Pierre, rendu cruel par la mort de son amie, ne signala son règne que par son excessive sé, Consolaçao extrema da mãi velha,.. Taes contra Ignez os brutos matadores, Bem puderas o sol, da vista destes Teus raios apartar aquelle dia, A voz extrema ouvir, da boca fria, O nome do seu Pedro que lhe ouvistes, Assi como a bonina, que cortada As filhas do Mondego a morte escura vérité; son successeur Ferdinand fut, au contraire, doux, faible et efféminé. Il enleva à son mari, Eléonor, qu'il épousa lui-même, et qui le déshonora par ses galanteries. Il ne laissa à sa mort qu'une fille nommée Béatrix, que les Portugais ne voulurent point reconnaître. Ils appelèrent à la couronne don Juan, frère naturel de Ferdinand. Les Castillans, au contraire, envahirent le Portugal avec une nombreuse armée, pour faire valoir les droits de celui de leurs princes qui avait épousé Béatrix. Parmi les Portugais, plusieurs hésitaient sur le parti qu'ils devaient suivre; mais dans le conseil de la nation, don Nuño Alvarez Pereira, par son éloquence, rallia tous les nobles portugais à leur roi. Le discours que le Camoëns lui met dans la bouche, a cette dignité chevaleresque, cette vigueur mâle et antique, qui caractérisait l'éloquence du moyen âge (1). Nuño Alvarez com battit pour l'indépendance de sa patrie, de même qu'il avait parlé. Dans la bataille d'Aljubarotta, la plus terrible de toutes celles que les Portugais livrèrent aux Castillans, il se trouva opposé à ses frères qui avaient embrassé le parti de Castille, et il soutint, avec une poignée de soldats, l'effort d'une troupe nombreuse. Cette bataille est dépeinte avec la plus haute poésie, et Nuño Alvarez Pereira est le héros favori de Camoëns, comme de tous les Portugais. Tandis que le roi don Juan restait sur le champ de bataille d'Aljubarotta, Nuño Alvarez poursuivait ses succès, il pénétrait dans la Bétique, il A quellas duvidosas gentes disse, Como? da gente illustre Portugueza O proprio reino queira ver sujeito? Como? Nao sois vós inda os descendentes Daquelles, que debaixo da bandeira Do grande Henriques, feros e valentes, Que sete illustres Condes lhe trouxeram 24 forçait Séville à se rendre, et il contraignit enfin le superbe Castillan à demander la paix. Après sa victoire sur les Castillans, don Juan fut le premier qui passa en Afrique pour faire des conquêtes sur les Maures; il laissa à ses enfans le même esprit de chevalerie. Pendant le règne d'Edouard son fils, de nouvelles guerres avec les Africains furent signalées par la captivité de don Fernand, le héros que Calderon a célébré dans son Prince constant, et le Régulus du Portugal. Alphonse v vint ensuite, victorieux des Maures, mais vaincu par les Castillans, qu'il avait attaqués de concert avec Ferdinand d'Aragon. Enfin son fils Jean II, treizième roi de Portugal, tenta le premier de trouver un chemin pour arriver aux royaumes que l'aurore éclaire avant les autres. Il y fit parvenir des voyageurs par l'Italie, l'Egypte et la mer Rouge; mais ceux-ci, arrivés aux bouches de l'indus, Ꭹ moururent sans pouvoir regagner leur douce patrie. Emmanuel, successeur de Jean 11, poursuivit son projet de découvertes. Le poète assure que l'Indus et le Gange lui apparurent pendant son sommeil, et l'invitèrent à tenter enfin des conquêtes qui, depuis le commencement des siècles, étaient réservées aux seuls Portugais. Emmanuel fit choix de Vasco de Gama qui commence avec le cinquième livre le récit de son expédition et de ses propres découvertes. CHAPITRE XXXVIII. Suite de la Lusiade. AUJOURD'HUI que toutes les mers ont été parcourues dans tous les sens, que les phénomènes de la nature, qui pouvaient inspirer le plus d'effroi, ont été observés dans toutes les régions de la terre, le passage dé Vasco de Gama aux grandes Indes ne nous paraît plus ce qu'il était alors, une des entreprises les plus hardies et les plus périlleuses que le courage de l'homme pût exécuter, Le siècle qui avait précédé le grand Emmanuel, quoique consacré presque en entier aux découvertes maritimes, n'avait point encore familiarisé les esprits avec une navigation si extraordinaire. Long-temps le cap Non, à l'extrémité de l'empire de Maroc, avait été le terme des navigations européennes : les hon→ neurs, les récompenses accordées par l'infant don Henri, et plus encore l'appât du pillage sur une côte qu'on abandonnait à dessein à toutes les extorsions des aventuriers, entraînèrent avec peine les Portugais sur les limites du grand désert. Mais le cap Bojador leur opposa bientôt une nouvelle barrière, et de nouvelles terreurs. |