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» dités toutes mortelles, le désir d'usurper l'un » à l'autre ce qui est de chacun, la folie de cha» cun de ne se contenter jamais de ce qu'il » possède, firent de nouveau reprendre les » armes au Portugal et à la Castille (1155) » pendant le règne de l'empereur don Alonzo. >>> La discorde produisait des ravages, et ceux-ci » accroissaient la discorde; celui qui, sans autre » fruit, avait l'avantage, en faisant du mal, de» meurait si satisfait, qu'il oubliait les pértes » qu'il avait souffertes pour celles qu'il avait » causées; on appelait victoire, produire un mal >> sans en recueillir aucun bien; le sang inon» dait, le feu dévorait les villages des deux na» tions, et ils gardaient moins le souvenir d'a» voir souffert tant de ruines, que celui de les >> avoir infligées ». Peut-être en détachant ainsi quelques phrases, n'y trouvera-t-on que de l'esprit et de la hardiesse de style; mais quand trois volumes in-folio sont écrits de cette manière, on est accablé par la recherche et l'antithèse, et l'on reconnaît dans cet abus de l'esprit, l'avant-coureur certain de son anéantissement.

Les autres ouvrages en prose de Faria sont moins distingués; les mêmes défauts s'y trouvent joints à d'autres encore, mais on y cherche

vainement le même éclat. Son Commentaire sur le Camoëns, dans lequel il témoigne une extrême admiration pour ce grand poète, est re

Dans ses églogues et dans son discours sur la poésie pastorale, Manuel de Faria y Souza a voulu prouver, par des exemples et des raisonnemens, que toutes les passions, toutes les occupations des hommes, ne devenaient poétiques qu'autant qu'on leur donnait la forme pastorale. Il classe lui-même ses bucoliques de la manière suivante des églogues amoureuses, chasseuses, maritimes, rustiques, funèbres, judiciaires, monastiques, critiques, généalogiques et fantastiques. On peut juger ce que devenait la poésie des idylles, avec de tels travestissemens.

Après Manuel de Faria y Souza, le premier rang appartient peut-être, parmi les poètes portugais de ce siècle, à Antoine Barbosa Bacellar, né en 1610, mort en 1663, qui, par un goût assez rare chez les gens de lettres, quitta la poésie, où il s'était distingué, pour la jurisprudence. Il publia ses poésies avant d'avoir vingtcinq ans; mais la réputation qu'il acquit au moment de la révolution, par sa défense des droits au trône de la maison de Bragance,

Do meneo soave, que fazia
Crer, que de brando zefiro tocada,

A primavera toda se movia,

De novo torno a ver a alma abrazada,

E em desejar sómente aquelle dia

Vejo a gloria real toda cifrada.

lui

ft abandonner les Muses pour une carrière plus lucrative. Il fut le premier à donner à la poésie portugaise l'espèce d'élégie qui y est désignée par le nom de saudades; ce sont des plaintes et des désirs amoureux exprimés dans la solitude. Notre goût actuel ne peut plus admettre ces monotones plaintes d'amour, et cette répétition éternelle des mêmes sentimens, encore que le langage soit harmonieux, et que les images soient gracieuses et variées. Jacinthe Freire de Andrade, est encore un des meilleurs poètes de cette époque, comme le plus distingué des écrivains en prose; ses poésies sont presque toutes dans le genre burlesque; il tournait en ridicule, avec assez d'esprit et de gaîté, l'enflure et les prétentions des imitateurs de Gongora, de ceux qui croyaient faire de la poésie par la pompe de leur fatigante mythologie et de leurs images gigantesques. Il écrivit dans ce but un petit poëme sur les amours de Polyphème et de Galathée, qu'on pouvait considérer comme une parodie de celui de Gongora; mais le ridicule dont il voulait couvrir cette composition, ne découragea point ses compatriotes: on vit paraître après lui trois ou quatre poëmes de Polyphème, non moins monstrueux celui qu'il avait parodié.

que

Andrade a obtenu plus de réputation par sa Vie de don Juan de Castro, quatrième vice-roi

des Indes; on la regarde comme un chef-d'oeuvre de biographie, et on l'a traduite en plusieurs langues; en même temps elle est pour les Portugais un modèle de l'élégance et de la pureté du style historique. Juan de Castro vivait à cette époque glorieuse où les Portugais fondèrent, par un courage héroïque, l'empire dont leur mollesse et leur luxe précipitèrent la ruine dans la génération suivante. Andrade paraît animé par le sentiment de ces vertus antiques; il raconte les grandes actions de son héros avec autant de simplicité que de noblesse ; c'est lui qui a rendu célèbre la moustache donnée en gage par le vice-roi des Indes. Don Juan de Castro, après avoir soutenu contre le roi de Cambaya le memorable siége de Diú, et avoir triomphé de forces qui semblaient irrésistibles, prit la résolution de rebâtir dès les fondemens cette forteresse, pour se préparer à un nouveau siége; mais il n'y avait plus d'argent dans les coffres royaux, plus d'effets précieux, plus rien qui pût servir à payer les ouvriers et les soldats. Les marchands portugais de Goa, souvent trompés par des promesses qu'on n'exécutait jamais, ne voulaient lui faire aucun crédit. Son fils don Fernand avait été tué dans le siége. Il voulut d'abord déterrer ses os, afin de les donner comme gages aux marchands de Goa, pour l'emprunt qu'il voulait leur faire; mais on ne

les trouva plus, ils avaient été consumés par ce climat brûlant. Alors il coupa une de ses moustaches, qu'il leur envoya comme gage d'honneur de l'emprunt qu'il leur faisait. « Il ne m'est >> resté, leur dit-il, d'autre gage que ma propre »barbe, et je vous l'envoie par Diogo Rodriguez » de Azevedo; car vous devez déjà savoir que » je ne possède ni or, ni argent, ni meuble, ni » autre chose de vaillant, pour assurer votre >>créance, excepté une vérité sèche et brève » que le Seigneur, mon Dieu, m'a donnée ». Sur ce gage glorieux, Juan de Castro obtint en effet l'argent dont il avait besoin, et sa moustache, retirée ensuite par sa famille des mains de ses créanciers, est conservée encore aujourd'hui comme monument de sa loyauté et de son dévouement aux intérêts de sa patrie.

Parmi les imitateurs de Gongora, on compte dans le dix-septième siècle Simao Torezao Coelho, docteur de droit, attaché à l'inquisition, et qui écrivit aussi des saudades. Duarte Ribeiro de Macedo, Fernam Correa de la Cerda, qui mourut évêque de Porto, et une religieuse, la soeur Violante do Ceo. Nous rapporterons un sonnet de cette dernière, pour faire connaître tout au moins, par un exemple tiré de la langue portugaise, cette même recherche, cette même affectation de bel-esprit, que nous avons vu à de certaines époques infester toutes les

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