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drois et à ban, à certains jours, pour comparoir en nostre court de Parlement, qui en a entreprins la congnoissance, et ses biens mis en nostre main. Ausquelz jours, icellui suppliant, qui est ancien et bien simple homme, et pour doubte de rigueur de justice, n'a osé comparoir, et se doubte que on vueille contre lui procéder à bannissement de nostre royaume et à déclaracion de confiscacion de ses biens, se par nous ne lui estoit et est sur ce eslargie nostre grace et bonne provision; en nous humblement requérant que actendu ce que dit est, que ce que ledit suppliant, parti de ladicte maison dudit barbier, à tout ladite pelle qu'il trouva d'aventure, fut pour obéir et aler à l'aide de justice et de noz sergens, qu'il n'eust osé désobéir ne différer de y aler, pour ce que pluseurs noz sergens crioient à l'aide au Roi, combien véritablement que icellui suppliant ne savoit que c'estoit, et n'y fist autre chose que dit est, et si ne fut onques présent, quant ledit escollier fut frappé à mort, et ainsi n'en doit raisonnablement estre traveillé ou empesché, nous lui vneillons eslargir nostredicte grace; pour ce est-il que nous ces choses considérées......

Donné à Saint Jehan d'Angely, le xi jour de juing, l'an de grace mil cccc cinquante et trois et de nostre règne le xxxI. Ainsi signé: PAR LE ROY, à la relacion du Conseil. Courtivelles. DOUET D'ARCQ.

NOTICE

SUR

HERCULE GÉRAUD.

Lorsqu'au commencement de ce volume nous insérions l'article si remarquable de M. Géraud, intitulé le Comte-Evêque; lorsque plus récemment encore, pour récompenser, suivant la mesure de notre pouvoir, ce collaborateur infatigable, cet ami toujours disposé à nous servir de sa peine et de son talent, nous le nommions vice-président de notre société littéraire, nous étions loin de penser que nous dussions si tôt remplir envers lui le plus triste et le dernier des devoirs. Nous l'avions vu débuter par où beaucoup d'autres finissent, et cette maturité précoce nous semblait le prélude et le gage de la plus brillante destinée. Grande était notre attente de l'avenir que nous nous plaisions à lui former, légitime notre orgueil des succès qu'il avait déjà recueillis; et voilà que tout à coup il manque à notre joie et à nos espérances. Il meurt à trente-deux ans, laissant vide dans la science qu'il honorait par ses travaux et par sa probité, une place qui, on peut le dire, ne sera pas de si tôt aussi bien remplie. Qu'il nous soit permis de donner ici un libre cours à nos regrets; et puisque la Bibliothèque de l'École des Chartes, que Géraud fonda avec nous, qu'il aima d'une affection si dévouée, n'était pas faite pour recevoir plus longtemps le tribut de ses utiles travaux, qu'elle nous serve du moins à consacrer sa mémoire. C'est ce que nous essayerons de faire, en rassemblant les modestes souvenirs qui se rattachent à son existence si courte, mais si bien remplie.

Pierre- Hercule-Joseph-François Géraud naquit le 11 février 1812, au Caylar près de Lodève (Hérault). Son père, notaire dans cette petite ville, ne put élever que lui de trois fils qu'il avait eus. Sans trop savoir quelle profession il lui donnerait par la suite, il commença par le confier aux soins de son curé, de qui il avait lui-même reçu les premières leçons. L'enfant fit merveilles. En cinquante jours il apprit à lire, tellement que le vieil ecclésiasti

que ne pouvait s'empêcher de dire à M. Géraud : « Votre fils vaudra mieux que vous. » Après avoir reçu au presbytère du Caylar les premières teintures du latin, Hercule Géraud fut mis dans un pensionnat du Mur-de-Barrés, puis au collége de Saint-Affrique. Il se distingua assez dans ces deux établissements pour que son père obtint en sa faveur une bourse au collége royal de Rodez. A Rodez, il poursuivit ses études de la manière la plus brillante jusqu'en 1827, où, par suite d'une étourderie de jeunesse, il fut forcé de les interrompre. Il était alors en rhétorique. Dénoncé comme l'auteur d'un écrit satirique que la malignité avait répandu au dehors, et qui, dit-on, égaya beaucoup la société de Rodez aux dépens du corps enseignant, il ne put, malgré son repentir et ses larmes, éviter une expulsion que le proviseur du collége crut nécessaire au maintien de la discipline et du bon exemple.

Géraud avait à Clermont une tante riche, qui s'intéressa à lui dans sa disgrâce, et qui se chargea de son éducation. Cette dame le présenta au collége de Clermont avec un certificat d'études, tel qu'on avait pu l'obtenir de l'inflexible proviseur de Rodez, c'est-à-dire, très-favorable en ce qui concernait la capacité de l'enfant, mais cruellement explicite sur les moindres circonstances de son délit. La matière parut assez grave pour être soumise à la décision du conseil académique, et le conseil jugea qu'un garçon de quinze ans, qui avait écrit un pamphlet contre ses maîtres, ne pouvait rentrer dans le sein de l'Université. Force fut donc de placer Géraud au petit séminaire de Montferrand, où il fut reçu avec un empressement d'autant plus marqué que l'acquisition paraissait bonne.

En effet, il fut au petit séminaire, non-seulement un élève distingué, mais encore un sujet irréprochable; à tel point que l'évêque de Clermont, charmé des excellents rapports qui lui revenaient de toutes parts sur son compte, résolut de se l'attacher, et fit de lui l'objet tout particulier de ses attentions et de ses caresses. Peu s'en fallut alors que Géraud n'entrât dans la carrière ecclésiastique. Il y était vivement poussé par les instances de ses supérieurs et par les conseils de son père: lui-même se trouvait à cet égard dans une disposition d'esprit assez favorable; mais sa tante désirait faire de lui un avocat, et, par déférence pour une volonté qui lui était chère, il s'arrêta à ce dernier parti. On le plaça chez un avoué de Clermont, pour qu'il se préparat par la pratique à l'étude du droit.

Il fit son entrée dans le monde au milieu du trouble qui suivit la révolution de 1830, lorsque par toute la France les esprits, et surtout ceux de la jeunesse, étaient sous l'impression de ce grand événement. Géraud subit pour sa part cette influence irrésistible. Comme le plus grand nombre des jeunes gens de son âge, il embrassa les opinions républicaines. Passionné pour les vers, qu'il tournait avec une certaine grâce, il se crut appelé à servir par son talent ce qu'il regardait comme la cause de la liberté. Il composa des chansons politiques qui firent du bruit à Clermont : l'une d'elles envoyée à Béranger lui valut même de la part de ce grand maître des encouragements flatteurs. Fier d'un pareil succès, vanté dans le Patriote du Puy-de-Dôme, à la rédaction duquel il participait, recherché dans les salons à cause de l'aisance de sa conversation et de l'agrément de sa voix (il chantait avec beaucoup de goût), Géraud ne tarda pas à devenir l'homme important sur lequel se réglait une partie de la jeunesse clermontaise. Ajoutons cependant que, tout en s'abandonnant avec la facilité de son âge aux séductions d'une gloriole éphémère, son bon sens le tint toujours attaché aux devoirs de son étude. Il n'était pas de ceux dont l'incapacité présomptueuse dédaigne les travaux sérieux et positifs; et comme il sentait que le métier de clerc était un acheminement à des avantages dont il avait besoin, tout en rimant, il copiait de la procédure, et dressait des requêtes avec une aptitude, avec un zèle dont son patron lui-même était étonné.

Cependant il avait perdu sa protectrice, et ce malheur avait rendu une seconde fois son avenir problématique. Quatre ans après sa sortie du séminaire, Géraud était encore dans la plus grande incertitude. Il prêtait l'oreille à l'un.qui lui faisait entrevoir la possibilité d'un établissement avantageux en province, à l'autre qui lui montrait Paris comme le seul endroit où il pût se produire. Il adopta ce dernier avis, se fiant à sa bonne étoile pour se tirer d'affaire, et alléguant, pour justifier son voyage, la nécessité où il était d'entrer résolûment dans une carrière qu'il n'avait fait qu'aborder jusque-là.

Il se mit en route pour Paris au commencement d'octobre 1834. Sa première visite en arrivant dans cette ville fut pour Béranger: il alla le trouver, n'ayant d'autre recommandation auprès de lui que les vers qu'il lui avait envoyés autrefois : c'était assez pour recevoir du bienveillant poëte l'accueil le plus gracieux. Géraud

lui dit qu'il avait longtemps aspiré à la gloire des vers, mais qu'il était d'âge à se pourvoir d'une profession plus sùre et plus lucrative, qu'il venait à Paris pour y gagner sa vie, tout en faisant ses études de droit, et qu'il serait heureux de trouver à employer chez un homme d'affaires les connaissances pratiques qu'il avait acquises à Clermont. Béranger fut charmé d'une résolution qui lui parut rare chez un jeune homme de cet âge; il insista de son côté sur les dégoûts et les périls de la carrière poétique, et donna à Géraud une lettre qui le fit admettre en qualité de second et bientôt de premier clerc chez un avoué de Paris.

Peu de temps après cette entrevue, Géraud renonça tout à fait à la poésie. Les derniers vers qu'il ait composés sont des couplets politiques, où il exprime son désappointement sur l'issue du procès des insurgés d'avril. L'ardeur de ses opinions s'amortit aussi considérablement. Il ne songeait qu'à étudier et à se créer le plus tôt possible une existence honorable. Il aurait voulu, dans ses moments perdus, trouver à donner quelques leçons; mais les relations lui manquaient il écrivit à son père pour lui demander des recommandations, et peu de temps après, il reçut une lettre de M. le marquis de Montcalm-Gozon, qui l'accréditait auprès de M. Dureau de la Malle, membre de l'Institut. Cette lettre décida du reste de sa vie.

Accueilli avec une extrême bienveillance par M. Dureau de la Malle, qui ne tarda pas à le considérer comme un ami, presque comme un fils, Géraud devint son secrétaire, prit goût à l'érudition, abandonna le droit, et se livra avec ardeur, avec trop d'ardeur peut-être, à sa véritable vocation. Il se mit à étudier régulièrement quatorze heures par jour, et, cette excessive application ayant passé chez lui à l'état d'habitude, plus tard il lui fut comme impossible de s'en départir.

Il était déjà avancé dans la connaissance du moyen âge, lorsqu'il se présenta au cours préparatoire de l'École des Chartes, en 1836. Cette année même il fut en état de préparer la publication du rôle de la taille imposée sur les habitants de Paris en 1292. La Société de l'histoire de France s'était chargée d'abord de faire imprimer ce document à ses frais; mais dans l'intervalle, Géraud reçut du ministre de l'instruction publique, auquel il avait été recommandé (c'était alors M. Guizot), la proposition flatteuse de placer son travail dans la Collection des documents inédits relatifs à l'histoire de France. On pense bien qu'il s'empressa d'ac

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