Nous fuppofons toujours dans cet Ouvrage, que pour déterminer les Longitudes, foit à la mer ou à terre, on fe fervira d'une Horloge Marine ou d'une Montre à Longitudes: car les Montres de poches à fecondes les plus parfaites connues ne peuvent pas remplir cet objet; elles peuvent feulement fervir à comparer le temps de l'obfervation à celui de l'Horloge, mais nullement à donner immédiatement une Longitude à peu-près exacte. Voyez-en les raifons page 87. AVIS AU RELIEUR. La Planche fera placée après la page 90 avant le Recueil des Tables. LES LONGITUDES LES LONGITUDES PAR LA MESURE DU TEMPS. CHAPITRE PREMIER. Notion générale des Longitudes & des Latitudes; comment on détermine les Longitudes en Mer le fecours des Horloges Marines. par 1.POUR OUR déterminer exactement la position abfolue d'un lieu fur le globe terreftre, il faut connoître deux chofes. 1o, La Latitude, c'est-à-dire, le nombre de degrés compris entre le Zénith (a) de l'Obfervateur & l'Equateur. 2°, La Longitude ou le nombre de degrés compris entre le méridien de l'observateur, & celui qu'on eft convenu de prendre pour premier méridien. La longitude fe compte en degrés ou en temps. 2. On détermine facilement la latitude d'un lieu quelconque, parce que le Ciel préfente des points fixes qui fervent à cette mefure; l'Aftronomie fournit différentes méthodes pour déterminer la latitude. Les Marins font dans l'ufage de la déduire de la hauteur méridienne du Soleil. (a) On appelle Zénith le point qui s'éleve perpendiculairement au-deffus de notre ête. A 3. Il n'eft pas auffi facile de déterminer la longitude, parce que le mouvement de rotation de la terre fur fon axe qui fe fait dans le fens même de la longitude empêche que nous n'ayons des points fixes dans le Ciel: on y fupplée à terre par les obfervations contemporaines d'un même phénomene céleste; mais les secours que l'Aftronomie préfente à cet égard ne peuvent s'appliquer avec facilité à l'ufage de tous les Navigateurs. 4. Le fameux Problême des longitudes se réduit à celui ci: Connoiffant l'heure qu'il eft au Navire, trouver quelle est au même inftant l'heure de Paris. (a). La différence des temps convertie en degrés à raifon de 15 degrés pour une heure, donne la différence des méridiens; c'eft-à dire, la longitude du navire. La longitude fera occidentale, fi l'heure de Paris devance celle du navire la longitude fera orientale, fi l'heure du navire devance celle de Paris. Je ne m'arrêterai point ici à parler des diverfes méthodes qui ont été propofées pour réfoudre ce problême : je ne traiterai ici que de la méthode la plus fimple & la plus à la portée des Marins, celle de trouver la longitude par les Horloges (b). 5. La difficulté de cette méthode confifte uniquement dans la conftruction d'une Horloge exacte qui conferve conftamment la même jufteffe malgré les agitations du vaisseau, les différences de la température, les variations des frottements, &c. Ce n'eft pas ici le lieu de parler des moyens propres à vaincre ces obftacles: mais ayant une machine dans laquelle on a détruit ces obstacles, on déterminera toujours facilement par fon moyen la longitude du navire: car fi en partant d'un Port dont la longitude foit connue, on met l'Horloge à l'heure de ce lieu, & qu'après deux mois de navigation on dans (a) Nous prenons Paris pour premier Méridien, parce que toutes nos Tables font dreffées pour ce Méridien, & que plufieurs Cartes modernes on l'a choifi pour premier Méridien. (b) J'appelle en général Horloge une machine qui mefure le temps. Je diftingue les Horloges; 1. en Horloges Aftronomiques, celles qui fervent à terre, font à fecondes & réglées par un Pendule; 2o. en Horloges Marines, celles qui fervent dans la Navigation. veuille connoître la longitude actuelle du Vaiffeau, il ne faudra pour l'obtenir que trouver l'heure du Vaiffeau, & la comparer avec l'heure du lieu de départ indiquée par l'Horloge Marine. La différence des heures donnera la différence des méridiens. Si donc il y a une heure de différence entre l'heure du Vaiffeau & l'heure du lieu de départ, on sera affuré qu'il y a 15 degrés de différence en longitude entre le méridien actuel du Vaiffeau & celui du départ; ce qui eft évident, puifque la circonférence de la terre, dont la révolution se fait en 24 heures, étant compofée de 360 degrés: on trouve en divifant 360 par 24 heures, (temps de la révolution de la terre), qu'une heure de temps répond à 15 degrés de longitude, 4 minutes de temps à un degré de longitude, &c. (a) 6. La méthode de trouver les longitudes par les Horloges confifte donc uniquement à comparer l'heure du premier Méridien indiquée par l'Horloge avec l'heure du lieu où l'on eft, & réduisant la différence des heures en degrés, on a la longitude de ce lieu. Or fi l'Horloge étoit tellement réglée qu'elle n'avançât, ni ne retardât point du tout & qu'elle n'éprouvât aucune variation par les diverfes températures, on n'auroit qu'à trouver l'heure du Vaiffeau pour avoir la longitude. Mais comme il feroit fort difficile de régler (b) une Horloge de cette forte, il eft néceffaire de connoître avec toute la précision poffible de combien elle avance ou retarde par jour, (a) Nous obferverons ici en paffant que les prix qui ont été propofés pour la découverte des longitudes en mer avoient affigné la plus grande récompenfe à la méthode qui donneroit la longitude à la précision d'un demi-degré après fix femaines. Or, pour qu'une Horloge rempliffe cette condition, il ne faut pas que fon écart journalier excede 2" 9. (b) Il eft de néceffité abfolue que la marche d'une Horloge foit uniforme; mais il n'eft pas néceffaire qu'elle foit réglée, c'est-à-dire, qu'elle fuive exactement le moyen mouvement du Soleil. Il fuffit dans l'ufage de ces machines pour la Navigation, de connoître la quantité dont une Horloge avance ou retarde par jour, afin de pouvoir tenir compte de fon avance ou retard journalier toutes les fois qu'on voudra conclure la longitude du Vaiffeau : ainfi il ne faut pas confondre une Horloge qui n'eft pas réglée avec celle qui varie. Ces deux chofes font tout-à-fait différentes : une Horloge qui avance aujourd'hui, & qui retarde enfuite, varie: elle ne peut jamais être réglée. Au lieu que l'Horloge dont le mouvement eft uniforme, peut être réglée ; & elle peut être même réputée réglée, lorf qu'on connoît la quantité de fon avance ou de fon retard journalier fur le moyen mouvement du Soleil. afin de tenir compte de la fomme de ces petites différences toutes les fois que l'on veut connoître la longitude. La méthode de trouver la longitude par les Horloges a donc deux parties; 10. les obfervations & calculs qu'il eft nécessaire de faire pour conftater la Marche (a) de 1 Horloge avant le départ du Vaiffeau, afin de pouvoir affigner dans tous les temps l'heure exacte qu'il eft au premier Méridien; 2o. les obfervations & calculs néceffaires pour trouver l'heure en mer. Ces deux Articles font l'objet de cet Ouvrage, & feront la matiere de plufieurs Chapitres. (a) On appelle en Horlogerie la Marche | chine avance ou retarde chaque jour sur le d'une Horloge la quantitê dont cette ma-moyen mouvement du Soleil. CHAPITRE II. Inftruction fur la maniere de placer les Horloges Marines dans le Vaiffeau, les conduire, &c. 7.Les Horloges Marines, telles que je les construits & qu'elles font décrites dans mon Traité des Horloges Marines, font de deux (b) efpeces; les premieres font à poids, & d'un affez grand volume; elles ne doivent marcher ni fervir que dans le Vaiffeau: celles de la feconde efpece font beaucoup plus petites; elles font à reffort & portatives; elles peuvent marcher pendant qu'on les tranfporte au Vaiffeau, &c. Ces dernieres que j'appellerai Montres Marines, ou Montres à Longitude pour les diftinguer, font d'un ufage plus commodes pour les Navigateurs ; & quoique conftruites fur les mêmes principes que les Horloges Marines, elles ne comportent pas tout-à-fait le même degré de jufteffe, cependant beaucoup fimple, afin d'en rendre le prix plus à la portée des Capitaines de Vaiffeaux Marchands, (b) Indépendamment de ces deux fortes d'Horloges Marines, j'ai encore conftruit une autre forte de Montre pour fervir en mer ces dernieres font d'une construction |