éteinte ne continue sourdement et n'amène à sa suite des caries des osselets de l'ouïe ou des parties plus compactes du temporal, et par suite la perte de l'ouïe. Cet accident résulte trop fréquemment d'inflammations chroniques et peu douloureuses de l'oreille interne qui se développent sourdement chez les sujets lymphatiques ou décidément scrofuleux. F. RATIER.

OTAITI OU TAÏTI. Voy. SOCIÉTÉ (îles de la). OTALGIE, OTITE, OTORRHÉE, dénominations de diverses maladies (äλyoş) de l'oreille (oût, &ròs). | La première est à proprement parler, la névralgie des nerfs auditifs, et se caractérise, comme toutes les affections de ce genre, par des douleurs subites, violentes, intermittentes, presque toujours sans fièvre, et disparaissant quelquefois d'elles-mêmes, tandis que souvent elles persistent avec une inconcevable opiniâtreté. Les narcotiques, associés aux révulsifs, sont les moyens qui réussissent le mieux en général contre cette maladie, dont les conséquences ne sont pas sérieuses.

L'otite, ou inflammation de l'oreille externe ou interne, est, au contraire, une affection qui, souvent légère au début, peut amener en définitive la perte de l'ouïe. L'otorrhée (p'é∞, je coule) n'est autre chose que le flux muqueux ou purulent qui a lieu par l'oreille, à la suite de l'otite devenue chronique ou ayant présenté dès le début un caractère de lenteur et de chronicité.

OTCHAKOF (les Polonais écrivent Oczakow, mais en prononçant comme les Russes), petite ville autrefois turque, faisant actuellement partie du gouvernement russe de Kherson, avec un port, et située à l'entrée du Dniéper, qu'elle domine par sa citadelle. Sous le régime turc, Otchakof était une forteresse des plus importantes, contre laquelle échouèrent plus d'une fois tous les efforts des armées moscovites. Les siéges qu'elle a soutenus ont rendu son nom fameux. En 1737, le feld-maréchal Munnich s'en empara après un assaut qui lui coûta 18,000 hommes; Dans les conditions et par les causes ordinai- la même année, les Turcs essayèrent de la reres de l'inflammation, l'otite se manifeste par prendre, mais ils furent forcés à la retraite. A des douleurs ordinairement accompagnées de la paix de Belgrade (1739), cette place leur fut fièvre, mais aussi moins aiguës et plus conti- rendue, mais démantelée. Ils en relevèrent les nues que dans l'otalgie. Ces douleurs sont con- fortifications en 1745, et en restèrent maîtres tusives et se répandent par toute la tête, du côté | jusqu'en 1788. Le 17 décembre de cette même malade, car rarement les deux oreilles sont af- année, le prince Potemkine, qui était revenu en fectées simultanément; elles s'expliquent d'ail-faire le siége, secondé par la flotte russe, réusleurs par la compression que les parties nerveuses renfermées dans des cavités inextensibles éprouvent par suite du gonflement inflammatoire et de l'épanchement des liquides. Telle est souvent en effet la terminaison de l'otite, que du pus s'amasse dans la caisse et se fait jour au

sit, après cinq mois d'inutiles efforts, à triompher de la résistance des assiégés, à la suite d'un terrible assaut commandé par Souvorof. La forteresse fut de nouveau rasée et définitivement cédée à la Russie par le traité de Iassy (1792); elle a depuis perdu toute importance.

Autour d'Otchakof s'étend le steppe du même nom, ou de l'ancienne Bessarabie; et non loin de cette place déserte, près de l'embouchure du Boug, on voit encore quelques ruines qu'on croit être celles d'Olbie, colonie de Milet, fondée en 655 avant J. C. CH. VOGEL. OTHMAN OU OSMAN IBN-AFFAN, le troisième des califes successeurs de Mahomet. Il était de la tribu des Koréichites et arrière-cousin du prophète, dont il se montra un des premiers et des plus zélés partisans. Mahomet le prit pour secrétaire et lui fit épouser deux de ses filles. Othman fut un des six commissaires chargés par Omar Ier du choix de son successeur; élu par ses collègues, il prit possession du califat, l'an 23 de l'hégire (644 de J. C.) Les armes musulmanes continuèrent leurs progrès sous son règne; elles pénétrèrent dans le Khoraçan, soumirent la Perse, rendirent Chypre tributaire. Mais trop enclin à protéger sa famille, il commit des injustices et excita contre lui le mécontentement général par son faste et son orgueil. Il finit par succomber sous le poignard de quelques rebelles, le 18 juin 656, à l'âge de 82 ans.

Pour l'orthographe adoptée à l'égard des empereurs turcs de ce nom, voy. l'article sui

vant.

X. OTHOMAN, OTHMAN Ou mieux OSMAN. Ce nom a été celui du fondateur de la monarchie turque, appelée pour cette raison empire des Osmanlis, et de deux empereurs postérieurs.

OTHOMAN Ier, surnommé el Ghazi ou le conquérant, est le père de la dynastie qui règne encore actuellement à Constantinople. Né en 1258, on dit qu'un songe lui révéla la grandeur future de sa race. Aux qualités du guerrier ce Turc joignait la prudence et la modération, et sa justice est devenue proverbiale chez les Orientaux. Il expira en 1526, après avoir donné de sages conseils à son fils Orkhan, et reçut la sépulture à Brousse (l'ancienne Pruse), que les armes de ce dernier venaient seulement d'ajouter à sa domination.

OTHOMAN II, 16e sultan de sa race, était l'aîné des sept fils d'Achmet Ier, et n'avait pas 14 ans lorsqu'il succéda, en 1618, à son oncle Moustapha Ier, qui lui avait été préféré d'abord, mais que son imbécillité fit déposer au bout de trois mois seulement. Son règne s'ouvrit sous des auspices favorables et ne présageait en rien sa fin tragique et prochaine. Malgré son extrême jeunesse, le nouveau sultan se montrait avide de gloire, appliqué, plein de courage, ennemi de la mollesse et des plaisirs. Jaloux de relever l'éclat des armes de sa nation, il se mit à la tête de

ses troupes et entra, en 1621, en Pologne avec une armée formidable. Mais l'héroïsme avec lequel les Polonais lui résistèrent rebuta la fureur aveugle des hordes musulmanes, et ni l'opiniâtreté du sultan, ni l'exemple de son courage ne put ranimer l'ardeur du corps indiscipliné des janissaires. Ses reproches ne firent que les aigrir contre lui, et il fut obligé de signer une paix peu honorable. Othoman II ne songea plus dès lors qu'à punir cette milice dégénérée de l'humiliation qu'elle lui avait fait subir. Des conseillers téméraires, notamment son précepteur OmarEffendi, le poussèrent à transférer en Asie le siége du gouvernement: de là, en s'entourant de milices syriennes et égyptiennes, il comptait réprimer l'arrogance des janissaires et des spahis et les faire plier sous sa volonté. L'insoumission du prince des Druses et un pèlerinage à la Mecque devaient lui servir de prétexte pour exécuter son dessein, dont quelques membres plus sages du divan voulurent en vain le dissuader. Mais le bruit s'en étant répandu, il mit en rumeur la soldatesque et fit éclater l'orage. Lorsque enfin le sultan reconnut le danger, il était trop tard pour le conjurer : la révolte avait forcé les portes du sérail; Moustapha Ier fut replacé sur le trône, et l'infortuné Othoman trainé au château des Sept-Tours, accablé d'insultes par une populace égarée, et étranglé le lendemain par le chef du mouvement, Daoud-Pacha, beaufrère de Moustapha. Cet événement eut lieu le 20 mai 1622. Othoman fut le premier sultan que ses sujets osèrent mettre à mort. Son trop de confiance en quelques favoris indignes fut la cause de sa perte, qui du reste ne tarda pas à être regrettée et vengée sur ses meurtriers.

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OTHOMAN III, fils de Moustapha II, succéda à son frère Mahmoud Ier, en 1754, après avoir passé une grande partie de sa vie dans la prison du sérail. Sa carrière sur le trône fut courte et marquée par l'incapacité, l'indécision et la cruauté. De terribles incendies qui ravagèrent la capitale (1755 et 1756) et le pillage de la caravane de la Mecque par les Arabes (1757), furent les seuls événements marquants de son règne. Après avoir successivement destitué ou fait décapiter six grands vizirs, ce tyran imbécile et cruel mourut subitement, en 1757. Sa mort sauva la vie et donna le trône à son cousin Moustapha III. V.

OTHOMAN (EMPIRE). Ce vaste empire du Croissant ainsi nommé de ses dominateurs les Turcs Othomans ou Osmanlis, autrefois la terreur du monde chrétien, offre l'exemple d'une puissance élevée par le glaive au milieu des contrées les plus fortunées de la terre, mais déchue, à force

de barbarie et de despotisme, à un tel point que les efforts de la diplomatie européenne semblent seuls arrêter encore sa complète dissolution.

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de l'empire peut être évaluée à environ 28,500 milles carr. géogr., dont à peu près 8,000 appartiennent à l'Europe et le reste à l'Asie '. Les îles y sont comprises pour 725 milles carr. Dans les diverses contrés qui composent le faisceau mal uni de cette domination si étendue, le monde civilisé révère l'antique foyer de ses croyances et de ses lumières, le berceau de la poésie et des arts de l'Occident.

Les côtes de la Turquie d'Europe, de même que celles de l'Asie Mineure, offrent une variété infinie de baies et de golfes hérissés de promontoires ou caps. Excepté les rivages du PontEuxin (mer Noire) et de la Syrie, qui présentent une structure plus plate ou du moins plus uniforme, elles sont assez généralement monta

toresques. Une grande chaîne de montagnes parcourt la Turquie d'Europe de l'est à l'ouest dans toute sa largeur et la couvre presque tout entière de ses ramifications. Arrivée près de l'Adriatique, elle se replie vers le nord en suivant une direction parallèle aux côtes de la Dal

othoman, pour se rattacher aux Alpes Juliennes et Dinariques. Toute la contrée se trouve ainsi partagée en deux grandes moitiés dont l'une, septentrionale, comprend la Bosnie, les trois principautés danubiennes et la Boulgarie; l'autre, méridionale et occidentale, la Thrace, la Macédoine, la Thessalie et l'Albanie. Sur les confins de la Croatie, ces montagnes portent d'abord le nom de Vellebich ou de Vistrogo. Au nord de

I. Géographie et statistique. La domination othomane s'étend encore sur les contrées le plus anciennement célèbres de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique. Les villes saintes de l'Arabie et les trois grandes vassalités d'Égypte, de Tripoli et de Tunis avec leurs dépendances, quoique soumises de nom plutôt que de fait à l'autorité du chef de l'empire, devraient également y être comprises. Cependant l'importance ou l'éloignement de ces États nous déterminant à les traiter chacun séparément, nous n'avons à nous occuper ici que de l'empire Turc ou Othoman proprement dit, c'est-à-dire de l'ensemble formé par les deux grandes régions appelées Turquie d'Eu-gneuses et riches en accidents sauvages ou pitrope et Turquie d'Asie, avec les îles nombreuses qui s'y rattachent encore, après l'affranchissement d'une partie de l'Archipel avec la Grèce. Comprise entre 15o et 47° de long. or. et 50° et 48o de lat. N., les limites de cet empire sont : d'abord en Europe, au nord, la Russie et la monarchie autrichienne; à l'ouest, après cette der-matie autrichienne qu'elle sépare du territoire nière, la mer Adriatique et la mer Ionienne; au sud, le nouveau royaume de Grèce et l'Archipel, qui communique au nord-est, par le détroit des Dardanelles, avec la petite mer intérieure de Marmara, laquelle trouve elle-même du côté opposé, par le Bosphore de Thrace ou canal de Constantinople, une issue dans la mer Noire. Le bassin de celle-ci, qui baigne la Turquie d'Europe à l'est et la Turquie d'Asie au nord, forme avec les bassins des deux précédentes la région mari-la Macédoine, où elles atteignent leur point cultime intermédiaire entre la première de ces conminant dans l'Orbelus, élevé de près de 9,000 pieds trées et toute la partie septentrionale de la seau-dessus du niveau de la mer, les Turcs les apconde ou l'Asie Mineure des anciens, aujourd'hui pellent Karatag ou montagnes Noires. Le BalNatolie, qui se projette vers l'ouest sous la forme kan, l'Hémus des anciens, qui en forme la cond'une large péninsule. A l'est de cette vaste pro- tinuation vers l'est, se divise lui-même en vince, la limite asiatique, qu'en second lieu nous différentes branches dans le voisinage de la mer avons à faire connaître, va presqu'en ligne droite Noire, mais ne dépasse nulle part la hauteur de du nord au sud, depuis la mer Noire jusqu'à 4,000 pieds. La chaîne moins importante de Desl'embouchure du Chatt-el-Arab dans le golfe poto (Rhodope), qui borde la Thrace à l'ouest Persique, le long de la nouvelle province russe jusqu'au littoral de la mer Égée, dérive de la d'Arménie et du royaume de Perse. A l'ouest du même souche. D'autres rameaux de la haute golfe, la frontière méridionale se replie autour chaîne macédonienne se propagent dans la même des déserts brûlants de l'Arabie sous la figure direction ou s'étendent en sens opposé jusqu'au d'un immense angle rentrant, dont le côté occi-lit du Danube. Au delà de ce fleuve, les Karpadental aboutit à l'isthme de Suez, sur les confins thes de la Hongrie se dressent sur ses bords, de l'Égypte. Enfin la Méditerranée borde tout le semblables à un rempart d'ardoise, et, l'abanreste des côtes de la Turquie d'Asie, depuis l'o-donnant ensuite, continuent de marquer la fronrigine du littoral syrien jusqu'à la fin du contour tière le long de la Transylvanie jusque vers la méridional de la péninsule de l'Asie Mineure, où elle rejoint l'Archipel.

Dans cette circonscription, la superficie totale

1 Pour établir un point de comparaison, nous dirons que la France a moins de 10,000 milles carr. géogr. d'étendue.

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