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Lorsque leur assemblée est formée, Jupiter leur rappelle que l'ancien ordre des destinées assigne aux Portugais la gloire de surpasser tout ce qu'ont laissé de plus digne de mémoire les Assyriens, les Perses, les Grecs et les Romains. Il rappelle leurs victoires récentes sur les Maures, celles sur les redoutables Castillans, l'antique gloire que Viriatus et ensuite Sertorius avaient acquise en tenant tête aux Romains; il les montre enfin, traversant sur de légers vaisseaux les mers de l'Afrique, et se disposant à envahir les royaumes où nait le soleil. Il veut qu'après une navigation d'hiver ils trouvent une réception amicale sur les côtes d'Afrique, afin de leur rendre des forces pour de plus longs travaux. Bacchus prend ensuite la parole; il craint de voir les Portugais éclip

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Os ventos brandamente respiravam,
Das náos as velas concavas inchando :
Da branca escuma os mares se mostravam
Cobertos, onde as proas vao cortando,
As maritimas aguas consacradas
Que do gado de Protheo sao cortadas.

Quando os Deoses no Olympo luminoso,
Onde o governo está da humana gente,
Se ajuntam em concilio glorioso
Sobre as cousas futuras do Oriente :
Pizando o crystalino ceo formoso
Vem pela via lactea juntamente,
Convocados da parte do tonante,
Pelo neto gentil do velho Atlante.

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ser la gloire qu'il avait lui-même acquise dans la conquête des Indes, et il se déclare leur ennemi. Venus, au contraire, honorée de préfé rence par les Portugais, croit retrouver en eux les Romains qu'elle chérissait; leur langue lui paraît la même, avec une légère inflexion, et elle s'engage à protéger leurs entreprises. Tout l'olympe se partage entre ces deux divinités, et le tumulte de leurs délibérations est rendu par l'image la plus brillante (1). Mars, non moins attaché aux Portugais que Vénus, décide en leur faveur le maître du tonnerre; il l'engage à leur envoyer Mercure pour diriger leur course; et les dieux, en se séparant, retournent à leurs siégés accoutumés.

Après nous avoir introduits dans le conseil des dieux, Camoëns nous ramène aux héros objets de son poëme. Ils suivaient le canal qui sépare la côte d'Ethiopie de l'île de Madagascar, et après avoir doublé le promontoire Prasso

(1) Cant. I, Strop. 35.

Qual austro fero ou Boreas, na espessura
De sylvestre arvoredo abastecida,
Rompendo os ramos vao da mata escura
Com impeto e braveza desmedida:

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Brama toda a montanha, o som murmura,
Rompemse as folhas, ferve a serra erguida,
Tal andava o tumulto levantado

Entre os Deoses no Olympo consagrado.

ils découvraient de nouvelles îles et une nouvelle mer. Vasco de Gama, le vaillant capitaine des Portugais, qui est nommé pour la première fois, seulement dans la quarante-quatrième strophe, se disposait à passer outre; mais des barques légères sortirent en grand nombre d'une des îles, et l'entourèrent de toutes parts, pour lui demander, en langue arabe, compte de sa navigation. C'était la première fois que les Portugais retrouvaient, après plusieurs centaines de lieues, une langue connue, un commerce, des arts, et les traces de la civilisation; ils relâchèrent dans une des îles dont le nom était Mozambique, échelle commune au commerce des royaumes de Quiloa, Mombaça et Söfala. Les Maures qui avaient questionné Gama, étaient eux-mêmes des marchands étrangers au pays lorsqu'ils apprennent l'étonnante hardiesse de Gama, qui, au travers de mers inconnues, allait chercher l'Inde dont le chemin était ignoré, lorsqu'ils apprennent en même temps que sa flotté est portugaise et chrétienne, ils songent aussitôt à l'écarter d'un pays où ils craignent la concurrence des européens. Bacchus, qui apparaît sous la figure d'un vieillard, au cheik de Mozambique, l'irrite contre les Portugais, et le détermine à leur dresser une embuscade près des sources vives, où ils iront renouveller leur provision d'eau. Gama s'avance

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en effet pacifiquement vers la fontaine, avec trois bateaux chargés de fustes; mais il voit avec étonnement des gardes maures destinées à l'en écarter. Celles-ci insultent les Chrétiens, le combat s'engage, les Musulmans placés en embuscade, sortent de leur retraite pour se joindre à leurs compatriotes; mais la supériorité des armes à feu jette le trouble parmi eux; ils s'enfuient de toutes parts; la ville elle-même est sur le point d'être abandonnée, et le cheik se trouve trop heureux de pouvoir de nouveau traiter de paix. Il n'en conserve pas moins l'intention de se venger. Il avait promis à Gama un pilote pour le conduire dans les Indes, il lui en donne 'un, dont la commission secrète est de mener les Portugais à leur ruine. Ce piloté leur annonce qu'il les conduira dans un puissant royaume habité par des Chrétiens. Les Portugais ne doutent pas que ce ne soit celui du Prétejean, qu'ils cherchaient sur toutes ces côtes, comme leur allié naturel, tandis que le pilote voulait les conduire à Quiloa, dont le souverain était assez puissant pour les écraser. Cependant Vénus ne veut point permettre cette tromperie, elle pousse le vaisseau à Mombaça, et aussi dans cette ville, le pilote avait annoncé à Gama qu'il trouverait des Chrétiens. Il n'est pas probable que par cette assurance, les Maures eussent l'intention de tromper les Portugais :

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ils leur répondaient que, dans le pays où ils voulaient les conduire, il y avait beaucoup d'infidèles, dont le nom générique, Giaour, est commun chez les Arabes, aux guèbres, aux idolâtres et aux chrétiens. Ce n'était pas dans une langue qu'ils entendaient les uns et les autres très-imparfaitement, que ces interprètes grossiers pouvaient leur expliquer les différences que leurs savans seuls mettaient entre des sectes qu'ils méprisaient toutes également.

Au commencement du second chant, on voit l'arrivée des Chrétiens à Mombaça, où le roi était déjà prévenu de leur navigation, et où Bacchus les attendait pour assurer leur perte par de nouveaux artifices. Gama envoie deux de ses soldats à terre pour porter au roi des présens; en même temps il les charge d'examiner les mœurs de la ville, et de reconnaître quelle confiance il peut accorder aux Maures. Bacchus, pour les induire en erreur, et leur faire croire que des Chrétiens habitent Mombaça, leur donne lui-même l'hospitalité dans une maison qu'il a ornée comme un temple. La Vierge Marie et le Saint-Esprit y sont peints sur l'autel; les statues des Apôtres ornent le pourtour du temple, et Bacchus lui-même, feignant d'être prêtre chrétien, rend un culte aŭ Diéu véritable. Pour expliquer cette bizarre invention, il faut se souvenir qu'aux yeux de plusieurs

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