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et M. Buchon l'ont donné d'après Reinhard; mais dans ces dernières copies, la figure a souffert quelques changements. Nous la décrivons d'après la planche de Reinhard, quoique le dessin ait été fait évidemment avec peu de soin (1).

Au droit, dans le champ: le roi debout, ayant la physionomie d'un homme âgé, porte une couronne royale à trois pointes ou fleurons simples. Il est revêtu de la dalmatique byzantine, ornée de pierreries, et s'appuie à droite sur une haste terminée par une croix. De sa main gauche, il élève le globe crucigère, dont la croix a été placée avec intention au commencement de la légende, en lettres capitales et onciales: hvo. REX. CY.PRI. Un double grenetis environne le tout.

*. Jésus-Christ, la tête environnée du nimbe croisé, assis sur un trône, et bénissant de la main droite. A gauche de la tête se voient les lettres XC., formant la dernière partie du nom de Ἰησοῦς Χριστός en caractères grecs, dont la première partie IC. devait se trouver à droite. Cette image, d'origine et de style byzantin, fut empruntée par divers princes chrétiens d'Orient et d'Occident aux monnaies des empereurs de Constantinople. On la voit sur des monnaies des doges de Venise et des rois d'Arménie. Elle occupe la face convexe de la coupe des besants grecs ou chypriotes, ce qui explique son altération habituelle.

N° 2. Le Cabinet du roi possède un besant d'or scyphat, où on lit: h: REI: D..... €€ D'HIP, H. rei de Jerusalem et de Chipre, entouré intérieurement d'un simple grenetis. Dans le champ, le roi, couvert d'une dalmatique ornée de pierreries, dans le goût byzantin, tenant de sa main droite la croix à long pied, pareille à celle de la monnaie n° 1, et de la main gauche, le globe crucigère, dont la croix arrive au commencement de la légende. Sur la tête du souverain paraît une couronne en forme de stéphané antique, qui n'est peut-être que la couronne des autres princes, dont les fleurons sont cachés par la légende. Dans le champ, à gauche du roi, est une rosette.

Le type du revers est très-fruste; on y distingue cependant quelques vestiges de l'image de Jésus-Christ, assis et entouré d'un double grenetis, comme au no 1.

Cette monnaie a été publiée d'abord par Pellerin, à qui elle appartenait, avant de passer au Cabinet du roi, à Paris. Ce savant

(1) Geschichte des Konig. Cyp., t. I, p. 292.

numismatiste l'avait attribuée à Henri,empereur de Constantinople. M. Buchon a prouvé incontestablement qu'elle devait appartenir à un roi de Chypre, du nom de Henri ou de Hugues, et qu'elle devait être plutôt de Hugues III que de Henri II. Nous ne reviendrons pas sur cette discussion (1); mais nous sommes forcés de faire quelques observations sur l'inexactitude du dessin de Pellerin, reproduit par M. Buchon, car nous ne pouvons croire que l'artiste employé par ce savant ait eu le soin de recourir à l'original même de la pièce (2). Le roi porte une couronne ou bonnet sans fleurons sur la monnaie, et le dessin lui donne une couronne fleuronnée. Ce que le prince tient à la main, quoique trèsfruste, se reconnaît évidemment pour la croix à haste; Pellerin et M. Buchon y mettent un petit drapeau. De plus, on a représenté au revers Jésus-Christ avec le nimbe perlé, ce qui serait un contre-sens très-grand, principalement sur une monnaie de cette époque, et sur un monument d'Orient, pays où les premières traditions de l'art chrétien étant plus fidèlement conservées qu'en Europe, Jésus-Christ n'apparaît jamais qu'avec le nimbe croisé; et, en effet, il est presque possible d'apercevoir encore sur le côté droit de la pièce quelques traces de la croix du nimbe. Le trône, le globe et la légende IC. XC. İncous Xplorós du dessin, sont absolument invisibles sur l'original.

Nous remarquerons que ce besant est percé de deux trous; circonstance qu'il eût été nécessaire d'indiquer sur la planche, comme le dessinateur de M. Buchon l'a marqué sur le besant d'argent de Henri II, dont nous parlerons plus loin. Ces trous rappellent l'usage fort commun de tout temps en Orient, de porter les monnaies comme ornements.

Ces observations préliminaires exposées, venons à l'attribution des pièces que nous avons décrites. M. Münter et M. Buchon donnent la monnaie n° 1 à Hugues I", et la monnaie n° 2 à Hugues III; nous croyons que l'une et l'autre appartiennent à ce dernier prince.

Dans les deux pièces, c'est le type et le costume byzantin qui domine; le roi a la même position et les mêmes attributs, sauf la couronne, et la barbe, qui disparaît et qui revient,

(1) Voy. l'extrait de l'ouvrage de Münter, traduit par M. Buchon. Recherches, p. 401,

note 1.

(2) Recherches, page 399, planche VI, no 3.

comme l'on sait, sur les monnaies des mêmes princes. En outre le double grenetis et les vestiges du nimbe existant sur le n° 2, prouvent encore que les revers devaient être semblables; et si les lettres de la légende du n° 1 paraissent avoir un caractère archaïque qui les éloignerait de l'âge de celles du n° 2, il est dû, nous le croyons, à l'exécution extrêmement négligée de la planche de Reinhard, sur laquelle le double grenetis n'est représenté que par deux lignes ondulées. D'ailleurs ces lettres diffèrent tout autant de celles qui forment la légende du sceau de Hugues Ier, dont nous avons parlé, et, de plus, dans ce sceau, le jeune prince, auquel il est difficile d'appliquer la figure austère et vieillie de la gravure de Reinhard, quelque exagération qu'il y ait dans l'expression, est assis; il porte une robe longue, et non la dalmatique (1).

La considération vraiment importante qui a déterminé M. Münter et M. Buchon à attribuer à Hugues Ier la monnaie n° 1, en laissant le n° 2 à Hugues III, c'est la différence des légendes, dont la première qualifie le prince de roi de Chypre seulement, et la seconde, de roi de Jérusalem et de Chypre. La réunion définitive des deux couronnes n'ayant eu lieu qu'en 1269, après la mort de Conradin, sous le règne de Hugues III, la monnaie que nous désignons sous le n° 1 ne peut être de Hugues III, disen t MM. Münter et Buchon, puisque cette réunion s'opéra sous son règne (2). Mais remarquons que Hugues III parvint au trône de Chypre en 1267, qu'il ne fut roi de Jérusalem qu'en 1269, et qu'il prit alors seulement les deux titres. Nous avons, en effet, des actes de la haute cour de Saint-Jean d'Acre de l'an 1268, qui le nomment Hugues de Lesaignan, par la grace de Dieu, roy de Chipre (3), tandis qu'en 1269 il est appelé Hugue, por la grace de Deu, roy de Jerusalem latin et roy de Chypre (4). Observons, de plus, que ce prince montait sur le trône après un règne sous lequel on n'avait peut-être pas fabriqué de nouvelles espèces ; qu'il se trouvait en Chypre, et qu'il était déjà régent du royaume, quand son cousin Hugues II lui laissa la couronne,

(1) Le dessinateur de M. Buchon a beaucoup rajeuni la figure du roi Hugues, tout en lui conservant la barbe que paraît avoir ce prince sur la monnaie de Gotha. En l'absence de l'original, c'est au premier dessin donné par Reinhard que nous devons nous en tenir.

(2) M. Buchon, Recherches, p. 396.

(3) Assises de Jérusalem, t. II, p. 416.

(4) Paoli, Codice diplomatico, t. I, p. 188.

et qu'il put, par conséquent, faire frapper en son nom, dès les premiers temps de son règne, des monnaies comme celle du no 1. Reconnu deux ans après roi légitime de Jérusalem, il dut changer le type de ses monnaies et de ses sceaux, et émettre des pièces semblables à celles du no 2.

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Marie d'Antioche, tante du roi Hugues III, revendiqua le trône de Jérusalem contre ce prince, comme on l'a vu dans le précis historique; mais n'ayant pu faire reconnaître les droits qu'elle alléguait, la princesse se désista de ses prétentions l'an 1277, en faveur de Charles Ier, roi de Sicile. Depuis cette époque, les rois de Sicile et les rois de Naples, successeurs de Charles d'Anjou, ont toujours pris, comme les rois de Chypre, sur leurs monnaies et dans leurs actes, le titre de roi de Jérusalem, que les rois des Deux-Siciles portent encore, concurremment aux rois de Sardaigne, héritiers réels et légitimes des Lusignans (1).

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Le savant auteur des Recherches attribue au roi Janus, ou Jean II, une monnaie ayant pour légende: Johannes, gracia Dei, rex Jerusal., qui pourrait appartenir à Jean Ier; nous croyons cependant devoir la reculer jusqu'au règne de Jean, petit-fils de Jacques Ier, dit Jean III. On verra qu'elle ne peut être de Janus.

(1) On connait des monnaies du règne même de Charles d'Anjou, où figurent le titre et la croix de Jérusalem, qu'ont conservés ses successeurs. Muratori, Antiquitates Italiæ medii ævi, t. II, p. 637.

L. DE MAS LATRIE.

PIERRE DE MORNAY,

CHANCELIER DE FRANCE.

C'est une justice étrange que celle de l'histoire. Voici un personnage qui fut, pendant vingt ans, conseiller de Philippe le Bel, qui fut évêque d'Orléans et d'Auxerre, ambassadeur, chancelier de France, qui joua un rôle élevé dans les affaires de son temps; et il est à peine connu, tandis que Flotte, Nogaret, Plasian, ces âmes damnées de Philippe le Bel, sont en possession d'un renom historique auquel Pierre de Mornay a peut-être plus de droits qu'eux. C'est qu'aux époques de crises les hommes modérés, quelle que soit leur valeur, sont toujours sacrifiés, dans l'estime publique, à certains héros dramatiques, qui absorbent l'intérêt et la curiosité de la foule à force de bruit, d'éclat et de scandale. Ce sacrifice, commencé par les contemporains, n'est que trop aisément consommé par la postérité, qui aime à trouver dans l'histoire des effets de théâtre; en sorte que les noms les plus compromis sont souvent ceux qui ont le plus de chance de vivre et de s'imposer à la mémoire des hommes.

Ce qu'on peut recueillir de la vie de Pierre de Mornay semble prouver qu'il méritait de figurer au premier rang parmi les conseillers de Philippe le Bel. Pierre était le second fils de Guillaume, sire de Mornay, qui vivait en 1262. Il entra dans les ordres, et, sous le règne de Philippe le Hardi, il devint chanoine de la cathédrale d'Orléans et archidiacre de Sologne. Il prend cette qualité, pour la première fois, en 1281, comme témoin du serment que « fist li evesques Symon de Chartres à noble prince Pierre, filz le roi de France, conte de Alençon, de Blois et de Chartres (2), en la chapelle de la tour de Chartres, devant l'autel, la main seur le piz (3), et le messel

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(1) Cette biographie est détachée d'un travail encore inédit, qui aura pour titre : Histoire de la maison de Mornay.

(2) Pierre, fils de Louis IX et frère de Philippe le Hardi.

(3) La poitrine.

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