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» meure captif, j'espère être racheté et jouir un » jour des suffrages de l'autel. O mon Dieu! >> puisque je vous ai donné tant d'églises, j'es>>père que vous m'en accorderez une aussi »>. Ses compagnons l'emportent ensuite dans leurs bras.

Le théâtre change, et représente la plage d'Afrique, sur laquelle don Alphonse, don Henri et les Portugais viennent de débarquer. On leur annonce que l'armée de Tarudant s'approche, et qu'elle conduit Phénicie à Maroc ; don Alphonse encourage ses soldats et les prépare au combat. L'ombre de don Fernand dans sés habits de chapître, leur apparaît, et leur promet la victoire. Le théâtre change de nouveau et représente les murs de Fez. Sur le haut des murs, le roi paraît entouré de ses gardes ; don Juan Coutinho fait apporter devant lui le cercueil de don Fernand, qui vient de mourir. La nuit couvre le théâtre, mais une musique militaire se fait entendre dans le lointain; elle, approche, et l'ombre de don Fernand paraît une torche à la main, conduisant jusqu'aux pieds des murs l'armée portugaise. Don Alphonse appelle le roi ; il lui annonce qu'il vient de faire prisonniers Phénicie sa fille et Tarudant son gendre futur, et il offre de les échanger contre le prince don Fernand. Le roi est saisi d'une profonde douleur, lorsqu'il voit sa fille aux

mains des mêmes ennemis contre lesquels il avait si cruellement abusé des droits de la victoire; il n'a plus moyen de la racheter, et il annonce en soupirant, au roi portugais, la mort de don Fernand. Mais si Alphonse avait désiré la liberté de son frère, il ne désire pas moins recouvrer aujourd'hui sa dépouille mortelle, qui, pour le Portugal, deviendra une précieuse relique; il juge même que c'est le but du miracle qui a fait paraître l'ombre du prince aux yeux de toute l'armée, et il accepte l'échange du corps de son frère contre Phénicie et tous les captifs. Il demande sculement que Phénicie soit donnée en mariage à Muley, pour récompenser ce brave Maure d'avoir été l'ami et le protecteur de son frère; il remercie don Juan de la généreuse assistance qu'il a donnée à Don Fernand, et il fait emporter par son armée victorieuse les reliques du nouveau saint portugais (1).

(1) Les monumens historiques sur la vie du prince Don Fernand, ne présentent pas une idée tout-à-fait aussi haute de son dévouement. J'ai parcouru les chroniques originales du quinzième siècle, publiées par l'Académie royale des sciences de Lisbonne (Collecçao de livros ineditos de Historia Portugueza, dos reinados dos senhores reys D. Joao 1, D. Duarte, D. Affonso, e D. Joao 11, 3 vol. in-fol.); on y voit que si Fernand ne fut point retiré de la captivité des Maures, ce fut la con

CHAPITRE XXXIV.

Suite de Calderon.

APRÈS avoir annoncé dans Calderon des défauts qui tenaient à l'état politique de sa patrie, aux préjugés religieux dans lesquels il était né, au mauvais goût devenu dominant dans son pays depuis le fatal exemple de Lope de Vega et de Gongora, ce serait une sorte d'inconséquence de ne parler que de ses chefs-d'oeuvres, des pièces où il s'est assez rapproché de nos règles, pour qu'on pût les transporter sur notre théâtre, comme sa comédie du Secret dans les mots; de celles où la situation est assez tragique, l'émotion assez profonde, l'intérêt assez soutenu, pour ne pas nous laisser désirer une régularité qui nous déroberait l'ensemble du roman qu'il nous présente, comme dans le Prince constant. Une fois qu'on admet l'enthousiasme des

séquence des troubles du royaume et de la jalousie des princes régens, non de sa générosité; que d'ailleurs, prisonnier en 1438, il ne mourut qu'en 1443, sans qu'aucun mauvais traitement eût avancé, sa fin (Chron. do rey Affonso v, por Ruy de Pina, T. 1, c. 54), et que ses reliques ne furent rachetées qu'en 1473.

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conquêtes religieuses, qui faisait alors une partie si essentielle des mœurs nationales; une fois qu'on le croit sanctifié par le ciel et appuyé par des miracles, on trouve la conduite de don Fernand, grande, noble, généreuse; on l'admire en souffrant avec lui; la beauté de son caractère augmente notre pitié, et l'on conçoit même le charme particulier de l'unité romantique, si différente de la nôtre. On sent avec plaisir que le poète ne veut rien laisser en arrière de ce qui appartient à un seul intérêt ; il nous conduit depuis le débarquement de Fernand en Afrique, non-seulement jusqu'à sa mort, mais jusqu'à la délivrance de ses dépouilles, pour ne laisser en suspens aucun de nos souhaits, et pour ne nous renvoyer du théâtre qu'après nous avoir pleinement satisfaits.

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Nous en tenir à l'analyse de ces deux seules pièces, ce serait donner une idée très-incomplète du théâtre de Calderon; il faut encore parcourir quelques autres drames, mais nous le ferons beaucoup plus rapidement. Appelés plus souvent à critiquer qu'à offrir des modèles à l'imitation, du moins nous ne retiendrons les lecteurs que sur les choses qui méritent leur attention, tantôt comme preuve de talent, tantôt comme peinture de mœurs ou de caractère, tantôt enfin comme bizarrerie de poétique.

C'est un sujet que les poètes espagnols traitent toujours avec plaisir, que la découverte du Nouveau-Monde. La gloire de ces conquêtes prodigieuses était encore toute fraîche dans la mémoire des hommes au temps de Philippe Iv; les Castillans croyaient s'y être montrés chrétiens et guerriers ; le carnage des Infidèles leur paraissait étendre en même temps le règne de Dieu et celui de leur monarque. Calderon a choisi pour sujet d'une de ses tragédies, la découverte et la conversion du Pérou ; il l'a intitulée l'Aurore de Copacavana (la Aurora en Copacavana), du nom d'un des temples sacrés des Incas, où la première croix fut plantée par les compagnons de Pizarre. J'ai entendu les admirateurs de Calderon célébrer cette pièce comme une des plus poétiques, comme une de celles qui étaient animées par l'enthousiasme le plus pur et le plus élevé. De brillans objets sont en effet présentés aux yeux et à l'esprit. D'une part, les fêtes des Indiens sont célébrées à Copacavana avec cette pompe et cette magnificence qui n'étaient pas tout entières dans la musique et les décorations, mais plus encore dans l'éclat et l'élévation poétiques du langage. D'autre part, la première arrivée de don Francisco Pizarro sur le rivage, et l'étonnement des Indiens, qui prennent le vaisseau lui-même pour un monstre nouveau, dont les rugissemens (les

TOME IV.

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