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est poursuivi par des images effrayantes; la mort prochaine de tout ce qui lui est cher et de luimême lui est prédite. Il revient enfin : « Il s'ap>> proche avec effort, pour se trouver présent >> au mal qu'il redoute, et qu'il voit déjà comme » certain. Affaibli par cette douleur cruelle, il »`traîne péniblement ses membres fatigués ; une » haleine difficile dessèche sa bouche déjà mou»rante; ses tristes yeux, que la faiblesse éteint, » se changent en vives fontaines de larmes. Il >> arrive enfin au lieu où Léonor était prête à se >> rendre à ce rude passage, à ce terme tant re» douté. Il voit que, promenant autour d'elle >> sa vue troublée, elle ne démande que lui >> seul, elle ne cherche que lui seul. Dès qu'elle » le voit arrivé, son âme fait quelque effort, >>> elle voudrait prendre congé de lui; elle sou>>> lève avec travail ses yeux mourans; elle veut >> lui parler, mais la mort a enchaîné sa langue. » Elle arrête ses regards, et chaque fois d'une >> manière plus fixe, sur le triste visage de cet » unique ami qu'elle laisse déjà; elle s'efforce » encore de lui dire adieu, et ne pouvant le » faire, elle se laisse retomber sur la terre avec » une douleur mortelle........ Après être de» meuré long-temps sans mouvement, Manuel » de Souza se relève, son cœur, infirine est ac»cablé par la douleur. Il verse des larmes » muettes, et se dirige vers le lieu où la plage

» lui paraît plus opportune. De ses mains il » écarte la blanche arène, et il ouvre au milieu » une étroite sépulture. Il revient alors en ar>> rière, et sur ses bras affaiblis il soulève ce >> corps sans force et glacé; ses esclaves le secon»dent et accompagnent de leurs cris ces funes>> tes obsèques...... Ils laissent ensuite Léonor » dans sa dernière demeure ténébreuse, ils la >> saluent encore une fois par des cris aigus, >> et ils baignent la terre de leurs larmes, comme » ils répètent ce dernier adieu. Léonor, cepen>> dant, ne demeure point seule dans cette » maison funeste, un de ses fils l'y accompagne. >> Il avait joui quatre années de la lumière du >> jour; la cinquième demeure interrompue (1)».

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Aussitôt cependant que Manuel de Souza eut rendu les derniers devoirs à son épouse, il prit le second de ses fils entre ses bras, et s'enfonça dans l'épaisseur des forêts: La patience céleste vint à son secours, pour l'empêcher d'attenter lui-même à sa vie; mais les tigres et les lions de l'Afrique mirent bientôt un terme à ses tour

mens.

Quer lhe fallar, a morte a lingua impide.
Firmaos cada vez mais no triste rosto
Daquelle unico amigo, que jà deixa;
Trabalha agasalhalo, e nao podendo,

Com dór mortal, na terra se reclina.

Despois que hum grande espaço esta pasmado,
Opprimido de dór o peito enfermo,
Alevantase, e váy mudo et choroso,
Onde a praya se vê mais opportuna.
Apartando coas maos a branca area,
Abre nella huma estreita sepultura.
Tornase atras, alçando nos cansados
Braços, aquelle corpo lasso et frio.
Ajudaõ as criadas as funestas
Derradeiras exequias, com mil gritos.

Na perpetua morada tenebrosa

A deixaō, levantando alto allarido.
Com salgado liquor bánhando a terra,
Aquelle ultimo vale todas dizem.
Nao fica só Lianor na casa infausta,
Que de hum tenró filhinho se acompanha,
Que a luz vital gozou quatro perfeitos
Aunos, ficando o quinto interrompido.

Ce long poëme, où l'on trouve des beautés du premier ordre mêlées à de grandes fautes contre le goût, et surtout un intérêt romanesque que le sujet fournissait en entier, n'est point le seul poëme épique composé par Cortéreal en portugais. On a encore de lui une autre épopée sur le siége de Diù, vaillamment soutenu par le gouverneur Mascarenhas. C'était toujours dans l'Inde, dans ces pays où les Portugais avaient brillé d'une si grande gloire, qu'ils étalaient toute la pompe de leur poésie; là aussi, la grandeur des événemens, le caractère romanesque des aventuriers qui les dirigeaient, surtout l'orgueil national du héros et du poète, donnent à ces compositions une vie et un mouvement qu'on ne trouve point dans les épopées des Espagnols, ou celles des Italiens du second ordre. Cortéreal semble, à plusieurs égards, avoir pris le Trissin pour modèle; il écrit comme lui en ïambes non rimés, et l'élévation de son style n'est point assez soutenue pour qu'il pût se passer de l'harmonie des strophes, et de la richesse des rimes; mais il est bien supérieur à l'auteur de l'Italia liberata, et par l'intérêt, et par l'imagination, et par la force du coloris. C'est que son cœur seconde toujours son talent, tandis que celui du Trissin restait étranger à ses pédantesques compositions.

Ce qu'il y a de plus remarquable dans le

Cerco de Diù, ce sont les morceaux où le poète met sous les yeux, avec une effrayante vérité, les tableaux guerriers au milieu desquels il a vécu. Ainsi,dans le seizième chant,après avoir raconté la prise et le sac d'Ançote, sur le golfe de Cambaye, il représente admirablement le sommeil convulsif des Portugais victorieux, et le souvenir de ces scènes de carnage qui se représente à eux dans leurs songes.

« Les soldats reposaient après les fatigues >> continuelles du dernier jour; ils étaient éten» dus sur les bancs, sur le tillac, et ils restau>> raient par le sommeil leurs membres accablés. » Mais tandis qu'ils dormaient, les uns soule>> vaient leurs bras vigoureux, et frappaient >> vainement l'air de coups redoublés; d'autres >> murmuraient dans des accens qu'on entendait >> à peine. Ici ! tuez ceux qui nous échappent; >>sus! point de quartier pour ces Maures abo>> minables !' au feu! au feu ! du sang ! du sang! >> des ruines ! Et tandis qu'ils répétaient ces mots >> confus, ils soulevaient leurs têtes pesantes, >> qu'un sommeil troublé accablait. Par mille » signes de fureurs ils montraient qu'ils étaient >> entourés d'images funèbres et de spectres; >> mais bientôt le pesant sommeil les faisait re>> tomber; il déliait leurs membres fatigués par » un cruel carnage, il enchaînait leurs sens, >> et il les réduisait tous enfin à représenter la

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