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tre réveil artistique et littéraire auquel on a donné en France le nom de Renaissance.

L'auteur ne s'est pas borné à apprécier ainsi l'histoire des mouvements littéraires qui s'opéraient dans le midi de la France; il a jugé de haut, et du point de vue qui se rattache à la question proposée par l'Académie, les révolutions littéraires qui se sont accomplies dans l'autre portion de notre langue, la langue romane du Nord ou l'ancien français, et il en a conclu que la croisade du XIIIe siècle n'eut aucune influence directe sur sa grammaire, mais que son action se fit néanmoins sentir sur sa littérature, et finit même par acquérir insensiblement une importance très-caractérisée.

Quelque regret que votre Commission ait éprouvé de voir que quelquefois l'auteur du Mémoire a pu se laisser aller à juger du caractère d'une littérature ou d'une époque par les qualités d'une pièce de vers, qui souvent résultent des qualités particulières de l'esprit ou du génie du poète, elle n'en a pas moins été unanime à reconnaitre que la question proposée par l'Académie avait été étudiée avec une justesse et une hauteur de vues auxquelles elle rend hommage, et une connaissance approfondie de la matière, qui feront de ce travail un Mémoire excessivement précieux pour le recueil de vos Actes. Pour avoir aussi bien traité cette matière, il faut que l'auteur soit familiarisé avec tout ce que la science a publié de relatif à cette question, et puisqu'il l'a réuni et groupé de manière à ne plus laisser aucun doute, votre Commission vous propose de lui accorder le prix proposé, et de faire imprimer son travail dans le recueil de vos Actes

RAPPORT

SUR L'OUVRAGE DE M. ÉMILE LAURENT,

SUR LES SOCIÉTÉS DE SECOURS MUTUELS'.

MESSIEURS,

M. Émile Laurent, chef de division à la Préfecture de la Gironde, a fait hommage à l'Académie d'un ouvrage qu'il a publié en 1856 sur les Sociétés de secours mutuels.

Vous avez été frappés de l'importance des questions que M. Laurent s'est consacré à étudier, et vous avez renvoyé le livre qui vous était offert à l'examen d'une Commission, composée de MM. Gintrac, Petit-Lafitte et Brunet.

Ce n'est pas la première fois, ainsi que le fait observer M. Émile Laurent dans un Mémoire qu'il a joint à son livre, que l'Académie est appelée à s'occuper de la grave question des Sociétés d'assistance réciproque.

Fait au nom d'une Commission composée de MM. Gintrac, Petit-Laffitte, et Brunet, rapporteur.

En 1840 notamment, l'Administration départementale, se préoccupant de l'incertitude complète qui planait alors sur les conditions d'existence et de progrès de la mutualité, provoqua, relativement à un certain nom bre de Statuts de Sociétés basées sur ce principe, votre examen et vos observations.

A ce titre seul, l'ouvrage de M. Émile Laurent devait appeler l'intérêt de l'Académie; son mérite d'ailleurs le recommande aux suffrages de ses juges. Jusqu'à présent, il n'y avait rien de complet sur les Sociétés mutuelles, cette application la plus féconde du principe d'association; on rencontrait seulement quelques brochures ayant trait uniquement aux Sociétés de telle ou telle ville, et n'ayant qu'un intérêt purement local; il existait aussi un travail à peu près exclusivement scientifique et ayant pour objet la recherche de la loi de maladie et de mortalité (loi qui n'est nullement trouvée encore aujourd'hui, malgré les statistiques complètes de ces quatre dernières années, et qu'il était dès lors impossible de trouver en opérant sur les résultats fournis seulement par une trentaine de Sociétés). Ces brochures et le travail qui vient d'être indiqué, et qui est d'ailleurs antérieur à la législation actuelle et aux grandes enquêtes faites annuellement depuis 1852, forment toute la bibliographie de la question.

Placé dans une excellente situation, le département de la Gironde est, après celui de la Seine, celui qui compte le plus de Sociétés mutuelles; il offre ainsi une mine abondante de renseignements officiels sans les

quels les ouvrages d'économie sociale ne sont que des œuvres de pure imagination. M. Émile Laurent a comblé une véritable lacune, et a fait à la fois un livre pratique et un ouvrage de théorie.

L'auteur a divisé son ouvrage en trois parties:

1° L'histoire et la législature des Sociétés de secours mutuels; 2o leur organisation; 3° les conditions de succès de ces Sociétés et l'amélioration dont elles sont susceptibles c'est dire à quel point de vue large et élevé M. Laurent s'est placé pour embrasser le sujet qu'il a entrepris de traiter.

L'Académie remarquera le premier chapitre, qui présente l'idée générale ou théorique de la Société mutuelle, et qui, résumé de lectures considérables, groupe les opinions de tous les économistes sur l'inefficacité de l'assistance proprement dite contre le paupérisme, et fait jaillir de ces opinions toute l'économie de la question traitée par l'auteur. Tout était à faire pour la partie historique.

Les plus curieux renseignements, fruits de longues recherches, y abondent; la portion du livre qui présente les analogies entre la Société de secours mutuels moderne et les Confréries et Corporations du moyen âge, est surtout du plus vif intérêt; elle renferme même plusieurs textes complétement inédits et qui projettent une vive lumière sur les origines des Sociétés d'assistance réciproque. Citons notamment les Statuts de la Confrérie des Cousturiers de Bordeaux et ceux de la Confrérie, de Sain-Jean-Baptiste-de-Cadillac. Ni les Status anciens et nouveaux de De Lurbe, ni

aucun autre recueil, n'ont, à notre connaissance du moins, exhumé ces textes nouveaux. La filiation indirecte des Sociétés, comme provenant partiellement du compagnonage et de la franc-maçonnerie, est aussi très-bien indiquée.

Nulle part les analogies entre la forme présente et la forme passée n'avaient été aussi clairement indiquées. L'auteur a apporté en outre, dans le livre d'or de la mutualité, des dates antérieures à la plupart, sinon à toutes celles qui avaient été citées.

La législation relative aux Sociétés, la réfutation des objections auxquelles cette législation a donné lieu, les différentes espèces de Sociétés, les divers objets qu'elles se proposent, leurs règlements, leurs modes d'administration, leurs recettes et leurs dépenses, leur comptabilité, forment autant de chapitres complets.

Les grandes questions, à peine indiquées jusqu'ici, de l'admission des femmes dans les Sociétés mutuelles et de l'agrégation des enfants des sociétaires, de l'utilité incontestable de la propagation de ces Sociétés dans les compagnonages, sont également traitées avec ces vues d'ensemble et cette sûreté de coup d'œil que peuvent seuls apporter ceux qui joignent à l'étude des livres une pratique personnelle. La question si inconnue (à Bordeaux surtout) et si compliquée des pensions de retraites, de la Caisse des retraites pour la vieillesse et des rapports des Sociétés avec cette Caisse, forme, en six chapitres, une sorte de code spécial sur la matière.

Les conditions de succès des Sociétés et les amélio

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