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infligé au genre humain. Les idées plus fondées et surtout plus utiles qu'il expose ensuite sont d'ailleurs en grande partie, ou la paraphrase du discours de l'Empereur, ou la copie textuelle de la brochure publiée en 1847 par M. Polonceau.

Les trois derniers Mémoires composant la troisième catégorie sont ceux portant les nos 759, 763 et 794, sur lesquels nous appelons toute votre attention.

L'un d'eux, le n° 763, se rapporte uniquement au bassin de la Garonne; les deux autres traitent la question des inondations considérée au point de vue général.

Le Mémoire no 759 est divisé en deux parties, l'une relative aux causes et aux effets des inondations, l'autre relative aux moyens à employer pour prévenir leurs désastres.

La première partie présente de grandes négligences de style, des idées fausses et étroites, voire même des puérilités qui sembleraient devoir faire mettre ce Mémoire au rang des précédents. On y voit entre autres que les causes des inondations sont de deux sortes : premières ou absolues, secondaires ou accidentelles; que les causes premières sont, d'une part, les eaux pluviales qui se répandent en nappes sur la terre, d'autre part, les aspérités et inégalités du sol qui donnent à ces eaux le mouvement; que les causes secondaires résident dans les faits accidentels et les travaux de main d'homme qui s'opposent au libre écoulement des eaux pluviales, comme la chute d'un arbre, l'écroulement d'un pont, l'établissement d'un barrage sur un cours d'eau.

Cette première partie contient cependant, sur les inondations examinées dans les diverses saisons de l'année, des considérations qui, sans être à l'abri de toute critique, montrent bien la grande différence qu'elles offrent entre elles sous le rapport des désastres qui en sont la suite.

La deuxième partie, beaucoup mieux traitée que la première, fait oublier les préventions défavorables que celle-ci avait fait concevoir.

On y voit d'abord exposées des idées très-justes concernant l'influence qu'ont sur les inondations les dérivations des cours d'eau, les opérations de drainage et de colmatage, les puits artésiens et les travaux de mines, quoique l'on remarque encore ici que les opinions émises manquent souvent de développements et sont rarement appuyées de faits précis.

On y trouve ensuite une appréciation de la faible quantité, relative d'eau qui fait déborder les fleuves et les rivières. A la vue des immenses nappes d'eau qui recouvrent alors nos plaines devenues désertes et silencieuses, on pourrait croire que ces nappes forment un volume très-considérable. Eh bien! il n'en est rien, et il résulte des calculs établis ici, que cette quantité n'équivaut pas à plus de ', de la quantité moyenne annuelle des eaux courantes, soit à plus de 1188 de la quantité moyenne annuelle des eaux pluviales. Cette appréciation est d'ailleurs confirmée par les faits constatés dans les quatre grands bassins hydrographiques de France, et rapportés par l'auteur avec beaucoup d'exactitude.

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Le dernier chiffre est porté à o par l'auteur; mais c'est une erreur, la quantité des eaux courantes étant égale aux, et non au ', des eaux pluviales.

<«< La faible quantité d'eau à laquelle sont dues les » inondations des fleuves et rivières fait concevoir la » possibilité d'arrêter en détail cette portion jusqu'à >> présent si funeste des eaux pluviales, et de la diriger » de manière à ne pas nuire. »>

C'est par la description des moyens à employer et des dépenses à faire pour obtenir ce résultat, que se termine et se distingue surtout le Mémoire n° 759.

Les moyers proposés sont fondés sur le principe des fontaines artificielles, et consistent: 4° à établir dans tous les plis des terrains supérieurs, au moyen de barrages suffisants pour arrêter les plus grandes masses d'eau qui peuvent tomber sur ces plis, un ou plusieurs réservoirs échelonnés capables de contenir ces masses préalablement estimées par le calcul; 2o à ménager à ces eaux des issues, soit dans un ensemble de canaux avec embranchements et ramifications de fossés et rigoles qui seront établis sur les pentes, et laisseront filtrer le liquide dans les terres, soit dans des puits absorbants qui feront bientôt disparaître les eaux sous terre et les enverront grossir les sources existantes ou en constituer de nouvelles sur des points plus ou moins éloignés, soit enfin dans des tranchées - filtres, exécutées sur le fond des réservoirs et communiquant à une grande tranchée longitudinale, également filtrante, qui portera ces eaux sur un ou plusieurs points déterminés, et les y versera en fontaines permanentes.

Le premier mode d'écoulement des eaux amassées dans les réservoirs supérieurs, celui des canaux et rigoles, applicable partout, est analogue au système des rigoles horizontales de M. l'inspecteur Polonceau; il produira les mêmes effets, mais donnera lieu aussi aux mêmes critiques. Il diffère d'ailleurs de celui-ci, en ce que les canaux partent des réservoirs échelonnés, qui présentent une capacité égale à celle des canaux et rigoles, tandis que les rigoles horizontales sont indépendantes des bassins, qui, n'ayant pour but que de retenir les eaux non arrêtées par elles, ne présentent qu'une capacité du tiers seulement. Or, comme, à capacité égale, les réservoirs sont beaucoup moins coùteux que les canaux et rigoles, il s'ensuit que, sous le rapport de la dépense, le système proposé ici aura de l'avantage sur celui de M. Polonceau.

Le deuxième mode, celui des boitout ou puits absorbants, nous parait devoir rendre quelques services partout où se trouveront réunies les conditions nécessaires à sa réussite; mais leur effet nous semble bien peu en rapport avec le but à atteindre. Nous pensons qu'il conviendrait de se ménager la liberté d'y conduire ou non les eaux amassées dans les réservoirs, suivant les cas qui se présenteront.

Le troisième mode, celui des tranchées-filtres, exécuté comme on le propose, sera certainement beaucoup plus coûteux que le premier. N'est-il pas à craindre aussi que les matières filtrantes ne s'engorgent après un certain temps? Ce mode, en faisant sourdre sur des points déterminés des fontaines nouvelles qui pourront

être utilisées pour arroser les terres et donner le mouvement aux usines, créera d'ailleurs une source de richesses dans les contrées où on pourra le mettre en pratic'est-à-dire là où les réservoirs auront pour fond un terrain alluvionnel, et non des roches dures au travers desquelles les tranchées deviendraient trop dispendieuses.

L'évaluation approximative des dépenses à faire dans les quatre grands bassins hydrographiques de France, pour l'exécution du premier système de travaux proposé, celui des réservoirs avec ensemble de canaux et rigoles, se monte à 330 millions; mais le prix admis pour le percement des canaux et rigoles n'est pas assez élevé; le prix d'établissement des réservoirs est surtout porté beaucoup trop bas. Nous pensons, par suite, que le total des dépenses à faire dans ce système ne doit pas être estimé à moins de 500 millions, somme trèsconsidérable qui ne dépasse pas cependant celle qui fut dépensée de 1830 à 1846 pour nos canaux, fleuves et rivières.

L'auteur du Mémoire que nous analysons a traitė, comme on voit, la question en général; il ne s'est point occupé de la Garonne en particulier, ainsi que l'Académie l'a demandé, et sous ce rapport son travail est incomplet. Il fait remarquer à ce sujet que la généralité de son système l'a dispensé de toute application spéciale à un bassin déterminé. Il est certain qu'il n'aurait pu entrer dans quelques détails sur le choix à faire dans telle ou telle partie du bassin de la Garonne, entre ses divers modes de travaux, qu'à la suite de lon

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