AVIS. L'Académie n'accepte aucune solidarité relative aux opinions émises dans le Recueil de ses Actes. Les physiologistes et les chimistes ont toujours accordé un vif intérêt à l'étude des phénomènes de la digestion. En effet, savoir comment la nutrition s'opère, comment des aliments peuvent servir à l'accroissement et à l'entretien d'un être vivant, est une connaissance du premier ordre, tant au point de vue de la philosophi e générale que des applications nombreuses que peuvent en tirer la médecine et la zooculture. Les aliments de toute espèce servant à l'entretien d'un individu peuvent donner naissance à une équation, dans laquelle se trouve d'un côté tout ce qui entre chez cet individu, et de l'autre tout ce qui en sort. 1 Au nom d'une Commission composée de MM. Costes, Dégranges, Gintrac, et Baudrimont, rapporteur, présidée par M. Gout Desmartres, président de l'Académie. C'est là un premier pas que les chimistes se sont efforcés de franchir par une suite d'analyses et de considérations physiologiques des plus intéressantes. Mais ce résultat une fois obtenu, il a fallu entrer dans les détails et chercher quelles étaient les modifications successives subies par les aliments pour passer d'un état à un autre. Les aliments pénètrent dans les vaisseaux sanguins et sont transportés dans tout l'organisme; mais ce n'est pas sans subir de profondes modifications. Dans le poumon, il se fait une absorption d'oxygène qui exerce la réaction chimique fondamentale de la vie : une espèce de combustion qui, vivifiant certaines parties, en détruit d'autres. Le sang pénètre dans des organes glandulaires qui le transforment en produits utilisables, tels que la salive et le fluide pancréatique, ou qui, fonctionnant comme des appareils dépurateurs, en séparent les produits superflus, ou qui ont accompli leurs fonctions vitales: tels sont les reins, qui séparent l'urine du sang; tel est le foie, qui sépare la bile du même fluide. Mais, dans ce cas, la question n'est point aussi simple que pour la sécrétion de l'urine la bile est-elle un produit d'excrétion, ou bien joue-t-elle encore quelque rôle dans la digestion avant d'être expulsée avec les excréments? D'une autre part, la constitution organique du foie est plus compliquée que celle des autres organes glandulaires; non-seulement il reçoit par l'artère hépatique du sang artériel qui vient de traverser le poumon, mais, par une disposition anatomique toute spéciale, il reçoit aussi du sang veineux. Ce sang lui vient de la veineporte. Cette veine présente le caractère singulier d'ètre formée de racines venant de l'intestin, se réunissant en un tronc court mais volumineux, et qui se divise lui-même en branches nombreuses en pénétrant dans le foie. Cette veine reçoit par ses capillaires radicaux du sang du système artériel; mais elle semble aussi destinée à absorber dans son parcours des fluides émanés de l'intestin. Une découverte, qui ne date que de quelques années, est venue ajouter un fait considérable à ceux qui étaient déjà connus. MM. Cl. Bernard et Bareswill ont trouvé dans le sang des veines sus-hépatiques une espèce de sucre susceptible de fermenter et donnant un précipité avec la liqueur cuprique de Fromherz. Jusque-là, il n'y avait rien de bien extraordinaire, ce fait venant simplement appuyer une observation de MM. Bouchardat et Sandras. D'après ces expérimentateurs, le sucre ou plutôt le glucose se formait dans l'intestin; il était ensuite absorbé par les capillaires de la veine-porte, transporté dans le foie, et de là dans les veines sushépatiques qui en émanent. Mais M. Cl. Bernard ne s'est point borné à ces simples observations, et il a prétendu que l'on trouvait du sucre dans les vaisseaux sus-hépatiques, même lorsque le sang de la veine-porte ne pouvait leur en apporter, comme dans le cas où un animal est entièrement nourri de matières azotées. M. L. Figuier est intervenu dans la question, et a prétendu démontrer aussi que, dans tous les cas cités par M. Cl. Bernard, il y avait eu du sucre tout formé dans la veine-porte. La formation du sucre dans le foie n'est pas seulement un fait intéressant parce qu'il est neuf, mais c'est un fait de la plus haute importance, parce qu'il indique une réaction chimique inconnue aussi bien dans l'économie animale que dans les laboratoires de chimie, et parce qu'il en peut découler une suite de connaissances nouvelles des plus importantes pour la physiologie animale. En résumé, le foie reçoit dans le même temps du sang artériel et du sang veineux. Ces deux sangs s'en échappent par des veines qui les reportent dans le cœur et dans le poumon, mais après qu'ils ont été modifiés par la production de la bile et par celle du glucose. Malgré les travaux qui viennent d'être cités, il y avait donc un problème à résoudre. Pensant que le rôle de la veine-porte dans l'économic animale méritait d'être étudié, pensant d'ailleurs que l'anatomie de ce vaisseau viendrait en aide à la solution des questions posées par la physiologic moderne, et qu'un simple résumé des faits offrirait à lui seul un véritable intérêt, l'Académie a mis au concours la question suivante : <«< Faire connaitre la constitution anatomique et les fonctions de la veine-porte hépatique chez des types choisis dans les quatre classes d'animaux vertébrés. » Un seul Mémoire est parvenu à l'Académie. Ce Mémoire a pour épigraphe : |