pression et la beauté des planches. Le savant et vénérable éditeur a consacré près de vingt ans d'un travail assidu et journalier à cet immense ouvrage (1). Il a tout arrangé et tout revu, et lui-même est auteur d'une foule d'articles historiques et littéraires. Dans une préface écrite avec un ton de modestie et de simplicité admirable, il avoue que s'il eût pu prévoir les difficultés d'une telle entreprise, il ne l'eût jamais commencée. L'esprit général des rédacteurs est assez modéré et impartial; ils y ont répandu des principes politiques très-sages et très-constitutionnels; ils ont parlé des droits des monarques, sans oublier les droits des peuples. Leurs principes religieux s'accordent avec la raison et ne s'écartent jamais de la tolérance. Les articles de sciences et surtout ceux d'histoire naturelle sont très-remarquables; le bel article Husbandry (Économie agricole) est un véritable traité ex professo, et renferme une foule de faits et de procédés qu'il serait fort utile de faire connaître en France. Je dois parter maintenant d'une Encyclopédie qui se continue avec succès, et qui est à peu près à la moitié de sa publication. Elle a pour titre: The Edimburgh Encyclopedia, et son rédacteur est un savant physicien, le docteur David Brewster. Cet ouvrage, par l'énorme développement de ses articles, n'est plus un simple Dictionnaire encyclopédique; c'est une réunion de traités scientifiques, philosophiques, et historiques. Il suffit de consulter les mots Astronomy, Cohesion, Chemistry, pour se convaincre que de tels articles sont de véritables ouvrages. Les articles d'histoire et de géographie sont aussi très-dignes d'attention. Nous citerons les mots Chi (1) The new Cyclopedia, or universal dictionnary of arts, sciences, and litterature; 1802-1819. Soixante-seize livraisons, formant 38 volu. mes in 4"; et trois livraisons de supplément et de tables. L'ouvrage relié revient à près de 2400 fr.; et la dépense totale a excédé cinq millions. na et Copernic; dans ce dernier, on trouvera des recherches fort curieuses et pea connues. J'y ai remarqué avec plaisir une notice, où enfin notre Corneille est jugé par un écrivain anglais, comme ce grand poète mérite de l'être. L'article Christianity, très-original et très-bien écrit, par le docteur Chalmers, a été traduit en français par M. le pasteur Vincent, de Nimes. Une classe d'articles fort intéressans de cette Encyclopédie écossaise, est celle des mots de Jurisprudence ; ils peuvent guider le lecteur français dans le dédale de la législation britannique. Dans ce Dictionnaire, les parties mathématiques sont traitées avec tous les soins que réclame leur importance. Les traités à l'occasion des mots Algebra et Conic Sections, m'ont paru remarquables par leur clarté; condition si rare et si difficile à remplir. -On voit avec intérêt que plusieurs savans français figurent parmi les rédacteurs de cette Encyclopédie anglaise. En effet, les vrais amis des lumières ont le monde entier pour patrie; ils font disparaître ces haines nationales qu'une politique mal entendue cherche souvent à entretenir : Ils ne connaissent qu'une seule et grande cause, celle des progrès de la raison et de la liberté chez tous les peuples, quel que soit le méridien sous lequel ils aient vu le jour (1). -- (1) Il paraît utile de joindre, à cette indication des Encyclopédies anglaises, celle d'un ouvrage du même genre qui appartient à l'Allemagne : c'est l'ENCYCLOPÉDIE GÉNÉRALE DES SCIENCES ET DES ARTS, par ordre alphabétique, publiée par MM. J. S. Enson et J. G. GRUBER, professeurs à Halle, avec des planches.-Leipsick, chez J. Frédéric Gleditsch. Grand in-4°, avec cartes et gravures.-Les six premiers volumes de cet ouvrage, qui avaient paru, en 1821, renferment uniquement la lettre A, et contiennent 372 feuilles d'impression, avec 65 gravures. Une nouvelle livraison de deux volumes devait paraître, vers la fin de la même année. Le prix de souscription pour les huit volumes ensemble, était de 30 thalers 16 gros, ou environ 125 fr. On assure que la lettre B vient d'être achevée, avec le 9o volume. Voici dans quel ordre le pros Il est inutile de prévenir, en terminant cet article, que je n'ai eu d'autre intention que d'indiquer par leurs titres ces vastes ouvrages, que leur prix et leur format ne permettent guère de connaître encore en France. On pense bien que ce serait une chose tout-à-fait impraticable de prétendre faire en quelques pages l'analyse, même générale, de ces immenses archives des connaissances humaines. Les Encyclopédies dont j'ai fait l'énumération, et sur lesquelles je pourrai revenir plus particulièrement, sans parler de l'Encyclopedia Londinensis et de l'Encyclopedia Metropolitana, que je n'ai pas eu l'occasion de voir, formeraient, toutes réunies, plus de pectus de ce grand ouvrage présente les différentes parties des connaissances humaines, dont chacune doit être traitée sous des rapports généraux et particuliers, et considérée dans son histoire, sa théorie et sa pratique : Philologie; philosophie; pédagogie, ou science de l'éducation; théologie; législation et jurisprudence; politique; médecine; mathématiques; physique; histoire naturelle; science industrielle, comprenant l'économie politique, domestique et rurale, l'agriculture, la technologie, le commerce, les arts et métiers, les exercices gymnastiques et les arts militaires ; l'histoire et les sciences auxiliaires, la chronologie et la géographie; les beaux-arts, comprenant les arts plastiques ou du dessin, et les arts mimiques; enfin, l'Encyclopédie et les objets encyclopédiques, bibliographie et bibliothèques, universitės, académies et autres établissemens d'instruction ou d'utilité publique, etc. Nous nous bornons à indiquer, sans pouvoir en discuter ici le mérite ou les défauts, cette division des sciences et des arts, dont il serait difficile, au premier coup d'œil, de bien comprendre les motifs et l'enchainement. Nous inviterons ceux de nos lecteurs, qu'un semblable sujet peut intéresser, à consulter l'Essai sur la philosophie des sciences, par M. M. A. JULLIEN, dont la seconde édition est maintenant sous resse, pag. 212 et suiv. SECONDE PARTIE. CHAP. V. Résumé comparatif a quelques tableaux sommaires des connaissances humaines. L'auteur papose lui-même, à la fin de ce chapitre, un tableau synoptique des conaissances humaines, d'après une nouvelle méthode de classifica tion puisée dans la nature même de l'homme et de son intelligence, et das la nature des objets auxquels les sciences s'appliquent. (N. d. R.) neuf cents volumes in-octavo de 500 pages. L'utilité de ces recueils est aujourd'hui suffisamment démontrée; mais je remarquerai que leur lecture, même régulière et suivie, est plus agréable qu'on ne serait porté à le croire, d'après leur forme alphabétique. Ceci me ramène au sujet spécial de cet article, et à l'ouvrage publié par M. Hennequin, qui, possédant les connaissances requises pour écrire des livres originaux, a consacré ses loisirs à diriger la réimpression d'une foule d'articles choisis, qui pourront servir, en politique et en littérature, à diriger le goût de la jeunesse, à l'éclairer sur ses devoirs, et à fonder nos libertés sur les vertus des citoyens. Charles COQUEREL. DE L'ÉCONOMIE PUBLIQUE ET RURALE DES ARABES ET DES Nos lecteurs savent déjà que M. Reynier s'est chargé de recueillir et de rédiger ce que l'histoire et les monumens peuvent nous apprendre sur les institutions sociales des peuples anciens. Ce travail est immense par les recherches qu'il exige; mais il est nécessaire pour assurer la marche et håter les progrès des sciences morales et politiques. Notre auteur a déjà consacré un premier volume aux Celtes, aux Germains et aux autres peuples du nord et du centre de l'Europe (2); un second volume aux Perses et aux Phéniciens (3). Dans (1) Genève, 1821. Un vol. in-8°. Paschoud; et à Paris, même maisor de commerce, rue de Seine, no 48. Prix, 7 fr. 50 c. `(2) Voyez, T.'III, pag. 251-2C0, l'analyse de l'Economie publiqe et rurale des Celtes, des Germains, et des autres peuples de l'Eurec. Un vol. in-8°. Genève, 1818. (3) Voyez, T. VIII, pag. 492-502, le compte rendu de l'ouage celui-ci, nous trouvons deux peuples dont les institutions et les destinées offrent un contraste remarquable. L'un paraît n'avoir été soumis, dès son origine, à aucune autre influence que celle du sol et du climat; son gouvernement, ses mœurs, ses arts, son existence morale et politique purent être rapportés à cette cause unique, jusqu'au tems où il reçut une religion nouvelle. Ce puissant mobile changea totalement ses anciennes habitudes. On le vit se répandre au dehors, faire de vastes conquêtes, laisser dans les contrées qu'il avait envahies de grands monumens de sa puissance et de ses arts: pendant cette période de gloire, ce peuple fut toujours en action, et il écrivit peu. Maintenant, il est rentré dans ses anciennes limites, et, pour ainsi dire, dans son berceau, comme un fleuve dont les débordemens ont cessé. L'autre peuple n'occupe plus sur la terre aucune place qui lui appartienne ; ses monumens sont anéantis, à l'exception des livres qui contiennent sa religion, ses lois et ses annales. Il ne fit point de grandes conquêtes; sa renommée fut sans éclat. Persécuté, parce qu'il fut intolérant; abreuvé de mépris, parce que dans toutes les circonstances il oublia sa dignité, il subsiste néanmoins, et son existence est peut-être plus assurée que celle d'aucune des nations chez lesquelles il trouve actuellement un asile précaire: exemple permanent du pouvoir des institutions! Si la nation arabe en avait eu d'assez fortes pour lui imprimer un caractère distinctif, sa puissance n'aurait pas décliné si rapidement, et l'on peut affirmer sans témérité qu'une partie de l'Europe lui serait encore soumise. M. Reynier ne l'a pas considérée dans les jours de sa plus grande splendeur: l'Arabe alors appartiendrait aux tems modernes, et c'est aux peuples anciens que notre auteur a borné ses recherches. de M. REYNIER: De l'Économic politique et rurale des Perses et des Pheniciens. Un vol. in-8°. Lausanne, 1819. |