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Ieur ville. Cinquante ans plus tard, le génie de Louis XIV créait Toulon. Cette rapide analyse n'embrasse qu'une partie des faits racontés par M. Denis. Ses recherches se sont étendues à tous les points du littoral, comme Giens, Almanare, Breganson et les Iles. Sur chacune de ces localités, il a trouvé soit à émettre des aperçus ingénieux, soit à consigner des événements dignes de mémoire; et pour ne pas multiplier les divisions dans un sujet si restreint, il a voulu fondre avec l'histoire d'Hyères tout ce qu'il avait à dire des environs. Il en résulte un peu de confusion dans son récit. Nous ne voulons pas dire qu'il aurait mieux fait de distribuer ses incidents en autant de chapitres : le morcellement est un autre genre de confusion, et peut-être le pire de tous; mais en ménageant mieux ses transitions, surtout en les rendant moins fréquentes, au risque de suivre moins rigoureusement l'ordre chronologique, il eût conduit par un chemin plus facile l'attention de ses lecteurs. Du reste, cette remarque ne concerne que la disposition des épisodes: lorsque M. Denis est en pleine narration, il s'en tire à merveille. Nous citerons particulièrement le récit des troubles civils du seizième siècle, composé d'après des mémoires inédits, et qui d'un bout à l'autre se fait lire avec le plus vif intérêt.

La partie des antiquités est traitée avec beaucoup de lucidité et beaucoup de bon sens; mais les gens du métier la trouveront un peu réduite. M. Denis ne pense pas que le village actuel Léoube occupe l'emplacement d'Olbia. Où donc alors se trouvait posée la colonie phocéenne? Cette recherche eût été digne de sa perspicacité. Quant à Pomponiana, il differe d'en parler jusqu'à ce que les fouilles qu'il fait exécuter sur ce point aient amené des résultats plus marquants. En attendant, il se borne à décrire les médailles trouvées jusqu'à ce jour, et à rapporter les inscriptions qu'il a pu recueillir dans le pays. Ce sont des épitaphes latines qu'on peut rapporter, selon toute probabilité, à des citoyens de la ville romaine. Toutefois, le nom de Pomponiana ne se montre dans aucune. Nous voudrions être sûr que nous compléterons à cet égard l'épigraphie du canton d'Hyères, en signalant à M. Denis une inscription que nous avons recueillie nous-même sur les lieux. Elle est répétée sur deux petites bornes, éloignées de cent pas environ l'une de l'autre, et cachées au milieu des broussailles qui couvrent la descente de Costebelle à Pomponiana. Elle est ainsi conçue :

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Nous interprétons ces sigles par les mots ad stationem Pomponianam quingenta quinquaginta millia (passuum), et nous y voyons exprimée la distance de Rome à Pomponiana. A la vérité, ce n'est pas là le résultat que donnent les itinéraires d'Antonin, sur lesquels on trouve marqués 591 milles de Rome à Fréjus par la voie Aurelia, plus 58 milles par la voie de mer entre Fréjus et Pomponiana; total, 649 milles. Mais outre que la voie Aurelia fut raccourcie par Constantin, il y a des chiffres évidemment erronés

montait un petit palefroi bayart, qu'il légua à Simon de Chevreuse. Il pouvait au besoin s'armer de pied en cap, ni plus ni moins qu'un chevalier, et fit don de toutes ses armures à deux de ses neveux, Perrinet de Mornay et Gui de la Maison-Comte. Sa bibliothèque était riche en manuscrits sur le droit civil et le droit canon, et ses chapelles, en vases, en calices, en tabernacles, en ornements précieux. L'héritage qu'il laissa à sa sœur Agnès de Mornay, dame de la Guierche, et à son frère Guillaume, sire de Ranches et de Villiers-Haguenon, quoique diminué par une foule de legs importants, n'en était pas moins considérable. C'étaient toutes les maisons de la Voye-Guyon, avec leurs appartenances, situées à la Charité-sur-Loire; la seigneurie de la Chalmaison (1), avec vignes, terres, prés, bois, étangs, cens, censives, rentes, bordelages, fiefs, justice haute et basse, hommes, tailles, corvées, garennes, colombiers, etc.; le bois d'Aubigny (2), le péage des Aix d'Angillon (3), la maison de Bion, avec toutes ses dépendances; la maison forte ou château de Dompierre-sur-Nièvre, avec granges, greniers, ouches, courtils et fossés, et toutes les terres, bois, prés ou vignes qui en relevaient. C'étaient, en outre, toutes sortes de droits seigneuriaux des champarts, des rentes en blé, en avoine, en gelines ou poules, de menus cens, de menues coutumes : le tout parfaitement inventorié, indiqué, désigné, si bien qu'on pourrait aujourd'hui, grâce à la persistance des noms de lieu, retrouver les prairies, les champs et les bois que possédait Étienne de Mornay en Berri, en Nivernais, en Champagne et en Beauce. On sait jusqu'aux noms des hommes taillables et exploitables, c'est-à-dire des serfs ou serves qu'il transmit à ses héritiers. On en compte trente, parmi lesquels il en est de singuliers, comme la Petite-bien-venue, la Plotonne, Jeanne-paye-les-fous.

Les legs pieux faits par Étienne de Mornay sont en grand nombre et d'une grande valeur à l'église et au chapitre de Saint-Martin de Tours, trois cent vingt livres tournois; à chacune des églises de Noyon, d'Amiens, d'Auxerre et du Puy, cent livres tournois; à l'église de Paris, cent livres parisis; à l'église de Nevers, soixante livres tournois; à celle de Soissons,

(1) Chalmaison, Seine-et-Marne, arr. de Provins.

(2) En Berri, dép. du Cher, arr. de Sancerre.
(3) Ou mieux Dam Gillon, Cher, arr. de Bourges.

soixante livres parisis; à l'abbaye de Saint-Laurent d'Auxerre, cent livres tournois; aux églises canoniales de Sainte-Marie et de Saint-Ursin de Bourges, cinquante livres tournois; à l'église paroissiale de Frasnay (1), vingt livres parisis; à celle de Charentenay (2), dix livres tournois; à l'église de Bion, où étaient inhumés son père et son frère Philippe, cent sous tournois; même somme au couvent de la Charité-sur-Loire, et cent sous parisis à l'Hôtel-Dieu de Paris.

Étienne de Mornay fonda deux chapelles, l'une dans l'église de Saint-Martin de Ligueil (3), au diocèse de Tours, avec vingt livres tournois de rente; l'autre, qu'il nomme sa chapelle du Champ de Mars, avec un revenu de trente livres tournois : cette dernière hérita de tous ses vases et ornements d'église.

Aucun de ses serviteurs ne fut oublié dans son testament : son fauconnier garda le cheval qu'il montait et le faucon qu'il portait; son premier écuyer garda aussi le cheval qu'il montait, et reçut, en outre, un faucon que le chancelier de France avait donné, en 1331, à Étienne de Mornay; le second écuyer eut un cheval à son choix. Tous ses vêtements, toutes les robes de prix qu'il avait reçues des princes ou des rois, Étienne de Mornay les distribua aux gens de sa maison : c'étaient des robes à trois garnitures, fourrées de petit-gris, fourrées de vair, doublées de taffetas, avec épitoges pareilles; des cottes d'étoffe perse, des cottes de camelot, fourrées d'agneau, des cottes de tanně (4), des draps en pièce, puis, l'héritage ordinaire des valets de chambre : hauts-de-chausses, chemises, souliers, brodequins, etc. L'ancien maître des comptes désigne ces divers objets avec une exactitude minutieuse, jusqu'à indiquer qu'une pièce de drap, qu'il lègue à Raymbaud, n'a pas été employée pour la livrée de sa maison, et qu'elle est à Paris, chez le foulon. Non content de partager sa garde-robe entre ses valets, Étienne de Mornay leur légua encore les harnais de ses chevaux, les selles de ses palefrois, et de l'argent à plusieurs pour retourner dans leur pays. Quelques-uns de ses serfs figurent aussi dans

(1) Sans doute Frasnay-les-Chanoines, Nièvre, commune de Saint-Aubin. (2) Charentenay, Yonne, arr. d'Auxerre.

(3) Ligueil, Indre-et-Loire, arr. de Loches.

(4) Sorte d'étoffe jaune, dit du Cange, qui cite précisément pour le mot tanneyum le testament d'Étienne de Mornay.

son testament, puis des amis, et, après eux, son frère, ses sœurs, ses neveux (1).

A cette époque, on parlait encore des croisades, et le bruit qu'avaient fait ces grandes expéditions pendant les deux siècles précédents avait encore des échos aussi le doyen de SaintMartin veut que le produit de tous ses biens mobiliers et de tous ses conquêts, déduction faite des legs, soit divisé en deux parts: moitié pour les pauvres de Paris et de Tours, moitié pour la future croisade, si croisade il y a dans les deux ans et six mois qui suivront l'époque de sa mort. En ce cas, si son frère Guillaume, si l'un de ses neveux ou de ses proches entreprend le pèlerinage de la terre sainte, il pourra s'aider de cet argent, et le réclamer aux abbés de Fontmorigny et de Saint-Laurent, qui en seront dépositaires.

Étienne de Mornay avait d'abord choisi l'abbaye de SaintLaurent d'Auxerre pour le lieu de sa sépulture, mais il revint sur ce choix, et accorda la préférence à l'abbaye de Fontmorigny, à laquelle il légua deux cents livres parisis et cent livres tournois. Il voulut, avant sa mort, être revêtu de l'habit religieux, et ordonna que, le jour de ses funérailles, son corps fût recouvert d'un drap mortuaire de bure, et non de soie ou d'autre étoffe somptueuse. Il ordonna encore d'allumer quatre cierges seulement autour de son cercueil, de distribuer deux deniers parisis à tous ceux qui assisteraient à son service funèbre, et défendit à ses exécuteurs, dans les termes les plus solennels (2), de leur faire donner à manger ou à boire (3), les gens de sa maison et l'abbé de Fontmorigny exceptés.

Il nomma ses exécuteurs testamentaires : l'archevêque de Sens, les abbés de Fontmorigny et de Saint-Laurent d'Auxerre,

(1) Étienne de Mornay avait pour frère et sœurs à l'époque de sa morí:

1o Guillaume de Mornay, qui fut sénéchal de Périgord;

2o Agnès de Mornay, dame de la Guierche;

3o Isabelle de Mornay, dame de la Maison-Comte.

Ceux de ses neveux qu'il nomme dans son testament étaient :

Perrinet de Mornay, fils de Guillaume;

Quatre fils d'Isabelle: Guy, Bureau, Pierre et Étienne de la Maison-Comte. Ces deux derniers étaient moines de la Charité-sur-Loire, Gui suivait la carrière des armes, et Bureau étudiait pour être clerc. Aussi Étienne de Mornay lui légua-t-il tous ses livres, à la condition qu'il persisterait à entrer dans la cléricature.

(2) Sub interminatione extremi judicii.

(3) Ad comedendum vel bibendum.

qu'autrefois, produit aussi un effet beaucoup plus satisfaisant ; toutefois, il faut l'avouer, c'est moins là un musée que le noyau d'un musée. A côté de monuments d'un prix réel, figurent des vieilleries qu'on ne supporte que dans l'idée qu'elles seront remplacées au plus tôt. On ne saisit pas non plus la méthode qui a présidé au classement de tant d'objets, plus variés quant à leur espèce que sous le rapport de leur âge. A peu d'exceptions près, toutes les grosses pièces sont du seizième siècle. La partie des armures n'est ni choisie, ni ancienne, et quant à celle des manuscrits, elle est si pauvre qu'il eût mieux valu la supprimer. C'est à l'administration à poursuivre, par une recherche patiente et par des acquisitions éclairées, l'accomplissement d'un dessein en si bonne voie d'exécution. Il faut qu'on voie se reconstituer là quelque chose qui remplace dignement et dans des proportions encore plus vastes, le musée formé il y a cinquante ans aux Petits-Augustins. Sans doute, par la suite du temps, les chambres se montreront disposées encore à plus d'un sacrifice. Espérons aussi que la générosité des particuliers se joindra à la munificence de l'État, de manière à ce qu'on voie s'exercer au profit de notre nouvelle collection des monuments français, cette puissance attractive dont M. Arago parlait l'année dernière dans son rapport à la Chambre des députés.

-On trouve dans l'un des derniers numéros de la Revue de bibliographie analytique, une lettre de M. le capitaine Azema de Montgravier, adressée à M. Hase, où sont rapportées huit inscriptions, dont trois découvertes à Tenez et cinq à Orléansville. L'épitaphe de l'évêque Reparatus, que nous avons déjà reproduite (p. 103), fait partie de ces dernières. Parmi celles de Tenez, nous en distinguons une qui est de la plus haute importance, parce qu'elle établit que Tenez est l'ancienne Cartenna colonia, et que les Baquates (Baxovata), mentionnés par Ptolémée, occupaient l'intérieur de la province d'Oran; d'ailleurs elle est destinée à perpétuer la mémoire d'un fait historique. La voici :

C. FVLCINIO MFQVIR
OPTATO...LAMAVGIIVIR
QQPONTIFIIVIRAVGVR

AEDQV...STORIQVI

INRVP....NEBAQVA

TIVM.....NIAMTVI

TVSEST.. ...IMONIO

DECRETI ORDINISET

POPVLIC.RTENNITANI

ETINCOLA. PRIMO IPSI
NECANTE VILLI

AERE CONLATO

Caio Fulcinio Optato Marci filio, Quirina, flamini Augusti, duumviro quin· quiennali, pontifici, duumviro augurali, ædili, quæstori, qui inruptione Baquatium coloniam tuitus est; testimonio decreti ordinis et populi cartennitani et incolarum; primo ipsi nec ante ulli, ære conlato.

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