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PREMIÈRE SECTION,

DEPUIS CÉSAR-AUGUSTE, JUSQU'A LA MORT De Commode, 30 Av. J.-C.-193 de J.-C:

SOURCES. L'écrivain qui embrasse toute cette période de l'histoire romaine, est Dion Cassius, livres LI-LXXX, quoique nous n'ayons pour les vingt derniers livres que l'abrégé de Xiphilin. Le principal historien pour l'histoire du règne de Tibère, jusqu'au commencement de celui de Vespasien, est Tacite dans ses Annales, 14-68 de J.-C. (cependant les livres qui contenaient une partie de l'histoire de Tibère, depuis l'an 32-34, le règne de Caligula, les six premières années de celui de Claude, 37-47, ainsi que la dernière année et demie de Néron, sont malheureusement perdus): quant à l'Histoire du même auteur, à peine les trois premières années, 69–71, nous ont été conservées. Les vies de Suétone, depuis Jules César jusqu'à Domitien, sont d'autant plus précieuses que, dans un État comme l'Empire romain, la connaissance du caractère et de la vie privée des empereurs est nécessairement ce qu'il y a de plus important. - Pour les règnes d'Auguste et de Tibère, nous avons encore l'histoire de Velleius Paterculus; et quoique écrite d'un ton de courtisan, elle n'est pas moins intéressante par cela même. Nous indiquerons ci-dessous ce qui a été écrit sur l'histoire de quelques empereurs en particulier.

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Parmi les ouvrages modernes, ceux qui appartiennent à cette période, sont :

Histoire des empereurs et des autres princes qui ont régné dans les six premiers siècles de l'Église, par M. Lenain de Tillemont, Bruxelles, 1707, 5 vol. in-8° (l'ancienne édit, in-4°, 1700, 4 vol.). L'ouvrage de Tillemont a du mérite comme compilation laborieuse, mais pour l'exécution il a été surpassé par le suivant.

Histoire des empereurs romains, depuis Auguste jusqu'à Constantin, par M. Crévier, Paris, 1749, 12 vol. in-8°. Continuation de l'histoire romaine de Rollin' (voyez ci-dessus, pag. 356), tout-à-fait dans l'esprit de cet auteur et par son élève.

D. GOLDSMITH, Roman history from the fundation of the city of Rome to the destruction of the Western Empire. Lond., 1774. 2 vol. C'est bien plutôt un coup-d'œil sur l'histoire, qu'une histoire détaillée. (Voyez ci-dessus, pag. 356.)

Histoire des Romains sous les empereurs, avec celle des peuples contemporains, par M. D. G. H. Hübler, Freyberg, 1803. 3 part. (en allemand). Continuation de l'ouvrage cité ci-dessus, pag. 2; cette histoire va jusqu'à Constantin.

30

av.

J.-C.

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de

1. César Octavianus fut le premier auquel le sénat accorda le surnom d' Auguste, titre d'honneur qui fut c périodiquement renouvelé, et que portèrent ses succes- jusq. seurs. Sa domination absolue pendant quarante-quatre ans, malgré les révolutions par lesquelles la république, J.C. qui avait subsisté jusqu'alors, fut changée en monarchie, n'est pas encore tout-à-fait un gouvernement despotique ni pour le fond ni pour la forme. L'intérêt propre du dominateur exigeait autant que possible le maintien des formes républicaines, puisque sans cela on ne pouvait

pas tout changer; et la suite de l'histoire d'Auguste montre assez que la cruauté qu'on lui a reprochée au commencement de son règne, tenait bien plus aux circonstances qu'à son propre caractère. Mais pendant un règne si long, si tranquille et si heureux, l'esprit républicain, qui déja n'existait plus que chez quelques particuliers, pouvait-il ne pas s'éteindre de lui-même ?

Les formes sous lesquelles Auguste posséda les diverses branches de l'autorité suprême (la dictature exceptée) étaient: le consulat qu'il se fit accorder tous les ans jusqu'à 21; il obtint pour toujours la puissance consulaire, l'an 19. — La puissance tribunitienne, qui lui fut accordée pour toujours, l'an 30, rendit sa personne inviolable, et prépara ainsi les judicia majestatis (accusations de lèsc-majesté). Sous le titre d'Imperator, 31, il demeura général en chef de toutes les armées, et obtint le pouvoir proconsulaire dans toutes les provinces. Il s'attribua, dès l'an 19, la censure (magistratura morum); et devint pontifex maximus, 13. Pour éviter toutes les apparences de l'usurpation, Auguste ne prit d'abord le souverain pouvoir que pour dix ans ; mais il se le fit ensuite proroger tous les dix ou cinq ans, ce qui donna lieu plus tard à l'établissement des sacra decennalia.

2. Le sénat demeura toujours comme auparavant le conseil de l'État, et Auguste chercha à augmenter la considération de ce corps, par une épuration ( lectio) réitérée. Cependant il était naturel qu'un prince qui n'avait encore d'autre cour que celle que lui formaient ses amis et ses affranchis, qui n'avait point de ministre proprement dit, délibérât avec ses confidents intimes, tels qu'un Mécène, un Agrippa, etc.; ce qui forma plus tard le conseil secret du prince. Parmi les magistratures républicaines, les plus élevées furent celles qui y perdirent le plus ; et comme le maintien de la tranquillité

dans la capitale était ce qui importait surtout alors, les places de préfet de la ville (præfectus urbis) et d'intendant des vivres (præfectus annona), non-seulement furent maintenues, mais encore acquirent une haute importance, surtout la première.

Il n'y a rien qui décèle plus l'esprit de la monarchie que la sévère distinction des rangs, et, sous ce rapport, les magistratures, particulièrement le consulat, ne perdirent rien. De là l'usage, qui dura long-temps, de nommer des consuls adjoints ou substitués (consules suffecti), qui se réduisit plus tard aux simples ornements du consulat et du triomphe. (ornamenta consularia et triumphalia).

3. L'introduction des armées permanentes, préparée déja depuis long-temps, était la suite naturelle d'une domination obtenue par la guerre; et elles étaient nécessaires, tant pour la conservation des nouvelles conquêtes que pour la garde des frontières. On sentit également la nécessité de l'établissement des gardes (cohortes prætoriana) et de la milice de la ville (cohortes urbana), pour la sûreté de la capitale et du tròne. La création de deux préfets du prétoire ne diminuait pas encore la grande importance de ces places.

Distribution des légions dans les provinces en lieux de résidence (castra stativa); ils devinrent bientôt des villes, particulièrement le long du Rhin, du Danube et de l'Euphrate. (Legiones Germanicæ, Illyricæ et Syriacæ.) Il en fut de même des flottes à Misène et à Ravenne.

4. Auguste partagea volontiers la possession, et par conséquent l'administration et les revenus des provinces, avec le sénat; cependant il se réserva la plupart des

provinces frontières où se trouvaient les légions, et abandonna les autres au sénat (Provinciæ principis et Provinciæ senatus). Voilà pourquoi les gouverneurs nommés par lui (legati, lieutenants) exerçaient en son nom l'autorité civile et militaire. Au contraire, ceux qui étaient nommés par le sénat (proconsules), n'avaient que l'autorité civile. Auprès des uns et des autres résidaient ordinairement des intendants (procuratores et quæstores). Les provinces y gagnèrent incontestablement, non-seulement parce que les gouverneurs se trouvèrent alors sous une surveillance sévère, mais aussi parce que c'étaient des fonctionnaires salariés par l'État.

Le sort des provinces dépendait naturellement, en grande partie, du caractère de l'empereur et du gouverneur; mais de plus il devait y avoir une différence notable entre les provinces du prince et celles du sénat : car ces dernières étaient exemptes de l'oppression militaire qui pesait sur les premières ; c'est là ce qui semble expliquer l'état florissant de la Gaule, de l'Espagne, de l'Afrique, etc.

5. Les sources des finances de l'État restèrent presque entièrement les mêmes qu'auparavant; seulement Auguste fit dans l'administration intérieure des finances. plusieurs changements, dont nous n'avons qu'une connaissance très-imparfaite. La différence entre la caisse particulière et militaire de l'empereur (fiscus), et la caisse de l'État (ærarium), dont l'une était à sa disposition immédiate, tandis qu'il disposait indirectement de l'autre par le sénat, s'ensuivit d'elle-même; cependant, par une suite naturelle du despotisme qui s'introduisit plus tard, il arriva que la dernière fut toujours engloutie par la première.

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