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armacollo), des anneaux à leurs oreilles, et un long voile sur la tête. Une d'entre elles accoucha sur le marché, et, au bout de trois jours, elle alla rejoindre les siens (1).

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Forli était sur le chemin de Rome (à quinze lieues environ de Bologne, que les Bohémiens avaient quittée vers le 1er août), et nous les retrouvons devant cette ville le 7 août. Leur nombre s'était sans doute accru pendant leur lent trajet, car le chroniqueur de Forli l'évalue à deux cents « Ces gens peu accommodants, dit-il, restèrent de çà et de là pendant deux jours comme des bêtes fauves et des larrons (2). Si l'on en juge par les expressions du chroniqueur, ils prétendaient traiter les Italiens d'égal à égal, et, se donnant pour un peuple envoyé par l'empereur, ils demandaient aux habitants de Forli une sorte d'alliance (3). Fra Geronimo ne nous apprend rien de plus sur eux, sinon que quelques-uns disaient être de l'Inde. Il ajoute qu'il y eut cette année-là grande peste et grande mortalité à Forli (4).

En quittant Forli, comme en quittant Bologne, les Bohémiens dirent qu'ils allaient à Rome, vers le pape; et, en vérité, ils y allèrent. Il paraît même que ces habiles mécréants surent toucher le pontife: les nouvelles lettres de protection qu'ils montreront bientôt, en fournissent la preuve.

Le but du voyage, je l'ai fait pressentir, c'étaient ces fameuses lettres de protection. Aussi, dès qu'elle les eut obtenues, la troupe revint-elle sur ses pas. Nous allons la retrouver en Suisse, dans ce carrefour des nations civilisées, où les Bohémiens s'étaient déjà donné une fois rendez-vous, dans ce pays qu'ils affectionnaient sans doute aussi, à cause de ses retraites inhabitées.

faites du même tissu. » Vêtement ou couverture, pour des pèlerins, cela se ressemble déjà beaucoup; pour des Bohémiens, c'est tout un. Je ne choisirai donc pas. Les vieilles gravures nous représentent en effet les Bohémiens, et surtout les Bohémiennes, enveloppés de longs et larges manteaux en forme de couverture, ou vice versa. Quelquefois ces couvertures-manteaux sont rayées. Voyez, entre autres, la gravure donnée par Munster.— Quant à l'épithète ad armacollo, elle signifie que les Bohémiens portaient alors la couverture, non en roulière, comme les représente la gravure en question, mais en draperie passée sous un bras et rejetée sur l'autre épaule.

(1) Chronica di Bologna, Rerum ital. scriptores, t. XVIII, p. 611-612.

(2) Le texte porte furentes, des furieux; mais je crois qu'il faut lire furantes. (3) Quædam gentes missæ ab imperatore, cupientes recipere fidem nostram.» -Chronicon Forliviense, ab an. 1397 ad an. 1433, autore fratre Hieronymo, Forliv., ordin. Prædic. : Scrip. rerum ital., t. XIX, p. 890.

(4) Muratori fait le même rapprochement, et l'exprime d'une manière plus générale, dans ses Annali d'Italia, t. IX (1763), p. 89.

En effet, dans la même année (1422), nous ne savons pas la date précise, on connut pour la première fois, à Bàle et dans le Wiesenthal (1), ce peuple étranger, rusé et fainéant, qu'on appelle Zigeiner. Le chroniqueur bâlois ne nous dit pas si la bande était nombreuse; mais, en la voyant pourvue de cinquante chevaux, on doit penser qu'elle se composait de plusieurs centaines d'individus. Wurstisen ne mentionne cependant qu'un chef, et encore s'appelle-t-il autrement que le chef d'Italie: il s'appelle le duc Michel d'Égypte. Le duc André n'étaitque le commandant en second, et accompagnait-il ici le duc Michel, sans qu'il soit fait mention de lui? La concision de notre chroniqueur ne nous permet pas de trancher cette question.Si les deux ducs n'étaient pas ensemble à Bâle, à coup sûr, du moins, ils avaient conféré; à coup sûr le duc André avait transmis au duc Michel ses principaux pouvoirs, en même temps qu'une partie au moins des hommes de sa bande; à coup sûr la bande remarquée à Bâle était la bande principale, car elle était munie des mêmes sauf-conduits impériaux qu'elle montrait déjà dans les villes hanséatiques, et aussi des sauf-conduits que le pape venait d'accorder. «C'est à cause de ces sauf-conduits, ajoute Wurstisen, qu'on laissait passer ces vagabonds, quoiqu'au déplaisir des paysans. » Ici, du reste, les Bohémiens adoptèrent une variante dans le récit relatif à leur origine et à leurs infortunes. Ils raconteront bien encore plus tard leur vieille histoire, dans les contrées qu'ils visiteront pour la première fois; mais ici, tout près de Zurich, à deux pas de Baden en Argovie, cela pourrait ressembler à une répétition. Donc, ils disaient qu'ils étaient les descendants de ces Égyptiens qui refusèrent l'hospitalité à Joseph et à Marie, lorsqu'ils fuyaient en Égypte avec l'enfant Jésus, et qu'ils devaient à cette origine d'avoir été voués par Dieu à la misère (2).

(1) Viesentaig, Viesentagiensis Comitatus, dans la Souabe.

(2) Voyez Wurstisen, Basler Chronick, Bâle, 1580, in-fol., p. 240, ou Jean Grossius (qui copie Wurstisen), Kurtze Bassler Chronick, Bâle, 1624, pet. in-8°, p. 70.

La suite à la prochaine livraison.)

PAUL BATAILLARD.

TITRE RELATIF

A LA CORPORATION

DES DRAPIERS DE PARIS.

1219.

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Les drapiers constituaient le premier des six corps de métiers (1), auxquels appartenait au moyen âge le gouvernement du commerce de Paris. Ils faisaient remonter leurs priviléges et leur constitution au règne de Philippe Auguste, comme on le voit par le préambule d'une ordonnance qu'ils obtinrent du roi Jean en 1362: « Oye la supplication, dit cet acte, à nous faicte de par noz bien amez les maistres et confrères de la draperie de nostre bonne ville de Paris, contenant, comme dès environ l'an mil cent quatre vint et huit, ou mois de décembre, la confrarie de la dicte draperie a esté encommencée (2). » De ces termes il résulte encore, que déjà en 1362 les drapiers ne pouvaient plus produire cette charte de Philippe Auguste, puisque la date n'en est énoncée que d'une manière approximative. De là peuvent naître des doutes sur l'époque véritable à laquelle les drapiers de Paris commencèrent à former un corps. Il est certain, par d'autres documents, qu'ils agissaient déjà comme communauté en 1183; car cette année même, au dire de Sauval et de Jaillot (3), ils reçurent du roi, moyennant cent livres parisis de cens annuel, vingt-quatre maisons confisquées sur les juifs (4).

(1) Ordonnances des rois de France, T. III, p. 582.

(2) Ces six corps de métiers étaient les drapiers, les épiciers, les merciers, les pelletiers, les bonnetiers et les orfévres.

(3) Antiquités de Paris, t. II, p. 471. Recherches sur Paris, t. I, p. 45. Le dernier de ces auteurs cite à l'appui de ce fait le Registre de la ville, qui ne peut être que le Livre rouge perdu depuis longtemps; car les registres actuellement conservés de l'hôtel de ville ne commencent qu'avec les dernières années du quinzième siècle.

(4) Ces maisons étaient situées non loin du palais, dans la rue qui s'appelait alors Judæaria pannificorum, et qui depuis porta le nom de rue de la Vieille-Draperie,

L'ordonnance de 1362, que nous alléguions tout à l'heure, révèle un fait qui explique jusqu'à un certain point, comment avait pu disparaître un acte aussi important pour le corps des drapiers que celui où était confirmée leur institution. On y rapporte une missive de Philippe de Valois au prévôt de Paris, datée du 21 avril 1339, dans laquelle le Roi déclare rétablie la corporation des drapiers, suspendue précédemment. N'est-ce pas à cette suppression temporaire de la communauté qu'il faut rapporter la perte, peut-être la destruction, faite par ordre du roi, de son titre fondamental?

Le Livre des métiers, d'Étienne Boileaue, ne renferme aucune disposition relative aux drapiers. Le titre cinquantième du premier livre, intitulé, des toisserans de lange, concerne seulement les fabricants de drap commun et de couvertures, établis à Paris; et, ni ce titre, ni ceux qui viennent après, quoiqu'ils se rapportent aux foulons et aux teinturiers, ne font la moindre allusion au commerce des drapiers.

Cette absence presque complète de documents sur une corporation, dont la suprématie ne fut jamais contestée, nous semble justifier suffisamment la publication de la pièce qu'on va lire. Elle se recommande d'ailleurs par son antiquité. Nous en devons la communication à l'obligeance de notre confrère, M. Salmon, qui la possède en original. C'est un contrat de vente passé entre la confrérie des marchands drapiers et un bourgeois de Paris nommé Raoul Duplessis, lequel cède à ladite confrérie une maison avec son pourpris, située derrière le mur du PetitPont; plus, les droits qu'il percevait sur diverses maisons contiguës à l'hôtel où les confrères drapiers tenaient les réunions de leur corps. La vente a lieu du consentement de la femme et de la mère de Raoul Duplessis, qui avaient assignation de douaire sur les propriétés aliénées (1); elle est garantie ensuite par les parents collatéraux du vendeur, qui se reconnaissent passibles envers les acquéreurs, chacun d'une amende de cent livres, et tous des dépens, s'il arrivait à l'un d'eux d'exiger dans l'année la résiliation du contrat.

L'acte est du mois d'août 1219.

In nomine sancte et individue Trinitatis, amen. Ego Radulfus de Plesseio, notum facio universis presentibus pariter et futuris, quod ego, de assensu et voluntate Aaliz, uxoris mee, vendidi

qu'elle a conservé jusqu'à ce jour; mais ce nom disparaîtra bientôt avec la rue ellemême, qui, à l'heure qu'il est, est en pleine démolition.

(1) C'est là ce que signifient les expressions dotem suam quittaverunt.

mercatoribus, confratribus de draperia, Parisius, domum meam, cum toto porprisio, quam habebam, Parisius, retro macerien Parvi Pontis, que fuit Bartholomei de Furcosa, et triginta solidos et duos denarios censuales, capiendos in domibus sitis circa domum et proprisium confratrie dictorum mercatorum, imperpetuum possidenda, pro centum libris et sexaginta solidis parisiensibus, duodecim denariis censualibus, quolibet anno, michi et heredibus meis persolvendis. Si vero confratres supradicti in jam dicta censiva aliquid emere, vel domum cum porprisio ad censivam dare, voluerint, bene licebit eis emere, absque contradictione aliqua, in censiva domus et porprisii et in censiva pecunie memorate, dummodo persolvant venditiones. Aaliz etiam, uxor mea, et Odelina, mater mea, quittaverunt dotem suam et quicquid juris habebant in rebus prenominatis, fide corporaliter prestita, quod contra istam venditionem nichil de cetero attemptabunt. Preterea, Robertus de Plesseio et Guillelmus, fratres mei, et Petronilla, soror mea, Stephanus Parmarius, Guillelmus de Villa Escoublain, et Gilo de Nosiaco dederunt fidem suam de recta guarantia facienda; tali conditione quod, st aliquis de parentela infra annum veniret, qui venditionem istam retraheret, ipse persolveret viginti libras parisienses, pro pena, confratribus supradictis; et insuper, omnes expensas bona fide factas eisdem confratribus resarcirent. Quod ut perpetue stabilitatis robur obtineat, presentem paginam sigilli mei munimine roboravi. Actum anno Incarnationis Dominice millesimo ducentesimo nono decimo, mense Augusto.

L. R. DE L.

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