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divers à imprimer à la pièce en travail, et un homme de chaque côté du laminoir regarde passer le lingot, prêt à s'élancer pour faire sauter d'un coup de gouge un défaut qui viendrait à se manifester pendant le laminage, mais n'intervenant pas pour manœuvrer la pièce qui passe dans les cannelures successives, en prenant tous les mouvements rectilignes suivant trois axes coordonnés, outre un mouvement de rotation autour de son axe propre, chaque fois qu'il s'agit de donner quartier. Nous allons essayer de décrire l'ensemble des dispositions qui réalisent la marche de cet engin.

Le train blooming est un laminoir triple, dont le serrage est obtenu, soit par le mouvement du cylindre médian, soit au contraire par celui des deux cylindres supérieur et inférieur. Sur chaque face de ce laminoir est situé un tablier releveur, qui fait en même temps l'office de conducteur.

Ce tablier, formé de flasques en tôle, entre lesquelles sont montés des galets ou cylindres horizontaux, peut prendre un mouvement d'ascension ou de descente, afin de recevoir le lingot à chacun des deux étages du trio pour le mener à l'autre étage.

Ce mouvement vertical du tablier lui est imprimé par une commande hydraulique, au moyen d'un cylindre horizontal, dont le piston actionne, soit des bielles ou des balanciers portant les tiges de support des flasques du tablier, comme au laminoir des aciéries de Vulcain, soit, comme au train blooming de Bethléem, une crémaillère horizontale, qui mène deux arbres horizontaux, ceux-ci étant munis à leurs deux extrémités de pignons qui impriment à leur tour un mouvement rectiligne vertical aux quatre crémaillères qui servent de support aux flasques du tablier. Des contre-poids équilibrent le poids propre de l'ensemble du tablier et des rouleaux qu'il porte.

Le mouvement du lingot dans le sens de sa longueur, ou si l'on veut, son mouvement d'avancement pour aller se présenter dans les cannelures, lui est donné par les rouleaux ou galets qui composent le tablier, rouleaux qui peuvent prendre, à cet effet, un mouvement de rotation. Ce mouvement leur est transmis par des dispositions diverses. Aux Cambria-Works, par exemple, le rouleau antérieur, c'est-à-dire celui qui est le plus rapproché du train, porte une roue à gorges ou cannelures circulaires qui embrayent par friction les gorges correspondantes de deux roues portées par le train lui-même, et qui actionnent par suite le rouleau, l'une seulement lorsque le tablier arrive au haut de sa course, et dans le sens d'arrière en avant, par exemple, l'autre quand il parvient au bas de sa course, et dans le sens d'avant en arrière. Le mouvement ainsi imprimé au premier rouleau du tablier est communiqué à tous les autres par une série d'engrenages droits.

Dans les nouvelles installations, à Bethléem et aux Vulcan-Works, au contraire, l'avancement du lingot est obtenu au moyen d'une petite machine. à vapeur auxiliaire, à marche reversible. La transmission se fait, soit au moyen d'engrenages droits et d'un V articulé, soit comme à Bethléem au moyen de pignons d'angle, disposés de la manière suivante :

Un arbre horizontal, porté par des paliers au sommet et sur le devant. des cages, reçoit par poulies et courroies son mouvement de rotation de la petite machine à vapeur auxiliaire reversible, et le transmet par le moyen de deux pignons d'angle, à un arbre vertical situé devant une des colonnes de la cage. Cet arbre vertical transmet le mouvement à son tour à un arbre horizontal, porté le long d'une des flasques du tablier, au moyen de deux autres pignons d'angle, l'un calé sur ce dernier arbre, l'autre pouvant coulisser le long de l'arbre vertical, en suivant les mouvements d'ascension et de descente du tablier releveur.

Il nous reste à décrire le mode de rotation du lingot, qui s'opère en vue de lui donner quartier, pour le serrer également sur ses quatre faces, et le mouvement de translation de ce lingot parallèlement à lui-même pour se présenter successivement en regard des cannelures successives qu'il doit

traverser.

Un organe spécial que nous désignerons sous la dénomination du pousseur, sert à produire ces deux manœuvres.

C'est un chariot qui se meut, sous l'action d'un petit cylindre hydraulique à traction directe, perpendiculairement à la longueur du tablier, au-dessous duquel il est logé dans une fosse. Ce petit chariot porte trois ou quatre flasques verticales en fer, qui passent entre les rouleaux du tablier conducteur.

On conçoit dès lors aisément qu'il suffit de manoeuvrer le tiroir de distribution du cylindre hydraulique pour pousser le lingot en le faisant glisser, parallèlement à lui-même, sur les rouleaux du tablier conducteur, celui-ci étant à sa position la plus basse.

Pour donner quartier au lingot, on procède de la manière suivante: le tablier est levé à sa position supérieure, et on amène le pousseur dans une position telle que les flasques verticales se trouvent juste au-dessous de l'arête du lingot. A ce moment on fait redescendre le tablier, et l'arête du lingot venant porter sur le sommet des flasques, ce lingot est obligé de faire un quart de tour. Ce qui est remarquable dans la marche de cet engin, en somme compliqué, c'est la précision et la sûreté de sa marche, non moins que sa rapidité; un lingot ne met guère plus de deux minutes à subir treize passes, qui comportent toute la série de ces mouvements de translation suivant les trois axes coordonnés, et de rotation autour de l'axe horizontal.

Quelle que soit la perfection, au point de vue cinématique, de ces dispositions, je ne puis résister au désir de dire quelques mots d'une autre installation, non pas américaine celle-là, mais belge, qu'il m'a été donné de voir dans un récent voyage, et qui me semble plus parfaite et mieux appropriée peut-être au laminage des rails d'acier, au point de vue de la rapidité du travail et de l'économie de main-d'oeuvre. Il faut dire, en effet, que l'établissement des trains blooming américains est très-dispendieux. En donnant, d'une façon au moins sommaire, la description de l'installation de Seraing, je répondrai peut-être au reproche que m'ont déjà fait plusieurs

personnes, d'avoir un parti pris de louer et d'admirer tout ce j'ai vu aux États-Unis.

L'outillage perfectionné de l'établissement de l'aciérie de Seraing, si merveilleusement dirigé par M. Greiner, est basé sur l'emploi de machines reversibles très-puissantes, actionnant l'une un train dégrossisseur par l'intermédiaire d'une paire d'engrenages retardateurs, l'autre un train finisseur, commandé directement. Ces machines sont à deux cylindres et marchent à une vitesse relativement considérable, pouvant laminer par jour 4,000 barres de rails.

On fabrique des lingots d'un poids suffisant pour faire des rails en double, et même en triple longueur; ces lingots sont réchauffés dans d'immenses fours Bicheroux, à dix portes. Par les cinq portes d'une face, on charge les lingots; par celles opposées, on introduit les belettes provenant du train blooming. Les manoeuvres de chargement et de déchargement sont aidées par des chaînes, comme à Bethleem; ces chaînes sont commandées par des tambours pouvant être embrayés sur un arbre de transmission. Un très-petit nombre d'hommes, quatre sur chaque face des trains, suffisent à diriger le lingot; la vitesse de reversibilité de la machine est telle qu'on peut, par exemple, arrêter et retourner en arrière, pour enlever un défaut qui se manifesterait au cours du laminage. Les rails finis vont à la scie par le moyen de rouleaux conducteurs, qui tournent au ras du sol, commandés par une transmission souterraine.

Des installations semblables sont en construction pour la Russie, et une pour une aciérie française. L'avilissement du prix des rails d'acier donne un grand intérêt à tous les perfectionnements ayant pour effet d'abaisser tant soit peu le prix de revient; aux États-Unis, la concurrence a suffi, malgré le régime douanier protecteur, à abaisser de 160 à 50 dollars le prix des rails en acier. Quelques fours Martin, outre celui de Midwale, dont j'ai parlé à propos des fusions sur sole, fabriquent des lingots, mais cette fabrication n'a pas encore pris tout l'essor qu'elle devra comporter dans un pays aussi riche en fonte et en minerais purs; la production, en 1875, de l'acier sur sole n'était guère que de 9,000 tonnes.

En résumé, M. Regnard est loin d'avoir eu la prétention de faire un exposé complet de la métallurgie en Amérique; ayant eu l'occasion de voir quelques particularités qui lui semblent intéressantes, il s'est borné à les signaler dans cette note, laissant à chacun le soin de juger ce que, dans telles conditions données, il peut y avoir de bon à imiter. Ce qu'il tenait à mettre en lumière, c'est la rapidité foudroyante, pour ainsi dire, avec laquelle s'est développée la métallurgie aux États-Unis, et l'ardeur avec laquelle les industriels américains recherchent et appliquent tous les perfectionnements, ne reculant devant aucune dépense quand il s'agit d'améliorer leur outillage et de réduire la main-d'œuvre.

M. JORDAN n'a pu visiter l'Exposition de Philadelphie, mais il a eu la faculté de parcourir les rapports qui ont été écrits sur cette Exposition ainsi

que sur la sidérurgie américaine par divers métallurgistes distingués, tels que M. Valton, notre collègue, pour la France, M. Bell pour l'Angleterre, MM. Tunner et Kupelwieser pour l'Autriche, M. Wedding pour l'Allemagne, M. Akerman pour la Suède; il a vu, en outre, les très-intéressantes notices publiées, sur les usines américaines, dans le journal Engineering, par M. A.-L. Holley, ancien président de l'Institut des ingénieurs des mines américains, l'homme le plus compétent pour le sujet qu'il traite. M. Jordan demande la permission d'ajouter quelques détails à la communication de M. Regnard, en extrayant de ces divers rapports les données les plus inté

ressantes.

Le fait le plus saillant, et qui mérite certainement le plus d'être mis en lumière, est l'énorme développement pris par la métallurgie américaine depuis les dernières années, à l'abri du régime financier et douanier, spécial aux États-Unis. Au lieu de grever les produits indigènes d'une série d'impôts, analogues à ceux qui les frappent en France par exemple, les ÉtatsUnis ont obligé le commerce étranger à alimenter leurs caisses publiques en créant une formidable barrière de douanes; les consommateurs américains ont naturellement payé une certaine part de ces droits, mais sur des marchandises manufacturées, dont ils consomment une valeur bien moindre que celle des produits naturels indigènes qui servent à l'alimentation : les classes laborieuses, dont on se préoccupe surtout dans la grande république américaine, dépensent plus en blé, viande, vin, qu'en étoffes ou en fer, et il leur importe peu d'économiser 5 fr. par an sur le prix de leurs vêtements ou de leurs outils, si elles doivent dépenser 100 fr. de plus pour leur nourriture ou voir leurs salaires s'abaisser encore plus par la concurrence étrangère.

Ce système financier a permis aux États-Unis de rembourser en douze ans trois milliards et demi de la dette publique, et il a produit un résultat bien plus important encore. Grâce à la libéralité prodigieuse avec laquelle la Providence a doté l'Amérique d'immenses bassins houillers et de riches gisements ferrifères; grâce au nombre des voies de transport naturelles, comme les grands fleuves, les lacs et les canaux qui les mettent en rapport, sans parler d'un réseau étendu de voies ferrées qui se font concurrence, les États-Unis sont appelés peut-être à devenir les fournisseurs du monde entier en produits métallurgiques. Il ne leur manque que de la main-d'œuvre, et elle leur arrivera d'autant plus vite, par l'immigration, que les pays du vieux monde persisteront davantage dans un régime financier qui a le plus souvent pour conséquence l'abaissement des salaires. Sous peu d'années, les forges américaines, qui actuellement, à l'abri de droits protecteurs, empêchent déjà absolument les produits étrangers d'entrer aux États-Unis, seront en état d'exporter le fer et l'acier et de venir en Angleterre même faire concurrence aux puissants industriels qui croyaient avoir le monopole éternel de la fabrication du fer, comme les horlogers américains viennent déjà jeter l'alarme chez les fabricants d'horlogerie de la Suisse, qui se croyait aussi destinée à alimenter de montres et de pendules la majeure partie du

monde civilisé. Quelques maisons anglaises semblent prévoir ce changement, et on parle de l'établissement aux États-Unis de plusieurs grandes entreprises, fondées avec des capitaux anglais par des maîtres de forges qui comptent parmi les premiers chefs de l'industrie anglaise.

Quoi qu'il en soit, pour donner une idée de la situation économique des usines américaines, M. Jordan se contentera de dire que si les minerais coûtent encore 20 fr. environ la tonne à la mine, à cause de la cherté de la main-d'œuvre, les houilles en morceaux peuvent déjà arriver à beaucoup d'usines à 8 fr. la tonne, et les cokes à 8 fr. à 8o,50 s'ils ne sont pas lavés, 44 fr. à 16 fr. s'ils sont lavés.

Bien que la question à l'ordre du jour soit spécialement relative au matériel des usines et non à leur fabrication, il peut être utile de dire quelles sont les matières premières à leur disposition.

Les gisements de minerais sont très-nombreux et très-étendus; on les trouve répandus en abondance aussi bien au nord-est, comme les importants minerais magnétiques de l'État de New-York, au nord-ouest, comme les énormes amas du Lac Supérieur, au centre dans l'Ohio, la Pensylvanie, qu'à l'ouest dans le Missouri, et au sud dans le Tennessee, le Kentucky, la Virginie et l'Alabama. La majeure partie de ces minerais sont magnétiques et oligistes, et on trouve beaucoup de fourneaux qui en obtiennent des rendements de 64 et 65 pour cent.

La richesse en combustibles minéraux est énorme, aussi bien en houille bitumineuse qu'en anthracite, sans parler des pétroles et des puits de gaz naturel. On sait que la surface des bassins houillers des États-Unis est plus que double que celle des bassins houillers du reste du monde habité.

Les immenses forêts qui couvrent encore une partie importante du territoire fournissent du charbon de bois en abondance.

Voici maintenant quelques détails sur les usines et leur matériel.

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Hauts fourneaux au charbon de bois. Comme dans le vieux monde, leur nombre va en diminuant. Les plus importants se trouvent dant l'Etat de Michigan, au voisinage des riches minerais du Lac supérieur. Quelquesuns méritent d'être cités.

Le Bay furnace (Pl. 414, fig. 4), qui a 13m,72 de hauteur et 2,90 au ventre, muni d'un appareil cup and cone pour le chargement, soufflé avec du vent à 43 cent. de mercure et 240°, produit par vingt-quatre heures 32 à 36 tonnes de fonte Bessemer, à 21/4 pour cent de silicium, avec des minerais rendant 61 à 62 pour cent. auxquels on ajoute seulement 3 pour cent de castine, en consommant environ 800 kilogrammes de charbon par tonne de fonte. On est même arrivé, en forçant un peu la soufflerie, à lui faire produire 42 tonnes en diminuant encore la consommation de combustible.

Un autre fourneau au charbon de bois, de dimension colossale, existe à Escanaba; il a 47 mètres de hauteur et 3,60 de diamètre au ventre; mais il paraît qu'il n'a pas donné de très-bons résultats.

Le plus grand haut fourneau au charbon de bois des États-Unis, et pro

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